Samedi 18 Wars 8<*9
10 centimes le N°.
84e AnnEe.
N° 8W6
REVUE POLITIQUE
France
Allemagne
Italië
Suisse
Le crime de Lille
Ypres au Congo
Le concert du 12 Mars
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Laffaire Dreyfus
La Cour de Cassation de France,
toutes chambres reünies, siégera cette
semaine pour prendre connaissance
des deux dossiers secrets (militaire et
diplomatique) de laffaire Dreyfus. Le
gouvernementcomrouniquera ces dos
siers dans les mêmes conditions qu'il
l'a fait pour la chambre cri ainelle. Le
dossier militaire sera porfé a la Cour
par le general Chamoin et le capitaine
Cuignet le dossier diplomatique le
sera par M. Paléologue. L'étude de
1'un et de l'autre occupera au moins
trois on quatre audiences.
La marine
Le Bulletin officiel de la marine pu
blie un ordre de Cabinet concerriant
la nouvelle organisation des autorités
supérieure de la marine
L'empereur exerce lui-même le
commandement snprêmede l'armée.
Le poste de commandant supérieur de
la marine est done supprimé.
L'élat-major du commandement su
périeur devient autonome sous lenom
d'état-major amiral de la marine;sou
chef dépend immédiatement de l'em
pereur,
L'éfat-major amiral s'occupe, en
outre, de ses travaux spéciaux d'état-
major amiral, des affaires politico-mi-
litaires et des vaisseaux qui se trou-
vent dans les mers étrangères.
L'ordre de Cabinet annonce la no
mination d'un inspecteur général de
la marine et règle aussi des questions
d'attributions.
En même temps que l'amiral Koes
ter est nommé inspecteur général de
la marine, le contre-amiral Bende-
manu, qui remplissait jusqu'ici les
fonctions de chef delat-major du
commandement supérieur de la ma
rine, est nomme chef de letat-major
de la marine, poste nouveau.
Une amnistie, portant réduction de
peines aux condamnés a la suite des
troubles de mai, avait été annoncée.
Le décret devait être publié le 14,
jour anniversaire de la naissanee du
roi Humbert, qui entre dans sa 56e
année. Au dernier moment, le gou
vernement a changé d'avis et renvoyé
le décret au mois de Juin, pour la
fête de la Constitution.
On afffrme qu'une des causes de ce
revirement chez le ministère git dans
la tournure que prennent les elections
actuelles dans les colléges ayant a élire
des représentauts en remplacement de
ceux condamnés par les tribunaux
militaires. Les députés frappés par la
loi sont de nouveau portés et élus.
Zurich, 16 Mars.
La police vient de lacérer des pla
cards anarchistes dans lesquels le co
mitéanarchiste provoquela population
italienne a la révolte contre le gouver
nemen t i tab en.
Ce manifeste blamait les organisa-
teurs des derniers troubles de Milan
de ne pas avoir terrorisé la population
milanaise en mettant a feu les edifices
publics.
Encore deux jours pour le dernier rapport
de M. le médecin légiste, encore huit jours
pour l'oracle de messieurs les experts en
écritures. Puis commenceront les interroga-
toires du Flamidien et vraisemblablemenl
les confrontations avec les témoins dont les
dépositions pourront donner lieu k discus
sion. On voit que nous n'en avons pas lini
avec l'instrucuon, qui entre cependant dans
ia phase décisive.
Est-ce paree que l'on sent qu'il faudra
aboutir, demande la Dépêche, que nous as
sistons ce spectacle curieux d'hommes qui,
après avoir exploité ce scandale crai-
grient maintenant qu'il ne se retourne contre
eux
Nous n'en savons rien, mais rémoi du
Progrès du Nord est véritablement amusmt.
Notre confrère fan appel k tous les saints
de son paradis. Grand procureur général,
secourez-nous, donnez-nous des arguments,
autorisez-nous k parler.
Et les cieux restent d'airain, comme la
prière au grand procureur-général reste
sans réponse.
Et comme cela ne suffit pas, comme on
doute que l'on puisse sortir du dossier des
preuves accablantes, le Progrès en est arrivé
k cette cbose étonnante, stupéfiante, qu il
demande qu'on enlève le frère Flamidien k
ses juges naturels et qu'on dessaisisse la
Cour d'assises du Nord comme suspicion
légitime
Et ce sont les journaux défenseurs de
Dreyfus et de la chambre criminelle qui
parient ainsi. N'est-ce pas tout simplement
prodigieux
Savez vous pourquoi le Progrès réclame
cette mesure aussi injurieuse pour la raagis-
trature qu'il estimerait capable de la provo-
quer que pour les jurés qu'il eslime suscep
tibles de manquer a leurs devoirs
C'est paree que les polémiques suscitées
par la presse cléricale frappent de suspicion
légitime les jurés de notre département.
Ainsi, c'est la presse «cléticale» qui a
suscité des émeutes k Lille, qui a fait placar-
der des affiches excitant k la haioe des ci-
toyens les uns contre les autres, qui bat
monnaie avec des complaintes ordurières ou
idiotes sur l'assasinat du petit Foveaux, qui
a excité la population aux pires excès
Pour que le Progrès en soit arrivé h im
printer de pareilles choses, il taut que l'on
sente que la cause est perdue et que 1 he ure
de la justice approche.
