L/affaire Flamidien et les
journaux libéraux d'Ypres
O Van den Peereboom
Encore l'abbé Daens
ves ne sont pas perdues, qu'on s'am.tsse un
trésor de mérites pour quelque vie future,
en endurant la douleur avec dignité.
C'est done avec une entière bonne foi que
je dis It mon fils, ses camarades, k toutes
ces chères petites filles en blanc qui sem-
blent si heureuses de descendre les marches
des églises dans leur livrée de parfaite pureté
Mes pauvres erifants, presque tous, k
cette heure, vous avez une foi, peut-être un
peu enfantine, mais qui correspond merveil-
leusement par ses promesses, aux plus se-
crèles aspirations des hommes et des femmes.
Tdchez de la garder
M. Hugues Le Roux ajoute
Que si vous n'avez pas le lemps de
penser par vous-mêmes si voire cerveau
est un peu rebelle aux spéculations pures
eb bien, croyez moi, tenez vous en d la
morale qui vous met en blanc aujourd'hui
Dépouillée de ce que les homuies y ont
ajoutë de passion ou de politique, elle suffit
k nous faire passer de ce siècle dans l'autre.
Et j'ai comme une idéé qu'elle fera bonne
compagnie aux soeiétés disciplinées, long-
temps dans la durée, bien au delk de nous.
Voilk ce que je dirais k nos fils. II y a un
mot k ajouter tout exprès pour les filles
celui-ci
Vous avez raison de vous réjouir, mes
petites, et vos parents avec vous, paree
qu'aujourd'tiui vous vous sentez toutes pures
et blanches dans vos coeurs comme dans vos
habits. Le roman de la pureté, voyez-vous,
c'est toute l'histoire de la femme, c'esl son
secret, c'est son attrait, c'est son charme, le
seul qui jamais ne lasse.
Si un jour, dans quelques années, vous
voulez remettre votre voile blanc et,
grandies, müiies pour le devoir de la vie,
remonter les marches de ces autels pour y
contracter des engagements décisifs, il faut
que vous entreteniez la pureté dans votre
eoeur. C'esl elle qui est conservatrice de la
vigueur des races et de l'ardeur des kmes.
Elle seule mérite de présider aux sentiments
éternels.
Nosjournaux libéraux, Le Progrès,
La Lulte et le Weekblad annon-
cent l'arrêt de Douai qui a rendu le
Frère Flamidien a la liberté.
Mais tandis que les deux premiers
n'ajoutent aueun commentaire ce
qui est, rigoureusement parlant, leur
droit le Weekblad croit devoir
ajouter que l'arrêt a cause de la sou-
prise dans tous les partis.
Nous protestons coatre cette alléga-
tion. Dans le parti catholique, tout le
monde e'tait convaincu de Finnocence
du Frère et s'attendait a voirprocla-
mer cette innocence.
En voulez-vous la preuve et en
même temps la demonstration de la
nonculpabilité du Frère Flamidien
Lisez l'article suivant de/a Croix du
JSord
En somme, que s'est-il passé k Douai?
o La Chambre des mises en accusation
avait k se prononcer sur l'oeuvre du Parquet
de Lille chargeant le Frère Flamidien de
l'assassinat du petit Foveaux.
Api ès un premier examen, les magistrals
éminents qui composent cette Chambre trou-
vèrent que l'iristruction de M. Delalé était
nulle et avait été conduite contrairement aux
lois.
Ce fut, dans les journaux sectaires, un
concert de iécriminations. Cette Chambre
est composée de «calotins dirent ils son
autorité n'est pas sufiis.>nte. Et ils réclamè-
rent eux mêmes, pour l'examen du nouveau
dossier de l'affaire, la réunion de deux Cham-
bres en une, si bien que onze magistrals au
lieu de cinq seraient chargés de se pronon
cer.
C'était légal, mais extraordinaire, inouï
jusque Ik k Douai.
Le procureur général de Douai et le pre
mier Président de la Cour crurent bon
d'obéir aux réclamations de la presse anti-
flamidienne, et ils décidèrent qu'k la Cham
bre desmises en accusation ordinaire serail
jointe la Chambre des appels correctionnels.
Les journaux sectaires avaient done le
j tribunal qu'ils avaient eux-mêmes demandé.
Leurs vceux étaient satisfaits.
11 semblait done qu'après cela ils dussent,
eux el ieurs fidèles, s'incliner avec respect
et soumission devant un arret rendu par le
tribunal de leur choix.
On a vu comment ils l'ont accueilli.
Mais ce n'est pas lout.
Ces onze magistrats se sout trouvés en
face de deux oeuvres
L'oeuvre de M. Dulalé bomologuée par
M. Tainturier un énorme dossier de 600
pièces, parait-il
El l'oeuvre de MM. Chesnelong et Divi-
meux, avocats de l'accusé.
