CMMOKIQUE
Chronique Religieuse.
A l'Orphéon.
La foire aux chevaux.
Zola et La Lutte
er a l'école d'équitation d'Ypres, sont eompris
lans ceux affectés aux travaux en cours ou au x
ravaux qui seront prochainement entamés.
Je prouverai a la Chambre que, lorsqu'elle a
I] roté le crédit de 20 millions comme fonds spé-
«al, ceux qui l'ont voté ont eu la conviction
j|i jue ce crédit serail employé, pour une partie
j 'elativement considérable, k l'amélioration et a
'agrandissemenlde l'école d'équitation d'Ypres.
L'honorable ministres des finances, en expo-
sant les motifs de la loi de 1897 instituant le
j 'onds spécial et temporaire pour la construction,
i 'amélioration et l'ameublement des casernes,
les hópitaux et de l'école militaire, s'exprimait
en ces termes
j (i Nous rappellerons, au sujet des dépenses
Jont il est question, la correspondance qui
s'est échangée, en 1895, entre le gouvernement
j et la section centrale qui a examiné le projet de
j loi du budget extraordinaire pour l'exercice
1895 elle fait l'objet des pages 37 a 41 du docu-
1 ment parlementaire n° 292 de la session de
1894-1895. A raison de l'importance des tra-
i vaux restant a exécuter, il serait impossible de
I renfermer la dépense a laquelle ils entraineront
dans les limites étroites d'un seul exercice bud-
1 gétaire.
Ces crédits seraient inscrits au budget ordi-
naire-du ministère de la guerre et le fonds spé
cial serait rattaché au budget des recettes et des
dépenses pour ordre, sur lequel on imputerait
les dépenses au fur et k mesure de l'exécution
des travaux.
L'honorable ministre renvoyait done au bud-
i get des recettes et dépenses extraordinaires pour
j'j 1895 et, dans l'exposé de ce budget, je lis, dans
une note fournie par le gouvernement k la sec-
i tion centrale, que les dépenses qui sont en
core k faire comprennent l'agrandissement et
la création de diverses casernes k Termonde,
Ostende.Brugi'S et Ypres». Pourle casernement,
j le relevé des dépenses constate 190,000 francs
i pour agrandissement et appropriation et 74,000
francs pour travaux d'amélioration k l'école
j d'équitation d'Ypres.
C'est a raison de l'engagement pris par le
gouvernement vis-a-vis des Chambres que la
deputation d'Ypres,soucieuse des intéréts de la
ville et voulant y voir maintenir l'école d'équi-
l i tation, a voté le crédit extraordinaire de 20 mil-
lions.
L'honorable ministre de la guerre n'a pas ré-
pondu jusqu'ici a mon honorable ami, M. Iweins
d'Eeckhoutte, qui a cependant nettement posé
I la question de savoir s'il est vrai que l'école d'é-
I quitation quitterait Ypres pour être tranférée a
l 1 Tervueren.
Je saisj bien que le gouvernement ne saurait
prendre pareille décision sans manquer aux
promesses qu'il a faites et aux engagements
qu'il a contractés en i895 vis-k-vis des Cham-
bres. Je sais aussi que les appréhensions, dont
l'honorable M. Iweins d'Eeckhoutte s'est fait
l'organe, ne reposent que sur les articles de
journaux souvent a court de copie. Je sais enfin
que l'honorable ministre de la guerre par inte
rim nous est dévoué et qu'il ne peut, de sa seu-
le autorité, trancher cette question. Mais nous
1 avons k veiller aux intéréts qui nous sont con-
fiés, et nous avons le droit de rappeler au gou
vernement les explications qu'il a donnéesk la
section centrale en 1895 et que l'exposé des mo-
s tifsde la loi de 1897, que nous avons votée de
confiance, n'a pas contredites.
Pour ma part, je dois déclarer au gouverne
ment que, si l'école d'équitation devait nous
quitter, je ne pourrais plus accorder un vote
affirmatif au budget de la guerre ni voter les
crédits qui seraient demandés pour les dépenses
militaires. Exclamations sur quelques
bancs a droite.
J'entends vos exclamations, mais je ne fais
qu'user de mon droit et je puis parler comme je
le fais après avoir voté le fonds spécial de 20
millions, k raison des engagements pris par le
gouvernement en ce qui concerne l'agrandisse
ment et l'amélioralion de notre école de cavale
rie.
