EXPOSITION
Samedi 24 Avril 1897.
10 centimes le N°.
32e Année. N° 3239.
AIV
des Ornements,
Les événements d'Orient.
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ASSOCIATION DES ÉGLISES PAUVRES.
les Mardi et Mercredi
27 et 28 Avril,
de 10 heures du matin k 5 heures du soir.
au couvent de Saint J, seph.
Entrée rue Saint Jacques.
L'impression est a peu prés unanime en Eu
rope. On reconnait aujourd'hui que l'aelion pa-
cifique de I'Europe avail élé engagée de telle
faqon qu'eile ne pouvait aboutir, et que le con-
flit armé qui vienl d'éclater élait la seule solu
tion a une situation devenue intolerable pour
tout le monde, pour les peuples intéressés aussi
bien que pour les nations indifférentes. Peut-
être eüt-il été possible d'écarler celte doulou-
reuse exlrémilé, si le concert européen, aban-
donnant les vieiiles méthodes diplomatiques,
avait résolument offert aux adversaires en
presence un arbitrage pacifique et impartial.
Mais, par ses mesures coercitives k l'égardde la
Crete etson langage comminatoire a l'égard de
la Grèce, elle a exaspéré le sentiment patriotique
des Hellènes et rendu d'autant plus difficile un
arrangement satisfaisant. Dans ces conditions,
leconflit était fatal, il était prévu, il a ëclató
sans étonner personne.
Quant k I'Europe, la seule attitude k adopter
pour elle entre les belligérants est celle de la
neutralité. Le gouvernement britannique a déja
fait preparer une proclamation de non interven
tion en ce qui le concerne. Le Foreign Office est
d'avis que désormais le blocus dc file de Crete
ne saurait plus être maintenu, parce qu'il serait
incompatible avec la neutralité. 11 est k prévoir
que le cabinet de Londres saisira les puissances
d'une proposition dans cesens, mais il est en
core douteux que cette suggestion soit unani-
mement adoptée, car elle équivaudrait a laisser
les mains libres au colonel Vassos, e'est-k-dire
qu'eile aboutirait a la reconnaissance de ('an
nexion la Grèce. 11 est vrai qu'on ne voit pas
bien quelle autre solution pourrait intervenir,
car ilest plus que jamais évident que I'Europe
ne pourrait courber les insurgés sous sa volonté
sans entreprendre contre eux une expédilion en
règle. On aurait ainsi deux guerres au lieu
d'une.
Quanta celle qui est malheureusemenl enga
gée, letélégraphenousapporled'heure en heure
de désolantes nouvelles du Ihéatro de la lutte.
Les combats sont acharnés, les morts et les
blessés nombreux. Malgré cela, la première
journée reste indécise. Les Turcs on( eu un
avanlage sérieux ils sont parvenus, après 30
heures de balaille, a s'emparer du col de Melona
qui leur ouvre la routte de Larissa, mais les
Grecs, d'autre part, se sontemparés deplusieurs
postes turcs importants en Macédoine et ils out
envahi l'Epire oilaprès avoir bombarde Preve-
za et les forts du golfe d'Ambracie, ils marchent
maintenant sur Aria et Philippiades.
Les trois divisions de l'armée hellénique
cherchent a opérer leur jonction au noi d-ouest
de Larissa oü elles se trouverout en presence
d'Ehdem-pacha qui, a la tête de60,000 homines,
s'avance en fhessalie et jie se trpuye plus qu'k
quelques lieues de Tirnavo. Un corps grec est
entré en Macédoine, vers Damasi, et essaye de
tourner les troupes d'Ehdem pacha. C'est done
dans les plaities de Larissa que se produira le
choc des deuxarmées.
L'issue de celte balaille, si elle se produit, ne
peut être prévue, car si les Turcs ont pour eux
la force numérique, les Grecs sont anirnés d'un
rare enlhonsiasme. II faut lenir compte égale-
ment de ce fait que l'armée d'Ehdem pacha se
trouveen pays ennemi au milieu d'une popula
tion hostile qui soutient ouvertement l'armée
grecque et qui, dans la montagne, fait lecoup
de feu.
Un des premiers résullats de la guerre parait
devoir être l'évacualion de la Crèle par les
Turcs. On semble y préluder.
Les soldats lures du cordon d'Akrotiri,
mande t on de la Cance, 19, ont été remplacés
par des anglais, des francais et des aulrichiens.
A l'arrivée des délachemenls des puissances,
les insurgés chantaient la Marseillaise et
i'hymne grecau depart des soldats turcs, ils
ont poussé des huées.
Les atniraux ont envoyé a Izzedin 30 soldats
de chaque nation occuper la forteresse.
Le retrait complet des troupes que laTurquie
pourrait utilement employer ailleurs, serait au
moinsle commencement de la solution de la
question eréloise. En vue de la paix k dicter tót
ou tard aux belligérants, cela peut avoir sa
grande importance.
