Mercredi 12 Avril 1899
10 centimes le N°.
34" Année. N° 3433
REVUE POLITIQUE
France
Hollande
États-Unis
Rome et les daensistes
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Paris, 11 avril
On mande du chef lieu dn départe
ment de la Haute-Loire
M. Charles Dupuy, président du
conseil, a recu ce matin, a 10 heures,
a la préfeclure, les fonctionnaires et
es corps constitués du département.
Le général Jacquemin, commandant
le 13e corps, a déclaré que l'armée
confiante dans les paroles du chef du
gouvernement et du ministre de la
guerre, attend en silence la solution
de la question qui a préoccupé en ces
derniers temps l'opinion publique.
Cette solution, a-t-il ajouté, sera sa-
luée avec joie par tous les cceurs pa-
triotes.
Le président du conseil a répondu
que le langage qu'il a tenu hier a
1'égard de l'armée lui a été dicté par
son cceur et sa r ai son.
M. Vissaguet, sénateur, a présenté
ensuite le conseil général de la Haute
Loire, dont il est le président.
Le président du conseil a répondu
que le cabinet qu'il a l'honneur de
présider s'est toujours efforcé d impri-
mer a la politique générale du pays
une marche également éloignée des
théories révolutionnaires ou césa-
riennes.
Un journal anglais annonce que la
jeune reine Wilhelmine vient de ma
nifester de nouveau ses sentiments a
propos de la question de ses fiantjail-
les avec le prince Guillaume de Wied,
qui a été définitivement réglée. La
nouvelle officielle des fianQailles na
pas été annoncée a cause de certaines
difficultés relatives au protocole. II
reste a décider si le prince sera investi
des droits et prérogatives d'un prince
consort ou s'il gardera son rang actuel.
A moins que l'ou ne se décide pour la
première alternative, ni les lois de la
Hollande, ni les cours étrangères ne
voudront reconnaitre le prince Guil
laume comme un membre de la fa
milie royale de Hollande.
La familie de Wied insiste pour que
le titre de prince consort soit accordé
au prince Guillaume, mais la reine
Wilhelmine demande que le précé
dent créé par la reine Victoria soit
suivi et que le titre en question ne
soit pas conféré a son époux avaut
dix-huit mois après le mariage. On
croit, cependant, que toutes ces diffi
cultés seront réglées souspeu, le ma
riage a été décidé et il doit avoir lieu
le printemps prochain a la Haye.
On a appris d'une faQon indirecte
que le mariage de la jeune reine el
du prince de Wied a été décidé a la
suite d'une aventure un peu roma-
nesque. Le frère ainé du prince Guil
laume a épousé la princesse Pauline
de Wurtemberg qui était l'amie in-
timede la reine Wilhelmine. Lorsque
les deux princesses se fréquentaient et
qu'elles se faisaicnt part de leurs pro
jets d'avenir, elles ont fait le voeu de
n epouser que les deux frères. La
princesse Pauline a épousé plus tard
le prince Frédéric et la reine Wilhel
mine est décidée a remplir sou voeu.
G'est ajoute-t-on, ce qui explique l'in-
différence de cette dernière pour les
autres prétendants.
On dit aussi que la véritable raison
du choix du prince Guillaume de
Wied est que sa mère est une prin
cesse des Pays Bas et que le futur
mari de la jeune reine est, par allian
ce, de race batave.
L'influence des trusts sur la
politique américaine
Depuis six mois, a la suite d'une
guerre heureuse, a la faveur de ce
renouveau printanier de conüance
nationale qui aceompagne les succès,
une véritable éclosion de Ir «sis a eu
lieu en Amérique. Pas un jour ne
s'est passé qu'ori n'apprit la soumis
sion d'un domaine entier de l'industrie
nationale a quelque puissante asso
ciation. Les grands fabricants de pa
pier, d'acier ou de vêtements se
eoalisent ou rachètent leurs concur
rents.
Et voici qu'au lieu de rivaux ce
sont des confédérés qui, un beau jour,
ont, entre leurs mains, dans toute
l'Amérique, la production de chacun
de ces articles.
Plus de concurrence ilsen peu vent
done régler le prix. Plus de résistan-
ce possible et le sort de tons les tra-
vailleurs dans chaque branche de
l'industrie, dépend de leurs décisions
ou de leurs appétits.
En vérité, si le mouvement com
mencé depuis quelques mois en Amé
rique eontinuait, ce serait une im
mense révolution économique en
perspective, sans compter une révolu
tion sociale. Au 15 mars dernier, on
calculait que le capital des trusts amé-
ricains ne montait, pas a moius de 20
milliard. Depuis cette époque, denou-
velles coalitions se sont forméès par
douzaines.