L'onorable M. Iweins d'Eeckhoutte a dit a la
Chambre que le cours d'équitation existe chez
nous depuis 1847. 11 a été créé, en effet, a Bru-
xelles par arrêlé royal du 16 Décembre 1842 et
transféré pararrêté royal du 10 Décembre 1847
a Ypres. Le gouvernement de cette époque a
pris en considération la perte essuyée par la
ville a la suite du départ de sa garnison de ca
valerie. 11 a été heureux de trouver k Ypres
même des installations convenables, que la vil
le, alors propriétaire de ces installations, a aug-
mmtées et améliorées depuis. Ce serait vrai-
menl frustrer la ville d'Ypres que de lui enlever
l'école d'équitation
Je n'ai pas retrouvé les autres motifs qui peu-
vent avoir engagé le gouvernement d'alors k
transférer le cours d'équitation deBruxellesa
Ypres mais il en est certainemenl dans l'ordre j
d'idées indiqué par l'honorable M. Iweins
d'Eeckhoutte, dans une précedente séance.
On comprend aisément qu'oti ait cherché k
écarter les élèves de la capitale ou les divertis
sements sont plus nombreux sans doute que
dans une ville de province, mais oü les plaisirs
ne sont pas toujours favorables aux études.
L'école frangaise de cavalerie est installée k
Saumur, une ville moins importante que la
ville d'Ypres et plus éloignéede Pans que nous
le sommes de Bruxelles. Je puis ajouter que
l'administration communale aussi bien que les
particuliers cherchent a rendre le séjour de nos
soldats k Ypres aussi agréable que possible.
11 n'y a done aucune raison plausible pour
prendre, a l'égard de la ville d'Ypres, une me-
sure qui lui serait extrêmement préjudiabie et
qui ne favoriserait a aucun point de vue les in
téréts véritables de l'armée.
Je sais qu'il y a une tendance k réunir autour
de la capitale toutes les installations militaires.
Y a-t-il un intérêt réel a procéder de la sorte?
Je ne le vois pas... Est ce pour y arriver que le
gouvernement a sollicité des Chambres la cré
ation du fonds spécial dont j'ai parlé plus haut?
Ce la ne résulteévidemment pas des explications
données, en 1895, a la section centrale, par
l'honorable ministre des finances. Au surplus,
je ne crois pas que les Chambres soient dispo-
sées a entrer dans cette voie.
Les dépenses militaires, qui constituent pour
le pays des sacrifices qu'il ne s'impose que qu-
and ils sont nécessaires et justitiés, doivent
profiter k tout le pays. Je ne pourrais, quant a
moi, les approuver que pour autant que ces dé
penses ne soient pas faites dans l'intérêt exclu-
sif de quelques grands centres.
On a déja transféré a Tervueren certain éta
blissement public. Si'ii faut en croire les jour
naux, il serait question d'en créer d'autres, k
grands frais. Ce serait, k mes yeux, une faute
immense, dont nous aurions a répondre devant
nos commettants.
J'espère que l'honorable ministre de la guerre
nous répondra que, s'il a été question de trans
férer a Tervueren le cours d'équitation établi a
Ypres, rien n'a été décidé k eet égard.
J'espère aussi que le crédit de 264,000 francs
voté par les Chambres pour l'agrandissement
et ['amélioration de notre école d'équitation se
ra utilisé sous peu. Ce sera le meilleur moyen
de couper court aux bruits qui circulent et de
donner satisfaction a la population yproise.
Je me réserve, du reste, de reprendre la pa
role dans le cas oü. la réponse de l'honorable
ministre ne nous donnerait pas satisfaction,
11 résulte de la réponse du ministre
que notre école d equitation ne court
actuellement aucun danger. Voici celte
réponse
M. Vandenpeereboom, ministre deschemins
de fer, postes et télégraphes et ministre de la
guerre ad interim. M. Iweins d'Eeckhoutte
m'a demandé, ilya quelques jours, ce qui en
est du transfert de l'école d'équitation d'Ypres
a Terveuren, et M. Colaert vient de me faire la
même demande sous une autre formeEst-il
question, dit-il, d'affecter une partie du crédit
de 20 millions voté pour le casernement, k i'a-
mélioration des installations de cette école
Lorsque mes honorables prédécesseurs ont pré
senté a la Ghambre le relevé des travaux qui
restaient encore a exécuter pourle casernement,
il y avait une somme assez importante, je le re-
connais, 200,000 a 300,000 francs, je pense, qui
se rapportait k l'école d'équitation.