Dans les circonstances actuelles, quelle serait
la solution pratique qui pourrait mettre fin au
conflit gréco turc? Dans certains milieux, on
préconise l'annexion de la Crete k la Grèce. Celle
idéé n'est pas mauvaise. Seülement les grandes
puissances ne peuvent s'enlendre pour l'irnpo-
ser. Le concert européen qui déja cloche, cesse-
rait le jour rnème oü elle lui serait soumise. La
Russie surlout la repousserait. Elle veut une
Grèce qu'eile protégé et non une Grèce assez
fortc pourcesser d'avoir besoin de sa protection.
Elle n'entend pas qu'Alhènes devienne la tête
d'un Etal qui par son importance prendrait de
l'autorité sur les pays oü règne leschisme grec
etoü l'on songe k faire une confédération=dont
le cenlre serait Constantinople. Pour d'autres
raisons, ni l'Angleterre ni l'Autriclie ne veulent
une Grèce agrandie. Quant k l'AHemague, son
chef tout-puissant, sou maitre, Guillauine il,
est pour le moment le défenseur passionné de
l'intégrité de ['empire ottoman,
De ces tendances, de cette situation, il résulte
pour les grandes. puissances l'impossibilité de
rósoudre a l'amiable aucune question capitale.
11 n'y a pas de concert europeen. Aussi n'a-t-on
puimposerau sultan que l'aulonomie condi-
tionnelle de la Crète et le principe de réformes
quelconques en Turquie. Puis on l'a laissé en
tête a tête avec les Grecs C'est misérableil n'y
a pas de solution, et la férocilé musulmane me
nace toujours les chrétiens.
De mème que la France, en 1870, avait comp-
té sur la défeclion des Etals du Sud de laconfé-
déralion germanique, la Grèce espère aujour
d'hui voir surgir, a la faveur des circonstances,
des allies tout prêts k l'attaque. Sera-t-elle décue
comme le fut la France De eette question dé-
pend en grande parlie l'avenir de la guerre
gréco-turque.
On sail que le Monténégro, la S.erbie et la
Bqlgarie se sout fédérés sous le patronage
ocpultg de la Russie. Quelque envie que puissent
avoir ces Etals d'étendre leurs frontières aux
dépens de la Turquie, ils ne doivent agir qu'avec
prudence. L'affaire de Tvrnavo, par exemple,
n'est pas faite pour engager les trois souverains
balkaniques a prendre part a Ia lulte.
La Turquie peut encore mettre sur pied un
demi-million d'hommes de troupes exercées
sans compter six cent cinquante mille soldats
plus ou moins habiles au maniement des amies,
llyalkdequoi faire réfléchir de petits Etats
encore mal assurés de leur nationalité.
Mais cette attaque qu'ilsn'oseraient pastenter
de leur propremouvement peutleur être ordon-
née par la Russie, leur protectrice toute-puis-
sante. Or, depuis quelque temps, la politique
russe semble avoir changé d'orientation. Sir
Ellis Ashmacd Bartlett, M. P., un des hommes
politiques anglais les plus réputés, qui est parti
pour la Turquie, s'est laissé interviewer pendant
son passage k Vienne. Le parti de la guerre
domine a Saint-Pétersbourg depuis novembre
dernier a-t-il dit, et je crains que le but de
la Russie. ne soit maintenant, comme il l'a tou
jours été, de faire disparaitre l'empire ottoman
dans le feu et le sang, de sorte qu'eile puisse
gagner le grand prix de ses efforts depuis cent
cinquante ans Constantinople et les détroits.
Des avis privés de Sofia et de Belgrade dé-
mentent que la Bulgarie et la Serbie procèdent
k des armements. Mais, d'autre part, il est avéré
que le représentant du prince Ferdinand k Con-
stanlinoplea fait entendre k la Porte des mena
ces absolument incompatibles avec l'attitude
neutre que la fédération balkanique prétend
avoir adoptée. Ces menaces ont causé k Con
stantinople des arpréhensions trés légitimes
on v a reconnu la voix de lk Russie.
Une enirée en scène du Tsar, dont le but final
serait la russification de Constantinople, ne
serait d'ailleurs pas faite pourplaire aux Grecs,
qui ne se sentent pas encore assez malades pour
donnerune procuration au gouvernement mos-
covite. II faut cependant ajouter cette éventualité
a toutes celles qui menacent aujourd'hui l'em
pire ottoman.
Léo Taxil, le misérable auteur des amours
de PieIX. est enfin connu. Ou plutót l'im-
monde personnage s'est fait connaitre lui-
même, tel qu'il est, tel qu'il a toujours été.
