Oft&A
FRANCE.
Le Budget des cultes.
L'affaire Dreyfus.
Brésil.
Fédération des
associations catholiques.
Mercredi 10 Novembre 1897. 10 centimes Ie N°. 32e Année. N° 3294.
On sait, dit le Matin, qu'un amende
ment a été déposé au budget, tendant k la
suppression du budget des cultes. Au cours
du débat qui aura lieu ce sujet, M. Jules
Guësde réclamcra nou seulement la suppres
sion du budget des cultes, rnais encore
l'abolition du Concordat. Les biens dits de
main-morle, appartenant aux corporations
religieuses, seraient déclarés bien nationaux,
et leur produit serail consacré k la création
d'une caisse de retraite pour les vieillards et
les invalides du travail
M. Jules Guesde n'oublie qu'une petite
chose
C'est qu'k moins de passer pour un bri
gand et complice de brigands, il devra faire
accompagner son projet d'une autre propo
sition celle d'inscrire au budget, pour une
fois, la somme suffisante k désintéresser le
clergé, dont on voudrait ainsi supprimer la
rente ou indemoité budgétaire, après avoir
supprimé son capital.
N'oublions pas que de ce capital l'Etat
s'estemparé moyennant l'oblig3tion d'acquit-
ter annuellement une rente, d'ailleurs trés
peu proportionnée au capital dont ori s'em
parait de la sorte.
M.Jules Guesde est-il prêtk poser eet
acte, que la plus vulgaire bonnéteté réclame?
Si non, qu'il ne s'étonne pas de nous yoir
qualifier son projet selon son mérite, en
disant que c'est purement une motion de
brigandage. Vérité.)
M. Paul de Cassagnac, dans 1 'Autorité,
réclame la revision du procés Dreyfus
La lumière, dit-il, nous la voulonsréso-
lument, sans nous laisser émouvoir et inti-
oider par les criailleries, les hurlements, les
insinuations malpropres et stupides de ceux-
h qui proclamaient Dreyfus coupable, méme
®vant de savoir ce dont il était accusé.
La foule est cruelle, féroce, quand elle
s'emballe.
Or, elle s'estemballée, dans l'affaire Drey-
his, avec une violence inouïe.
II y a quelque bravoure k lui résister.
Cette bravoure, on l'aura.
Car nous sommes de ceux que l'injustice
révolte, que le parti pris indigne. et qui
hadmettent pas qu'on égorge un homme,
füt-il juif, sans s'être entouré de toutes les
Précautions indispensables k la démonstra-
lion évidente de sa culpabilité.
Oreyfus a été condamné dans les ténèbres,
éans une cave.
La méme sinistre aventure peut arriver k
^autres.
Or, ces procédés-lk ne sont plus de notre
temps, jurent avec la civilisation moderne,
outragent l'humanité, et chose bizarre, sont
défendus, par qui par ceuxlk mêmes qui
reprochent k l'inquisition et aux tribunaux
du moyen age leur atrocité barbare
Nous n'allons pas jusqu'k croire Dreyfus
innocent nous espérons même, pour l'hon-
neur de la justice, qu'il est coupable nous
le souhaitons ardemment.
Mais il a été jugé en dehors de toutes les
régies de l'équité sans pouvoir se défendre,
sur des papiers iuconnus.
Nous persistons k réclamer le grand jour,
le grand soleil devant l'opinion publique, ne
füt ce que pour empêcher qu'un nouveau
procés soit jamais instruit et jugé dans de
semblables conditions, attentatoires aux
droits les plus sacrés, les plus respectables
de la défense, en face de la plus infamante
des inculpations.
Le huis-clos, quand il ne vise pas une
affaire de moeurs, qu'il s'agisse d'anarchie,
de trahison ou de complots, est une honte et
une lacheté.
Et on est toujours tenté de soupponner
l'accusation, quand elle parle k voix basse
et dans l'ombre.
La revision du procés Dreyfus s'impose
plus que jamais.
Una personnalité bt ésilienne a donné k un
représentant, de l'Agence nationale les ren-
seignements suivants sur les causes aux-
quelles on peut attribuer l'attentat
La lutte eutre le parti républicain mo-
déré représenté par le président Moraes et le
parti jacobin militaire représenté par tous
les élém mts exaités sedabie être entrée dans
une période aiguë.
Dés le mois d'Avril dernier, on savait
que le club militaire avait décidé le roeurtre
du général Machado Bittencourt, ministre de
la guerre. Ge militairefaisaitde grands efforts
pour maintenir la discipline et pour mettre
un peu d'ordre dans ['administration de l'ar-
mée. L'expédition de Ganudos, confiée au
général jacobin Arthur Oscar, menapait de
s'éterniser et coütait déjk au gouvernement
plus de 25 millions, quand le général Ma
chado Bittencourt prit la résolution de se
rendre lui-même au siége des opérations.
Les folies dépenses ont été immédiatement
diminuées au grand dépit des officiers et
du général Oscar qui, pressé par le ministre,
a été obligé de vaincre et de terminer cette
guerre ruineuse pour le Trésor et profitable
pour les fournisseurs et les orgauisateurs de
l'expédition. Gette solution porta k son com-
ble l'exaspération des jacobins de Rio
qui redoublèrent de violence au Gongrès et
dans la presse contre le président Moraes
et le ministre de la guerre.
