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Samedi 0 Septs mbre I 898.
tO centimes Ie N°.
38° Année. N° 8373
70
A IV
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France.
Aux Chambres espagnoles
Li-Hung-Chang destitué
La question du proteeiorat
en Orient
Pays-Bas
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Le général ZurJindea est a peine
nomine minislre de la guerre et voila
que déja il est question de sa demis
sion. 11 demissionnerrdt si ses collo
gues voulaient reviser le Procés Drey
fus.
C'est que 1 honorable ministrea.com-
me son prédéeesseur, la conviction,
après examen des documents du dos
sier, que Dreyfus était coupable et
qu'il a été justemeut condamné.
Nous le croyonsaussi.Mais lemoyen
de ne pas reviser lorsque des jour
naux peuvent poser les questions sui-
vantes auxquelles, jusqu'ici il n'a pas
été répondu.
4" Est-il exact qu'4 la fin de l'aunée der-
nière, le comte Tornielli, ambassadeur d'lta-
lie,ait, comme l'affirme le Corriere di Napo
li, avisé M, Hanotaux, ministro des affaires
étrangéres, que l'état- major possédait un do
cument faux qui était la pièce Henry
2° Est-il exact que, dans la même entre
vue, comme l'affirme le Corriere di Napoli,
le comte Tornielli aitjuré, sur son honneur,
comme gentilhomme et comme ambassadeur
du roi dltalie, que sou attaché militaire n'a-
vait jamais eu le moindre rapport avec le
capitaine Dreyfus
3° Est-il exact que M. Hanotaux ail don-
né alors sa parole d'bouneur que l'état major
ne se servirait jamais de ee document
4° Est-il exact que M. Hanotaux, comme
o'était son devoir, ait intormé de cet incident
M. Méline, président du conseil des ministres,
le général Billot, ministre de la guerre, et
le général deBoisdeftre, chef de l'état-major?
5° Est-il exact qu'& la suite de I'audience
du 17 féviier, oil le général de Pellieux pro-
duisit ie faux document et en affirms l'au-
thenticilé absolue, M. Hanotaux ait demandé
en vain, au conseil des ministres, que les
poursuites contre M. Zola fussent abandon
ees, le général de Boisdeffre destilué et le
procés Dreyfus revisé
6' Est-il exact que ces incidents aient
été portésü la connaissancedeM .Cavaignac
7" Est-il exact que l'auteurdu faux soit le
nommé Lemercier-Picard, qui fut trouvé, il
y a quelques roois, pendu l'espagnolette dc
sa fenêtre
8° Est-il exact que le colonel Henry ait
nommé ses complices
9° Est-il exact qu'il ait été donné k M.
Rocbefort, par une haute personnahté mili
taire, ainsi qu il 1 a affirnié dans son journal,
connaissance des prétendues lettres A et D E
l'Empereur d'Allemagne, qui sortaient de
la méme fabrique de faux
Des questions de cettenature jettent
le trouble dans l'opinion pu'blique. II
faul éclairer celle-eiil faut que la lu-
mière se fasse, surtout si l'on considè-
re que des cinq personnes qui pou-
vaient apporter des téinoignages déci-
sifs, lors de la revision, quatre ont
disparu Lebtnann, dit Lemercier-
Picard et Henry,qui se sont suicides
Picquart qui est en prison et Esterha-
zy qui a pris la fuite. Reste du Paly de
Clans, dont on attend l'arrestation
La revision s'impose a notre avis.
L'i situation, dans les régions parlemen
tairs espagnoles, présente toujours le spec
tacle du plus triste gachis.
A la Chambre, M, Salmerori, député ré-
publicain, a présenté une proposition de
mandant qu'on recherche les resportsabilités
du gouvernement de M. Sagasta, auquel il
reproche
4° Principalement de n'avoir point accu-
mulé tous les rnoyens nécessaires pour as
surer le suecès de la guerre2° d'avoir ac-
cepté une paix honteuse 3° d'avoir violé la
Constitution.
M Sagasta a demandé la Chambre de
délibérer k huis clos.
Le président de la Chambre a prononcé
le huis-clos.
Lts républicains et les conservateurs dis
sidents ont protesté énergiquement et il s'est
produit alors urie grande confusion et un
tumulte indescriptibie. Les huissiers obligent
de vive force les spectateurs h quitter les
tribunes
M Salmeron a promis de faire connaiire
les débats des séances secrêtes, rnais ceia
lui ira assez difficile. Les journaux sont sou
mis k la censure et le télégraphe refuse d'ex
pédier aucune dépêche relative aux débats
des Chambres.
Les correspondants étrangers en relation
avec M. Salmeron pourront informer leurs
journaux par correspondances; mais le gou
vernement les menace, parait-il, d'expulsion.
La Chambre a décidé par 102 voix contre
45, après débat, que la proposition des
républicains sera diseutée en séance secrête,
mais les républicains, les carlistes et les
conservateurs dissidents s'étant retirés, cette
discussion n'a pas pu avoir lieu.
La séance a été levée.
On annonce que Li-Hung-Chang a été de
stitué ie télégramme ne dorine pas d'expli-
cations, mais il est probable que le gouver
nement impérial na pas été satisfait de l'at-
titude du vieux diplomate dans les affaires
concernant les chemins de fer et les autres
conventions passées avec les puisssances
européennes.
Voici le lexte de la lettre adressée par le
Saint-Père au cardin tl Langénieux relative-
ment aux droits de protectorat de la France
en Orient
Notre cher fils,
C'est avec une vïve satisfaction que nous
avons appris, par votre lettre, que des hommes
éminents ont eu la pensée de former en France
un Comité national pour la conservation et la
défense du protectorat francais enTerre-Sainte.
