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O O O m
Samedi 4 Juin 1898.
10 centimes Ie N°.
33* Année. 3346.
L'affaire de Santiago.
Le cardinal Gibbons
et la guerre.
La fin de la spéculation
sur les blés
L'assistance aux vieillards
en France.
La Chambre Francaise.
On s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et
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X>inx! inolio 5 Juin
A MIDI,
sur le kiosque de la Grand'Place,
L'HARMONIE COMMUNALE.
PROGRAMME
1. Allegro militaire,
2, Les Templiers, fantaisie Litholff.
3, Friedensmarsch, Wagner.
4, Ronde de la garde, Jos. Löw.
5. Fackeltans, de Flotow,
air. par Wittebrood?.
6. Valse des blondes, Ganne.
Oil ne sait pas encore quelles ont
été les pertes de chaque belligérant
dans l'affaire de Santiago mais il ap-
pert des nou velles recues que les
américains ont été bel et bien repous
ses. Aussi les américains cherchent
ils aujourd'hui a réduire le combat
acharné aux proportions d'une
simple reconnaissance.
Une dépêche de New-York nous
dit en ontre
Le conseil supérieur au ministère
de la marine dé ment otEciellement
toutes les nouvelles propagées par la
presse relatives a des victoires améri-
caines ou a des engagements quelcon-
ques autour de Santiago. Ordre a été
donné au commodore Schley de s'ab-
stenir de livrer des combats sur mer
et d'attendre les instructions de Was
hington. Les forces de terre et de
mer doivent attaquer en même temps
les Espagnols, L'amiral Sampson pro-
tégera, avec son escadre, le transport
des troupes.
On ne sait pas d'ou partira le corps
expéditionnaire. Toutefois ce ne sera
pas de Tampa, pour la raison que
celte localité est trop éloignée du
point de destination.
Les américains ont perdu l'illusion
qu'ils ne feraient de l'Espagne qu'une
bouchée. lis deviennent plus prudents
et plus modestes.
A l'occasion d'une messe célébrée
dans la cathédrale de Baltimore pour
les catholiques qui ont péri en grand
nombre dans la catastrophe du Maine,
l'Eme cardinal Gibbons a adressé une
allocution aux assistants, parmi les-
quels se trouvaient de nombre offi
ciers de terre et de mer. II a protesté
contre les excitations périlleuses pro
pagées par certains journaux.
Pour l'honneur de l'humanité
a dit l'illustre prélat américain,
j'aime a croire que la destruction du
Maine a été l'effet d'un accident, et
que, par conséquent, l'Espagne ne
peut point en êtrerendue responsable.
Lors même qu'un Cubain crimi-
nel aurait provoqué ce désastre pour
lancer notre nation dans une guerre
avec sa mère, ou qu'un Espagnol fa-
natique aurait commis ce crime
atroce, ce ne serait pas une raison
pour recourir a la force des armes.
Une seule circonstance pouvait ju-
stifier Couverture des hostilités la
preuve que le gouvernement espagnol
aurait coopéré au placement de tor-
pilles ou autres engins explosifs dans
le port de La Havane, en vue d'ame-
ner la destruction du dit navire.
Mais je ne crois point qu'aucun
homme sensé puisse croire qu'une
nation chevaleresque se soit rendue
coupable d'un pareil acte d'inhuma-
nité.
Interrogé au sujet des menus inci
dents, Mgr. Ireland, archevêque de
Saint-Paul, adéclaré que, a en juger
parce qu il savait jusqu'alors par la
voie des journaux et des informations
olficielies venues de Washington, il
était persuadé qu'aucun fait ne légiti-
mait une rupture entre les Etats-Unis
et l'Espagne.
Le New- York Herald annonce la fin de la
spéculation de M. Leiter; les spéculateurs
qui s'attendaienik une fin de mois sont dégus,
ait ce journal.Ils basaient leurs appréciations
sur le précédent du fameux Corner il y a
une dizaine d'années, oil le prix a monlé de
88 cents le dernier jour et a touché 2 dollars,
chiffre qui n'avait jamais été atteint.
Les courtiers de M. Leiter out commencé
k vendre k Chicago 145, soit h 30 cents au-
dessous de la cloture de Sarnedi et au bout
d'un quart d'üeure, le prix était descendu h
125. Eu attendant, le blé sur Juiiiet a perdu
10 cents, ruinant une multitude de petits
spéculateurs qui s'attendaient h ce que Leiter
transférêt ses opérations h la hausse sur ce
mois.
