E Mercredi 7 Juin 1899 10 centimes Ie N°. 34fl Année. N0 8449 France La cession des Carolines La Conférence de la Paix Au Transvaal Le projet de loi électorale en Section centrale Duperie On s'abonne rue au Beurre, 36, k Ypres, et tous les bureaux de poste du royaume. Le JOURNAL D'TPRRS parait le Mercredi et le Samedi. Le pril de l'abonnement, payable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fln Décembre. Les articles et communications doivent être adrossés franc de port a l'adresse oi-dessus. Les annonces coütent 15 centimesla ligne. Les réclames dans la corps du journal coütent 30 centime» la ligne. Les insertions judiciairea, 1 franc laligpo. Les numéros supplé- mantaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgiqua (excepté les 2 Flandros) s'adresser 4 l'Agence Havas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et 4 Paris, 8, Place da la Bourse. L'arrêt de la Cour de Cassation Noslecteurs se rappelleront qu'après l'arrestation et le suicide d'Henry, le Journal d'Ypres a écrit que la revi sion du procés Dreyfus s'imposait, même dans l'hypothèse oü Ie condam- né était coupable. Nous avons dit les raisons de cette appreciation. L'arrêt, que la Cour a rendu Samedi et qui casse etannule la condamnation de Dreyfus, ne nous étonne done pas. La Cour se base d'abord sur ce que la pièce secrète «cette canaille de D...» avait été communiquée au eonseil de guerre et, visaut Dreyfus, a pu pro- duire de l'impression sur les juges ensuite sur ce que le eonseil de guerre a ignore que le papier du borde reau et eelui de la letlre du 17 Aoüt 4894 présentaient la plus graude si militude. Or la lettre du 17 Aoüt 1894 émane d'un autre officier que Dreyfus. La Cour estinae que les propos te- nus par Dreyfus le 5 Janvier 1895 devant le capitaine Lebrun-Renault ne sont pas de nature a écarter les conditions exigées par la loi pour qu'il y ait lieu a revision, parce que.comrne certains autres faits, ils sont posté rieurs au jugement. Cet arrêt nous semble bien rendu en fait et en droit. L'affaire est ren- voyée devant le conseil de guerre de Rennes. Dreyfus sera done jugé par ses airs et cette fois, espérons-le, régu- ièrement. Mais si le conseil de guerre n'est pas saisi de nouvelles preuves que celles résultants des pièces ci-des- sus, il est a présumer que Dreyfus sera acquitté. Juif ou chrétien, Dreyfus a le droit d'être jugé avec impartialité. S'il est coupable, il doit être puni, s'il est in nocent, son innocence doit être pro- clamée bien haut et le chütiment ré servé a ceux qui lont fait condamner innocemment en 1894, s'il est établi qu'ils ont agi de mauvaisefoi oh même par imprudence ou négligence. M. Dupuy, président du conseil en 1894 et qui occupe les mêmes func tions aujourd'hui, pourrail bien sup porter, avec le général Mercier, alors ministre de la guerre, une partie des respousabilités. Qui vivra verra. Les événements de France préoc- cupent beaucoup les esprits. Après l'aigarade d'Auteuil, le con seil des ministres s'est réuni et les me- sures qu'il a prises semblent faire ad- mettre qu'il va user de représailles. C'est sur des officiers supérieurs, plus ou moins engagés daus l'affaire Drey fus, que MM. Dupuy et Krantz dé- chargent leur colère. Ce quine servira qua jeter de l'huile sur le feu. Zola est rentré Paris, vingt jours avant que Dreyfus ne rentre en France. Tout cela fait présager une série de journées trés chaudes. La séance de Lundi, au Palais Bour- bon, a été l echo des émotions de la veille. Un député a encouru la censure avec expulsiou. Et les radicaux, apeu- rés, ont invité le gouvernement a prendre des mesures énergiques con- tre les «ennemis de ia République Un peut déja s'attendre a voir ceux qui ont été arrêtés Dirpapche soumis a une longue détention préventive. La Chambre a voté l'ajournement des poursuites contre le général Mer cier, en dépit des efforts de la gauche socialiste pour les obtenir sur l'heure. Elle a voté aussi l'affichage de l'arrêt de la Cour de cassation dans l'affaire Dreyfus. Le discours du tróne, a Couverture des Cortès espagnoles, rappelle les douleurs, et les maux de la patrie, dont il faut tirer expérience. Mais le recueillement et le silence sont préfé- rables aux plaintes. La Régente dit qua la suite de vives difficultés parle- meutaires et de changements minis- tériels, elle a ratifié le traité de paix selon Partiele 54 de la Constitution. Le gouvernement antérieur a estimé qu'il ne convenait pas de garder les Carolines, les Palaos et le reste des Mariannes. II a signé avec l'empereur d'Allemagne une convention cédant ces territoires. Le projet sera soumis immédiate- ineut aux Cortès. Voila une nouvelle sensationnelle qui certainement préoccupera vive- ment les chancelleries. II y a quelques mois, immédiatement après la guerre, il avait, en effet, été question de pour parlers entre l'AHemagne el l'Espagne au sujet de la cession des Carolines mais aucune confirmation officielle u etant venue mettre cette question en évidence, on n'y avait pas attaché une extréme importance. 