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CHROMIQUE LOCALE
Samedi 3 Juin 1899
10 centimes le N°.
84e Année. IV0 «3448
REVUE POLITIQUE
Lc projet sur les
associations en France
Assurances et monopole
en Suisse
Une bonne le$on
La Libertè et le Progrès
Pêche
B
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La commission du droit, dissocia
tion s'est réunie mercredi.
Son président, M. Sarrien, lui a fait
part des démarches qu'il avait ac-
complies, tant auprès de M. Charles
Dupuy que du président du Conseil
d'Etat a l'effet d'être renseigné sur
l'époque probable a laquelle le projet
sur les associations serait déposé a la
Chambre par le gouvernement.
II résulte de la correspondance
échangée que le projet sera trés pro-
chainement soumis a la Chambre.
Le Conseil d'Etat s'est réuni le 30
mai, et s'est réuni encore le 31, en
assemblée générale pour examiner le
projet revu par la section de la légis-
lation.
Incidemment, ie vice-président du
Conseil d'Etat a fait savoir dans sa
lettre que le texte du projet élaboré
par le Conseil d'Etat, n'était nulle-
ment conforme a celui que la plupart
des journaux ont reproduit. (Natu-
rellement, puisqu'il a été modifié
dèpuis.)
La Commission s'est ajournée jus-
qu'au moment oü elle recevra le pro
jet de loi.
Des projets d'assurance contre la
maladie et les accidents sont soumis
aux Cham bres fédérales.
Pour faire face aux dépenses, le
gouvernement fédéral a imaginé de
recourir au monopole du tabac.
Mais le monopole du tabac jouit
d'une impopularité notoire. Alors?
Le Conseil fédéral a élaboré une de
ces combinaisons auxquelles se plait
son ingéniosité il fera profiter les
cantons d'un quart du produit du
monopole nouveau.
Voici, en effet, le langage qu'il
tient aux Chambres dans son rapport
sur la situation financière (traduisons
fidèlement, quoique en laDgageda-
milier): Mes amis, commencez par
me faire un plaisir: votez les assu
rances ouvrières. Cela fait, nous
aviserons a trouver l'argent. Pour le
trouver, nous créerons une nouvelle
source de reven us en instituant le
monopole du tabac. Et comme ce
monopole ne vous sourit guère,
nous déciderons que le quart de son
produit net sera réparti entre les
cantons, au prorata du chiffre de
leur population, et a charge par eux
d'affecter cette manne fédérale a
l'amélioraiion de l'école primaire.
Ce qui rassure apparemment le
Conseil fédéral, c'est que les cantons
aiment fort qu'on leur offre de l'ar
gent ne leur a-t-on pas fait accepter
le monopole de l'alcool en leur ré-
servant une part du produit
L'appat d'un quart du produit du
tabac sera-t-il assez fort, pour vaincre
les répugnances que soulève le mo
nopole Et les cantons voudront-ils,
en acceptant les subventions fédé
rales [pour l'enseignement primaire,
ouvrir la porte a l'ingérence du pou
voir fédéral dans ce domaine
Ne peut-il pas bien plutót arriver
que l'impopularité du monopole du
tabac rejaillisse sur les assurances
Ou encore, que le peuple adopte les
assurances et rejette le monopole
Que dev iendrait alors la combinaison?
Le Peuple, la Chronique
et le XX" Siècle
Deux families ouvrières onl été expulsées
par leur propriéiaire au pays de Landen, et
ont dü coucber k la belle ótoile. L'une des
deux mères de familie s'est accouchée ainsi,
sans secours et sans soins on dit quelle en
mourra.
Le Peuple s'en prend k l'infkme société
capitaliste.
La Chronique lui fait la legon en ces ter
mes
Mais oil le Peuple a tort,dit la Chroni
que, c'estquand il dit que la société capi
taliste aura un assassinat de plus k son
actif
II n'y a lk qu'un fait de barbarie tout
personnel.
o Si un des collaborateurs de la Maison
du Peuple ou de son journal commettait un
vol, un meurtre, le Peuple admetlrait-il que
l'on mlt cel assassinat a l'actif des socialis-
tes
C'est parfaitement raisonné, écrit le XX*
Siècle, qui administre k son tour k la Chroni
que ce qu'elle mérite
Le Peuple traite la société capitaliste
comme la Chronique traite l'Eglise. 11 lui
endosse les méfaits de tous les bourgeois,
comme la Chonique accable tous les petits
frères du scandale donné par l'un ou l'autre
membre de leur Congrégation. La Chronique
tire des scandales la conclusion que le chris-
tianisme détraque les consciences et qu'il faut
détruire sans retard cette doctrine immorale.
Le Peuple prend les mêmes conclusions con
tre la société capitaliste. C'est bien fait. Et
les libéraux n'ont pas fini d'étre battus par les
verges que leurs mains ont plantées.
Le Progrès aimait beaucoup La Liberté,
autrefois.
Nous parions du Progrès d'Ypres et de La
Liberté de Bruxelles, bien entendu.
Aujourd'hui ce n'est plus que fortrare-
ment que le Progrès emprunte un article d
La Liberté. Son numéro du il Mai dernier
renfermait un extrait d'un article de M. Paul
Hymans, rédacteur en chef de la feuille doc
trinaire bruxelloise, k propos de la retraite
des gauches. On devine que La Liberté
approuvait cette mesure et qu'elle trouvait
intolérable le projet du gouvernement.
