POUR LES AFFAMÉS
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Mercredi 2 Juin 1897
10 centimes Ie N°.
32e Année. N° 3250.
L'Aumóne.
La poussée catholique
en France.
Les processions catholiques
a Londres.
Le massacre des Otages.
La manifestation de Dimanche
et le Progrès.
rW)
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Nous aurons toujours des pauvres
parmi nous notre charité, pour
s'exercer, ne devra jamais chercher
des debouches dans les contrées loin-
taines toujours, elle trouvera tout
autour de nous un immense champ
d'action et de dévoüemeut. Mais qu'a
une heure sinistre, une calamité at-
teigue un peuple, la sympathie de
rhumanité s'afïirmera par le deuil et
la bieufaisance, et par une contribu
tion extraordinaire de secours. Qu'un
souffle de malheur passé sur le monde,
il se produira, en vertu de la grande
loi, de la solidarité humaine et chré-
tienne, un épanouissement subit de la
charité. Aux cris de détresse poussés
par une nation, la pitié du monde
civilisé fait écho. Voila ce qui motive
rempressement enthousiaste qui ac-
cueillit happel a la charité pour les
Indes.
Le Maitre, d'un geste d'autorité
désignantles foules affamées qui s'at-
tachaient a ses pas, s'était informé si
elles avaient de quoi se nourrir.
Quelqu'un, lui répondit-on, a quel-
ques pains. Aussitót, on ajouta
Mais que sont quelques pains pour
autant d'hommes Cette parole était
le raisonnement de 1'homme. Le
Christ reprit Qu'on les fasse
manger. Cette parole était le pré
lude du miracle.
Que pourraient quelques pains
quelques aumönes pour entraver
le fléau des Indes C'était la sagesse
de 1'homme qui tenait ce langage. On
a distribué les premières aumönes
entre les mains des dispensateurs, les
dons se sont multiplies. C'est ie secret
de la charité. Cette exportation d'au-
mönes est un genre d'affaires a prodi-
gieux benefices. Des milliers d'lndiens
doivent le salut a notre obole. Nos
aumönes converties en pain, out sauvé
bien des corps, bien des ames. L'au-
móne partage avec la prière l'admi-
rable faculté d'être utile a l ame.
Mais tout le monde hélasn est pas
rassasié aux Indes. Les masses dépé-
rissantes étendent toujours vers leurs
frères d'Occident les bras suppliants
elles voudraient s'élancer jusqu a nous
de l'abimede leurs souffrances, comme
on représente dans l'iconographie du
moyen-age, les detenus du purgatoire
passant désespérément a travers les
barreaux de leur prison de feu, leurs
longs bras de squelettes.
Ah ne tarions pas Qui donne
vite, donne deux fois, a dit Sénèque
un païen. La lenteur de nos libé-
ralités peut coüter la vie a une créa-
ture humaine.
L'affamé, auquel nous destinons
l'aumöne, se débat déja dans les alfres
de 1'agonie Allons, pour l'amour de
Dieu, et sans délai, une dernière obole
au pauvre atfamé
M. de Man a l'honneur de l'affichage, tout
comme M. Brisson, b cela prés que sa lettre
est sur papier rouge et que le président de
la Chambre a eu les honneurs du papier
blanc. Eu outre, ce n'est pas l'Etat, ou
plus exacternent ce ne sont pas les contri-
buables qui tont les frais de l'affichage de la
prose de M. de Mun, mais les associations
catboliques.
Cet incident montre exacternent b quel
point nous en sommes. Jly a dixans, pareille
riposte n'aurait pu se produire. Que s'est-il
done passé AI. de Mun l'a dit fort justement
lui-même au Gongrès du Puy l'autre jour
la France retourne vers la foi chrétienne.
Péril clérical! crie t on. Oui, mais ce
quon ne voit pas, c'est que la poussée part
den bas cl de partout.
Cel aveu de L'Echo de Paris est précieux
b retenir.
II n'y aura biemöt plus que des catboliques
b ne pas eroire b la force du mouvement
catholique. (Groix.)
Nous avons parlé dernièrement de l'initia-
tive prise par te R. P. Amigo, de la mission
Sainte-Marie et Saint-Michel, Commercial
road, de sortir prêcher la parole de Dieu
dans la rue quand il jugeail sou auditoire
trop peu iiombreux b l'imérieur de l'église.
Son système a réussi au delb de toute espé-
ranee, et, giace b lui, la religion catholique
est devenue trés populaire dans les quartiers
de Vt apping et de Witechapel, les plus misé-
rables de la capitale. C'est b peine si la
police ose saventurer dans ces ruelles
étroites qui passent pour de véritables re-
paires de brigands.
Eh bien, Üimanche dernier, on a pu as-
sister b ce spectacle peu banal d'une proces
sion catholique se déroulant majestueusement
a travers ces mêmes ruelles, au milieu d'une
population enthousiaste et émue, composée
en grande partie de protestants qui cou-
vraient de fleurs la statue de la Vierge, tandis
que les fidèles répélaient les cantiques en
l'üonneur de Marie.
