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Mercredi 6 Septembre 1899
10 centimes fe N
iV° 8474
Encore le Bien Public et
la R. P.
3°
On s'aboune rue au Beurre, 36, a Ypres, et tons les bureaus de poste du rovaurae.
Le JOURNAL. D YPRSS parait le Mercredi et le SamediLas annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames daas la corps da journal coütent
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Nous recevons une seconde lettre
au sujet de l'attitude du Bien Public
dans la question de Ia R. P.
Cette lettre émane d'un de nosabon-
nés, trés an courant des choses de la
politique et des rétroactes de la polé-
mique. Nous nous empressons de ia
reproduire, estimant, comrae noire
correspond ant, que l'heure présente
est trop grave pour que ceux-la même
qui ne sont pas melds directement a
la politique, mais qui veulent le bien
du pays et de leur parti, puissent se
réfugier dans ['abstention.
Si tons ceux qui oni une plume,
écrivaient; si tons ceux qui savent par-
let', faisaient entendre leur voix - et
les uns comme les autres forment des
legionsil en serait bientót fait de
la R. P. 11 suffirait d'ajouter a leurs
arguments certains articles du Bien
Public lui-même, surtout de celui oü
noire confrère faisaii un appel chaleu-
reux aux inte'gralistes en faveur du
projet Vanden Peereboom et donl
nous avons reproduit un extrait, dans
un precedent numéro de noire jour
nal.
Tout ie monde est d'accord au-
jourd'hui pour dire que l'heure pré
sente est grave. A nos yeux, nous
traversons une période plus périlleuse
que ceile de la revision même. Ce qui
est en jeu aujourd'hui, c'est l'existence
même du grand parti catholique, qui
seul peut préserver le pays des dan
gers qui le menacent.
Notre honorable correspondant de
Samedi dernier nous a montrc le Bien
Public placé devant cette question
Etes-vous sürs que le nouveau régime
donnera aux catholiques la majorité
Nous avons donné laréponse du grand
organe catholique Non, nous n'en
sommes pas sürs, cela dépendra du
corps electoral!... Cedontnous som
mes très-sürs, c'est que nous resterons
malqré la défaiteles arbitres de la
situation politique et on ne pourra
rien contre nous, de même qu'on ne
peut plus rien, en Allemagne contre le
centre catholique.
Notre correspondant a répondn a
cet argument qui est presque un
aphoris'iie de quiétiste.
On nous répliquera Etes vous cer
tains que le statu quo donnera la
majorité aux catholiques? Nous pour-
rions répondre comme le Bien Public.
Cela dépendra du corps électoral. Nous
nous empressons d'ajouter Ce dont
nous sommes stirs, c'est quavec le
statu quomalgré la défaite, nous re-
viendrons au pouvoir. Avec la R. P.,
nous ne serons plus qu'un centre
Un reviremenl de I'opinion publique,
une poussée de la volonté du corps
électoral seront incapables de nous
donner jamais encore une majorité
suffisante pour gouverner
Est-ce vrai?... Beaucoup de bons
esprits le eroient et leur conscience
ne leur permet pas de transiger ici.
Si un quorum est admis par la cham-
bre, nous en féliciterons nos amis: de
deux maux ilfaut choisir le moindre.
Dieu veuiile qu'alors même la R. P.
ne soit pas un grand mal, un malheur
pour le paili catholique I
Voici la lettre de notre abound
le 3 Septembre 1899
Monsieur le Rédacteur du Journal d' Yprcs.
Permettez moi de vous féliciter a'avoir
ouvert les colonnes du Journal d'Ypres
aux si jusles observations d'un correspon
dant étranger, k propos de la regreitable
attitude du Bien Public dans la question
du jour.
A cette heure d'angoisse oü Ton voit le
parti catholique, dans un véritable accès de
fièvre chaude, se préparer inconsciemmeüt
au suicide.il iaapot teque tous ceuxpolémis
tes cu non que ce vent de démence n'a pss
atteints, prenuent la parole ou la plume
pour essayer, par un retentissant cri d'alar-
me, de faire reprendre leurs sens aux amis
égarés.
Comme votre coi respondant étranger, je
fus toujours un enthousiaste admiraieuv du
Bien Public et. suis, du reste, encore son
abonné, persuadé que son aveuglement n'ira
pas jusqu'au bout et qu'il ne faudra pas, pour
i lui dessiller les yeux, ie spectacle tardif de
j la ruine quit aura préparée son parti.
Je o'ai certaiijfcicent pas l'autorité que
vous prêtez k ca correspondant, mais j'ai
prut être sur lui cet avantage d'avoir forrné
ma conviction antiproportioi naliste dans le
Bien Public lui même, amsique dans le
Petit Beige auquel je suis également
abonné. Ce sont les seuls journaux que j'ai
lus au cours de toute cette période prépara-
ratoire k la réforme électorale. De la cloche
antiproportionraaliste je n'ai per^u qua les
seuls tintements que ces deux journaux ont
bien voulu me laisser entendre, en ayant
soin de les couvrir de leurs bruyants bour
dons.C'est vous prouver, M. le Rédacteur,
que rnon indépendsnee et mon iinpaitialité
dans la question sont entières. C'est vous
prouver en même temps combiers faible doit
être la thèse que Ic Bien Public soutient
ainsi sans succès devant ses meiileurs amis,
malgré ce talent supéiieur et cette rigueur
indomptable que tous, adversaires et amis,
lui reconnaissent.
