Vo
Samedi 17 Avril 1897.
10 centimes Ie N°.
33* Annêe. N° 3338.
Les événements d'ürient.
A propos d'obsèques civiles.
A propos de Ia
question flamande.
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On nesignale aucuti événement important
en Orienton discute toujours la question
de savoir si les insurgés grecs ont été vain-
queurs ou vaineus pourtant, tl parait établi
qu'ils ont occupé Baltioo l'occupent ils
encore, out ils été refoulés vers la frontière
grecque, font ils dans les foièts la guerre
de partisans On me peut dunner A ces ques
tions une réponss précise.
On ne sail pas non plus ce qu'il faut eon-
clure des derniers retiscigriements sur la
situation diplomatique et sur la situation
politique A Aibènes. Ou cöjté des puissances,
il semble qu'il y ait une tendance favorable
A la Grèce on parle d'un projet d'arrange-
ment consistant A laisser une assemblée
librement élue disposer de l'avenir de la
Crète. Ce serait, en somme, l'adoptiea de
la Grèce réclamant le plébiscite.
D'autre part, le bruit court que le cabinet
Delyannis se retireraitM. Delyannis expo
sant les difficultés financières en aurait pié-
ciséson opinion en un courte phrase Si
l'on doit se battre, il faut se battre tout de
suite Si l'on rapproche de ce mot, les
nouvelles annoncant la continuation des
armements, on peut encore éprouvrer quel-
ques craintes.
Situation critique.
Les troupes irrégulières de l'Epire qui
avaient l'intention de franchit- la frontière,
en même temps que celle de la Thessalie,
n'ont pu effectuer le passage du fleuve par
suite de la crue des eaux.
Toutefois, un nouveau corps de 2500 vo
lontaires a quitté Valanos mercredi se diri-
geant trés probabiement sur Janina.
Le bruit d'après lequel les puissances
auraient demandé le retrait des troupes
turques et grecques de la frontière, avait
d'abord produit une sorte de consternation
qui a maintenant fait place A la résolution
de marcher avant que le gouvernement n'ait
pu ordonner l'évacuation des postes occupés
actuellement.
Dans le duel d'artillerie qui s'engagera
entre les forts d'Aria et les positions turques,
dit le correspondant du Times, les batteries
turques ne résisterorit pas plus de 2 heures.
II est probable que les troupes grecques
marcheront ensuite sur Janina oü les insur
gés se joindront A elles.
Ge moment critique est attendu dans trois
jours.
Suivant le correspondant du Daily News
A Arta, la garnison de Janina, est poriée A
4.000 hommes.
Une dépêche de Larissa au Daily News
annonce que les Turcs, craignant sans
doute une surprise, ont abandonné une posi
tion qu'ils occupaient A Kouira sur la route
d'Elassona A Tirnove.
Les Tu cs se plaignenl que les Grecs se
provoquent pour les arnener A tirer les
premiers.
G'est ainsi qu'A Damasi les soldats grecs
franchissent la frontière en presence des
Turcs pour se rendre A leurs postes de fac
tions.
Le géuéral a été obligé d'informer le com
mandant grec que si le fait se reproduisait,
il employerait la force.
M. de Jouvencel, qui vient de mou-
rir a Paris, avaif fait un testament
dans le genre de celui que La Lutle
conseille a eeux qui veulent s'assurer
des funérailles civiles. 11 avait même
nommé un executeur testamentaire a
eet efl'et.
Mais M. de Jouvencel est mort en
chrétien. 11 était done logique qu'il
fut enterré comme tel. En presence
de la loi franQaise et de ce testament,
les obsèques ont été civiles, malgré la
volonté du défunt, et malgré celle de
sa veuve.
Voila les bienfaits de la liberté que
La Lutle veut imposer a ses amis
A propos de eet enterrement, le
Gaulois a interviewé M. l'abbé Loyson
rien du P. Hyacinthe Yoici ce
qu'écrit le journal francais.
Nous avons demandé hier A M. l'abbé
Loyson, aumónier du licée Lakanal, qui a
confessé M. de Jouvencel quelques jours
avant sa mort, son impression sur le juge-
ment en vertu duquei l'ancien député sera
enterré civilement, contrairement au voeu de
sa familie et bien qu'il se soit authentique-
ment réconcilié avec l'Eglise.
Je vous avoue, nous dit M. l'abbé Loy
son, que j'aurais élé moi-même, A la place
du juge, extrêmement embarassé. Les juges
n'ont pas A se prononcer sur la moralité de
la loi qu'ils appliquent. Ils l'appliquent, voilA
tout, et ils sont bien obligés de l'appliquer,
A moins quelle n'ordonne quelque chose
d'absolument contraire A la conscience. Ce
n'est pas le cas pour la loi en vigueur sur les
funérailles, bien qu'elle perrrette, en l'es-
pèce, une anomalie profondément regretta
ble.
Mais le papier dans lequel M.de Jouven
cel a déclaré, au commencement du mois
dernier, sous sa signature, vouluir des obsè
ques purement civiles, n'empêcbe pas qu'il
se soit dümeat confessé A moi le 29 Mars,
en pleine possession de ses facultés, et qu'il
ait manifesté, du 29 Mars au 5 Avril, date
de sa mort, des seniimentrs irès cnrétiens.
