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Mercredi 10 Mai 1899
10 centimes ie Nc
34e Annee. N° 3441
REVUE POLITIQUE
Italie
France
La Conférence de Ia Haye
Une injustice
Un incident
a l'Académie fran$aise
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La crise ministcrielle en Italie n'a
pas encore de solution, M. le general
Pelloux est toujours charge de la for
mation du nouveau ministère. Parmi
les nouveaux elements auxquels le
chef du cabinet futur s'est adressé on
cite M. Visconti Venosta, qui a detenu
le portefeuille des affaires étraugères
sous le dernier cabinet di Rudini.
Dans certains cercles on voit dans
l'arrivée de M. Visconti Venosta an
ministère l'indice que ia Papaufé
pourrait être encore invitee a prendre
part au congrès de La Haye.
A Paris, on eompte sur l'arrivée de
M. Visconti Venosta pour arranger les
choses.
Le bruit de la démission de M. de
Freycinet, comme miriistre de la guer
re en France, que nous'enregistrions
Samedi, est deveuue réalité et dès le
lendemain YOfficiel publiait les dé-
crets présidentiels nommant M.
Krantz, ministre de la guerre el M.
Monestier aux travaux publics.
La plupart des journaux républi-
cains modérés déplorent le manque
d'égards dont M. rle Freycinet a etc
l'objet de la part de 1 extreme gau
che, et qui, a les entendre, justifie
plainement sa démission. Ilsestiment
que le parti avancé n'a remporté
qu'une triste victoire.
En revanche, les organes radicaux
et socialistes témoignent leur satis
faction. lis croyent qu'il est impossi
ble an successeur de M. de Freycinet
de conservcr le portefeuille s'il ne
marcbe par franchemenf dans le sens
de la revision de I'affaire Dreyfus.
Quelques journaux, notamment
Echo de Paris et le Radical, voient
dans la démission de M. de Freycinet
l'indice de la chute prochaine du cabi
net Dupuy.
La Gazette de France assigne a la
démission de M. de Freycinet les rai-
sons suivanles
Les journaux reproduisaient ces
jours derniers une declaration de M.
Esterhazy, affirmant que le gouver
nement avait fait auprès de lui des
demarches pour l'aehatde ses papiers.
Le fait quoique démenti par les feuil—
les officieuses était parfaitement exact,
dit la Gazette.
Les demandes en question avaient
élé effectuées par ordre de MM. Charles
Dupuy et Lebret sans que M. de Frey
cinet en cut été informé.
En apprenant la chose, le ministre
de la guerre se montra trés irrité et
déclara qu'il saisirait le premier pré-
texte pour s'eu aller.
Ce prélexte lui a été fourni par la
séance de Samedi et M. de Freycinet
est parti comme il l'avait annoncé.
Le départ de M. de Freycinet ne
pouvait seproduire sans que la Cham-
bre des députés n'intervint dans la
question, aussi a-t-elle profité de la
séance d'hier pour soulever un débat
qui n'a eu d'autre conclusion que le
vote d'un ordre du jour favorable au
ministère.
Toutefois celui-ci ne doit pas re-
garder les 444 voix qu'il a recueillies
comme un vote qui le consolide. La
Chambre n'a pas voulu le renverser
sur la retraite de M. de Freycinet,
voila. Elle le renversera peut être sur
autre chose, domain ou dans huit
jours.
A mesure qu'approche la date de la
Conférence pour le désarmement, le
sentiment des milieux politiques a
legard de la noble initiative du Tsar
se précise plus nettementles écri-
vains, les penseurs, les hommes d'Etat
les plus renoinmés publient dans les
grandes revues des articles oü il y a
plus cl'une indication précieuse, indi
cations peu encourageautes pour les
amis de la paix, il faut bieu l'avouer;
car, en général, elles trahisseut bien
plus le souci des petites questions
d'intérêt présent, les bas soupQons et
les rivalités égoïstes, que le désir sin-
cère d'atteindre l'idéal qui allégera les
peuples du lourd fardeau des arme-
menls.
Même en Angleterre apparait,
aujourd'hui, une mauvaise arrière-
pensée, a savoir que le Tsar n'aurait
poursuivi qu'un hut caché en propo-
sant la réduction des etfectifs de
guerre celui deréaliser sur le budget
de l'Empire des économies lui permet-
tant d'augmenter ses ligues slraté-
giques, de prolonger le grand transsi-
bérien jusqu'a lTnde et le golfe
Persique et de menacer ainsi l'influ-
ence anglaise.
