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II nous est impossible d'apprécier cet avis
nous ignorons d'abord de quel correspondant
il s'agit. Le bruit est venu jusqu'a nous, qu'un
jour, un avoeat de Bruxelles ou d ailleurs, est
arrivé h Ypres et qu'il a constaté, ce que bien
des gens peuvent constater tous les jours de-
puis nombre d'années l'état déplorable dans
lequel se trouvent les restaurations exécu-
tées éi l'Eglise St Martin de 1842 jusqu'en
1872 ou environ. La pierre employée alors,
estdequalité absolument inférieure; elle est
gelive et s'effrite avec rapidité. Les sculptu
res et les parties ornées ne sont pas seules a
tomber, les parements même des murs sont
entamés. La pierre d Avesnes ne convient pas
pour les restaurations des parties extérieures
des édifices et, sauf dans ces derniers temps,
on n'a pas employé d'autres matériaux aux
travaux de l'Eglise.
II est inexaét de dire qu'on a interrompu,
il y a plus de 25 ans, la restauration de
nos jolis monuments, sans que depuis cette
époque on ait songé encore les reprendre.
A St Martin, le grand portail a été remis
en état, il y a peu d'annéesil n'a été
achevé qu'en 1893- Le rapport en convient
du reste.
II est vrai qu'en 1872, alors que l'accord
intervenu entre l'Etat, la Province, la Ville et
la Fabrique était arrivé, croyons-nous, a
terme et qu'on eut dépensé une somme con-
sidérable, les travaux de restauration, quoi-
que non achevés, ont été interrompus. Les
autorités intervenantes ne se sont plus enten-
dues. La Fabrique d'Eglise, privée vers cette
époque d'une partie de ses ressources, dé-
clara ne pouvoir intervenir. Une longue cor-
respondance, qui dura plusieurs années,
n'aboutit pas. 1
II serait trop long d'en rappeler les divers
incidents. La Fabrique avait, en dernier lieu,
consenti h une intervention de 1000 fr.
L'administration communale aótuelle dé-
sirant remédier a la triste situation existante,
ouvrit dés 1892, des négociations avec l'Etat
et la Province aux fins de conclure une
nouvelle convention, dans laquelle le montant
annuel de la dépense serait fixé ainsi que
la part de chaque intervenant. L'ouvrage est
considérable. II n'y a pas seulement k achever
la restauration des parties anciennes, il faut
reprendre et modifier les restaurations exé-
cutées depuis 1842, sauf le grand portail.
D'après l'ancienne convention on dépensait
14.000 fr. par an.
La première lettre de cette négociation
porte la date du 26 Janvier 1892. La Fabrique
de l'Eglise consentit immédiatement a porter
sa part d'intervention 2000 fr. (lettre du
9 Février). La Ville était décidée a inter
venir pour une somme égale. Dès lors, nous
pouvions espérer voir la Province et 1 Etat
intervenir dans la proportion d'autrefois.
Nous avons proposé une dépense annuelle
de 14.000 fr. sans fixer le coüt total des
travaux.
Nous ne voyons pas la possibilité, ni^
même la grande utilité de fixer ce chiffre
total. II y a trop d'imprévu. On restaure un I
monument en répartissant la dépense sur un j
grand nombre d'annéesmais la restaura-
tion une fois entamée doit être achevée,
quelle que soit la dépense.
Au surplus, ce genre de travaux ne peut
être exécuté par adjudicationil réclame J
la régie et peut être entamé dès qu'un J
plan partiel est étudié et a été approuvé j
surtout lorsqu'il s'agit d'un batiment de
styles différents dans ses diverses parties, 3
comme St Martin.
Ce système tout nouveau, nous en con-
venons, vient heurter les usages regus et les
prescriptions des circulaires ministérielles
et bureaucratiques. Nous nous en sommes
apergus, lorsque nons avons lu les réponses
de l'administration provinciale se refugiant
derrière ces prescriptions.
Difficulté analogue au sujet des plans.
L'architeéle chargé depuis longtemps des
travaux, interrogé par nous, réclamait a
juste titre une rémunération spéciale pour
les études générales et les plans a dresser
il l'avait évaluée èi 9.000 fr.
L'administration communale proposait de
comprendre cette somme dans les dépenses
générales et de la partager dans la même
proportion que celles-ci.
La députation permanente prétendit d'abord
voir les plans et les états produits a l'appui
pour apprécier si la confeótion des projets
justifiait une dépense de 9.000 fr.
C'était tourner dans un cercle vicieux,
sans issue possibleforce fut a l'adminis
tration communale d'abandonner les négo
ciations.
Notons encore que les toitures de St Martin
ont été complètement renouvelées en i8g$ et
i8gó. Travail de première nécessité, qui
a coütéplus de 30.000 fr. II nous semble qu'on
ne peut passer ce travail sous silence. II
fallait évidemment commencer par la.
Quant aux Halles, il serait beaucoup plus
exaót de dire que les travaux n'ont guère
été interrompus. II suffit, pour s'en con-
vaincre, de parcourir les rapports annuels
sur la situation de la ville et les comptes
communaux depuis 1870. Notons le dégage-
ment et la restauration de la |salle nord de
l'étage, le plancher de cette salie, le déga-
cjement du rez-de-chaussée, les marchés cou-
verts, la restauration du campanile du beffroi,
etc., etc. sans compter l'entretien ordinaire
et extraordinaire des toitures.
