M i Samedi 28 Aoüt 1897. 10 centimes Ie N°. 32e Année. N° 3274. L'entrevenue franco-russe et Ia presse anglaise. Etats de TEglise. L'affaire du bazar de la charité. L'inauguration du monument David On s'abonne rue au Beurre, 36, Ypres, et Le JOURNAL D"YPRES parait le Marcredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se rógularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent être adrosses franc de port k l'adresse ci-dessus. tous les bureaux de poste du royaurue. Les annonces coütent 15 centimesla ligne. Les réclames dans le corps du journal coütent 30 ceniimes la ligne. Les insertions judiciaires1 franc la ligne Les numéros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique excepté les 2 Flandres) s'adresser k l'Agence iïavas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et k Paris, 8, Place de la Bourse. Tous les journaux anglais publient des articles sur la visite de M. Félix Faure en Russie. La rencontre de l'autocrate de l'Europe oriëntale et du premier citoyen de l'Europe occidentale, dit le Daily Graphic, est un événement historique. Le Tsar salue M. Félix Faure comme le représentant d'une grande nation unie k la Russie par les liens traditionnels d'amitié. Le Daily thelegraphe dit de son cóté Dans un gouvernement autocratique il est facile de commander des démontrations, mais il est aisé de faire une distinction entre la réception fate k l'Empereur d'Allemagne et la manifestation spontanée de la joie populaire qui a aecueilli M. Félix Faure.Ge n'est pas un empire et une république qui fraternisent, c'est plutót la France et la Russie. En tant que cette alliance est la sau- vegarde de la paix de l'Europe elle mérite notre approbation. Le Morning Post semble craindre que l'al- liance franco-russe ne se tourne k un mo ment donné contre l'Angleterre et il demande que Ton renforce la flotte anglaise. Le correspondant du Standard k Péters- bourg envoie trois colonnes de dépêches k son journal. II dit: Une grande galerie du Palais d'Hiver et une salie de l'ambassade de France sont déjk remplies de cadeaux.desti- nés k M. Félix Faure. Pendant l'entrevue que M. Hanotaux a eue avec M. Mouravieff, a ajouté le correspon dant anglais, les deux ministres se sont occupés des négociations de paix k Constan tinople. La fête du Pape. Dimanche, fête de saint Joachim, le Saint- Père Leon XIII a tenu Gercle de Cour dans la Bibliothèque privée. Etaient présents 16 cardinaux, de nom- breux prélats, les dignitaires de la Cour et 'fis représentants des Associations catho- bques. Le Pape tint conversation pendant une heure avec une verve admirable. Entre autres sujets de conversation, Léon XllI paria des récentes fêtes de saint Louis dAnjou. célébrées k Rome, et de la dévotiori ffu'on a pour ce saint dans la familie Pecci. Eartni les ceuvres religieuses, il dit aimer Pauiculièrement les OEuvres Eucharistiques ^ai apportent le baume aux amertumes de s°n coeur. Léon XIII fit lire ensuite la lettre du car dinal Sarto, patriarche de Venise, relative au dernier Congrès Eucharistique tenu récem- ment dans eette ville. Le cardinal Parrochi l'ayant prié d'écrire une Encyclique sur la dévotior, au Saint- Sacrament, le Saint-Père répondit qu'il prépare actuellement l'Encyclique sur la fête du Rosaire et que, plus tard, peut-être, il en écrira une sur le Saint Sacrement. Quelqu'un ayant dit qu'un mouvement se manifestait en France même parmi les évêques contre la Communion fréquente, le Pape montra qu'il ne s'en préoccupait pas; car, dit-il la France s'opposera k ce mouvement. Interrogeant ensuite le cardinal Steilember sur les fêtes du bienheureux Canisius k Fribourg, le Pape fit observer que les con versions étaient plus fréquentes en Angle- terre qu'en Allemagne. En effet, quatre ministres anglicans sont dernièremententrés dans l'Eglise catholique. Tout le monde a pu constater que la santé de Léon XIII est parfaite. Le tribunal correctionnel de la seine a rendu son jugement dans l'affaire du Bazar de la Charité. Le baron de Mackau est cöndamné k 300 fr. d'amende. M. Bailac est cöndamné k un an de prison et 300 francs d'amende. M. Bagrachow, 2e employé du cinémato- graphe, k 8 mois de prison et 200 francs d'amende. Tous les trois bénéficient de la loi Béren- ger tant pour les condamnations pécuniaires que poor les condamnations k la prison. Le jugement dit que le baron de Mackau est coupable de négligence et Bailac et Bagrachow de grave imprudence. Lierre Dimanche 22 Aoüt, a eu lieu dans la ville de Lierre, en présence de S. E. le cardinal- archevêque de Malines et de MM. les mini stres Begerem et Schollaert, l'inauguration du monument élevé au chanoine David. M. le gouverneur de la province d'Anvers avec tous les membres de la Députation per manente,un grand nombre de représentants, déléguésdel'Université de Louvain.de l'Aca- démie flamande et de l'Académie Royale de Belgique, ont assisté k la cérémonie. La solennité de cette inauguration té- moigne du respect qui entoure la mémoire du vénéré chanoine, historiën et littéraleur des plus distingués Jean-Baptiste David, né k