Messieurs, depuis lors, les autorités militai
res compétentes ont examiné le point de savoir
s'il fallait maintenir l'école k Ypres ou Ia trans
férer k Terveuren. Aucune décision n'a été pri
se sous ce rapportmais on voudra bien recon-
naitre que ce n'est nas au milieu d'une discus
sion de budget et au moyen d'une sommation
faite en des termes dont je ne veux pas me
plaindre,qu'il tautdemander au ministre quelle
sera sa décision La seule chose que Ton puis-
se demander raisonnablement, c'est de sauvo-
garder les intéréts de Ia ville d'Ypres. Je tache-
rai de les concilier avec les intéréts militaires.
C'est l'assurance que je puis donner a ces hono
rables membres. Je crois qu'ils ne peuvent exi-
ger davantage de moi en ce moment.
M. Colaert, en son nom et au iiom
de ses coliègues s est encore exprimé
comme suit
M. Colaert. Quoique la réponse que nous
adonnée tout a l'heure l'honorable ministre de
la guerre ne soit pas absolument satisfaisante,
je dois cependant rendre hommage k ses bonnes
dispositions et a ses excellentes intentions.
J'apprends, du reste, que, les batiments de
Tervueren ayant regu leur destination, notre
école d'équitation ne court actuellement aucun
danger. Dans ces conditions, nous croyons pou-
voir voter le budget du ministère de la guerre
comme nous l'avons fait de tout temps, sauf
k veiller énergiquement aux intéréts de la ville
que nous représentons, s'ils étaient menaces k
l'avenir.
Je fais cette déclaration au nom de la dépu-
tation d'Ypres.
Eglise de SlJacques.
Les seimonsde la Passion seront prêehés
tous les Dimancbes du carême, au salut,
ainsi que le Jeudi Saint, par M. le chanoine
DucloS, curé de la paroisse.
La commission administrative de notre
excellente chorale l'Orphéon a eu la
bonne idéé d'organiser une soirée-tabagie. k
laquelle elle a invité les membres honoraires
et ses amis.
Cette charmante, fête intime k eu lieu Sa-
medi soil' au local Les trois Suisses
Outre la chorale, qui a chanté, pour Cou
verture, le choeur De Nacht de Fr. Paepen,
un des bons élèves du grand mallre fla-
mand Peter Benoit, plusieurs amateurs,
véritables artistes, se sont fait entendre, et
une petite symphonie, dirigée avec talent par
M. Ern. Wenes, a rehaussé l'éclat du gentil
concert.
Tousles auditeurs ont été unanimes k
rendre justice k l'Orphéon, pour l'interpréta-
tion remarquable qu'il a donnée, du gran
diose choeur, et k regretter de n'entendre
que celui lk seulement. Espérons qu'k une
autre soirée car, vu le succès de la ten
tative, la commission ne restera sans doute
pas en si bon chemm, espérons entendre
urie autre fois chanter un choeur pour l'ou-
verture de chaque partie de la soirée.
La symphonie a joué l'ouverture Le
voyage en chine de Bazin et une valse sur
Mignon d'Ambroise Thomas.
A tout seigneur tout honneur Evuicm-
ment, le dévoué Président, M. Jules Antony,
l'homme de tous les concerts Yprois depuis
de longues années, n'est pas resté en arrière.
11 a chanté, comme il sail chanter, \eSancta
Maria de Faure.
Ses fils MM. Léon et Julien ont le pre
mier,joué avec un réel talent pour un débutant,
une fantaisie pour violon sur le Trouvère; le
second, M. Julien, sa partie dans une fantai
sie Les traineaux pour violon, violo celle
et Piano, qui a eu beaucoup de succès.
Une grande valse de concert k quatre
mains pour piano, morceau k gi and effet.
par MM. Cyrille Tieberghien et Gustave
Desratnault, a récolté des applaudissemems
nourris.
Dans la partie vocale nous avons enten
du deux connaïssances des soirées de la
Grande Fanfare MM Joseph Derudder, dont
l'éloge comme chanteur n'est plus k faire et
Cam.lie Gastel, qui promet de devenir, com
me nous l'avons constaté, un des meilleurs
éléments de nos petits concerts; puis,un jeune
débutant, M. A. Goethals. qui, pour son
baptême des planches, a obtenu un beau
succès également, en chantaht - excusez du
peu In Lacun chef d'oeuvre poétique et
musical, de Lamartine el Niedermeyer.
En somme, nous le répétons, cette soirée-
tabagie, a eu un succès tel quelle fait dési-
rerd'entendre encore de pareilles, k l'avenir.