A l'intérieur, la monopolisation des
industries nationales affecte déja les
relations des deux partis. Les répu-
blicains sentent tout ce quelle peut
leur eoüter, et que le système proiec-
tionniste tout entier est menagé par
le triomphe des trusls. Déja, l'organi-
sation de ces grandes corporations a
capitaux énormes, dont le but avoué
est la fln de toute concurrence, l'aug-
mentation des prix, peut-être la re
duction dessalaires, déchaïne l'opinion
des consommateurs contre l'ceuvre
protectionniste du parti républicain
sans laquelie aucun grand trusts ne
serait profitable. Avec des tarifs mo-
dérés a l'importation, la concurrence
étrangère aurait, en elfet, vite raison
des plus savantes coalitions industriel-
les, et l'élévation des prix se trouve-
rait forcément limitée. C'est ce que
les adversaires du gouvernement ac
tuel disent et répèfent déja.
A l'extérieur, cette même monopo
lisation industrielle oü l'Amérique est
engagée depuis quelque temps ne va
pas sans exciter d'assez vives appre
hensions. L'Angleterre, surtout, dont
la prépondérance industrielle et ma-
nufacturière, déja compromise par la
concurrence allemande, serait mena-
cée d'un danger plus redoutable
encore si les trusts américains conti-
nuaient de se développer.
Comment résister, sur tous les
marchés du monde, et même sur le
marché intérieur, a des producteurs
qui ont, chez eux, suppriméla concur
rence, au moment même oü l'Angle-
terre s'accule au déficit ou bien se
condamne a surprendre l'amortisse-
ment de sa dette, a augmenter l'impót
sur le revenu, a taxer les nécessités
de la vie par suite de l'augmentation
de ses charges milifaires Voila le
problème qui commence a inquiéter
j la Grande-Bretagne. (Temps)
M. J. Iiuyghe, trésorier de l'Asso-
ciation des journalistes catboliques de
Belgique, directeur du Nieuws van den
dag, faisait partie de la délégation qui
a re:nis a Léon XIII le reliquat de la
souscription en faveur du St-Siège.
Notre confrère rend compte, dans son
journal, d'une audience que Son Emi
nence le cardinal Rampolla, secrétaire
d'Etat du St-Père, lui a accordée.
Nous traduisons ce passage de sa let-
tre qui uiie fois de plus fera éclater la
bonne foide nos démocrates chrétiens
Après notie réception chez le Pape, je pus
rendre visite au secrétaire d'Etat de Sa
Sainteté, le cardinal Rampolla. C'était le soir
vers 7 heures et après une longue attente
dans l'antichambre de ses appartements
328 marches au dessus de la place St-
Pierre situés au Vatican, je fus introduit.
Le cardinal me reput avec beaucoup d'ama-
bilité, loua la souscription ouverte pour le
Paps en Belgique par les journalistes catho-
liques, exprima l'espoir que notre exemple
fut suivi par les autres pays et me demanda
des nouvelles de la situation actuelie de la
Belgique.
1 Je lui répondis que je regrettais d'etre un
j prophéte de malheur, mais que cette situation
n'éiait pas brillante.
II avait cependant repu des rapports sur la
Belgique qui exposaient les choses sous un
jour bien plus favorable et il me demanda les
motifs pour lesquels je n'envisageais pas
l'avenir comme devant être heureux. Je dé-
sire tout savoir, ajouta-il, car la situation de
votre pays est si compliquée qu'il est impos
sible d'être trop éclairé ce sujet.
J'appuyai mes premières paroles en rap-
pelant, au cardinal Rampolla, les faits qui
s'étaient passés dans ces derniers temps en
Belgique l'alliance entre libéraux et socia-
listes qui unissent leurs efforts pour combat-
tre le gouvernement catholique. Malgré
toute la haine et la rage mises au jour dans
eet assaut, nous pourrions facilement y ré
sister, mais il nous faudrait, pour cela, tou
tes nos forces, absolument toutes, et mal-
heureusement les catholiques sont divisés.
Oui, je sais cela, répondit le cardinal,
mais quelle est l'origine de ces maiheureuses
divisions
II en est plusieurs, Eminence. Les di
visions existent au seine de la Chambre et au
dehors. Des disputes personnelles, et l'am-
bition y jouent un grand röle. A cóté de cela,
les idéés se confondent et sont contradic-
toires en beaucoup de points, questions des
écoles, armée, Congo, loi électorale, libre
échange ou protection, législation ouvrière,
imérêis agricoles. etc., etc. Enfin, comme
courorinement de tout cela, nous avons le
parti qui se nomme démocrate chrétien.
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