Nulle entreprise ne saurait mieux répondre aux
généreuses et chevaleresques traditions de
votre noble patrie, qui fut par excellence la
terre des croisés. Depuis lors, bien des siècles
se sont écoulés, bien des assauts ont été livrés
a l'Eglise pour affaiblir la foi. Mais le culte des
Lieux Saints s'y est maintenu en tous les temps.
Si, a certains intervailes, ce culte a quelque
peu paru se ralentir, nous le voyons aüjourd'hui
s'affirmer avec éclat dans ces paciliques péleri-
nages de la piété chrétienne que nous avons été
heureux d'encourager a diverses reprises.
Nous ne pouvons, de même, que louer
hautement, l'oeuvre beureusement inaugurée,
nouvelle dans la forme, ancienne dans son
espritellenous semble répondre a desbesoins
de jour en jour plus urgents. Nul n'ignore,
ert effet, que vous avez, notre cher Ills, con-
staté de vos yeux combien sont en souffrance
et de quels dangers sont menacés les intéréts
catholiques en Palestine, Ces intéréts, comme
on sait, se rattachent particulièremenf ii la pro-
priété et h i'usage des sanctuaires élevés, par
la piété de nos ancêtres, lh même oü se sont
opérés ies mystères de la Rédemption des
hommes les ennemis du nom catholique re-
doublcnt d'efforts et d'activité pour entraver
dans ces mêmes sanctuaires la piété des fidèles
enfants de la Sainte Eglise.
L'oeuvre dont vous nous parlez, notre cher
Ills, a done surgi 4 l'heure propice, et nous en
espérons pour i'avenir les plus féconds résul-
fats. La France a en Orient une mission a part
que la Providence lui a confiée noble mission
qui a été consacrée non seulement par une pra
tique séculaire, mais aussi par des traités
inlernationaux, ainsi que l'a reconnu de nos
jours notre Congregation de la Propagande,
pas sa déciaration du 22 Mai 1888
Le Saint-Siège, en effet, ne veut en rien tou
cher au glorieux patrimoine que la France a
regu de ses ancêtres et qu'elle entend, sans nul
doute, mériter de conserver, en se montrant,
toujours k la hauteur de sa tache. Nous dési-
rons que les membres de l'Associatiou déja
formée. s'inspirant pleinement de ces vues
élevées et ayanta coeur les grands intéréts de
la religion et de la patrie, prêtent k la France
un concours généreux dans l'accomplissement
de son mandat six fois séculaire.
Puissent ces efforts réunis assurer 4 l'Eglise
catholique en Orient une existence paisible et
lui permetlre de travailler avec succès a l'ex-
tension de la vraie foi et au retour des brebis
égarées au borcail de l'unique et suprème
Pasteur. Et maintenant, comme gage de notre
paternelle affection, nous vousaccordons, notre
cher fils, la bénédiction aposlolique.
Donné 4 Rome, prés saint Pierre, le 20 Aofit
de l'année 1898, de notre pontificat la vingt-
unième.
LEO P. P. XII.
P.-S La circulaire de la Sacrée-Con-
grégation de la Propagande, visée par le
Souvcrain Pontife est trés explicite
On sait que depuis des siècle le protecto
rat de la nation frangaise a été établi dans le
pays d'Orient, et qu'il a été confirmé par des
traités conclus entre les gouvernements. Aussi,
l'on ne doit faire 4 cet égard absolument aucu
ne innovation la protection de cette nation,
partout oil elleesten vigueur,doit être religieu-
sement maintenue, et les missionnaires doivent
en être informés, afin que, s'ils ont besoin d'ai-
de, ils recourent aux consuls et autres agents
de la nation frangaise.
Le couronnement
de la reine Wilhelraine
Nous lisons dans le Temps
«Depuis dirnanche, on ne mange plus que
du pain rassis dans la ville. Tous les corps
de métier se reposent, et les boulangers
n ont pu trouver d'ouvriers pour brasser la
p&te, raettre au four. De petites affiches,
placardées 4 leurs portes, avertissent le pu
blic de ce mécompte et l'informent qu'on a
cuit du pain pour cinq jours. II accepte en
philosophe l'événement. Dans un pays oil
l'amour de la reine va jusqu'4 teindre en
orange les chiens, et les poulets mis k ia
disposition du public, contre argent, chez les
marchands de voluilies, rien de plus naturel.
J'ai diné hier soir, avec Jules Claretie,
Albert Baiaille, et une bonne douzaine de
confrères, dans le restaurant le plus luxueux
d'Amsterdam, au Café Riche, que tient le
neveu de Bignon. Diner affreusement cher
etaborainablement mal servi, en dópit de
tous les efforts du patron et de la bonne
volonté manifeste témoignée par sou per
sonnel mais on avait du, de dix 4 neuf
heuresdu soir, servir buit cents personnes,
et ie service de toute nécessité, en souffrait.
Pour absorber trois plats, il fallait attend re
trois heures. Je nai pas entendu, sauf de
notre petitgroupe.s'élever une seule plainte.
Les victimes attendaient, pacifxques, et
tuaient le temps en causeries résignées. En
France, ont eut mis 4 sac la maison.
Vagué par les quartiers populaires, de dix
heures k une heure du matin. Comme la
veille, pas d'illuminations générales, mais
partout, aux fagades des rnaisons, aux devan-
tures, toutes éctairées, des boutiques, de
petits reposoirs ou tröncs en stéarine, en
platre, en terre cuite dorée, Ie buste de la
reine émergeant d'une corbeille de soucis et
entouré d'une guirlande de verdures, oü le
fruit léger du sorbier jette une note vive, et
charmante de couleur.»
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