Anjourd'hui La Liberté ne voit pas sans
appréhensions les alliances se conclure entre
socialistes et libéraux. Elle donne une lepon
utile au Progrès et aux doctrinaires Yprois,
en écrivant les paroles suivantes que nous
dédions k nos adversaires locaux
Ah s'il s'agissait uniquement de se livrer a
une discussion purement théorique sur ce que
pourrait et devrait être un système de suffrage
idéal!
Mais ce que l'on veut, c'est poser devant le
pays la queation d'une nouvelle revision consti-
tutionnelle, on veut nous faire coopérer au ren-
versement de l'édifice que d'autres ont édifié
parmi lesquels lesdémolisseurs d'aujourd'hui.
Voila bien la question.
Or, après l'expérience decisive de la dernière
revision constitutionnelle, il ne saurait y avoir
d'hésitation pour tout homme sensé le pays ni
le libéralisme ne róclament semblable campag
ne.
A ce point de vue, la résolution du Congrès de
Louvain après d'autres d'ailleurs éclaircira
la situation. Geux qui cro'ront encore pouvoir
conclure des alliances, sauront qu'en le faisant
ils sacriflentquelque chose de l'intégritódu libé
ralisme beige.
Mais, dira-t-on - et c'cst un argument dont on
abuse, vous voulez done favoriser les cléri-
caux ce sont eux qui vont profiter de votre in-
transigeance on ferait mieux de dire de l'In-
transigeance socialiste.
Erreur
La démonstration en a été faite dans la Libertè
sans qu'on ait essayé d'y répondre. Toute coali
tion entre deux partis se résout en fait par un
accroissement du chiffre des voix del'adversai-
re commun. Ghaque fois que les libéraux et les
socialistes se sont unis et notamment a Huy et
Waremme, aux dernières élections législati-
ves.il y a eu un déchet dans le montant des votes
non cléricaux.dont leurs adversaires ont profité.
S'il a été insuffisant Huy pour modifier l'issue
du scrutin, a Waremme il a été dicisif en faveur
de la liste cléricale. L'alliance aboutirait en fait
a livrer tous les arrondissement douteux au par
ti cléi'ical. Or,ce sont ceux-lè quitiennent lesort
du gouvernement en leurs mains.
Dans un article intitulé Chronique lo
cale», La Lutte critique tous les travaux
exécutés par l'administration catholique,
sous prétexte que l'on a banalise le plus
possible notrejolie ville.
Imaginez doneDimanlèlement de la porte
du Temple, enlèvement de la psmpe du Mar-
ché au beurre, comblement partiel du fossé
gauche prés de la Station. Enfin, horresco
referensdémolition exécutée ces jours-ci
il la vapeur de la minque du Marché
au Poisson et de la purtie adjacente a celle-ci.
A la vapeur! Cela a done marché vite
Un bon point pour les ouvriers de la ville,
accusés si souvent de travailler trop lente-
ment.
Pour le malheur du rédacteur de La Lutte,
tout le monde approuve les travaux exécutés
en vue d'agrandir le Marché aux Poulets et de
taciliter la circulation aux environs de cette
place.
On a démoli, il est vrai, le pignon de la
minque et la partie adjacente qui n'avaient,
ni l'un ni l'autre,la moindre valeur artistique.
La porte avait certain kge un siècle et
quelque chose mais tout ce qui est plus
ou moins vieux n'est pas plus ou moins beau.
S'il fallait suivre les idéés de La Lutte, il
ne faudrait jamais rien démoliril aurait
raême fallu laisser debout les maisons démo
lies, sous prétexte qu'elles étaient anciennes
et qu'elles donnaient au Marché aux Pou
lets un cachet de vétusté.
Nous ne sommes point de eet avis. Le
commerce et la circulation ont leurs droits
aussi, et si une vieille pompe, sans goüt,
ou une ancienne porte de mauvais goüt les
gênent, il faut chercher k remédier k la
situation.
La minque sera du reste remplacée par un
joli batiment dont la construction et ie coüt
seront votés aujourd'hui.
Ce sera du nouveau, il est vrai, et l'auteur
de l'article de La Lutte n'aime pas le nou
veau. 11 parle même trés humoristiquement
des deux maisons de santé. Pensez done
dit-il, deux belles maisons de santéLe
luxe qu'on y déploie et qui parait entrer fort
dans les goüts de nos édiles tendrait presque
a faire supposer qu'ils s'y réservent des appar-
têments pour plus tard.
L'amour du vieux peut conduire lk aussi,
chère Lut/e.Nos édiles pourraieDt done avoir
de la compagnie dans leur future résidence.
Mais ils aimeraient sans douteautant nepas
jouir de celle de votre correspondent, qui
n'est pas plus agréable qu'il ne faut, même
dans ses moments de folie gaité.
Nous apprenons qu'ensuile d'une résilia-
tion de bail la presque toialité des eaux de
la ville pouira être nose k la disposition des
pëebeurs k ia ligne.
Les amaleurs pounont s'en donner k
ceeur-joie.
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