Samedi 29 Avril 1899 10 centimes Ie !V°. 34" Année. IV0 3438
REVUE POLITIQUE
Autriche-Hongrie
Le désarmement
lies Philippines
La Réforme électorale
La Réforme électorale
d'après la Métropole
La grève
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Le mouvement de rupture
avec Rome
Le curé Deckert, tin des apótres de
l'antisémitisme viennois, a tenu, Di-
manche, dans son église, la première
d'une série de conférences sur le
mouvement de rupture avec Rome.
On avoue publiquement, a dit
l'orateur, que ce mouvement a un
caractère plutót politique que religieux
et qu'ii n'a d'autre but que d'habituer
les esprits, en Autriche, a l'idée du
pangermanisme. Le protestantisme
doit être le pont pour arriver a la
grande Allemagne.
On reproche a l'Eglise catholique
de ne pas être nationaliste. Cela est
exact, car elle est universellei Mais les
18 millions de catholiques de l'empire
d'Allemagne ne sont-ils pas de fidèles
sujets de leur empereur on proclame
que dans le clergé catholique il y a de
mauvais prêtres mais on ne nous
apporte pas la preuve que tous les
pasteurs soient des anges.
L'Eglise catholique n'ad'ailleurspas
a se plaiudre de ce mouvement qu'on
peut comparer a la voiturequi circule
a travers les rues pour reeueibir de-
vanl cbaque maison les choses pour-
ries et puantes que les bonnes ména-
gères ont jetées.
A mesure qu'approche le jour de
Touverlure de la conférence du désar
mement de La Haye, les demonstra
tions platoniques vont se succéder.
Dans l'après-midi de Mardi, l'ambas-
sadeur russe a Londres, le baron de
Staal, qui représentera la Russie aux
prochaines deliberations dans la rési-
aence des Pays-Ras, a regu une depu
tation de la croisade de la paix. Ou y
remarquait notamment ia présence de
M. Philippe Stanhope, membre du
Parlement.
Tous ont exprimé au représentant
de Nicolas II leurs meilleurs souhaits
pour le succes de la conférence. M. de
Staal les a remerciés et en promettant
qu'il transnaettrait leurs vceux k sou
souverain il a ajouté
La cooperation de l'Angleterre est
une importante condition pour l'ac-
complissement de la tache qui incom-
be a la conférence. Espérons que,
grace a la bonne volouté des puis
sances, la conférence réussisse a pren
dre des mesures sérieuses dans sa
prochaine réunionen déveioppant les
principes d'humanité. >j
Voila qui n'engage pas trop. Du
reste le premier lord de i'Amirauté.
M. Georges, J. Goscheu, interrogé le
même jour aux Communes sur le fu-
tur aréopage, s'est montré encore
plus boutonné Je suis certain,
a-til dit, que la Chambre est d'avis
qudl ne serait pas sage de rendre pu-
bliques les instructions communiquées
aux délégués anglais a la conférence
de La Haye.
Si l'on connaissait ces instructions,
elles abrégeraieut peut être singuliè-
rement les délibérations. Non seule-
ment aucune des grandes puissances,
pas même son promoteur,le Czar, n'a
suspendu ses- armements en cours,
mais chacune d'elles poursuit ses pro
jets d'extension politique et territo
riale dans les différents mondes, sans
être arrêtée par les complications bel-
liqueuses qu'ils pourraient engendrer.
Et dans ces ordres de faits, eest tou-
jours ia Russie qui se gêne le moins.
Le Times de l inde dit apprendre de
source sure que la Russie a obtenu des
intéréts dans un port dugolfePersique
et que ces intéréts sont suffïsants pour
lui dormer le droit de prendre posses
sion du port en question, quand elle
croira Ie moment venu d'exercer ce
droit.
Aprés avoir fait connaitre Téhéran
com me sa source d'information, et dit
qu'il s'agit probablement du port de
Bunder-Abbas, a l'entréedu golfe Per
sique, ie journal de Bombay ajoute
11 n'est pas probable que Ia Russie
agisse actuellement, mais les Anglais
doivent, coraprendre des k présent que
le Golfe persique est le centre vérita-
ble des dangers politiques qui les me-
nacent en Asie et il importe, dès
lors, que le gouvernement anglais
augmente le nombre de ses agents po
litiques dans le golfe Persique et qu'il
relie Linde par un cable télégraphique
Mascate-Bunder-Abbas et Liugub.
Voila qui donne la mesore de la
confiauce routuelle qui règne entre
les participants de la grande oeuvre
de la paix.
Le général Othis annonce que la
division Mac Arthur s'est emparée de
!a partiede Columpit, située au Sud de
la rivière.
II suit de cette dépêche que le
triomphe des Américains avait été
beaucoup exagéré.
Na us apprenons que, dans leurs sections
respectivesdes députés d'Ypres se sont jal
hés au projet du Gouvernement, qui obtien-
dra ia majorité dans touies les sections.
Dans la 6me section, M. Colaert a cornbat-
lu la proposition d'ajournement faite par
MVL Flécbet et Jeanne et qui a fini par êtro
rejetée par deux voix de majorité.
Le fond de 1&. proposition a été ensuite
discuté. Combattu par MM. Fléchet, Jeanne,
Heupgen et Hubui, le projet a été défendu
éflergiquemeru par MM. Colaert et de Trooz
qui y voient une transaction acceptable par
la majorité.
Nous plapsnt au même point de vue, nous
approuvons le projet. li est certain que le
sta'u quo rie peut plus durer. 11 est combattu
par tout le monde. II f'aut done le remplacer
et ehercher une formule qui puisse réaliser
l'accord de la majorité, si non celui des par
tis.
