Davidsfonds.
FAITS DIVERS.
pour qu'elle établisse des droits pour ainsi dire
prohibitifs sur nos chevaux, nos chicorées, etc.?
M. de Broqueville. C'est trés vrai
M. Colaert. II estdenotre devoir de signa
ler cette situation a ('honorable ministre de
('agriculture et de le prier de prendre en géné-
ral toutes les mesures favorables a l'agriculture
nationale. L'honorable M. Van derlleydeena
cité line, d'autres membres également en ont
indiquées. Je me permets de les signaler toutes
h sa bienveillante attention ce sera au gouver
nement beige h user de représailles.
Ce n'est pas toutefois pour discuter le budget
de l'agriculture lui-même que j'ai demandé la
parole. Toutes les questions qui intéressent nos
cultivateurs ont été traitées dans les budgets
des finances et de l'agriculture par d'autres
collègues et par moi-même. Mais, quand j'ai
enlendu l'honorable M. Vandervelde parler,
au début de la séance, des dégats causes h la
culture par les lapins et de la loi sur ia chasse,
il m'a semblé qu'il m'appartenait de protester
contre son langage.
On dirait vraiment que les questions qu'il a
traitées, notamment celle de la chasse, nel'ont
été que depuis l'arrivée des socialistes dans
celte Chambre. Or, dés l'année 1893, j'ai eu
l'honneur, avec l'honorable M. De Winter, de
signer une proposition ayant pour objet la des
truction des lapins et j'ai signalé les modifica
tions a apporier k ia legislation en cette matière.
Je sais qu'aucune suite n'a été donnée k cette
proposition, qui est tombée par suite de la
dissolution mais elle a été représentée et ren-
voyée h une commission spéciale. 11 parait,
d'après certains renseignements, qu'elle n'est
pas encore rapportée. D'ailleurs, l'eüt-elle été,
il est probable qu'avec le régime que nous
subissons, avec les longues discussions budgé-
taires et les interpellations, nous ne serions pas
arrivés a pouvoir nous en occuper.
Mais, je le répète, nos projets sont antérieurs
h ceux qui sont présentés par les membres
socialistes de cette Chambre.
Je prie l'honorable ministre de l'agriculture
d'examiner lui-même le projet de l'honorable
M. De Winter et celui des honorables membres
de la gauche et de faire connaitre sa manière de
voir.
Je dois appeler son attention sur une idéé
que j'ai énoncée depuis longtemps et qui, je
pense, est partagée par un grand nombre de
membres et, dans tous les cas, par le plus
grand nombre des cultivateurs. A mon avis, il
ne suffit pas d'empêcher la propagation des
lapins, mais il est probablement nécessaire de dé-
truire cette race, qui est considérée comme
essentiellement malfaisante.
On dit que ce sunt des chasseurs qui font les
lois sur la chasse. Celle de 1882 est due en
grande partie a des chasseurs, il est vrai mais
l'oii a pu constater que tous les membres non
chasseurs, tout en étant propriétaires, ne l'ont
pas votée.
Mais les cultivateurs ne se plaignent pas,
remurquez-le bien, du fait de la chasse au
lièvre ils se plaignent des lapins, qui détrui-
sent leurs récoltes. Je n'ai jamais entendu un
cullivateur réciamer contre les lièvres, qui
n'occasionnent guère de dommages et qui peu-
vent être protégés par des lois efficaces, mais
raisonnables.
Je signale ia chose a l'honorable ministre de
l'agriculture, en lepriant d'msister avec moi
pour que le rapport de la commission spéciale
soit déposésans retard et que le projet puisse
être discuté au cours de la prochaine session.
L'autre jour encore, je recevais la visite d'un
cultivateur, qui me disait qu'il se trouvait
obligé de quitter sa ferme paree que ses champs
étaient dévaslés par les lapins.
Un conseille souvent aux cultivateurs de
s'adresser aux tribunaux mais la procédure
est lente, les itégèts ne sont pasimmédiatemeut
réparés et puis il y a autre chose il arrive que
le plaignaut a affaire a son propriétaire. Quel
est I'homme qui ait assez de courage, assez
d'audace, pour altaquer son propriétaire Un
cultivateur ne peut pas faire ceia. 11 faut done
prendre une mesure radicale, celle qui con-
siste a permettre aux cultivateurs, pendant
toute l'année, de détruire les lapins sur les
terres dont ils sont propriétaires ou si'mple-
ment locataires.
