si
s
o?^StA
Pe
Ch'RQVlQHE LOCALE
Mercredi 26 Ocfobre 1898.
10 centimes le i\°.
S3e Année. N° 3386
FRANCE
La campagne contre
M. Brisson
La cour de cassation dessaisie
L'impót sur Ie revenu
I
Conversation entre
un étranger et un Yprois
'3
x* ;i
Qn s'abonne rue au Pïi /e, 36, k Ypren, et k
Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
Le prix de l'abonnement, payable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout
le pays; pour l'étranger, le port en sus.
Les abonnements sont d'un an et se régularisent fln Décembre.
Les articles et communications doivent être adrossés fraac de port a 1'adresse ci-dessus.
ious les bureaux de poste du royauire.
Las annonces content 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps da journal coütent
30 centimes la ligne.— Les insertions judiciaires1 franc la ligne. Les numéros supplé-
mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires.
Pour )es annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Flandres) s'adresser l'Agence
\Eavas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et a Paris, 8, Place de la Bourse.
Ou continue a répandre le bruit
queM. Brissoo se refirerait et serait
remplacé a la présidence du conseil
par M. Bourgeois. Dou viennent ces
rumeurs On ne saurait exactement
le dire, raais plusieurs ministres
croient que le ministère se tirerait
plus aisément d'affaire si M. Brisson
seretirait. lis pensent que l'opposition
qui est faite au cabinet est surtout
personnels a M. Brisson même
Figaro donne un renseignement
qui semble indiquer que M. Brisson
serait consentant a cette tactique. II
dit en etl'et
II est entendu que c'est M. Brisson
qui, en sa qualité de president du
conseil, supportera le poids des inter
pellations.
D'autre part les journaux amis du
ministère, c'est-a-dire les journaux
radicaux qui font campagne pour
Dreyfus, signalent ce matin cette ru-
meurdontils semblent accuser M.
Bourgeois. G'est ainsi que le Radical
sous ce titre Maladroits amis dit
C'est, nous en avons l'intime
conviction, absolument a l'insu de M.
Leon Bourgeois que certains de ses
amis, dont il doit demandcr au ciel
de le préserver, mènent dans les cou
loirs du Palais-Bourbon, oü ils se pro
mènent avant l'lieure de la rentrée,
une campagne dont les etfets pour-
raient être détestables.
Le Radical met des formes a accu
ser M. Bourgeois. L Aurore en met
moins et cite comme auteurs princi-
paux de la campagne MM. Dujardin,
Beaumets et Klotz, tous deux deputes
radicaux et amis personnels du miui-
stre de l'instruction publique.
Sous ce titre on lit dans le Soir de
Paris
Nous sommes en mesure d'affirmer
qu'une proposition de resolution sera
soumise a la Chambre dès la première
seance et qu elle sera concue, sauf mo
difications de la dernière'beure, dans
les termes suivants
La Chambre, résolue a maintenir
dans leur intégrité les droits respec-
bfs des justices civile et militaire, in
vite le gouvernement a retirer a la
cour de cassation le dossier Dreyfus,
et a le rendre au ministre de la guer
re, chef de la justice militaire, seul
compétent pour en connaitre.
L'urgence et la discussion immé-
diate seront demandées par l'auteur
de cette proposition.
De la Gazette de France
Contribuables, soyez dans la joie.
On vous menaga naguère de Tim-
pot progressif sur le revenu on vous
menace aujourd'hui de Timpot dègres-
sif sur le revenu.
Saisissez-vous bien la difference?
Non saus doute et cela par la bonne
raison qu'il n'y en a pas.
Qu'on remonte ou qu'ou descende
lechelle des taxes, cette échelle n'en
existe pas moins.
Prenez pas le bas Timpot dégressif,
vous avez Timpot progressif.
Ces deux impóts sont done bel et
bien le même impót, c'est-a-dire un
seulet même instrument mis au ser
vice des visées socialistes.
En effet, les coefficients de taxation,
proposés par M. Peytral, ne seraient
point intangibles, de'finitifs.
Ils pourraient être modifiés cliaque
année par la loi des finances.
Dansun pays de suffrage universel
oü la masse impose la loi aux intéréts
électoraux de messieurs les deputes,
ce serait déja la chose grave.
Mais, dans un pays abandonné aux
audaces socialistes, ce pourrait deve-
vir un redoutable péril.
Que faudrait-il pour forcer Timpot
jusqu'a la confiscation du revenu et
même du capital
Une simple modification des taxes
aujourd'hui proposées.
Que certaines categories de contri
buables soient taxées a raison de
60, 80, 100 pour 100 de leur revenu
réel ou suppose, c'est la confiscation,
c'est la ruine.
Or, en exemptant de Timpot tout
contribuable suppose jouir d'un reve
nu inférieur a 2,000 francs, le projet
ministé 'ie' désigne du même coup les
fortune;. andes et moyennes aux
entreprises du socialisme.
II consacre, en effet, le principe,
éminemment injuste et dangereux,
que le riche ou prétendu tel doit seul
subveniraux dépenses publiques.
Qu'ou pousse da vantage ce principe
dans ses consequences logiques, les
charges fiscales portent tout entières
sur les épaules de quelques milliers
de contribuables et lesécrasent.
La guerre aux riches a abouti
selon les voeux du socialisme.
Quant a la base de taxation adoptée
par le Gouvernement, elle est absolu
ment arbitraire.
M. Peytral évalue le revenu impo-
sable d'après la valeur du loyer, le
nombre des domestiques, des voitures,
des chevaux, des yachts, des automo
biles, des chiens de luxe, c'est-a-dire
d'après ce qu'on appelle les signes
extérieurs de la ricbesse.
