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Mercredi 7 Septembre 1898.
10 centimes Ie IV0.
33e Année. N° 3372
qP>GlAI\/£
LA FRANCE
Pays-Bas
Un télégramme
de M. de Smet de Naeyer
au Bien Public
Poperinghe
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Le JOTTRNAI. D'YPHKS parait le Mercredi et le Samodi.
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M. Cavaignac, ministre de la guerre,
a donné sa démission et est remplacé
par le Général Zurlinden, gouverneur
militaire de Paris, alsacien de nais-
sanee.
M. Cavaignac était hostile a la revi
sion, bien que ce fut lui qui avait
prouvé la fausseté de la pièce fabri-
quée par le colonel Henry. II lui sem-
blait que la culpabilité de Dreyfus était
suffisamment établie par les autres
documents du procés de 1894 et il
jugeaitla revision inutile. La majorité
du cabinet Brisson ne partageant pas
l'avisde M. Cavaignac au sujet de la
revision, il ne restait a ce dernier qu'a
se retirer. C est ce qu'il a fait, avec
beaucoup de dignité.
La révision se fera done d'une ma-
nière ou de l'autre. Tel est sans doute
le sentiment du gouvernement. Si
non la retraite de M. Cavaignac ne
s'expliquerait pas.
Nous avons dit que nous croyons
cette révision nécessaire, inalgré les
inconvénients diplomatiques qui peu-
vent en résulter. 11 est évident a nos
yeux que l'autorité morale du juge-
ment qui a condamné Dreyfus est si
non annulée, tout au moins considé-
rablement affaiblie.
Mais comment procéder a la révi
sion sans compromettre certaines re
lations diplomatiques?
Comment reviser sans porter une
profonde atteinte a l'autorité de la
chose jugée et sans diminuer le pres
tige de l'armée franqaise dont les
chefs ont ju gé Dreyfus
Nous n'irons pas jusqua dire, avec
certains journaux, que la révision
eest la guerre. Nous n espérons pas
avec les Dreyfusards que la révision
fera éelater l'innocence de Dreyfus,
paree que nous ne pouvons croire
que des soldats francais aient con
damné sciemment un innocent, moins
encore qu'ils aient été capables de
fabriquer des faux, pour le seul plaisir
de faire condamner un innocent ou de
créer des embarras politiques au gou
vernement de leur pays.
On le voit, il est grave de reviser
il nest pas moins grave de ne pas
reviser. La France est a un moment
de son histoire oü son honneur est en
péril. Si, ce qu'a Dieu ne plaise, des
soldats ont été capables de fabriquer
des faux, une armée, composée de
pareils éléments,est une armée discré-
ditée, perdue. Après Sedan, on a pu
dire comme FranQois I: «Tout est
perdu sauf Phonneur. On ne pour-
rait plus en dire autant aujourd'hui.
L'honneur même serait perdu.
Nous souhaitons done pour l'hon-
neur de l'armée franpaise, non pas
que Dreyfus soit coupable, mais que
les preuves de sa culpabilité soient
sincères, évidentes, et que cela soit
établi,autant que possible,a la lumière
du jour.
Les reines de Hollande
k Amsterdam
Journée de Lundi
LA JOÏEUSE ENTRÉE
Au milieu d'une toule énorme et enthou
siaste, qui se pressait sur son passage, la
reine Wilhelmine, accompagnée de la reine-
mère, s'est rendue du palais de La Haye k la
gare du Rheinspoorweg. Elle y a pris le
train d'une heure 15, qui l'a amenée, k deux
heures quinze, en gare d'Amsterdam.
Dès midi, étaient arrivés successivement
et s'étaient postés aux endroits qui leur ont
été désignés pour former la haie sur le par
cours du passage, les délégués de quarante-
1 cinq sociótés civiles et militaires. Us sont
cinq mille, représentaut quinze mille mem
bres. Beaucoup d'entre eux portent leur
costume historique, leur drapeaux et leurs
bannières. c'est un luissellement de couleurs
de l'eftet le plus pittoresque.
Sur tout le parcours que suivront les
souveraines, de la gare de Wesperpoort au
Dam, les trottoirs se garnissent de monde,
tandis que l'on prend d'assaut les estrades
sans nombre improvisées par d'industrieux
particuliers. Les membres de la presse
prennent place sur l'immense estrade qu'on
leur a dressé au Dam, sur le toit du Kom-
mandantenhtiis. Cloches et carillons sonnent,
le canon gronde les Reines entrent dans la
gare du Westerpoort.
La reine Wilhelmine est reeue a la
descente de sa berline par le commissaire
(gouverneur) de la Hollande septentrionale,
le bourgmestre et les éehevins d'Amsterdam.
Dans le salon royal attendaient, pour saluer
leur souveraine, les membres du conseil
communal, les autorités judiciaires, les di
recteurs de la marine, en fonctions k Am
sterdam, les commandants de la première
division d'artillerie, de la schutterij de
la place, les membres du comité central des
des fêtes.