Les journaux et revues britanni-
ques font remarquer ironiquemeut
qu'il n'est guère d'un pacificateur
d'avoir augmenté l'effectif militaire a
la conscription d'octobre et de noveru-
bre comme ceia eul lieu en Russie,
d'avoir consacré cinq millions a ren-
forcer Port-Arthur et Talien-Wan,
d'inquiéter la jalousie maladive de
l'Angleterre par des lignes stratégi-
ques qui ont fait allouer 109 millions
sur des 397 millions de sou budget au
prince Hilkoff, ministre des voies de
communication.
Con venons que ces coincidences
sont facheuses; ce qui Test plus et
devient presjue de l'iuconséquence,
c'est l'augmentation de la flotte depuis
le lancement du manifeste et aussi la
continuation des persecutions, sous
l'instigation du prince Galitziu, contre
les Dukhobortsi, cetle seete dont le
comte Tolstoï est le grand défenseur,
mais que le gouvernement russe pour-
suit sans répit,,.. paree quelle prêche
la paix universelle et refuse le service
militaire.
Comment aussi, dans eet ordre
d'idées, ne pas citer le fait plus grave
encore du coup de force gouvernemen-
talqui, en incorporant la Finlande a
l'Empire, en lui supprimant sa Con
stitution, en faisaut entrer ses habi
tants dans l'armée russe, tend a aug-
menter dans une forte proportion ces
elfectifs qu'on propose, d'un autre
cöté, d'amoindrir
On ne sauraif nier que l'idée du
Tsar se serait présentée a la Confé
rence de la Haye avec plus d'autorité
si le gouvernement russe avait prêché
d'exemple bien mieux, s'il résolvait
pratiquement le problëme soumisa la
Conférence de la Haye.
Sous ce titre, Le Progrès écrit un article
qui vise k être méchant, k propos d'une no
mination dans l'ordre judiciaire.
Nous ne voulons pas répondre k tout ce
que eet article rerderme de basses personna-
lités k l'endroit du candidat nommé et de son
honorable familie.
Bornons nous k constater que M. Bouquet
avait tous les litres voulus, que notamment
il est docteur en droit depuis 1882, qu'il a
pratiqué comme avocat pendant plusieurs
années et qu'il remplissait les fonctions de
greffier-adjoint depuis prés de six ans.
Nqus ne voulons pas contester les titres
de son concurrent mais il doit nous être
permis de constater que si celui-ci avait le
nombre d'années exigées par la loi pour
pouvoir être nommé greffier, le titre de doc
teur en droit vaut k lui seul ce nombre d'an
nées, au point de vue légal.
Nous approuvons hautement le choix du
gouvernement et nous félicitons cordiale-
ment M. Bouquet de sa nomination.
L'Académie se prépare k blkmer avec une
certaine solennité son plus récent élu, M.
Henri Lavedan qui fait figurer sur les affi
ches du Vieux marcheur son titre d'académi-
cien.
Voici une courte interview avec M. Emile
Ollivier, qui s'est chargé de la mission désa-
gréable d'attacher le grelot
Je me propose d'intervenir k la séance
du 17 Mai, lors de la discussion des titres,
pour signaler k mes collègues le procédé
qu'emploie un de nos plus jeunes membres,
contrairement aux usages les plus respectés
de notre compagnie.
Jamais aucun académicien n'a fait suivre
son nom, sur une affiche de spectacle, de la
mention de son titre d'académicien. Tous,
mème ceux de nos prédécesseurs qui hono-
rè.ent le plus l'assemblée ont reconnu ce
principe. A la Comédie Fran^aise, qui est
cependant théatre d'Etat etc., dont le carac-
tère classique fait, pour ainsi dire, une mai-
son amie et alliée de l'lnstitut, jamais le nom
d'un auteur n'a figuré avec celui de notre
compagnie ni Scribe, ni personne de noua
n'employa pareil moyen de réclame.
Je ne fais nullement une querelle de per
sonne. J'aime d'ailleurs beaucoup M. Henri
Lavedan. Mais je constatenous constatons
tous, car l'opinion est unanime que le
premier qui usa du procédé, est un jeune
écrivain élu quoique fortemeril discuté, et qui
n'a même pas encore le droit de siéger
puisqu'il ne vient pas k nos séances et n'est
pas officiellement repu.
Enfin, nous constatons que l'ceuvre qui
est ainsi présentée au public par un acadé
micien contient, passez moi l'expression, des
passages ignominieux. Je ne me permets pas
de discuter la valeur de cette oeuvre, et M.
Henri Lavedan peut, k son gré, faire les pièces
qu'il lui convient. Mais j'estime que l'Aca-
démie franpaise a le droit de rappeler k ce
jeune confrère qu'il viole tous les principes
et ne doit point user de son titre d'académi-
cien ainsi que d'une réclame et d'un appel au
public. Au jour de sa réception d'ailleurs,
l'honorable écrivain chargé du discours sau-
y