Mais ces signes-la sont souvent bien
trompeurs.
Ainsi un loyer de 500 francs a
Paris est censé correspondre a un
revenu cinq fois plus élevé, soit de
2,500 fr.
Or, il est évident qu'un célibataire,
jouissant, d'un revenu de 4,000, 5,000,
6.000 francs, pourra se contenter
d'un loyer de 500 francs, tandis
qu'un père de familie, disposant de
moindres ressources, ne le pourra
point.
Ainsi encore, le nombre des do
mestiques correspond souvent beau-
coup moins a la fortune du contri
buable qu'a certaines exigences de
position sociale ou a des nécessités
d'ordre privé resultant, par exemple,
soit du nombre des enfants, soit de la
presence dans la familie d'un ou plu
sieurs malades ou infirmes.
C'est la, d'ailleurs, un des signes ca-
ractéristiques du projetministérielque
s'il pretend taxer le contribuable
d'après ses ressources présumées, il
ne tient pas compte de ses charges.
On ne saurait, en effet, prendre au
sérieux le dégrèvement attaché au
nombre des enfants mineurs ou des
ascendants.
Ce dégrèvement étant d'un dixième
du revenu imposabie a 2 fr. 50 pour
100, un contribuable taxé a raison
d'un revenu de 10,000 francs, par
exemple, bénéficierait d'une remise
de 24 francs par tête d'ascendaut ou
d'enfant.
Pour un revenu de 5,000 fr., le
dégrèvement ne serait plus que de
12 fr.
Nous venons de dire que le gouver
nement ne tenait pas compte des
charges du contribuable. Bectifions.
II en tient compte, mais pour les
augmenter
C'est, en effet, sur les populations
des grandes villes oü les loyers sont
lusélevés, les domestiques plus chers,
es objets nécessaires a la vie plus coü-
tëux, que le nouvel impöt pèserait de
son poids le plus lourd.
Singulière dégression
Etrange justice fiscale
Notre confrère le Progrès ne confon-
dons plus avec la consoeur la Lutte a
eu récemment une conversation fort intéres
sante avec un étranger, qui voyage beaucoup
et qui lui a fait part des impressions qu'il a
éprouvées en visitant notre ville.
Laissons la parole au confrère. Voici
textuellement son récit
L'autre jour, dans un café de la Grand'PIace,
je fis la connaissance d'un gentlemen, homme
charmant sous tous les rapports.
11 me raconta ses voyages et je fus vivement
impressionné de ses nombreux récits.
La conversation vint a roulersur les monu
ments de la ville d'Ypres, sur les moeurs de ses
habitants, sur l'état de propreté des rues el pla
ces publiquesfranchement le gentlemen en
était émerveillé.Il me fit part de la connaissance
qu'il avait fait de quelques civils, d'un rang éle
vé, d'une affabilité proverbiable et de plusieurs
officiers de l'armée beige; il se trouvait obligé
de dire que le pays qui avait produit desofficiers
si gentils,si polis,si intelligents, si généreux, si
vaillants et si corrects devait en être fier et
que lui-même se considérait comme le plus
heureux des mortelsd'avoirétéen relation avec
eux. Quoiqu'il regreltat de devoir les quitter,
il me donna l'assurance que ses meilleurs voeux
pour la noble Belgique l'accompagneraient jus-
que dans son pays.
En outre, il me dit beaucoup de bien des né-
gociants de la ville chez lesquels il avail fait de
nombreux achats et qu'il considérait comme des
vrais types d'intelligence, d'honnêteté et de po-
litesse.
Après m'avoir expliqué qu'il était descendu ft
l'hötel de la Chatellenie oü il était parfaite-
ment logé, les patrons étant trés gentils, trés
honnête-i, la cuisine et les vins excellents, les
employés actifs et polis, le maitre-d'hötel trés
capable et a la hauteur d'occuper ce rang dans
les premiers hötels de Paris et de Londres,il
était profondément affligé de devoir me dire,
qu'en ce siècle de civilisation et de lumière, il
y avait encore a l'hötel de trés grands incon-
vénients pour les voyageursles cabinets,
sans serrures, se trouvant en dehors a plus
de soixante-quinze mètres des chambres, la
ventilation des chambres, quoique bien
belles, laissant beaucoup a désirer el les fenê-
tres s'ouvrant h peine par le bas au lieu de
s'ouvrir par le haul, (car, nul n'ignore, quele
mauvais air monte.)
Le gentlemen en question, un vrai philantro-
pe, ayantappris que la Chatellenie était une
propriété de la ville, me dit qu'il avait sollicité
et obtenu la faveur d'être présenté h M. le
Maïeur afin de lui exposer la situation faite aux
voyageurs descendant la Chatellenie et aux
gens de service de l'hötel.
Après avoir été recu trés poliment par M. le
Baron et lui avoir exposé l'objet de sa visite,
M. le bourgmestre répondit a l'étranger qu'il
devait adresser sa réclamation a la commission
des travaux publics et qu'au surplus la chose
dont le gentlemen se plaignait, (dans un intérêt
général, bien entendu,) exista't depuis des siè-
cles. M. Surmont lui dit, en outre, qu'en sa
qualité de premier magistrat de la ville, il n'a-
vait guère l'intention d'apporter le moindre re-
mède a cette situation, puisque tout le monde
en était satisfait.
En apprenant cette réponse, j'en fus ahurri.
L'étranger fit observer a M. le Baron, que le
devoir d'un gentilhomme était de faire son po-
sible pour améliorer i'existence des gens de
AÏÏEfXttT.'v:
m
v