Samedi 11 Décembre 1897.
10 centimes Ie Nc
32e Année. N° 3303.
Un congrès national
catholique en France.
Les résultats de l'athéisme
politique.
La réorganisation de
l'armée anglaise.
li.
L'AlIemagne et la Chine.
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L'union sur le terrain
oonstitutionnel.
L'encombrement des matières ne
nous a pas permis de suivre le detail
des deliberations du Congrès catholi
que qui vient de se terminer en Fran
ce, délibérations qui n'offrent qu'un
intérêt spécial pour la France.
Nous de von s parler cependant de
la séance par laquelle les débats se
sont terminés et qui présente au point
de vue des catholiques francais une
importance capitale.
II s'agissait de constituer, entre les
divers groupements du parti catholi
que, une Fédération électorale pour
1898. Les bases de cette Fédération
devraient être les suivantes
1° Acceptation loyale du terrain
constitutionnel;
2° Réforme, en ce qu'elles ont de
contraire au droit commun et a la li-
berté, des lois dirigées contre les ca
tholiques
3° Entente avec tous ceux qui veu-
lent un régime de paix dans la liberté
et dans la justice.
Cette question de la position des
catholiques sur le terrain républicain
a été fortement combattue par les
monarchistes mais, a une trés gran
de majorité, les membres du Congrès,
composé pour la majeure partie des
membres de 1'Union nationale, ont
affirmé leur volonté de n'aborder la
lutte électorale qu'avec une adhésion
ferme a la Constitution actuelle.
Sur cette dernière declaration, la
Fédération électorale a été votée et
eonstituée sur les bases dont nous par
ions plus haut.
La Vérité de Paris publie Partiele suivant
qui en du long hélas sur la situation de la
Prance
Un de MM les ourés de Paris adresse k
ia charité pubiique, en faveur de sa paroisse,
Un appel qui est un véritable cri d alartne et
de détresse.
La paroisse Notre-dame de la Croix de
Ménilmontant est pauvre. Elle compte ptès
de 60,000 habitants,
Sa population est cotnposée en trés gtan-
de majorité de travailleurs. Les families qui
comptent plus de quatre enfants sont en trés
grand nombre et dans une extreme pau-
vreté. Le faible salaire du père est générale -
ment iusuffisant k pourvoir k tous lesbesoins
des siens, surtout au loyer.
Aussi ces pauvres gens sont-ils réduits
aux plus dures privations, entassés plutót
que logés k six et huit personnes dans des
chambres sans air, sans lumière, et l'hiver
sans feu, n'ayant même souvent ni lits ni
couvertures.
Cette misère matérielle n'est rien auprès
de la misère morale et religieuse.
Une si grande paroisse n'a qu'une église.
II n'y a pas de ville de 60,000 ames, en
France, même aujourd'hui, qui ne possède
plusieurs églises et chapelles.
Autour de Téglise paroissiale de Ménil-
montant, une seule école chrétienne de gar-
gons et une de filles. ne pouvant même pas
recevoir k elles deux cinq cents enfants et,
avec les écoles, deux patronages, l'un de
gargons, l'autre de filles.
Ce sont lk toutes les ressources spiritu-
elles de la paroisse.
Mais aussi, quel tristeétat
Le quart des enfants n'est pas baptisé.
Un graud tiers, pour ne pas direlamoitie,
ne fait pas sa première communion.
«Sur 60,000 habitants, e'est k peine si
deux mille au plus accomplissent l'essentiel
des devoirs du chrétien.
De toutes ces constatations, la plus dou-
loureuse est celle qui concerne le baptême.
Dans cette paroisse de Ménilmontant le
quart des enfants, si ce n'est plus, n'est pas
baptisé.
Le quart des enfants n'est plus même
chrétien de naissance.
La statistique de beaucoup d'autres pa-
roisses de Paris donnerait k peu prés les
mêmes résultats. Nous le savons, hélas par
divers renseignements.
En moyenne, c'est le quart des enfants, k
Paris, qui n'est plus baptisé.
Dernièrement, Lyon nous fournissait des
chifFres semblables, et même plus tristes
encore. Et que serait ce k Marseille, k Bor
deaux, k Toulouse, k Saint Etienne
C'est la France qui se déchristianise.
Avant peu, une grande partie de la popula
tion aura perdu le baptême.
Jamais fait aussi douloureux n'a été con-
staték auoune ép:qu«. Jusqu'en 1880, ('im
mense majorité des enfants continuait k
recevoir le baptême. Le dernier recense-
ment de la population oil ait figuré la stati
stique des différents eultes, ne donnait pour
toute la France qu'une infirae minorité de
quelques miliiers de non catholiques. La
France était encore chrétienne par le bap
tême.
En quinze ans, 1'efFet de la politique et des
lois de laïcisation a été désastreux. Les nou-
velles générations élevées sans Dieu donnent
des enfant3 sans baptême, sans première
communion, des enfants païens sous ie
vocable de libres penseurs.
