t
o^±Jic
Mercredi n Juin 1898.
10 centimes Ie N°.
33' Année. N° 3351
REVUE POLITIQUE.
Les spéculateurs en grain
Manifestations Catholiques
a Lille
Réflexionsa propos
des élections allemandes
Peints par eux-mèmes.
Chronique musicale
On s'abonne rue au Beurre, 36, k Ypres, et
Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
Le prix de l'abonnementpayable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout
le pays; pour l'étranger, le port en sus.
Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Dócembre.
Les articles et communications doivent être adrossés franc de port a l'adresse ci-dessus.
A tous les bureaux de poste du royaurae.
Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le c irps du journal cofitent
30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Lesnuméros suppló-
mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires.
Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Flandres) s'adresser VAgence
Havas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et a Paris, 8, Place de la Bourse.
M. Ribot ayant échoué comme on
sait, M. Felix Faure a prié M. Sarrieu
de se charger de la constitution du
nouveau cabinet frangais. Les jour-
naux modérés estiment que l'un ne
sera pas plus heureux, daus ses dé
marches, que l'autre.
La grève des ouvriers du part
de Marseille est ajouruée.
Les résultats des elections alle-
mandes accusent un gain de 4 sièges
pour le centre. Les socialistes perdent
3 sièges, mais le chiffre global de voix
qu'ils ont recueillies a augmenté daus
de grandes proportions. 11 y a 188
ballottages.
M. Alger, ministre de la guerre,
dément que M. Mac Kinley, mécontent
de la manière dont il gère son dépar
tement, aurait l'intention de le prier
de se retirer.
La LigueCatalane a publiéun mani
feste oü elle se déclare en faveur de la
paix,füt-ce au prix d'une amputation.
Ce manifeste ne trouve pas d'écho.
La situation politique est grave
en Italië, tous lesjournaux le consta-
tent. Le Don Quichotle va jusqu'a
dire que le pays traverse une crise
d'Etat.
Le gouvernement russe a fait sa-
voir aux comraer jants que Port-Arthur
étant considéré comme port russe, les
marchandises russes y entreront en
franchise.
Une dépêche de Madrid annonce
qu'il est inexact jusqu'a présent que
Manille ait capitulé. Le général Augu-
sti n'a pas résigné son commande-
ment.
La fabrique d'explosifs de Sampa-
Barbara a fait explosion. II y a plu-
sieurs blessés, dont le directeur de
l'établissement.
La Westminster Gazette a annoncé que
M. Leiter, heau père de M. Curzon, sous
secrétaire d'Etat aux affaires ébangèreset
père du fameux Joe Leiter, le jeune accapa-
reur de blés de Chicago, s'efforQait de
devenirpropriétaire d'une magnifiquedemeu-
re hislorique connue sous le nom de Tixtern
Abbey, appartenant actuellement au marquis
de Worcester.
Le Daily Chronicle réclame une nouvelle
Cornlaw league pour obtenir du Parlement
des lois contre les spéculateurs en grain. II
espère que le premier résultat de I'entente
anglo américaine sera d'«unir les deux
peuples contre une forme d'exploitation qui
est un crime contre l'humanité». Mais, en
attendant, il faut, dès k présent, prendre des
mesures en Angleterre contre les ennemis
du pain k bon marohé
Comme l'année dernière k 1'occasion de la
Fête-Dieu, des manifestations contre Tinter-
dictiou des processions se sont produites
bier.
Un groupe de catholiques s'était donné
rendez vous place Louis XIV pour se rendre
k I eglise Saint-Michel en suivant les rues
Saint Sauveur, Si-Augustin, duDragon.de
Moulirinelle, place de la République, la rue
Nicolas Lebloud.
A 1'issue de la grand'messe le clergé
attendait derrière les grilles du portail, préa-
lablement fermées, l'arrivée du groupe
catholique.
Les manifestants prirent place sur les
marches de Téglise et crièrenl Vive Jésus-
Christ, Vive la paix et la liberté.
Ces oris étaient mêlés de quelques cris de
Vive la république A bas la calotte
Le doyen de St-Michel donna la bénédic-
lion aux fidèles puis les groupes se disper-
sèrent au milieu d'un tumulte indescriptible.
Plusieurs manifestants furent blessés par
des coups de canne. Des contre manifestants
furent arrêlés puis relkcbés.
Ce qui mérite le plus d'etre relevé dans le
résultat des élections législalives de Jeudi en
Allemagne, c'est la marcbe en avant du parti
socialists. Aussi leur principal organe, dans
la presse, le Vorwaerts de Berlin, célèbre-t-il
bruyamment la victoire de ses amis. Nos
adversaires sont foudroyés, dit-il. Les bour
geois s'allient aux agrarians, mais ils n'ob-
tiendront pas le triomphe définitif.
La presse libérale ne fait pas de difficulté
k reconnaitre que les sièges conquis par les
socialistes sont pour aiusi dire autant de
posies perdus par leslibéraux. Aussi n'y a-t-il
qu'un cri daus toute la presse de ce parti k
l'exceptton des progressistes c'est que
loutes les fractious des partis conservateurs
doivent marcher d'accord pour cumbatire
la marche, envahissante de la révolution.