Lierre la 25 Janvier 1801, avait eu pour maitre un an cien religieux de l'abbaye d'Afflighem, qui avait fui k Lierre la tourmente révolution- naire et était fils du carillonneur de l'église Saint-Pierre k Louvain, Vanden Gheyn, des cendant ïdes illustres fondeurs de cloches malinois. Entré k 13 ans au petit séminaire de Ma lines, puis en 1820 au grand séminaire, il avait été attaché l'année suivante k l'Athénée d'Anvers comme sous-principal. Un an plus tard, nous le retrouvons au petit séminaire de Malines, en qualité de professeur de cinquième. Le 20 aoüt 1823, le jeune pro fesseur fut ordonné prêtreil ne quitta toute- fois le séminaire qu'en 1825, lors de la suppression de celui-ci par le roi Guillauwe. Mais la retraite de Jean-Baptiste David fut laborieuse et singulièrement féconde. L'Asso ciation pour la publication de bons livres en langue flamande venait de se fonder k Malines.David,au téraoignage de Mgr deRam, son intime ami, prit la plus large part k cette oeuvre littéraire. Ses premiers écrits furenl, au surplus, peu importants il tra- duisit en flamand les Conférences de Frayssi- nous, divers ouvragesde Fénélon et d'autres écrivains francais, ainsi quequelques ouvra- ges latins. A la réouverture du petit séminaire, le lcr mai 1830, peu de temps avantla Révolution, le professeur David reprit ses lemons. Vers la fin de 1831, l'administration diocésaine confla la direction du collége k l'abbé David. Pour récompenser le mérite du principal du collége, Mgr Sterckx, alors archévêque de Malines, le nomma, en 1833, chanoine ho noraire de la métropole, Entre-temps l'Uni- versité catholique s'était fondée par les soins de l'abbé de Ram. David fut nommé profes seur d'histoire de Belgique et de littérature flamande k la nouvelle université. Ses leQons d'histoire, réunies, parurent sous le titre de Manuel de ïhisloire de Belgique, et l'orde en fut suivi par l'auteur pour son oeuvre princi pale. 1' Histoire de la Patrie. On doit encore au chanoine David YHistoire de saint Albert de Louvain l'Histoire de la ville et de la seigneurie de Malines; Charles le Téméraire a Gand en 1467 les Recherches sur le cours primitif de l'Escaut, qui sont encore les oeuvres d'un chercheur, et surtout une célèbre Imitation de Jésus-Christ, qui vivra aussi longtemps que la langue maternelle même. Si Fonte- nelle a pu dire que l'homme n'a point produit un livre supérieur k l'incomparable ouvrage de Thomas k Kempis, on peut ajouter, disent les distingués biographes du chanoine David, qu'aucuae langue n'a produit plus splendide, plus fidéle, plus irréprochable traduction du célèbre moine. II consacra k ce travail entrepris unique - ment par charité chrétienne et pour le bien- être spirituel de ses chers compatriotes douze années de son existence. Et quel succès de librairie! L'Imitation flamande fut réimprimée k un nombre fantastique d'exem- plaires et la Maison Jamar en a publié une édition encore avidement recherchée au- jourd'hui par les bibliophiles. Dans son exquise modestie, le chanoine David fuyait les honneurs qui s'acharnaient cependant k sa poursuite. L'Université de Louvain lui décerna les plus solennels hom mages; elle le promut, honoris causct, au grade de docteur en philosophie et lettres peu de temps après, il fut élevé k l'ordinariat, en 1844; l'Académie royale de Belgique l'appela k siéger dans son sein, en 4846, et, deux ans plus tard, en 1848, lors de la publication de sa merveilleuse édition du poème de Bilderdijk, Be Ziekte der geleerden, le même honneur lui fut conféré par l'Institut royal néerlandais. De toutes parts lui arrivaient les plus flat- teuses distinctions; tousles corps savants s'honoraient de posséder le chanoine David parmi leurs membres, il en était k ne plus compter ses décorations. Et cependant ja mais un ruban n'orna sa poitrine, jamais l'humble aumónier des Colletines ne voulut se parer d'une de ses crorx, pourtant si ru- dement gagnées. David, au point de vue littéraire, a subi l'influence de Willems, dont il fut parfois le collaborateur. C'est de leur amitié que se fortifh en David l'amour de la langue fla mande pour laquelle il combattit toute sa vie et dont il fut le porte-drapeau. II était de ceux dont on peul direHij had zijn Vlaanderen hartelijk lief! et c'est le plus bel éloge qu'on puisse faire de l'historien. C'est k l'Université même qu'il fut frappé pour la première fois, dans sa chaire, en présence de ses élèves consternés. La mort ne devait cependant pas venir immédiate- ment. Mais il était perdu pour le professorat et ce fut avec un profond regret que NN. SS. les évêques acceptèrent sa démission. II se soumit avec une sereine résignation aux décrets de la Providence. Pendant l'an née de grace qu'elle lui laissa, racontent MM. Moroy et Van den Weghe, il consacrait en core journellement quelques heures k son Histoire nationale il éleva son ame aux con templations de l'au-delk et il s'en allait par fois chercher des forces pour ses membres paralysés le long des promenades publiques,

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1897 | | pagina 1