Le clergé des missions avoisinantes avait
répondu b l'invitation du P. Amigo et la
procession ne comptait pas moins de vingt
prêtres revêtus des ornements sacerdotaux.
Le spectacle était magnitique mais il est
bien certain que ce n'est pas en restant con-
finé dans sa sacristie que ie P. Amigo eüt
obtenu un pareil résultat.
Nous lisons dans la Groix de Mercredi
11 y a 26 ars, les communards fusil-
laient rue Haxo de nobles victimes sans dé-
fense, prêtres, religieux, gardes de Paris.
Ge mur de la rue tLxo est devenu l'objet
d'un pieux pélérinage le 26 Mai.anniversatre
du massacre.
Gette rue sinistre était ce matin remplie
d'équipages entre lesquels se pressail une
foule do pèlerins de tous les mondes, qui
vont parer de fleurs le mur contre lequel
furent fusillés le 26 Mai 1871, les PP. Radi-
gue, Tuffier, l'ardieu, Rouchouze, de la
Gongrégation de Ptcpus Olivaint, Gaubei t,
de Bengy, de la Gompagnie de Jésus; Plan-
chat, prêtre de la Mission les abbés Saba-
tier et Seignerei et une quarantaine de gardes
de Paris.
Au n° 8ö, en face de la rue des Tourelies,
ces mots se détachent eu grosses lettres au-
dessus d'une grille Villa des Otages. Nous
pénétrons dans cette longue allée. C'est ia
que commence le douloureux pèlerinage.
Des plaques en marbre, fraichement posées,
indiquent les diverses stations de ce nouveau
chemiu de la Groix. Combien éloquentes dans
leur simplicité ces inscriptions
26 Alai 1871.
liebord de fenêlre oü le jeune abbé
Seignereiviolemment poussévint
Irapper de la lète.
Quelques pas plus loiu
Endroitoü laP. Tu ffier, de Picpus,
recut un coup de poing terrible qui le
fit ckanceler et tomber a terre.
hi le P. Caubert, de la Compagnie
de Jésuss'avancait péniblement s'up-
puyant sur le bras du P. Olivaint.
L'allée tourne brusquement, et nous arri-
vons devant une nouvelle grille
Entrée au centre du secleur oü les
otages furent acculés par une foule
furieuss.
Nous pénétrons dans cette enceinte avec
un pieux respect. C'est lb que lesjustes fu
rent condamnés aux applaudisseraents de la
canaille en délire. Nous lisons
Mur oü une vivandière de 19 ans
dirigeant son revolver sur un garde
de Paris tua un Père de Picpus qui
f avail couvert de son corps.
Ne vous semble t il pas lire une page de la
passion du Christ ou du martyrologe?
Le prétoire de Pilate est lb tout prés
Jialcon de la salie du conseil oü Pon
délibère sur le sort des victimes.
Les victimes étaient massées en face des
bourreaux un écrile au nous l'indique:
Place oü les otages furent entassés,
prêtres et reliqieux d'un cóté, gardes
de Paris de l'autre.
Une nouvelle grille s'ouvre, et nous péné
trons dans le champ des martyrs. C'est Ib
adossées b un mur que les victimes succom-
bèrent.
A quelques pas de ce mur, une fosse
s'ouvre béante, avec cette inscription:
Fosse ignoble oü furent jelés pèle-
mêle les corps des victimes.
Un crucifix est suspenduau-dessusde cette
fosse, et des massifs de fleurs rouges re-
eouvrentcel endroit qui futarrosédu sang
précieux des martyrs. Qb et lb, dans le ga
zon, de petites croix de pierre indiquent les
lieux oü après l'exécution furent disposés
les restes de chaque victime.
Une chapelle a été construite dans un
angle du champ. Plusieurs messes y out été
célébrées ce matin et le Saint-Sacrement y
reste exposé toute la journée.
De pieux pélerins, prêtres, religieuses,
hommes, temmes du monde et femmes du
peuple, suivent les diverses stations de ce
calvaire douloureux, et baisent la terre qui
but le sang des martyrs.
Une reflexion plusieurs de ceuz qui diri-
gèrent la main des bourreaux, tels Lucipia,
sc pavanent dans les honneurs et organisent
de nouvelles persécutions contre les amis et
confrères des victimes.
Le Progrès annonce la participation
de 1 association libérale d Ypres a la
grande manifestation inilitariste de
Dimanche prochain, a Bruxelles.
Cette manifestation nos lecteurs
le savent est dirigée contre le rem
placement.
II s'agit d'obtenir, par des parades
au moins intempestives, ce que Ton
na pu obtenir jusqu ici des pouvoirs
publics.
Déja le Sénat a refuse de prendre
en consideration la proposition de re
ferendum, formulée par M. Paul
Janson sur la question militaire, mal-
tl