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Samedi 26 Février 1898.
10 centirr
33° Année. N° 3322.
to
Zola et TAurore condamnés.
La séance de la Chambre
et la presse.
L'explosion du Maine
Une panique.
Pays-Bas.
Le budget de la guerre
et l'école d'équitation.
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Lundi 28 Février, 8 heures
du soir, la salie Iweins, confé
rence avec projections de vues,
au profit de l'oeuvre pour la civi
lisation du Congo, par le R. P.
Liagre, missionnaire.
Les portes s'ourriront 7 1/2 h'.
Les cartes seront rigoureusement
exigées au contróle.
On pourra encore se procurer
des cartes personnelles k "2 francs
et des cartes de familie 5 francs
k l'entrée de la salie de la confé
rence, Lundi soir k partir de 7 1 /2
heures.
M. Emile Zola est condamné a un
an de prison et 3 000 francs d'amen-
de. C'est le maximum. Le verdict d'oü
est sortie cette condamnation était at-
tendu. II suffit de s etre un peu mêlé,
depuis trois semaines, a tous les mon-
des pour savoir que huit Fran ais sur
dix ne se seraient pas prononcés autre-
ment. Les jurés ont donné, en la cir-
constance, 1'expression du sentiment
publie.
On dira peut-être qu'ils ont été ter
rorises de mille manières, qu'ils ont
vu leur nom, leur adresse, la profes
sion qu'ils exercent publiés chaque
jour a des milliers d'exemplaires,qu'ils
ont pu croire leur sécurité et leurs
intéréts menacés, que leur verdict est
le verdict de la peur et qu'il est impos
sible que les débats actuels n'aient pas
fait luire pour eux un filet de lumière
qui pouvait les induirea accorder au
moins les circonstances atténuantes.
N'en croyez rien ils ont répondu,
nous le répétons, comme aurait ré
pondu la grande majorité du pays.
Cette majorité est sincèrement, ob-
stinément convaincue, comme on le
lui a dit etredit, qu'en cette affaire
c'est l'honneur de l'armée qui était en
jeu, qu'élever un doute sur la légalité
de la condamnation de Dreyfus, c'était
compromettre la défense nationale.
Dans ces conditions, les jurés qui font
partie du grand public, ne pouvaient,
sous peine de se considérer eux-
mêmes comme de mauvais Francais,
que semontrer inflexibles. Ils l'ont été.
Le Journal dit: La séance d'hier
réalise nos espérances. Le président
du Conseil a parlé le langage d'uu
homme dEtat, et la Chambre, sans
défiance, a tenu a prouver dans un
vote quasi unanime qu'une politique
énergique n'étaitpas pour lui déplaire.
Elle a prouvé l'amour de la Patrie et
le respect de l'armée, et l'on peut dire
que la cause est définitivement enten-
due. Après le jury de la Seine, la
législation nationale a jugé en dernier
ressort.
Le Gaulois dit que M. Méline a
prouvé qu'il ne tolèrerait aucune ten
tative nouvelle du syndicat Dreyfus.
Zola nous semble accepter volontiers
que l'on ne recherche plus les respon-
sabilités encourues dans le passsé.
Maintenant allez-y M. Méline,s'écrie
XAurore, donoez des ordres a votre
majorité. Payez vos dettes a M. de
Mun,et finissez d'achetez les généraux
dont le concours est indispensable a
votre réaction.
Le Figaro dit que le succès considé-
rable, remporté par M. Méline hier,
est réconforlant, paree qu'il prouve
que, même dans cette chambre ago-
nisante et décriée, i 1 y a une majorité
digne de comprendre et d'applaudir
les idéés de Concorde, d'apaisement et
de solidarité, sans lesquelles les na
tions disparaissent.
Zola en cassation.
M. Zola a signé, hier, après-midi,
son pourvoi en cassation contre l'arrêt
de la eour d'assises de la Seine.
M. Perreux, gérant de l'Aurore, sig-
nera le sien aujourd'hui.
NEW-YORK, 24 Février. Bien
que les fonctionnaires de Washington
affirment qu'on n'a recu aucune nou
velle importante,au sujet du Maine,
la presse et le public ajoutent foi aux
bruits d'après lesquels l'explosion est
due k la malveillance.
II en est résulté presque une pani
que a la bourse de New-York, oü la
dépression était a peu prés générale et
trés accentuée.
Le proohain congrès du parti
socialiste néerlandais.
Le Congrès socialiste du Parti
ouvrier néerlandais sera tenu a Am
sterdam, les 10 et 11 Avril, dans le
local Plancius, et sera precede, le soir
avant Couverture du Congrès, d'un
meeting international oü MM. Anseele,
Jaurès, Bebel et Barnes seront invités
a se faire entendre. La question du
militarisme sera développée par MM.
Troelstra et Van Kal, députés a la se
conde Chambre des Etats-Généraux,
et la question du mouvement ouvrier
par Ie socialiste Vliegen.
M. Colaert a repris la discussion de
l'affaire de notre école de cavalerie.
Notre honorable représentant a établi
que le Gouvernement ne saurait dé-
placer l'école sans manquer aux en
gagements pris. 11 a ajouté quelques
considérations qui méritent detre
mentionnées.
Nous reproduisons son discours
d'après les annales parlementaires.
M. Colaert. La plupart des membres de la
Chambre croyaient, avec le gouvernement, que
le budget de la guerre serait voté vendredi. II
entre sans doute dans l'intention de tous nos
honorables collègues de clore aujourd'hui cette
discussion, oü tout semble avoir été dit pour et
contre notre régime militaire. A entendre cer
tains discours qui viennent d'être prononcés,
on dirait que la discussion générale sera reprise
surce point. L'honorable M. Bertrand a fait re-
marquer trés justement qu'on n'avait guère dis-
cuté le budget de la guerre lui mème.