De grands efforts ont été fails pour amener
bêtiveraent du blé ft Chicago avant que le
délais de livraison sur Mai fut expiré Plus
d'un demi-million de bushels ontétéemma-
gasinés depuis Samedi. Cast ainsi que s'est
terminée cette fameuse opération. Le consor
tium Leiter est crédité d'un profit total de 5
millions et plus, mais se sont lh des conjec
tures. Le premier achat a été fait au début
d'Avril 1897. La guerre gréco-turque, le
déficit des récoltes h l'étranger et la guerre
hispano américaine ont contribué h favoriser
le succès de cette spéculation.
Dans sa dernière réunion, le Conseil des
Ministres a approuvé le projet de loi préparé
par M. Barthou, ministre de l'Intérieur, sur
l'assistance des vieillards et des incurables.
D'après ce projet, dont la Chambre sera
saisie aussitót après la constitution de son
bureau, des secours publics seront rendus
obligatoires en faveur des vieillards et des
incurables satisfaisant auxquatre conditions
suivautes être Frangais être indigent
être, soit agé de 65 ans au raoins, soit
atteint d'une infirmité incurable être
reconnu incapable de subvenir k sa subsis-
tance par le travail.
Les secours publics ne seront alloués
qu'au cas d'absence ou d'insuffisance des
secours, soit privés, soit publics.
Le domicile de secours s'acquiert par un
séjour de dix ans pour ies veillards, de cinq
ans pour les incurables.
La dépetise sera répartie entre la com
mune, le département et l'Etat, les commu
nes riches venant en aide aux communes
pauvres par la subvention du département,
et les départements riches venant en aide
aux départements pauvres par la subvention
de l'Etat.
Les malheureux qui se trouveront dans
les conditions légales pour être secourus et
qui n auraient acquis ni domicile communal,
ni domicile départemental seront k la charge
de iEiat.
Les secours consisleront soit dans l'atiri-
bution d'une pension mensuelle payée k do
micile, soit dans l'hospitalisation.
Sauf exception, le secours k domicile
devra être préféré il pourra être aecordé
a des individus, ou h des oeuvres privé-s
qui se chargeut du vieiilardou de 1'incurable.
Les dépenses résultant de l'application de
la loi sont obligatoires elles peuvent être
imposées Q'office aux budgets communaux
ou départementaux.
PARIS 2 Juin. La séance est ouverte
h 2 h. 25, sous la ptésidence de M. Boisset;
la salie est bondée. L'agitation est des plus
vives. On décide au milieu du bruit de pro
céder par appel nominal au scrutin pour la
nomination du président provisoire.
II y a aussi grande affluence de députés
qu'bieril se pourrait même qu'il y ait plus
de votants. Tous les partis ont télégraphié
li ceux des leurs qui étaient parmi les 23
absents pour les prier de venir voterun
certain nombre de ces absents se sont ren
dus h la convocation et on ne pense pas que
des absences se soient produites parmi les
votants de la veille.
Le vote par appel nominal est clos 3 1/2
heures. Le contre-appel commence immédia-
tement. A 4 heures moins 20 il y a 561
votants soit 4 de plus qu'hier.
Le scrutin est oio? k 4 heures.
Les ministres sont applaudis lorsqu'ils
déposent leurs bulletins dans l'urne.
MM. Brisson, Deschanel, Drumont, Mil-
levoye et Déroulède sont également applau
dis.
11 y a exactement 532 votants. Des 19 dé
putés absents qui n'ont pas pris part au vote,
6 sont républicains et 13 radicaux socia-
listes. II y a deux bulletins nuls.
M. Boisset proclaims le résultat da scrutin.
Votants, 562 suffrages exprimés, 560
majorité absolus, 281.
Deschanel, 282, élu Brisson, 278
A gauche Le voilé, le républieain
M. Boisset quitte le fauteuil aux applau-
dissements de l'extrême gauche.
M Deschanel prend place au fauteuil de
la présidence.
Gris h droite G'est un président de coup
d'Eiat.
M. Deschanel commence une allocution,
mais il est interrompu chaque phrase par
les clameurs de la gauche.
I! remercie la Chambre et parle de la fixa
tion de l'ordre du jour.
A gauche Adress'ez-vous k droite.
M. Deschanel déclare ne pas vouloir com-
mencer sa mission en appliquant le règle-
ment h l'interrupteur.
La séance est levée et renvoyée k Lundi.
Au moment oü le président quitte son fau
teuil, il est applaudi par la Droite et le Cen
tre, tandis qu'h Gaucne on üurle Hou! hou!
Les principaux chefs du parti radical se
sont rendus, k l'issue de ia séance de la
Chambre, prés de M. Brisson.
Ils ont eu avec lui une longue conférence.
lis lui ont proposéde présenterde nou
veau sa candidature lors de l'éiection du
bureau définitif, c'est-ü-dire après les invali
dations.
PAR