11 est évident que Cespagne, ruinée, affaiblie, a tout intérêt a se défaire de ce qui lui reste de colonies qui si pen importantes soient-elles, nécessitent des dépenses extraordinaires. L'AHe magne, d'autre part, s'efforce depuis plusieurs années d'acquérir un empire colonial. Toute la politique allemande, a l'beure actuelle, eonsiste a favoriser l'expensioii coloniale qui, seule, peut mettre l'Allemague sur un pied d ega- lité absolue avec 1 Angleterre et la France au point de vuede l'influence extérieure. Cette vente des colonies espagnoles est done logique. La commission de l'arbitrage conti nue la discussioji des projets russe et anglais. 11 y a aussi un projet italien mais ce n'estguère qu'un amendement au projet russe. Ce dernier prévoit le cas oü deux puissances s'engageront a recojirir a l'arbitrage pour un cas particulier ou l'ensemble de leurs contestations possibles mais elles choisiront des arbitres selon certaiues régies édictées par le projet. Au con traire, le projet anglais prévoit la eréation d'un tribunal permanent d'arbitrage ayant un bureau central permanent qui conservera Torgani- sation nécessaire pour que le tribunal puisse se réunir dès qu'un litige se produira entre des puissances ayant contribué a ia constitution de ce tri bunal. Chacune de ces puissances dé- signera deux membres. On voit qu'il n'y a pas de divergence essentielle entre ces deux projets, celui des An glais donnant un caractère plus pra tique et plus réalisable aux principes mis en avant par la Russie. L'entrevue anglo-transvalienne de Bloemfontein On a fait courir veridredi des bruits alar- mants sur la situation de l'Afrique du Sud. On disait que pour appuyer d une force ma- térielle l'autorité de son négociateur k la conférence de Bloemfontein, l'Angleterre avait ordonné une mobilisation de ses forces dans la colonie du cap. Cette nouvelle a été démentie. Aussi bien, comme des mouve- ments de troupes considérables ne peuvent pas passer inaperpus, si de tels mouvements avaient eu lieu, on les aurait constatés sur place. Or, aucune dépêche venant de l'Afri que du Sud ne les a signalés. La nouvelle de cette mobilisation a été lancée seulement en Europe. 11 convierit d'ajouter que l'Angleterre, si elle voulait agir par la force, en ce moment, sur le Transvaal, ne le pourrait pas. Elle n'a pas plus de dix mille soldats dans le Sud-Afrique, et une campagne contre le transvaal demanderait au moins trente mille hommes. L'annonce des préparatifs belliqueux de l'Angleterre a eu pour contre-partie toute naturelle la publication des moyens de défense dont le Transvaal pourrait disposer. On a écrit que quarante mille Afrikaanders venaient d'offrir burs fusils h M. Krüger. Con me ces quarante mille volontaires, s'ils existent, sont éparpillés sur une étendue trois fois grande comme celle de la France, comme ils ne se sont pas réunis, comme ils ne se sont pas concertés, ils n'ont pu rien offrir du tout h M. Krüger et ilsseraient sans doute bien étonnés d'apprendre que des nouvel- lis.tes d'Europe ont si délibérément disposé de leurs carabines. Ces rumeurs contradictoires et tendan- cieuses doivent être mises au panier des fausses nouvelles. II n'y a qu'une chose de positive, c'est que M. Krüger est en conver sation dppuis vendredi avec sir Alfred Milner, le haut commissaire britannique, et que l'ac- ceptation par M. Krüger d'une telle entrevue est une faute. En effet, ou bien M. Krüger ne fera pas plus de réformes après la conférence qu'il n'a voulu en faire avant, el les impérialistes anglais ne manqueront pas de dire Vous voyez que le Transvaal est incorrigible. Toute tentative de conciliation échoue. 11 n'y a rien h attendre que de la force. Ou bien M. Krüger fera après les réformes qu'il a refusées avant et il n'en aura pas le béné- fice moral. On croira qu'il a cédé h la pres- sion de l'agent britannique. C'est celui-ci qui sera remercié. C'est done une démarche dangereuse, quoi qu'il ai^iye, qu'ou a fait faire h M. Krüger eu l'envoyant h Bloemfontein. Les amis sin- cères que le Transvaal compte en Europe auront sans doute h en déplorer les résultats. La section centrale a terminé Samedi ma- tin sou examen du projet de loi électorale du gouvernement. La discussion générale a été reprise sur les amendements de M. De Trooz, qui ont été adoptés dans leur ensemble par 4 voix (MM. Bilaut, Tack, Srioy et De Trooz) contr e 3 (MM. Woeste, Vandervelde et Helleputte). La section a adppté ensuite par les mêmes votes et sans longue discussion les autres ar ticles du projet de loi. (Dédié au Progrès) Nous dédions au Progrès et h messieurs les libéraux d'Ypres qui put voté le S. U. et la R. P., l'article suivant que nouseraprun- tons h La Liberté, une ancienne amie du Journal doctrinaire yprois. Sous peine de voir avorter leur campagne contre le projetgouvernemental, les partis d'op- position auraient dü se borner a combattre la proposition gouvernementale. C'était l'occasion ou jamais de mettre decóté ses aspirations parti- culières, en vue d'unir ses efforts pour faire échec au gouvernement. i L'action protestataire, la résistance pour être efficace et puissante, eut dü être une et elle

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1899 | | pagina 1