Combien faudra-t-il d'années pour que la
déchristianisation soit consommée
Le curé de Sainte-Croix de Ménilmontant
essaie courageusement de latter contre le
mal. II a fondé l'ceuvre de Tévangélisa-
tion de sa paroisse, pour laquelle il réclame
le secours de tous les généreux chrétiens.
Une oeuvre semblable serait k fonder dans
la plupart des paroisses de Paris, dans
toutes les grandes villes et, aujourd'hui,
dans le plus grand nombre des campagnes.
Ce serait une oeuvre nouvelle de la propaga
tion de la foi pour la France.
Jamais la charité chrétienne ne fera assez
pour essayer de soustraire la France k l'im-
piétéetau paganisme qui la menacent de
toutes paris. Pour le chergé et les fidèles,
c'est une nouvelle matière de zèle, un cbamp
illimité d'apostolat.
Mais que feront tous ces efforts réunis
contre l'infïuence d'une politique qui tend
sciemment et persévéramment k détruire la
foi chrétienne en France, contre Taction
continue des lois de laïcisation qui concou-
rent k faire oublier jusqu'au nom même de
Dieu et k effacer toute notion de religion
dans les ames
Ce sont ces lois mauvaises qui vicient Ia
jeunesse, qui perdent la France. Ce sont ces
lois qu'il faudrait détruire avant tout.
Et cependant, on entend parler de pro-
gramme électoral pour les catholiquds, oü
il ne serait pas question de protester contre
ces lois, d'en demander Tabrogation C'est
ce que plusieurs appellent se placer sur le
terrain constitutionnel Si Taction des
catholiques ne devait pas tendre avant tout
k Tabolition d'un régime de laïcisation, qui
est la ruine de la foi, il ne vaudrait pas la
peined'essayerd'organiser la lutte électorale.
Le marquis de Lansdown, ministre de la
guerre, a pronsncé k Edimpourg un discours
sur la réorganisation de l'armée.
II a exposé d'abord que les nécessités de
la défence anglaise sont tout k fait différentes
de celle des nations du continent.
II faut k TArigleterre, preraièrement trois
corps d'armée pour la défense du territoire
en cas d'invasisn il faut que TAnglelerre
puisse euoutre, mobiliser deux corps d'armée
dans le but de livrer bataille en dehors des
lies britanniquesil f rut que TAngieterre
puisse avoir un corps d'armée quand les cir-
constances Texigeront sans avoir k mobiliser
une armée il faut que TAagleterre puisse
fonrnir des hommes k ses garnisons de Tlnde
et k ses colonies.
M
1
Le ministre de la guerre espére pouvoir
augmenter le nombre des bataillons k l'in-
térieur de manière k pouvoir s'assurer un
plus grand nombre de soldats parfaitement
entrainés.
II propose de faire accord spécial avec un
certain nombre de réservistes afin qu'ils puis-
sentrejoindre les troupes pendant la première
année de leur service dans la réserve au cas
oü certaines opérations n'exigeraient pas
la mobilisation de toute la réserve.
11 pense que le sentiment général du pays
est opposé au service obligatoire excepté
peut-être pour la défense du territoire.
Le gouvernement désire avoir une forte
artillerie. II convient aussi, a dit le ministre,
que les milices soinent rapprocbées plus
étroitemet de Tinfanterie de ligne.
On est décidé k faire du départ de l'esca-
dre allemande pour la Chine une manifestation
politique significative.
L'empereur assistera au départ et escor-
tera en mer Tescadre jusqu'k la limite des
eaux allemandes.
Mercredi après-midi, le prince Henri de
Prusse, venant de Friedricbsrube, oü il était
allé voir le prince de Bismarck, a rendu visi
te au comte de Waldersée, prés duquel il
est resté une heure environ.
Avant de partir, il a salué les officiers
réunis k la gare.
En rêponse k une allocution du comte de
Waldersée, lui adressant ses souhaits, le
prince a ditJe vous remercie de vos pa
roles aimables. Veuillez croire qu'en me
rendant oü m'envoie la grace de l'empereur,
je remercie le souverain d'avoir placé tant
de confiance en moi. Je remplirai mes fonc-
tfons au nom de TEmpereur, en son honneur
et en Thonneur de la patrie. Vive TEmpe
reur
Ce vivat a été répété vigoureusement par
!es officiers présents.
Le prince est ensuite partie pour Kiel.
On mande de Hambourg k la Post.
Une assemblée trés nombreuse de repré-
sentants des principales maisons de com
merce de Hambourg a adopté k l'unanimité la
résolution suivante
L'augmentation de la flotte est absolu-
ment nécessaire pour le maintien et le déve-
loppement du prestige de TAllemagne, pour
la protection des nationaux allemands et du
commerce transatlantique allemands. L'as-
semblée exprime en conséquence Tespoir que
le Reichstag donnera son approbation au
projet relatif k l'augmentation de la flotte.
Les journaux de différentes nuances
reconnaissenl que les déclarations du leader
catholique Lieber ont augmenté les chances
d'adoption du septennat naval de la flotte.
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