Malheureusement, en dehors des parties
catholiques de l'Empire, les éléments de
cette résistance font défaut et c'est précisé-
ment le symptóine le plus grave des périls
de Tavenir.
La géographie électorale de TAllemagne
se confond k peu prés avec sa géographie
religieuse. A part quelques exceptions, les
pays catholiques restent k peu prés indemnes
du socialisme celui ci ne fait de conquêtes
sérieuses que dans les pays de confession
protestante.
Ce que chaque élection marque davan-
tage par ces progrès des socialistes, c'est la
dissolution du protestantisme, et comme la
majorité de TAllemagne lui est livrée, on
peut se demander si ce pays n'est pas latale-
ment voué k devenir la proie des révolu-
tionnaires.
On aura beau sonner dans les centres
protestanis le ralliement de toutes les forces
conservatrices c'est Tesprit même de con
servation qui disparait sous Tinfluence du
matérialisme protestant.
Au contraire, les provinces catholiques
opposent k ia propagande socialiste et révo-
lutionnaire une résistance effioace et c'est un
spectacle admirable de voir le centre se
maintenir mébranlable dans toutes ses posi
tions et faire encore k chaque élection de
nouveaux progrès.
Toutefois il ne tardera pas k avoir conquis
tout le terrain qui tui est ouvert. Forcément
ses progrès s'arrêteront le jour oü toutes les
circonscriptions oü il existe une force catho
lique lui appartieodront. Tandis qu'alors le
socialisme poursuivra encore sa marche en
avant.
Et ik est Técueil oü pourrait bien sombrer
TAllemagne. Lk, comme ici, il semble ne
plus devoir s'y trouver en présence que deux
graades forcesla force catholique et la
force socialiste. II y aurait dès lors deux
Alleraagnes et l'oeuvre unitaire de la der
nière génération serait irrémédiablement
compromise.
(La Patrie
Le Progrès a peint les catholiques d'après
1 e Recht du socialiste vert, M. Plancquaert.
Voici les libéraux peints par le Peuple
«JTrailres, ils l'ont été a Yerviers.
Infancies, ils l'ont été A Thuin
mais la du moins leur ignominie a
eu un commencement de chatiment;
les socialistes ont battu rahominable
manoeuvre, etc. etc.
Faut il d'autres portraits
Nous les dédierons au Progrès et k La
Lutte.
Le mot lècheurs de bottes devrait
faire hésiier les libéraux Yprois k peindre
les catholiques par eux-mêmes.
Eux-mêmes! Les catholiques Yprois ré-
pudient et répudieront toujours tout ce qui
et tous ceux qui touchent de prés ou de loin
au socialisme.
Les libéraux n'en peuventdire autant. Ils
sont les alliés, les complices, les prisoimiers
des socialistes. Ils ont de plus la même orir
gine.
Nous exceptons, bien entendu, certains
libéraux sensés qui ne craignent pas le péril
clérical, mais qui ont une horreur bleue du
péril socialiste.
CSuiteJ
La musique dans l'antiquité
et la musique aumoyen-age
Nous avons vu les prodiges opérés par la
musique dans l'antiquité. Ges faits, comme
les animaux féroces adoucis par les chants
d'Orphée ou les murs de Troie élévés aux
accents de la lyre d'Amphion, doivent être
évidemment mis au nombre des fables ima-
ginées par les peuples anciens mais ils
prouvent cependant le goüt passionné des
grecs pour la musique et Tidée qu'ils avaient
de sa puissance. Des faits qui ne peuvent
être contestés, faits vraiment arrivés, car ils
ont pour garants les écrivains les plus gra
ves et les plus célèbres de la grèce,prouvent
cette puissance.
Une sédition violente éclate k Lacédémone
Terpandre, le plus renommé des citharèdes
de son temps, se jette dans la place publi-
que et par ses chants parvient k calmer le
peuple. Les Athéniens, fatigués de la guerre
qu'ils faisaierit depuis longtemps aux habi
tants de Mégan pour la possession de Sala-
mine, firent une loi qui défendait, sous peine
de mort, de proposer jamais la conquête. de
cette ile. Solon qui n'approuvait pas la réso-
lution prise, feigmt d'avoir perdu la raison
et dans une assemblée du peuple se mit k
chanter un allégro de cent versoü il exhor-
tait ses compatriotes k ne point renoncer k
une conquête qui leur avait déjk coüté de
grands sacrifices. Ses accents émurent Tas-
semblée au point que la loi fut immédiate-
ment rapportée, et que les Athéniens, sous
la conduite de Solon, s'emparèrent deSala-
mine, qui resta désormais sous leur domina
tion.
Cependant il ne faut pas croire que ce
peuple, si porté pour la musique, eut déve-
loppé bien fort son système musical. On
aurait peine k croire même que la musique
d'un peuple sensible et avancé dans la culture
des arts, fut bornée k une échelle de quatre
sons seulement. Et Tarrangement de ces
sons était unique. II s'appelait le mode
phrygien. Les grecs faisaient remonter l'in-
veniion de ce mode au temps de Hyagnis,
environ mille cinq cent dix ans avant l'ère
m