M. Woeste a combattu le projet. II faut
s'altendre de sa part k une opposition des
plus énergique. L'honorable député d'Alost
proposera sans doute autre chose et, selon
touies les probabilités, l'uninominal ou le
déeoupage des grands arrondissements.
On connait notre opinion au sujet de l'utii-
nomirial qui ne rallierait pas vingt adhésions
dans la Gbambre Quant au découpage des
grands arrondissements ou le pariage de
ceux ci en cantons urbains et ruraux, nous
n'en sommes pas. Ge serait i'arbitraire et
1 impossibilité absolue pour nos amis des
grandes villes d'obtenir jamais encore des
siéges aux chambres.
11 reste la R, P. plus ou moins mitigée,
Le système du gouvernement, tout en main-
tenant le système majoritaire dans les arron.
dissements moyens et petits, accorde la re-
présentation proportionelle dans les grands
arrondissements oü le nombre de siéges k
conférer décide du sort de la majorité et du
gouvernement. G'est contre cette situation
de fait que tous nos hommes d'Etat ont tou-
jours protesté. C'est k cette situation que le
projet du gouvernement porta remède, et,
c'est pour ce motif que nous nous y rallions,
saris enthousiasme, taisant airisi non un ma
nage d'inclination mais de raison. La oliti-
que vit de concessions, comme les meilleurs
ménages. Va done pour la transaction.
Le vulgaire el ceux qui ne percoiverit
pas récotiomie du projet pourront n'y voir
qu'une application ïncoraplèie de la repré-
sentation proporlionnelle. Eu réalité, le gou
vernement n'adopte pas le principe de la
R. P. on peut même dire qu'il la repousse;
voilb pourquoi, sans contradiction aucune,
ii conserve le statu quo dans les petites
circoriscriplions, n'appelle la représenta-
tion que les minorités d'une certaine impor
tance et maintient la prépondérance des
majorités.
Son but est uniquement de limiter, comme
le demandait déjk M. Pirmez, la prépondé
rance deveriue anormale de certains arron
dissements daas l'orieritation politique du
pays. Pour l'atteindre, il avait deux voies la
première consistait dans le sectionaement de
1 arrondissement en circonsóriptions entre
lesquelles se partagerait le nombre de siéges
reveuant k eet arrondissement. Cette voie-ik
on la lui a fermée, en réclamant l'intégrité
des arrondissements traditioanels. Restait la
seconde, celle, selon l'expression de M. Pir
mez, de l'adoption d'un système de vote qui
même en laissant la circonscription intacte,
fraetionne le réiuitat en accordant aux mino
rités une certaine représentation.
C'est Hi la voie que le gouvernement a
adoptée, et cette solution, qui maintient k la
base le système majoritaire inhérent au
régime parlementaire, ofïre une transaction
honorable aux partisans des deux opinions
qui divisent le Parlement, expression de la
volonté nationale.
Pour les proportionnalist.es comme pour
les partisans de l'uninominal, c'est en même
temps une victoire et une défaite. G'est une
victoire proportionnaliste puisque le méca-
nisme cher k leur coeur est adopté pour con
férer les siéges de prés de ia moitié du
Parlement; mais c'est une défaite, car le
vice primordial inhérent aux grands arron
dissements étant corrigé, l'argument le plus
séduisant pour gériéraliser leur système dis-
paralt, pour ne plus laisser subsister que ses
inconvénients et sor, erreur au point de vue
du régime parlementaire.
Aux autres, satisfaction est donnée par la
prépondérance maintenue un régie majori
taire et par l'intégrité sauvegardée des petits
arrondissements, dont l'existence n'a pas
doriné lieu k des inconvénients unanimement
reconnus.
Les uns et les autres ont pour devoir de se
meüre d'accord en donnarit la solution d'une
question qui n'a que trop divisé la droite
depuis dix ans. et ce terrain d'entente re
parait pouvoir être trouvé ailleui s que dans
le projet du gouvernement.
A ceux de nos amis qui croiraient trouver
la solution en manoeuvrant en vue du statu
quo ou d'une division bornée k l'ariondisse-
ment de Bruxelles,répétons que cette solution
n'en est pas une et quelle ne ferait que re
porter une écbéance fatale dans des circori-
stances plus mauvaises. L'intérêt général du
pays exige du parti conservateur auquel il
s'est confié,que cette question de la réforme
électorale soit enfin close, dót-elle coüter
des sacrifices,
En dehors de critiques de détail que nous
nous réservons de faire valoir, nous nous
r- llioos pleinement aux grandes lignes du
projet gouvernemental, et puisse la concen-
tration catholique se réaliser en cette cir-
constan.ce.
Quant au parii iibéral, en ce qui regarde
au moins ses chefs et ses organes, il est
décidé k ne pas savoir gré au gouvernement
de sauver ses lam beauxil estime qu'impuis-
sant dans les prévisions actuellesk reprendre
jamais le pouvoir, son róle doit se bornerk
détruire, de compagnie avec le partie révo-
lutionnaire. En présence de la campagne
d'éearemenl systématique qui commence, il
n'est pas trop du ralliement de tous les bons
citoyens k une réforme politique juste et
adéquate aux nécessités politiques du pays.
La grève a pris hier matin une grande
extension au Borinage. II n'y avait pas rnoins
de 15,250 grévistes, soit prés de 2700 de
plus qu'hier.
Cette augmentation du chiffre des grévistes
est la conséquence des excitations des me-