Quand k la loi sur la chasse, l'honorable
M. Vandervelde disait trés justement qu'on sera
toujours puni pour avoir tué un lièvre, alors
qu'on est souvent renvoyé des poursuiles pour
avoir tué un homme. C'est moi qui ait dit cela,
et je le dis depuis 1884. Je réclame chaque an-
née la modification de cette odieuse loi de 188
et je m'élèverai contre elle jusqu'h ce qu'elle
soit revisée. 11 y a des dispositions réellement
draconiennes dans cette loi. Je signale, en pas
sant, la détention des engins prohibés, car no-
tez qu'il ne faut pas l'animus, le corpus
su flit.
La simple détention de l'engin prohibé donne
lieu k des condamnations, et Ton a vu un aveu-
gle puni pour avoir employé des lacets, qui
avaient été trouvés chez lui.
Je pourrais citer d'autres cas, dont j'ai parlé
depuis plus de dix ans et qui constituent vérita-
blement des énormités. Aussi, dans la pratique,
les tribunaux expriment-ils quelquefois le re
gret de devoir appliquer cette loi, qui punit les
délinquants d'amendes s'élevant a 100 francs,
amendes que j'ai vu porter jusqu'a 600 et 700
francs, le tout agrémenté de peines d'empri-
sonuement subsidiaire que les contrevenanls
doivent subir, faute de pouvoir payer les
amendes prononcées.
Un autre disposition contre laqueile j'ai tou
jours protesté, c'est celle qui dit que le feimier
ou le maitre est responsable civilement des agis-
sements de son domestique. J'ai vu ainsi con-
damner civilement des propriétaires qui n'a-
vaient aucune complicité dans un fait de chasse
reproché h leur domestique. Est-ce que cela
n'est pas absurde Ne faudrait-il pas un fait de
complicité bien établi Suis-je responsable si
mon domestique, pendant ses heures de travail,
va chasser h mon insu? Je comprends que l'on
condamne lorsqu'il y a complicité, mais je ne
comprends pas lorsque celle-ci n'existe pas.
Je vous ai, messieurs, cité précédemment
d'autres abus de cette loi mais je veux au-
jourd'hui rendre la Chambre attentive a ce seul
faitc'est que depuis de longues années nous
avons demandé des modifications h la loi sur
la chasse, et qu'avant i'entrée des socialistes
dans cette Chambre, nous avons déposé un
projetde loi ayant pour objel la destruction des
lapins.
De la chasse k la pêche, il n'y a qu'un pas et
je le franchis.
L'honorable ministre voudra bien se rappeler
que, de tout temps, j'ai demandé des faveurs
pour les pècheurs. Un jour, j'ai obtenu de son
honorable prédécesseur un crédit de 3,000 fr.,
destiné a repeupler le canal d'Ypres a Boesin-
ghe. Les pécheurs a la ligne sont de trés braves
gens, et je les protégé. Je me rappelle, a ce
sujet, un discours de l'honorable M. de Borch-
grave, ou il disait que les pècheurs k la ligne
sont gens paisibles tellement paisibles, que
l'on n'en avait pas vu prendre part a la manifes
tation du 7 Septembre 1884. R i r e s
Cette parole était empruutée h feu M. Malou.
Je n'insisterai pas, messieurs, sur les avanla-
ges de la pêche ils ont été trop bien exposés
dans Ie temps par l'honorable M. de Borchgrave
et j'ai taché de les faire connaitre moi-même. Je
crois done pouvoir me référer h ce que nous
avons dit précédemment. Je me borne a deman-
der k M. le ministre de l'agriculture oü en est le
projet de loi dont les journaux ont parlé et qui
est dü a son initiative. It mérite de ce chef un
trés bon point et je lui accorde bien volontiers
car je suis un grand pêcheur (rires)... la
ligne, bien entendu.
Je lui demande done oil en est ce projet de
loi. L'an dernier, les sociétés de pêche ont été
consultées par l'honorable ministre sur ie point
de savoir quelles idéés elles mettaient en avant
au point de vue de leurs intéréts. Je me suis
intéressé a la question et j'ai demandé k plu-
sieurs sociétés de bien vouioir fournir des
renseignements a l'honorable ministre,ce qu'el-
les ont tait dés le mois de septembre.