Ils ont jugé en une seule séance qui dura
plus de six heures, mais ils avaient eu le
loisir préalablement, durant plusieurs jours,
de compulser isolément les deux oeuvres, de
les examiner k Iroid, et d en peser le con-
teuu.
Etqu'ont-ils décidé
lis ont décidé que MM. Chesnelong et
Devimeux avaient raison et que MM. Taintu
rier et Delalé s'étaient colossaiement trom-
pés.
Lk est la vérité, ont ils dit, ici est l'erreur.
Or, que disait on ld? Quelle était la thèse
des deux éminents avocats?
C'est ici que cela devient intéressant.
Dans leurs Mémoire, les avocats n'invo-
quent que sccondairement 1 iudéniable Alibi
établi parle Frère Flamidien et p u dinnom-
brables témoignages.
Its vont plus loin et prouvent davanlage.
Ils prouvent d'une manière ir refutable qu,
lassassinat n'a pu être commis le Dimancne
et qu'il remonte au Mardi ou au Lundi soir
au plus tót.
Conclusion naturelle le crime n'a pu avoir
pour thédtre l'établissement de la Munnaie
Et sur quoi s'appuient ils pour affirmer
que le crime est postérieur au Dimanche
Sur deux bases que nos adversaires ont
moins que tout autre ie droit de ccntester
sur les eonstatations faites k l'autopsie par le
médecin-légiste lui même, et sur lesdonnées
les plus certainesde la science médicale.
La Science saluez, Messieurs, vous qui
ne croyez qu'en elle
Quant k M. le docteur Castiaux, irez vous
dire aussi qu'il est vendu au cléricalisme
En tout cas, la décision des onze magis
trats réclamés par vous estlk.
Appelés k se prononcer entre les conclus
ions du dossier de M. Delalé et celles du Mé
moire des Avocats, ces juges n'ont pas ba-
lancé ils ont donné raison k ce dernier.
Done, l'assassinat n'a pas eu lieu le Di
manche.
Done, le crime n'a pas été commis dans
l'établissement des Frères.
Etquisqu'on ya trouvé le cadavre c'est
done qu'on l'y a apporté.
II n'y a pas k sortir de lk.
Et ce n'est pas encore une fois, un simple
juge destruction qui a prononcé dans ce
sens.
Ce n'est pas un Jury d'Assises composé
d'hommes impressionnables, susceptibles
d'ètre séduits par l'éloquence, d'un avocat,
d'obéir aux entrainements de la passion ou
d'être intimidés par les clameurs du dehors.
Ce sont onze magistrats demandés par
vous, nommés par votre gouvernement,
désignés selon les lois, et chargés extraordi-
nairement d'examiner cette cause extraordi
naire.
Voilk le fait.
Et ce ne sont pas vos clamours, ni vos
menaces, ni vos violences, ni vos émeules
subventionnées qui le détruiront.
Ce fait reste acquis, acquis devant l'opi-
nion impartiale qui raisonne autrement qu'k
coups de cailioux et de sifflels, acquis devant
l'histoire si elle s'occupe jamais de eet abo
minable forfait.
L'illustre Institut du Bienheureux de la
Salie cette humble mais vaillante pha
lange d'éducateurs du peuple, qui s'occu-
paient déjk k instruire les petits lorsque
votre Voltaire el ses disciples disaient que
le Peuple n'est bon qu'k manger du foiu
cette pnalange de héros modestes, dis-je,
qu'on a vus, dans toutes les calamiïés de la
Patrie, aux avant postes du dévouement et
du sacrifice, cette phalange est pure de la
souillure et du sang que vous avez voulu
jeter sur elle
Et les impurs el les meurtriers, oü sont-
ils
La règle du Droit répond chez ceux a
qui le crime profite
La Patrie de Bruges a donné deux
explications de l'origine du fameux
O F an den Peer ebooni. En voici une:
Que les souvenirs se perdent rapidement,
nous écrit un ami, et que les légendes se
créent vtte
11 est trés vrai que le célèbre O Van den
Peereboom! a une origine cléricale, mais ni
la Gazette ni 1 'Escaut ne donnent ia véritable
version.
La vérité, la voici
Lorsque M. Alphonse Van den Peereboom
devint bourgmestre d'Ypres, il se trouvait
revêtu du commandement du corps des
pompiers de la ville d'Ypres.
Les deux charges élant incompatibles, le
capnatne lut oblige de se démettre et de
pendre le casque au croc.