Nous n'avons jamais cru ni k l'existence
de Diana Vaughan, ni k ses singulières avan-
tures avec le démon. Li confession de Taxil
prouve que le monde était en présence d'un
imposteur qui a cherché k exploiter tour-k-
tour la foi des uns, l'impiété des autres.
Tout le monde accable aujourd'hui de son
mépris le misérable pour qui tous les moyens
étaient bons pour faire de l'argent.
M. Gaston Mery rend compte comme suit,
dans la Libre Parolede l'assemblée
Taxil faitl'avuede son imposture
Nousavons entendu, hier, l'aveuie plus cyni-
que, la confession la plus fantastique qu'il soit
possible au cerveau le plus abracudabrant d'in-
venter
L'immonde Taxil a dèclaréque depuis douze
ans il my'stiflait les chrétiens et le Pape. Blague
sa conversion, blagues ses professions de foi
catholiques, blagues les éerits signés Bataille,
blagues les ouvrages signés Diana Vaughan.
D'un bout a l'autre it a confirmé ce que nos
confrères de YUniversde la Vérilé, Drumont et
nous-mêmes crions a nos lecteurs depuis des
nnois. II n'a même pas nié l'existence du complot
maconnique que nous démasquions dans notre
brochure...
Mais il faut reprendre les choses par le com
mencement.
Done, k huit heures, nous nous présentions,:
hier soir, a la Soeiétéde Géographie. Les cartes
étaient toutes nominatives. Strictement,ne péné-j-
trèrent que les invités.'
Des commissaires nombreux veillaient etl
faisaient déposer les cannes et les parapluies aiü
vestiaire. Evidemment on s'attendait a du gra-
buge.
Dans la salie, un grand nombre de francs-;,
macons notoires, des journalistes, des anar:
chistes, quelques dames et quelques prètres...
A huit heures et demie, Taxil parait ala tril]
bune.
Comme Diana Vaughan l'a promis, nout!
allons, dit-ilprocéder au tirage au sort de lil
machine a écrire.
On tire au sort. Le gagnant est le correspond
dant du journal Le Travailde Constantinople, H
Puis Taxil prend la parole.
II commence par déclarer qu'il est de Mar
seillo, et qu'il est fumiste, fumiste dans l'ame
rien que fumiste.
Et il nous raconte, avoc une vanité comiqua
quelques-unes de ses fumisteries.
L'une, c'est l'invention d'une ville lacustre
située dansje nesais plus quelle partie del
Suisse, a laquelle les journaux du monde entief
crurent, et qui motiva les enquêtes de plusieur
sociétés savantes ou académies.
Mais la plus belle de toutes mes fumiste
ries, continue-t-il, c'est celle qui dure depui
douze ans, et que j'ai organisée de concert av<
deux de mes amis, le docteur Hacks et mis
Diana Vaughan, représentante a Paris d'un
grande fabrique de machines k écrire des Etats
Unis.
Alors il fait la genèse de son imposture. Com
ment raconter cela Comment décrire surtou
l'attitude de l'assistance
De toutes parts éclatent les cris de
Gredin Canaille Tartufe Fripouille AhL
si on n'avait pas laissé les cannes au vestiaire
Plusieurs personnes écoeurées quittent la sail
Et ce ne sont pas.jedois ledire, des catholiqm
seulemont. ce sont des libres penseurs, ee so:
des francs-magons, qui ne peuvent plus lou:
temps supporter l'étalage d'une pareille infami
Taxi], qui a toute bonte bue, laisse passer l'<
rage, puis reprend ia lecture du discours qu'il
préparé.
Nous avons eu la patience de l'entendreju;
qu'au bout, non parce qu'il nous intéressait.qu'i
le croie bien, mais parce que nous voulions po
voir dire a nos lecteurs, jusqu'a quel degré da
Timpudence pouvait descendre l'orateur.
Mais maintenant que me voici devant mol
papier, je ne sais comment résumer ces odie
ses histoires que Taxil racontait comme d'aim
bles fantaisies.
Jeretiens seülement cette constatation q
ce ne sont pas seülement des catholiques qui
sont laissés prendre k ses mensonges, mais aus
des francs-magons,beaucoup de francs macons
Mais jereviendrai sur tout cela, quand je
serai pas, comme ce soir, pressé par l'heure
que j'aurai pu retrou ver dans mi mémoire roil
les incidents de cette séance.
Je note pourtant, dés aujourd'hui, que lirsqtf
Taxil eut fini de parler, toute l'assistance d'u
seul cri jota son mépris a l'impostéür.
Les mots de gredin, de canaille, da f, ipouilll
d'escroc même, se croisèrent dans l'air.
L'abbé Garnier,alors, monta sur une bauquc-tl
et, dominant le bruit, prononga ces quelqmj
mots
Messieurs, lorsque Morés, k la suite de so
duel avec Mayer, passa en cour d'assises, il |j