Au moment oü les deux Reines font leur
apparition sur le perron extérieur de la gare,
une immense clameur s'élève: Leve de Ko
ningin; leve Wilhelmintje. Les tambours
baltent aux champs, les trompettes sonnent
et les musiques entonnent l'hymne national
Wien neêi land's blotd in d'aderen vloeit
et le Wilhelmuslied
Le spectacle est inoubliable.
[Jn moment de brouhaha. Le cortège royal
se forme. La maréchaussée k cheval prend
la têtesuivie dun escadron du 3™° hussards,
d'un détachement du corps d'artillerie, d'une
compagnie du 2n'« régiment d'artillerie de
siége, d'un détachement de la réserve, etc.,
etc.
Les drapeaux clacquent au vent, les uni-
formes multicolores miroitent au soleil; des
sonneries de trompettes cascadent joyeuse-
ment et couvrent par instant les cris de joie
poussés par la foule.
Le cortège déroule ses chaines au travers
les rues pavoisées. Voici maintenant le mai-
tre de cérémonie de Sa Majesté assis dans
une voiture attelée de deux chevaux; cinq
autres voitures,atteléesde même, conduisent
les chambellans de service, les chefs des
départemenis de la maison royale, les dames
de la Cour, le secrétaire particulier de Sa
Majesté.
Trois voitures attelées de quatre chevaux
et dans lesquelles ont pris place les grands
officiers, les dames du palais, les grandes
maltresses et le premier maitre des cérémo
nies, précédent le carosse royal.
Huit pur-sang guidés par huit laquais le
le conduisent. Des cavaliers richeroent cos-
tumés, parmi lesquels les princes étrangers,
carcolent autour de la voiture royale. Mais
la foule n'a plus d'yeux pour les figurants
secondaires du cortège. Tous les yeux cher-
cbent avidement l'héroïne de la féte, tandis
que de plus frénétiques olameurs jettent au
vent l'expression de brülant patriotisme de
tout ce peuple. Ravissante d'ingénue beauté,
souriante de tout ce bonheur de son peuple,
la reine Wilhelmine, qui est assise dans un
carosse d'ork la droite de sa mére, adresse k
la foule des saluts d'une grkce charmante.
Elle porte une ravissante toilette en soie
blanche.
Le cortège s'engage au Dam et en fait
lentement le tour. Les hourrahs redoubled,
toutes les mains agitent des mouchoirs, et
derrière sa iégère voilelte blanche, la jeune
reine sourit doucement en saluant avec une
exquise eordialité.
II est trois heure3 et demie lorsque les
reines descendent de voiture pour entrer
dans leur palais et les vivats continued long-
temps encore.
Les deux reines pénètrent dans le palais
royal et bienlót apparaissent au balcon
C'est alors une explosion d'entbousiasme qui
dure jusqu'au moment oü les souveraines se
retired. Puis les troupes évacuent lentement
la place, et le peuple, toujours encadrés par
les soldats du service d'ordre, avance jus
qu'au pied du palais én poussant des accla
mations frénétiques qui redoubled encore
lorsque Leurs Majestés réapparaissent au
balcon. Sur la place il est impossible de se
frayerun chemin. Le spectacle est vraiment
grandiose. (Métropole.)
Le Bien Public are<?udeM. leMi
nistre des Finances, chef du cabinet
une lettre au sujet de laquelle notre
confrère gantois écrit
Les amabilités télégraphiques que le mi-
nistre des finances a cru devoir adresser au
Bien Public sont commentées par la presse.
A ce sujet les potins circulent et grossis-
sent. II ne faut guère y attacher d'importan-
ce. Nous ne croyons pas un mot de cette
histoire que M. de Smet de Naeyer aurait
lancé son télégramme, k la suite d'un en-
tretien qu'il aurait eu aveo le Roi, au
Salon d'Anvers, entretien dans lequel Sa
Majesté se serait plainte d'avoir été décou-
verte par le ministère.
Ce qui enlève tout fondement k ce racon-
tar, c'est que nous avons re?u le télégrammo
de M. de Smet deNaeyer vendredi midi, c'est
k dire avant la visite duRoi au salon d'An
vers.
L'honneur d'avoir rédigé le démenti re-
vient done exclusivement k l'honorable che
du cabinet.
La presse libérale sen prend en particu
lier k M. De Bruyn, paree que les arrètés
royaux en souffrance portent la signature de
M. De Bruyn, non celle de Sa Majesté. M. De
Bruyn aurait répondu aux Brugeois que,
pour iui, il avait tout signé. Les journaux
parient déjkde situation tendue, de crise....
Brr
Simples potins, tout cela, nous le répé-
tons.
Grand succès du collége patronné do
Poperinghe aux concours de 1898.
Concours entre les colléges épiscopaux
du diocèse
CLASSE DE RHÉT0R1QUE.
112 concurrents.
Discours Francais. 1" prix. M. Joseph
Vuylsteke, de Poperinghe 6" accessitM.
Albert Boedts, de Staden.
SiaSHHttni