Mais comme jamais personne ne s'eutendit
mieux k soigner sa popularité, d'ailleurs trés
téelle, le commandant se résolut k descendre
du pouvoir... avec pompe et k renouveler
au profit de ses frères d'armes les célèbres
adieux de Fontainebleau. Le corps des pom
piers fut done assemblé el M. Van den
Peereboom (Alphonse) lui adressa un ordre
du jour émouvam dans lequel on lit les pas
sages survants
J'aimais, du fond du coeur, mes bons, mes
braves, mes dévoué.s pompiers; pendant seize
ans j ai vécu au milieu d'eux. comme un père
au milieu de ses enfants chéris.
J'espérais mourir pompier! Durant seize ans
je n ai eu ni déboires, ni chagrins, comme com
mandant du corps; la seule peine que j'ai
éprouvée sous 1 uniforme, est celle que je res-
sens aujourd'hui en le quittant.
Je résumé ma pensée et l'expression de
mes sentiment en disant que, sous I'uniforme
brodé de bourgmestre, restera et battra le cceur
de rancieucapitaioe commandant du corps des
sapeurs pompiers.
Quand, vers la fin de 1861, M. Alphonse
Van den Peereboorn fut nommé ministre de
i'intérieur, ia Patrie réédita le célèbre
ordre du jour qui eut un suceès fou. La
presse sen ébaudit pendant longtemps et
FloiOsquarr, dans sa célèbre revuevaude
ville Btuxelles sens dessus dessous, mit en
scène le fameux 49® et dernier ordre du
jour, de Dupoirier.
La jcunesse de Louvain saisit la balie au
bond eet age est saus pitié et troussa
k cette occasion des couplets trés spirituels
qui avaient pour refrain le fameux O Van
den P le tout se chantait sur un air funèbre
tout-k - fait en situation et dont les autres
versions ne fournissent pas l'expiication.
La chanson finit par tomber dans l'oubli
(il ne serait cependant pas difficile de ren-
contrer encore quelque vieil Yprois en état
de la fredonner) mais le retrain, iui, som-
meillait dans les mémoiresil se réveiila k
l'avèuement dun autre Van den P.clérical
celui lk, et fit de nouveau fortune.
Et voilk comment il se fait que I s libé
raux se sont régalés pendant de longues
années des reliefs d'un festin préparé pour
un des leurs par d'autres mains... Habent
sua fata.
Ce qui est certain dans tout cela
c'est que le fameux refrain s'appliqUait
a feu Alphonse Van den Peereboom
et que son origine est louvaniste.
Mais Alphonse Van den Peereboom
n'a pas seul été chanté surlc ton lu-
nèbre que l'on connait. Les étudiauts
de Louvain, dans les années 1870
appliquèrent aussi le refrain a M.
Vanderauwera, candidat libéral pour
la Chambre, qui mordit la poussière.
Un autre détail: Quand en 1884,
lemeute chanta le O Fan den Peere
boorn, appliqué au ministre actuel,
M. Alphonse Van den Peereboom, qui
habitait alors Bruxelles, en fut fort
affecté et il s'en plaignit a plusieurs
amis, parmi lesquels d'anciens adver
saires politiques.
M. A. Van den Peereboom avait
pour son homonyme et parent une
véritable affection. Dans sa retraite, il
lui donna maintes fois des preuves de
cette affectionil s'iutéressait si non a
a la politique, du moins aux hommes
politiques, surtout aux jeunes, même
catholiques. Sans se donner comme
exemple, il citait volontiers des faits
de sa vie, sous forme de conseil pour
les nouveau-nés a la politique.
On le sait, A. Van den Peereboom
était un homme modéré, calme. II
souffrait de voir lemeute dans les
rues; il désapprouvait hautement les
idéés les tendances radicales. C'était
dn reste un vrai parlementaire.
Qu eut-il dit de 1 attitude des radi-
caux et des socialistes actuels et de
leurs allies les doctrinaires!
La mémoire de l'ancien bourgmestre
d Ypres est venérée chez ses anciens
concitoyens. Aussi, n'entendrez-vous
jamais un vrai yprois chantea le stu
pide O Fan den Peereboom, appliqué
au ministre actuel ou a l'ancien mi
nistre de Plntérieur.
L'abbé Daens, inlerviewé k Alost par un
rédacteur de 1'Eclair de Paris, au sujet de la
démocratie chréiienne, a déclaré
Nous sommes partisans du suffrage uni-
versel, de la représentation proportionnelle
et de l'instt uction obligatoire. Nous ne som
mes d accord avcc les catholiques que sur la
vie fu'ure, et encore différons nous sur les
moyens ü'y parvenir.
N.,us avons des points communs avec le
parli socialiste et nous marchons ensemble
eu ce moment pour la réforme électorale
avec ie suffrage universel et la représenla-
tion proportionnelle.
Nous avons aussi ce principe commun,
erst que les unset les auirts neus défen-
dons la classe ouvrière. Le parti catholique
0t II»|.