La foire aux chevaux anuuelie du Mercredi
des Cendres, a pour résultat dans la classe
ouvrière k Ypres, d'allonger d'un jour, les
jours de chomage du carnaval. En effet, de
puis des années on ne travaille plus le Mer
credi des Cendres, dans la plupart des ate
liers. Gene semaine du carnaval ressemble
par' Ik, dans notre ville, k une véritable se.
mainede kermesse. II y a un termo consacré
pour le jour de la foire aux chevaux, on doit
aller s'acheter un cheval Seulement il y a en
qui s'achètent taut de chevaux, k la robe brune
claire. que l'après dinée et suriout vers le
soir, ils ont to-utes les peines du monde k les
brider et les conduire ou plutól. k se eonduire
droit eux mêmes!
La foire aux chevaux de 1898 a joui d'un
temps excellent, aulrement meilleur que ce
lui de l'année dernière on se rappelle l'ou-
ragan du 2 Mars 1897
II faisait sec, pas tröp froid, un vrai jour
de printemps. C'était plaisir k voir dès le
matin, les nombreuses files d'étrangers et
de campagnards des environs, passer par
les portes de la ville et les trains et. trams
arriver bondés de monde.
Puis plus tard la place noire d'hommes et
de chevauxles rues transformées en arènes
oil Ton faisait manoeuvrer les chevaux et
les muiets, soit seuls, soit attelés... Les
cafés, petits et grands, gorgés de monde...
Pour ces derniers, il est réellement le meil
leur de la semaine carnavalesque, le Mer
credi des Cendres. Pour la ville entière, c'est
un jour de grand profit, d'ailleurs. L'après-
midi. les étrangers qui quitlenl la ville, les
Yprois qui rentrent cbez eux, et quelques
groupes de pochards qui sillonnent les rues,
gardent k la ville le mouvement des jours
de kermesse, surtout quand le temps est
favorable comme cette année.
La Lutte se prononce pour Zola, l'homme
que le jury de la Seine, composé de civils
!a juridiction populaire et démocratique
vient de flétrir
Le chantre des bestialités de la foule, le
peintre de toutes les ignominies, l'insulteur
de l'armée fran^aise et de »es chefs, l'être
le plus méprisable de ce siècle, qui en
compte cependant un grand norabre, défendu
par La Lutte
Vous ne me croyez pas, peut-être
Ecoutez alors c'est La Lutte qui écrit
les lignes suivarites, par la plume de Phi
lippe, qui se dit de Comines, mais qui est
peut-être d'ailleurs...
Emile Zola était poursuivi, a la requête du
ministre de la guerre, pour avoir écrit, dans sa
lettre a M. Félix Faure
j accuse le second conseil de guerre
d'avoir couvert cette illégalité (la condamriation
de Dreyfus sur une pièce restée secrète), par
ordre, en commettant le crime juridique d'ac-
quitter sciemment un coupable.
Les incidents du procés qui vient de finir
sont, plus qu'aucune démonstration, la preuve
que l'accusation de Zola était vraisemblable.
On a vu, k la Cour d'Assises de Paris, le gé-
néral de Pellieux venir déclarer au jury que si
Zola était acquitté, c'était la guerre k brève
échéance, et qu'alors l'état-major auraitk con
duire les tils des jurés k la boucherie.
On a entendu le général de Boisdeffre, chef
de 1 état-majorgénéral, déclarer au jury que
l'acquittement de Zola serait le signal de la de
mission de l'état-major.
El le président de la Cour a permis ces mesu-
res d'intimidation envers lejury.
M. Móline avait déjk dit en pleine Chambre
que le gouvernement n'avait pas voulu sou-
mettre aux appréciations du jury l'honneur des
officiers accusés par Zola. C'était mettre l'armée
au-dessus de la loi. Les débats du procés Zola
ont prouvé le mépris du chef de l'armée fran-
yaise pour la légalilé, l'arrogance d'un état-
major irresponsable venant dieter, sous mena
ces, des ordres au jury.
Par ce que 1 état-major s'est permis vis-k-vis
du jury, qu'on juge de ce qu'il a pu se permet-
tre, k huis-clos, devant un tribunal militaire
dont les juges sont dans sa main I L'état-major
s'est chargé de prouver lui-même le bien-fondé
de l'accusation de Zola.
Qu on s étonne après cela de la condamnation
de Zola C eüt été attendre du jury un acte de