Nousn'ignorons pas que les toitures doivent
être complètement renouvelées, soit 36.000 fr.
ainsi que le crètage a modifier complète
ment, soit au moins 25.000 fr.; que toutes les
restaurations de 1843 et des années suivantes
sont a refaire 300.000 fr. peut-être 1
C'est évidemment par le crétage qu'il faut
commencer avant de renouveler le toit.
Mais tout ne se fait pas en une fois ni en
même tempsles ressources de la ville
doivent servir également a satisfaire a
d'autres services que la loi et les régies
d'une bonne administration nous imposent.
Avant de s'aventurer dans ces dépenses,
nous estimons qu'il faut étudier la restau
ration de ce monument dans tous ses détails
profils, moulures, dessins, ornements, maté
riaux, afin de ne plus retomber dans les
fautes qu'on reproche a juste titre a tous
ceux qui se sont occupés de restauration
jusqu'a ce jour. Ce travail préparatoire est
singulièrement facilité par suite de l'unifor-
mité de la plus grande partie de l'édifice.
Voila deux ans que des études sont
commencéesnous espérons pouvoir les
mener bonne fin dans un délai rapproché.
II nous semble qu'avant de se livrer a des
critiques acerbes, comme celles que renferme
le rapport que vous nous avez communiqué,
l'auteur eut bien fait de se renseigner plus
complètement.
Ainsi, la description qu'il fait des baies
des fenêtres, des créneaux, des consoles
taillées, dit-il, dans une espèce de pierre
bleue dite grès anglaisfera sourire ceux
qui ont étudié les détails du batiment et
qui le connaissent. Cette description, ainsi
que les notes au bas des pages 1 et 2,
constituent une assez jolie fantaisie du
genre esthétique, dont nous nous empres-
sons de féliciter l'auteur.
Seulement, les encadrements, meneaux et
tympans des fenêtres n'ont jamais été tra-
vaillés en grès bleu anglais pas plus que
les créneaux. Tout est en grès artésien, (ou
de Lille, ou de Béthune, ou environs.) La
preuve les pieds-droits des fenêtres de l'aile
nord du coté de l'Eglise St Martin, qui
ont été conservés, presqu'a chaque fenêtre,
sauf les soubassements et les chapitaux, sont
en grès, ainsi que les clavaux de l'ogive-
C Les pierres du portail latéral s éroiettent-elles
J'ai a re'pondre affirmativement aces trois questions,
et, par conséquent, je conflrrne la véracité des ren-
seignements donnés par votre honorable correspon-
dant.
Je saisis l'occasion qui m'est offerte pour vous
entretenir brièvement de nos jolis monuments, dont
on a, il y a plus de 25 ans, interrompu la restau-
ration en train de se faire alors, sans que, depuis
cette époque, on ait songé encore a les (1) reprendre.
II y a quatre ans, on a cependant mis en état le
grand portail de la dite Eglise de S. Martin.
9) Nous reproduisons exacteraent
Les Halles d'Ypres (planches pp. 12 et 14 du
Guide illustré ci-joint), edifice civil de premier ordre,
pouvant être considéré comme un des plus beaux
de l'Europe construit en grès (I200-I225-I285-i3c>4-
1342) dont la facade antérieure mesure un dévelop-
pement de 132 mètres, au centre du quel se dresse
fièrement le beffroi.
Avant la prétendue restauration qu'on fit subir
au monument, laquelle est complètement a refaire
comme nous verrons tantöt, toutes les baies et or-
nements des fenêtres ogivales, tant du rez de chaus-
sée, que de letage, ainsi que les crénaux, porte's
par les consoles, règnant le long du toit et servant
de couronnement a la facade (planches pages 8 et
14 du guide) étaient taillées en une espèce de pierre
bleue dite gres anglais Mais malheureusement,
lors de la dite restauration, sous prétexte que les
carrières des pierres en grès bleu étaient épuisées, (1)
on commenca par faire peau neuve et tous les or-
(1) N aurait-on pas pu trouver .des pierres s'en rappro-
chant comme couleur et auquel la patine aurait fini par
donner une teinte quasi-identique Je le pense, car sous
Ie régime hollandais, on avait réparé quelques fenêtres a
1 aide de pierre bleue d'écaussines et au bout de quelques
années on ne voyait plus de différence avec la dite pierre
en gres anglais.
nements de facades, ceux en bon (1) comme ceux
en mauvais état furent arrachés pour être remplacés
par de nouveaux exemplaires, beaucoup moins bien
exécute's que les anciens et de plus confectionnés en
une mauvaise pierre blanche gélive et tendre qui
ne peut résister a notre climat.
o
(r) Dans l'arrondissement d'Ypres on peut voir dan
ciennes fenêtres des Halles utilisées dans certaines con-
struétions rustiques, élevées par maints chatclains es
environs qui en avaient fait l'acquisition. On peut jug
de la solidité encore aétuelle des dites fenêtres qu on ^a
jetées pour les remplacer par de nouvelles qui se ri e
déja. Celles-ci en outre n'ont pas la même teinte et
peuvent rendre Ie bel effet sévère que devaient aire
anciennes, d'une couleur bleue noiratre et tranc an
l'ensemble de la batisse ayant une teinte plus claire.