Je crois, messieurs, qu'il sera impossible de
légiféreren matière de pêche pendant les quinze
jours qui nous restent encore. Je passe done
condamnation, mais je voudrais avoir de l'ho
norable ministre uue declaration m'afiirmant
que Ia question n'est pas perdue de vue et que,
dès le commencement de la session prochaine,
nous verrons déposer le projet de loi qui a été
amplement étudié et dans Tintérêt duquel, je
dois le reconnaitre, l'ho norable ministre a fait
de trés bons et de tres louables efforts.
J espère recevoir une .réponse satisfaisante,
M. De Bruyn, ministre de l'agriculture et des
travaux publics. Le projet est prêt k être
déposé.
M. Colaert. Je vous remercie done quant
a ce point et j'attends unt; bonne réponse aussi
aux autres questions que j'ai traitées.
La section Yproise du Davidstonds peut
inscrire la sonée du 24 Avril parmi les
fêtes les mieux réussies qu'elle ait procurées
ses membres. La séance a eu lieu en la
grande salie du Volkshuis.
Le Conférencier qui avait bien voulu ré-
pondre l'invitalion du Comité directeur,
M. D'Hooghe-Bellemans, conseiller provin
cial Anvers, est un haut degré un puis
sant orateur. Son élocution est vibrante et
facile sa latigue correcte et élégante il
possède celte chaleur du cceur, cette éléva-
uon de sentiments et d'idées, sources et
conditions premières de la véritable élo-
quence.
L'orateur a raconté et décrit grands
traits la guerre des paysans, le Boerenknjy
de 1798, eet épisode sanglant de notre his-
toire nationale, trop longtemps resté dans
l'oubli, mais dont aujourd'bui la Belgique
catholique s'appiête it célébrer le centenaire.
II a évoqué la mémoire de ces héros iguoiés
de la plupart de nos historiens, el qui, on
peut le dire, s'ignoraient eux-mêmes.
Poussés bout par les vexations réitirées
et incessantes des commissaires et des sup-
pöts de la République fratifaise, blessés
dans leur foi, dans leur culle, meurtris en
tout ce qu'ils avaient de plus cher, pressurés
sans merci par les exigences insatiables du
tisc et des réquisitions, nos paysans frémis-
saient depuis longtemps sous ce joug ïntolé-
rable. Mais la mesure duiiquités fut au
comble, et 1 indignation générale éclata sur
tous les points du pays, lorsqu'on préieudit
imposer k nos populations la conscription
militaire et les contraindre porter les
ai mes, k verser leur sang sur tous les champs
de bataille de l'Europe pour la détense d un
pouvoir oppresseur el dun régime abüoiré.
Nulie part le mouvement de résistance ne
lui plus énergique, plus absolue que parmi
li s populations simples et croyantes de la
Campine. Bravant les proconsuls de la Ré
publiquc et leurs bataillons, elles coururent
aux ai mes. Voor God en Vaderland! tel lui
leur cri de guerre.
Et toutefuis abatidenués leurs propres
forces, sans appui au dehors, dépuui vus
de rtssources pécuniaires, darmes et de
munitions de guene, exposés en rase cam
pagne k toutes les ïniempéries d'une saison
rigouieuse, qu'avaieiit-ils espéreices sol-
dats improvisés, si ce n'est la mort des bra
ves et la gloire du marlyre 1 Est-ii a suppo
se!' qu'ils se soient ciu de taille retouier
au-delh de la frontière les armées republi-
caines devant lesquelles toutes les forces de
l'Europe s'étaient bnsées? Non certes le
sacrifice de leur vie fui d'une simplicité su
blime, saus faste, sans espoir de vaincre.
Te Is que jaais ces Israelites lidèles que cé-
lèbre ie livre des MaChabées, ils se sont
dits Moriamur in simphcitate nostra Aiu-
si ont ils veisé leur sang a tlois k Diest, a
Cbeel, Tessenderloo, il Hasselt, leur der-
nière étape en la voie du martyre. S'ils out
succombé sous des forces supérieures, de
vant des troupes discipiinées et aguerries,
du moins ils n'ont point failli en ces jours de
détaillances, ils n'ont point tremblé en ces
temps de terreur ils furent les derniers te
nants de nos anciennes franchises et de notre
antique nationalité.
Le conférencier a rapidement esquissé
les phases diverses de ce drarne fiéroique
et sanglant. Les épisodes émouvants qu'il en
a extraits, dus avec feu et décrits avec
éloquence, ont vivement impi essionné son
auditoire et soulevé de sympatiques applau-
dissements.