All sans doute, bien dc-s arguments pré-
sentés par lui en faveur de la R. P. sont spé-
cieux et tentants; et d'aiiieurs le principe de
la R. P. est incontestableraent juste.
Mais cela ne saurait suffire. Le monde est
bien t:op impaihui pour qu'on puisso, dat s
ia conteciion des lois, faire fi des garanties
nécessitéts par i'état des esprits et par mille
autres contingences. La seule loi parfaite
est la Loi évangélique. Si elle était obset vée
par tous, l'ordre et la justice iègneraient il la i
perfection dans le monde.
Elle permettrait de supprimer tiibunauxel
gendarmes, atmées et canons. 11 n'y aurait
plus ni bandits ni anaichistes, n'y aurait
plus que des braves gens k qui l'on pourrait,
comme on dit, donner le bon Dieu satis
confession
Eh bien, même alors, j'hésitcrais k laisser
décréter ce S. U pourtant si juste en ap- j
parence. Car, mêmealors, tl resterait tou-
jours des électeurs ignorants de tout k cóté
d'autres capablt s de se rnêler des affaires
publiques ou tout au moius de discerner les
candidats capables des imbéciles.
Non, il ne soffit pas quo la R. P. soit ba-
sée sur un principe juste. La pi'euve c'tsi
que, du moment oü on en vient k l'appiica
lion, on aboutit ii de criantes injustices,
comme ie Journal d'Ypres l'asi bien Lh
ressortir en montrantque, dans certains cas,
le vote d'un seul libéral contrebalancerait i
celui de deux catholiques, les trois électeurs j
n'ayant chacun qu'uu seul vote k expriiner.
Oü est la justice lk dedans 1 Et oü est le ca-
tholique assez bénévole pour consentit h cette j
inégalité que rien ne justifie
Mais le plus curieux de l'aflfaire c'est que
plus la R. P. est elle-même, c'est k due
vraimeut proportionnelle, vrainientjuste j
plus elle souiève de répiobatioo dans l'esprit j
des ge-ns serssés de tous les partis.Vrai, je ne
trouve rien d'amusarit comme cs Iachage de j
la R. P. dans ce qu'elle a de meiiieur par j
l'immense majorité de ses partisans.
Done, qu'on ne sorteplusla question de
justice. Elle se trouve, en fait infiiiiment
rnieux réalisée, et avec infiniment moins
d'inconvénients,dans le syslème majoritaire.
II est ii juste,dit on, que les nombreux ca
tholiques de Liège et d'aiiieurs nesoient pas
représentés; d'accord. Seulement, comme la
situation est la même pour les nombreux
libéraux d'Ypres et d'aiiieurs, n'y at il pas
lk una juste compensation
Mais je n'ai pas l'intention de discuter la
valeur respective des divers systèmes en
présence tout le monde a eu l'occasion de
les passer en'revue, de les comparer et de
les peser.
Je tenais seulement pi ier mes amis de
ne pas se laisser prendre k ce beau mot de
justice dont les proportionnalistes abusent.
Je tenuis montrer que si le Bien
Public défend la R. P., il sen faut que la
plupart de ses abonnés et amis partagent
son opinion.
Je tenais enfin k féliciter le Journal
d'Ypres de se refuser k suivre ceux qui, k
l'instar du Bien Public préparent la
ruine ii rémédiubie de riolie parti.
On ne pourra pas reproeher au Journal
d'Ypresde n'avoir pas fait son devoir.
L'heure est d'aiiieurs trop grave pour qu'on
puisse se réfugier dans ('abstention.
On ne se rsppelle pas sans effroi que
fabstention d'un seul électeur c tholique a
suffi naguère pour faire élire le sénaleur
libéral de Biuges, grkce auquel la lei de
malheur a pu être votée. Qu-llö responsa-
bilité et quelle lecou
Agré z, M. le Rédacteur, etc.
1 Votre abor.né.
uiio réserve 8tu sujeï. uc ceile i cor
respond ance.
Nous rte prétendons pas non plus
que la R. P. soit injuste en elle-même.
Mais le système majoritaire, l'linino-
ihiual, fé serutin de iiste, le suffrage
univcrsèl ue le sont pas davanlage,
comme le démontre du reste nofre
abonné. La justice consiste dans la
bonne administration de ia chose
publique. Le système électoral nest
qu'un moyerr d'arriver a cette justice.
D'après les circonstances, essentielle-
ment contingentes, un ré ime électo
ral peut mieux assurer qu'un autre,
la bonne administration des affaires
du pays. Nous croyons que, sans être
injuste, la R. P. favorise surtout
l'instabilité gouvernementale et le
bojuleversement du régime parlemen
taire, seul possible encore aujourd'hui.
La R. P. est done un mal, saus être
pour cela une injustice.
--«»sa2&s-