-
II y a un an k peine nous avions la bonne
fortune d'entendre k la Salle Iweins une ro-
marquable conférence d'un vaillant mission-
naire Congolais, le R. P. Liagre de la Com
pagnie de Jésus.
On se souvient encore que le P. Liagre,
causeur intéressant et instruit, a fait faire k
son nombreux uudiioire un véritable voyage
au Congo.
Qui ne se rappel le avoir vu apparaitre sur
l'écran, tantót ces nappesk l'étendue immen
se, ces effrayantes cascades qui constituent
les rapides du Congo et de ses affluents
tantót des forêts vierges aux lianes innom-
brablestantót des types de nègres, peu
gracieux en général, alors même qu'ils sp-
partenaient, au beau sexe tanlöt les super
bes vallées,les ravins et les montagnes de la
ColonieAfricaineenfin, les huttes denos
frères noirs, les diverses résidences des
agents de l'Etat Beige et de nos missionnai-
res.
On est heureux de se remémorer com
ment, dans un langage vraiment éioquent,
le courageux missionnaire nous a fait passer
en revue les travaux gicantqsques exéculés
par les Beiges, en peu d'annéesle chemin
de ter, les bourgades, les villages et les
villes. Le vaillant apótre nous a initiéscom-
plètsment aux immenses progrès de la civili
sation chrétienne, et nous a démontré com-
bien lourde, pénible et ardue était la tache
du prêtre missioi naire sous le soleil brülant
et meurtrier du continent noir. II nous a dit
les succès obtenus, au milieu d'innombrables
difficultés, les consolations de chaque jour,
les développements de notre Sainle Religion,
les conversions multiples de nos frères Afri-
cains, la fondation de nouveaux centres
chrétiens.
Les postes d'évangélisation, ce sont les
fermes chapelles, point central des Villages
chrétiens, en formation.
Quand le missionnaire peut disposer d'un
groupe de jeunes gens, même d'adolescerrts,
instruits, pieux.zélés et travailleurs,il acbète
auprès d'un village paien un terrain assez
vaste pour la future mission. Le groupe des
jeunes gens dirigé par un chrétien de con-
fiance, est k l'oeuvresous les yeux des noirs
pour la construction d'une ferme, l'outillage,
les plantations, les semailles, la récolte.
Facilement, les jeunes gens trouvent k se
choisir une compagne qui consente k em-
brasser la foi chrétienne. Le catéchiste doit
non seulement avoir soin des enfants etsur-
veiller le matériel du poste qui lui est confié,
mais aussi enseigner régulièrement les véri-
lés religieuses aux habitants des villages
voisins et les préparer peu k peu k recevoir
le Saint Baptême. Par ce moyen, l'influence
du missionnaire s'écend et s'exerce au ioin
les principes de vraie civilisation pénètrent
doucement parmi les indigènes eyjréparent
graduellement leur transformation morale
et sociale. Qui ne peut constater chaque jour
que l'oeuvre grandiose du Congo, ia morali-
sation chrétienne et la libertó suivent une
rapide marche ascendante
Sous 1 impression vive que chacun ressen-
tit après la conférence du R. P. Liagre,
nous nous souvenons qu'une ame chrétienne
nous disaitYpres aussi doit apporter sa
pierre dans l'ceuvre de civilisation religieuse.
Cette idéé a fait son chemin, et, grace k la
généreuse intervention des Yprois, le Congo
compte aujourd'hui une mission de plus
Ypres iïotre-Dame.
Oui, Ypres-Notre-Dame est fondé au vil
lage Moitama k cinq quarts d'heure Nord-Est
de la ferme Chapelle Kintoni S' Raphael, k
la hauteur du poste projeté, indiqué sur la
carte qui sera prochainement publiée. Le
chef d'Ypres-Notre-Dame s'appelle Ignace
Lofigna. II a déjksous ses ordres 45 enfants,
dont douze indigènes et trois de la colonie
Kimuenza. Ils ont commencé k défricher et
k planter du maïs et des haricots. Le posie
est situé sur une collioe asse/. é'evé1 d oü on
a une fort belle vuesur la vdiée a la Djdé.
Rendons hommage u du U P Lia
gre et de nos vaillants anssioumures qui
exposent leur santé ei leui -ie pour la grande
oeuvre Congolaise.
Salut k nos frères noirs d'Ypres-Notre-
Dame. Que la Divine Mère de Dieu vous
protégé et vous bénisse Priez pour nous,
comme nous prions pour vous.
En annoncant, dans notre Jnuméro de
Mercredi, un compte rendu détaillé du con
cert de Dimanche, nous avons dit que ce
concert a été un succès. Nous répétons le
mot, et si l'expression n'était devenue un peu
bariale, nous ajouterions que la soirée du 12
Mars marquera dans les annales musicales
de la ville d'Ypres.
Nos lecteurs connaissent le progamme du
concert. II est l'ceuvre de M. Goetinck qui l'a
composé de fa<?on k donner satisfaction k
tous les goüts, k tous les sentiments. C'est
lui aussi qui a dirigé 1'orcbestre avec ce
talent qui lui a valu la réputation d'un des
premiers chefs d'orchestre du pays.