Tout le monde prévoyait l'attentat con
tre le président dont le ministre de la guerre
a été la victime.
L'insolence des jacobins et des mili-
taires qui les soutiennent ne connaissait plus
de bornes depuis quelque temps. Si le prési
dent Moraes avait été tué, M. Victorine
Pereira, un des chefs du parti jacobin,
aurait pris possession du pouvoir comrae
vice-piésident et on ne saurait vrairaent oil
ce parti exalté mènerait le pays.
Le président Moraes compte sur l'appui
de la plupart des gouverneurs des Etats, sur
la police de Rio, environ 3,000 hommes, et
sur les troupes de Ia marine. Les jacobins
ont pour eux une grande partie de l'armée,
mais elle est tellemeni désorganisée et dé-
moralisée qu'une résistance sérieuse k ses
exigences eri aurait facilement raison.
Ajoutons qu'un autre élément qui compli-
que beaucoup la situation est l'ouverture de
la campagne présidentielle. L'élection du
successeur de M. Prudente de Moraes aura
lieu le ler Mars. Les conventions des partis
ont proclamé tout recemment les candidats
le parti raodéré gouvernemental présente la
candidature de M. Campos Salles, gouver
neur de Sao-Paulo, le parti radical celle de
Lauro Sodré, ancien gouverneur de Para et
le parti jacobin celle de M. Julio de Castil-
hos, gouverneur du Rio-Grande-du Sul.
Ges deux derniers partis, qui foment
l'opposition, font depuis quelque temps une
campagne acharnée pour forcer le président
Moraes k se retirer afin de faire place au
vice-présideut, M. Manoel Victorino, qui est
un jacobin quoique ancien monarchiste,
comptant que celui-ci fera les élections pré-
sidentielles au profit de leur candidat.
Rio-de Janeiro, 7 Novetnbre. La nuit
dernière, k la suite de la campagne menée
par le journal Republica contre le président
de la République et le ministre de laguerre,
la foule a brisé la devanture du bureau de
la rédaciion malgré les efforts de la police.
La Federation des associations ca
tholiques s'est réunie a Bruxelles, Sa-
medi dernier.
Le principal objet a l'ordre du jour
était la question de l'entente avec la
Ligue démocratique.
La proposition de M. Woeste a été
votée a la grande majorité des mem
bres présents.
Voici cette proposition
La Fédération des associations catho
liques, estime que chaque arrondissement
est le meilleur juge des moyens auxquels il
convient d'avoir recours pour assurer cette
union. Elle est prête k interposer ses bons
offices partout oü on croirait devoir y faire
appel. Son bureau pourra, au besoin, s'en-
tendre avec la Ligue démocratique ou d'au-
tres groupes électoraux lk oü la nécessité
s'en fera sentir.
La proposition de M. Léger consa-
crait le principe de la representation
proportionelle des groupes et des inté
réts au sein du parti catholique,
Cette proposition a été rejetée.
La Patrie de Bruges apprécie en ces
termes le vote émis par la Federation:
Nos lecteurs ont vu, que la proposition
de M. le sénateur Léger n'a pas été admise
k la Fédération des Associations catholiques.
Plusieurs confrères se montrent fort émus
de ce rejet. Nous tenons k déclarer que nous
ne partageons pas eet émoi.
La proposition de M. Léger consiituait
une affirmation générale. La motion de M.
Woeste permettra de la reprendre dans
chaque arrondissement, si on le juge oppor-
tun, utile ou nécessaire. 11 n'y a lk rien de
contradictoire. Le projet de M. Léger res-
pectait aussi l'autonomie politique des diffé
rents arrondissements. Ge respect est du
reste élémentaire.
Pourvu que de part et d'autre part on
veuille faire preuve d'un esprit véritablement
conciliateur, on aboutira k un accord satis-
faisant, d'autant plus facilement que l'ère
des confusions préjudiciables est close et
bien close La Ligue démocratique a nette-
ment attesté qu'elle n'a nul rapport avec les
brouillons qu'on ne connait que trop.
Tous lesjournaux catholiques ne-
mettent pas la même appreciation que
notre consceur brugeoise. Mais tous
sont d'accord pour dire que la propo
sition Woeste constitue un grand pas
dans la voie de l'union.
Voici ce qu'en pense le Bien Public
Nous ne partageons pas le pessimisme de
notre confrère. En somme, la résolution que
l'assemblée a votée est un pas en avant.et un
pas d'autant plus considérable, qu'elle a été
proposée par M. Woeste lui-même.
Nous y relevons en effet, tout d'abord, la
reconnaissance de l'autonomie des associa
tions. S'il est vrai que ce principe n'a jamais
été contesté formellement, il n'en est pas
moins agréable de songer qu'k l'avenir ceux
qui ont mandat pour parler au nom de Ia
Fédération s'abstiendront, par exemple, de
dénoricer comme infidèle k la tradition catho
lique et comme téméraire, ^Association ca
tholique gantoise, traitant avec la Ligue an-
tisocialiste.
En second lieu et ceci est essentie),
la Fédération reconnait l'existerice de la Li
gue démocratique, et la légitimité de son in
tervention, comme Ligue, dans les luttes
électorales. C'est l'autonomie c'est la chose,
sinon le mot. La Fédération admet qu'il peut
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