Au souvenir de ces modestes héros qui
seuls, en ces temps de deuil et de crimes,
osèrent braver au prix des plus pénibles
épreuves et de la mort, la tyranme de l'étran-
ger, l'orateur en sa péroraison s'inspirant de
ce noble exemple a mis en garde dans un
langage énergique les populations flamandes
contre une invasion moins violente en appa-
rence, mais non moins néfaste, l'invasion
des doctrines antireligieuses et antisociales
dont la France contemporaine est le foyer
principal, par ses mceurs, sa littérature, sa
législation anticaiholique et révolutionnaire.
Pendant une heure et demi l'orateur a
tenu son auditoire sous le charme de sa pa
role. 11 est vrai de dire que l'intérét de son
lécit allait sans cesseen grandissant.
II nous reste k signaler, ainsi qu'elle le
mérite la partie musicale de la fêie et re-
mercier les artistes qui lui ont prêté le con
cours de leurs talents, chanteurs et instru-
mentistes MM. Ern. et G. Wenes et A.
Van Egroo ont largement contribué l'agré-
ment de la soirée.
La commission directrice du Davidsfonds,
Tissue de la séance, a distribué par tirage
au sort entre les membres de la section un
certain nombre d'exernplaires de l'intéres-
sante publication que vient d'éditer M. Cal-
lewaert De Meulenaere Het Westland in
den Franschcn tijd, door Lod. Allaeys.
Deux noyés. Undrame aöreux vient de
de frapper deux des families les plus consi-
dérées de la ville de Gand.
Jeudi après-midi, cinq jeunes gems de 18
k 22 ans, MM. Joseph et Victor Gocreman,
fils de notre honorable sénateur, M. Stanis
las De Brouwer, M. AugusteFobe et M. Jules
De Smet, faisaient une promenade en barque
voile sur le canal de Terneuzen.
Un peu au-delü de la courbe de Langer-
brugge, un fort coup de vent empüt la voile
et faillit coucher la barque sur le flanc.D'in-
stinct, les jrunes geus appuyèrent de l'autre
cóté. Ce mouvement fit ehavirer l'embarca-
tion et les cinq canotiers tooibèreut k Peau.
M. J. De Smet, bon nageur, parvint
saisir M. Victor Gooreman et le ramena vers
la rive. Les trois autres se trouvaient sous le
bateau. M. A. Fobe réussit assez facilement
a se dégager et se cramponna it la quille.
Qu. lques insiants après, on vit émerger aussi
it la surface de l'eau M. Stanislas De Biou-
wer. Celui-ci, après avoir regardé autour
de lui, au lieu de se diriger vers la berge,
chercha, épuisé déjü lui-même, ii porler aide
a M. Joseph Gooreman, le seul qui n'eüt pas
reparu. Mais le pauvre jeune homme, au bout
de peu a'instants, coula it pic.
Ou était loin de tout secours les deux
enfunts, amis intimes, se noyèrent. Quant
ii M. A. Fobe, un batelier vint, quelques
minutes après, ie tirer de sa position criti
que. On fit ce qu'on put pour retrouver MM.
J. Gooreman et De Brouwer: mais il était
nop tard pour espérer qu'on les retirerail
vivants.
Après d'inutiles efforts, après avoir long
temps attendu, les escapés, parmi lesquels
M. V. Gooreman était dans un assez triste
état, quittèrent la berge et rentrèrent Gand,
en voiture, par Meulestede, qui est situé
non loin de l'endroit fatal, et oü M. le séna
teur Gooreman a sa campagne.
La nouvelle, connue en ville vers 8 heures
s'y répandit vite et causa partout l'émotion
la plus douloureuse. Les deux victimes jou'S-
saient, en effei, des plus vires sympathies.
C étaient deux enfants d'une piété et d'une
charité exe nplaires. Un bel avenir était
reservé l'un etü l'autre. Leur brusque fin,
et le deuil oü cette fin plonge leur familie, a
tait verser bien des larmes.
M. Joseph Cooreman, l'ainé des fils de
l'honorable sénateur, était un charmant jeune
homme, du plus heureux caractère, qui de
puis peu aidait son père dans ses multiples
occupations. G'est en rentrant du Sénat et
quand déjü le bruit de la catastrophe s'était
reparidu en ville, que M. Gooreman a été
mis au courant du drame, Le corps de M.
Joseph Cooreman, repêché dans le cuurahf