Si j'avais connu l'existence de ce testa
ment malencontreux, je n'aurais sans doute
pas eu beaucoup de peine A obtenir la invo
cation des clauses contraires aux sentiments
dont je viens de parler. Mais ni Mme ni M.
de Jouvencel ne men ont rien dit. Peut-être
le malade n'y a t il pas pensé.
Peut étre a t il été retenu par le respect
humairi. En faisant ce testament, il a cédé A
des préoccupations qui n'étaient certaine-
ment pas celles de ses dernières journées.
En cboisissant M. Hubbard, anliclérical
forcené.pour exéeuteur testamentaire,il avait
en quelque sorte coupé les ponls derrière lui.
La moralité A tirer de ces fails si péni-
bles, e'est que la loi sur les funérailles est
vicieuse.Car enfin les sacrements de l'Eglise
soiliciiés et repus en pleine connaissance par
un malade impliquent la volonté d'être en
terré religieusement. G'est de tout évidence.
Et le papier triornphalement exploité par M.
Hubbard devrait être en fétat considéré
comme nul et non avenu.
Au fond, l'essentiel est que M. de Jou
vencel ait fait une bonne mort. Et de cela je
réponds. Les libres-penseurs ne peuvent
fort heureusement disposer que de son ca-
davre. C'est déjA trop, et le scandale qu'ils
dounent en violant la vraie derrière volonté
de M. de Jouvencel et en ne tenant aucun
compte du vceu de Mme de Jouvencel, peu
suspecte pourtant,puisqu'elle est protestante,
d'avoir cédé en «es douloureuses circonstan-
ces A la pression du clergé, montre bien que
le fanatisme anlireligieux est le plus mauvais
des eonseillers.
Saint Réal.
M. le Baron Surmont interviewé.
Notre honorable Sénateur, M. le
Baron Surmont de Volsberghe, a fait
connaitre au Journal de Bruxelles,son
avis sur la question flamande.
Nous extrayons le passage suivant
de l'interview
II faut une solution j'en ai examiné plu-
sieurs; j'en ai discuté avec des amistoutes
soulèvent des objections plus ou moins gra
ves. Sans vouloir rien préjuger, j'esiime
qu'il y a trois choses A obtenir d'abord as
surer l'unité du dispositif de la loiensuite
dormer aux populations flamandes un texte
légal dans leur langue; enfin donner aux
membres wallous des Cbambres la possibili-
té de voter le texte flamand.
U me semble qu'on peut atteindre ce triple
but en prenant pour point de départ le prin
cipe :en cas d'antinomie entre les deux textes,
le texte franfais prévaudra.
L'unité du dispositif est assurée par IA
même. On permet en même temps aux
Wallons de prendre la responsabilité de leur
vote sur le texte flamand. La traduction fla
mande est garantie conforme. S'il y avait
antinomie, ils savent que le texte francais
seul ferait loi. Refuser de voter dans ces
conditions paraitrait excessif de leur part.
II faut attacber une grande importance au
vote du texte flamand par les députés ou sé-
naleurs wallons s'ils s'abstenaient, il se
pourrait que le texte flamand ne fit voté que
par la minoriié de la Cbambre ou du Sénat.
Enfin les Flamands auraient ainsi le texte
officiel des luis dans leur langue, sauf en
cas d'antinomie. On pourrait ajouter ici qu'en
ce cas, une loi interprétative doit intervenir
A bref délai.
On me dit que les Flamands objectent que
leur langue est si elaire et si ricbe que les
antinomies ne som pas A craindie. Absolu-
ment pas. On peut répoudre qu'en ce eas les
Flamands n'ont rien A redouter de l'amende-
ment, et que dès lors rien ne doit empêcher
sou acceptation.
Notez, je vous prie, que je Iais3e de cölé
li procédure A suivre dans la discussion des
lois aux Cbambres. II y a IA des difficultés
considérables.
Tous ce que je dis de la solution n'est
donné qu'A titre d'indicalion. Mais pareille
solution n'est-elle pas rationnelle La croy-
ez-vous inadmissible, si de pavt et d'autre
on veut y mettre un peu de bonne volonté?
On peut ne pas partager l'opinion
de notre honorable sénateur. Nous
avouons franchement que nous croy-
ous que la solution qu'il préconise ne
donnera pas satisfaction aux flamands
parcequ'elle ne consacre pas legalité
absolue des deux langues nationales.
Puis, il pourrait résulter de sérieux
inconvénients du principe qui dit
queEn cas d antinomie entre les
deux textes, ie texte francais prévau
dra
La Patrie cite a ce propos un exem-
ple récent oü le principe consacrerait
une conséquence facheuse
Le texte francais Ie seul officiel de
la loi sur le conseil des prud'hommes exclut
du bénéfice de l'éligibilité les débitants de
boissons Dans la traduction flamande il se
trouve que ce terme est traduit par verkoo-
pers van sterke dranken débitanls de
boissons fortes. Or, dans nos sociétés ou-
vrières, en Flandre, on a le droit et on ne
peut guère faire autrement que de consulter
un texte flamand. Eb, bien, dans l'occurrence,
par l'application du principe que préconise
M. le baron Surmont de Volsberghe, des
élus auraient pu étre évincés pour s'être fiés