II a été question du volontariat, du rempla
cement, du contingent, du temps de service
mais du budget lui-même, rien ou presque
rien
Pour ce qui concerne le régime militaire, je
ne dirai que quelques mots, ne voulant pas
prolonger cette discussion, qui ne peut aboutir
actuellement. Je suis d'avis que le gouverne
ment devra prendre des mesures bref délai
Le volontariat n'a pas donné ce que nous at-
tendions de luicela est incontestable et l'ho
norable ministre de la guerre a dü le reconnai-
tre, comme d'autres orateurs qui ont pris la pa
role dans cette discussion.
Cependant, nous avions mis toutes nos espé
rances dans le volontariat. Cherchons ensemble
les meilleurs moyens de le faire entrer dans les
idéés de nos populations.
M. Colfs, avec d'autres collègues, a déposé
un projet de loi qui ne peut être rattaché au
budjet de la guerre.
L'honorable membre ne propose pas, du res-
te, que son projet soit discuté et voté actuelle
ment mais sa proposition mérite un examen
sérieux.
Sans doute, un projet complet ne peut éma-
ner de la chambre c'est le gouvernement qui
doit en prendre l'initiative mais la chambre,
émanation de la volonté nationale, a le droit
d'indiquer quelle est, h eet égard,la volonté du
pays.
II y a longtemps que nous sommes préoccu-
pés de la question militaire. L'honorable M. Lo-
rand, lors de la discussion du contingent pour
1897, nous a reproché de ne pas tenir nos enga
gements. Depuis lors, il est vrai, nous avons
voté la loi sur la garde civiqne, qui semble ne
pas devoir donner une solution. Je pense qu'il
faut chercher la solution du problème dans une
réduction notable du temps de service, tout en
développant, si possible, le volontariat par les
moyens qui ont été indiqués dans cette discus
sion.
Mais je reviens au budget de la guerre lui-
mème.
M. Bertrand dit que le budget augmente cha
que année et l'honorable membre n'a pas tort.
Nous avons voté, au mois de Juillet de l'année
dernière, un fonds spécial, temporaire, de 20
millions, dont le gouvernement peut disposer
jusqu'en 1900, en inscrivant les dépenses, qui
sont proposées chaque année, au budget de la
guerre et en rattachant ce fonds spécial au bud
get des recettes et des dépenses pour ordre.
Les crédits, demandés par le projet de budget
amendé pour l'exercicel898, montent a 52 mil
lions 300,620 francs, soit une augmentation de
800,268 francs sur le budget ordinaire pour
l'exercice 1897.
Pour le service ordinaire, il y a une augmen
tation de 884,245 francs. Je ne critique pas cette
augmentation, qui se rapporte a ia ration de
pain et de viande de nos soldats et aux pensions
et secours. II faut améliorer, autant que pos
sible, la situation matériellc de nos militaires
et anciens soldats.
Je ne blame pas davantage le gouvernement
d'avoir porté parmi les dépenses exceptionnel-
les la somme de 100,000 francs, demandée
comme premier crédit pour la construction
d'une église au camp de Beverloo. J'estime, en
effet, qu'il faut travailler aussi a l'amélioration
morale de l'armée.
Mais il y a des dépenses extraordinaires qui
ne figurent pas au budget et qui cependant de-
vraient y ligurer. J'en trouve l'énumération,
exacte sans doute, dans le rapport de M. Visart
de Bocarmé.
L'honorable rapporteur nous apprend, en
effet, que le ministre de la guerre a soumis a
l'examen de Ia section centrale un tableau trés
complet, donnant le coüt des travaux actuelle
ment en cours, celui des travaux qui seront
entamés prochainement et le prix des terrains
h exproprier pour des batiments militaires
dont la construction est décidóe.
II résulte du rapport que tous ces travaux,
pour l'année 1898, s'élèveront a 9,210,000 francs.
J'y vois figurer 1,965,000 francs pour l'école
militaire, des casernes et des höpitaüx; 4 mil
lions 770,000 francs pour les travaux qui seront
prochainement entamés; enfin, 2,475,000francs
pour les terrains expropriés. Je le répète, en
vertu de la loi du 9 Aoüt 1897, ces crédits, fai-
sant partie du fonds spécial, devaient être por-
tés au budget actuel comme dépenses se ratta
chant au fonds spécial.
Lorsque la Chambre a voté ce fonds spécial,
il n'y a pas eu de discussion. Tout Ie monde
était d'accord pour voter, immédiatement
nous étions h la fin de la session d'été et,
chose étrange, l'honorable M. Bertrand, qui
critique l'augmentation des dépenses militaires,
a voté, avec la droite et la plupart des membres
de la gauche, tout ce crédit, pouvant s'élever
éventueliement, eten trois exercices, au chiffre
colossal de 20 millions
Je n'aurais pas voté moi-même ce crédit si je
n'avais eu l'assurance et j'arrive ainsi a la
question spéciale que je voulais traiter devant
la Chambre que ce crédit comprenait ceux
qui avaient été demandés par le gouvernement
pour le développement, l'aménagement et les
améliorations h apporter a l'école d'équitation
d'Ypres,dont mon honorable collègue et ami,M.
Iweins d'Eeckhoutte, a cru devoir entretenir la
Chambre.
Je demande a l'honorable ministrede Ia guerre
si les credits destinés,aux changements h appor-
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