Etrennes Pontificates oJSLS^t Samedi 6 Janvier 1900 10 centimes ie IV0 35e Année. N2. 3511. France TROIS OPIÏNIONS SUR 1900 M. Charles Dupuy Le général Février M. Ribot La Basse Cour Allemagne Saint-Siège La guerre Anglo-Boer On s'abonne rue au Beurre, 36, k Ypres, et Le JOURNAL. D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation est de 5 fr. 60 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fln Décembre. Les articles et communications doirent être adrossés fraac de port k l'adresse oi-dessus. A tous les bureaux de poste du royaume. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal eofttent 30 centime* la ligne. Les insertions judieiaires, 1 franc la ligne. Les numéros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique excepté les 2 Flandres) s'adresser A VAgence Havas Bruxelles, rue de la Madeleine n» 32 et A Paris, 8, Place de la Bourse. Liste précédente 200.00 M' M*11* Struye, Ypres 200.00 M*"' Gontier, Ypres 5.00 Interviews de M. M. Hutin, de 1 'Echo de Paris Chez M. Charles Dupuy. Qu'espérez-vous, monsieur le prési dent, de l'année qui vient clóturer le siècle? Sommes-nous en décadence ou croyez-vous k l'avenir de notre pays, k tous les points de vue? Comment ~et pourquoi n'y croirais-je pas? m'a répondu M. Chailes Dupuy k brüle- pourpoint. Pour ne pas espérer dans l'année 1900 et dans le nouveau siècle qui la suivra, il faudrait admettre que nous sommes en déca dence. Or cela n'est pas. Oii voyez-vous la décadence Dans la science? Non, et les preuves en sont trop évidentes pour être rappelées. Dans les arts? Pas davantage. Les mer- veilles que nous allons admirer k l'Exposi- tion le montreront amplement. La science, l'art, la littérature se renou- vellent par une plus grande compréhension de l'humanité et des problèmes sociaux, mine inépuisable pour la réflexion et pour l'expression. 11 y a, dans tout le domaine mental, un mouvement ascensionnel. Certes, continue avec une pointe demo tion M. Ch. Dupuy, le siècle qui finit nous a fait voir des choses tristes, k cóté des grandes choses ilnousa montré des doc trines dont lesuccès serail fait de la haine et de l'envie réciproques descitoyens mais, malgré tout, j'ai une foi invincible dans le bon sens de mon pays. Au surplus, ajoutel'homme d'Etat après cette appréciation sans voile sur le collecti visme, il faut compter beaucoup sur la pé riode de l'Exposition pour amener l'apaise- ment nécessaire des esprits. Nous aurons k cceur de montrer aux étrangers qui viendront nous voir que nos discordes ne sont qu'k la surface et qu'au fond nous sommes solidement unis dans l'amour indivisible de la patrie et de la Ré- publique. Nous donnerons k tous une impression de force, de conflance en nous-mêmes qui dissiperont bien des équivoques et qui recti - fieront plus d'un faux jugement. M. le gónéral Février, ancien grand-chan- celier de la Légion d'honneur, a répondu par une lettre dont nous détkchons Bientót le code de justice militaire aura disparu et, au point de vue judiciaire, l'ar- mée sera plus civile que militaire. Ene fois le plan réalisé, tout deviendrait possible k l'intérieur. L'armée, instrument politique, strait ballottée d'une coterie k l'autre et l'anarchie serait la situation normale. A l'extérieur, la France deviendrait une quan- tité négligeable. Ge serait la fin. L'armée coüte trés cher, dit-ouet son budget va chaque année grossissant. G'est une des raisons qu'invoquent velontiers les politiciens pour l'amoindrir et au besoin pour la détruire. Sous prétexte de faire des économies qui n'empêcheraient pas la ban- queroute que leur ineptie a rendue inévitable, ils préparent l'asservissement de ia France et son irrémédiable décadence. Si la sagesse pouvait présideraux conseils des malheureux qui nous perdent, au lieu de détruire l'armée qui leur a coüté si cher, ils la conserveraient avec soin et la laisseraient travailler en paix. Chez M. Ribot Vous parlez, monsieur le président, comme si les passions politiques ne devaient pas avoir sur le projet de scolarité que vous combattez leur influence pernicieuse. Com ment l'accord pourra-t-il s'établir On sera d'accord en acceptant réso- lument la liberté et en donnant k l'Univer- sité elle-même la liberté et les moyens qui lui font défaut. Nous avons lk des réserves de force et de dévouement que nous ne savons pas assez utiliser. Nous rendrons k l'enseignement de l'Etat sa prééminence légitime et nécessaire. Mais, pour cela, il faut avoir confiance en nous mêmes et dans la puissance des idéés libérales, qui ont toujours été l'honneur de l'Université. Nous voulons dire la Haute Cour. Elle a fini ]a fastidieuse besogne que lui a douné le fameux grand complot. Avant d'appliquer les peines, elle a enten- du les accusés sur cette application. M. Buffet, remerciant leSénat, dece qu'il l'avait frappé, a ajouté On parle de m'appliquer la loi Bérenger Je n'en veux pas. Si on me l'appliquait et qu'il y eüt de- main une manifestation dans la rue quelle qu'elle soit, j'y prendrais part, car je ne veux ni pitié, ni indulgence. M. Paul Deroulède se léve de son banc Puisque, dit-il, vous m'avez accouplé au vaillant royaliste qu'est M. Buffet et au cou- rageux antisémite quest M. Guérin, vous me frapperez avec eux! Mais, si dure que soit la peine, si lointain que soit l'exil, vous savez comme moi que je reviendrai Je reviendrai quand la justice reviendra. Je serai libre quand la nation sera libérée Je suis ici par ordre de M. Loubet Frappez moi done Accomplissez l'acte qui restera comme une honte ineffapable dans l'histoiredu Par lement. Vive l'armée nationale Vive la République du peuple Après délibéralion, le Haute Cour pro- nonce les condamnations suivantes M. Buffet, 10 ans de bannissement par 115 voix. M. Deroulède, 10 ans de bannissement par 115 voix. La peine de 10 ans de bannissement pro- noncée contre Deroulède entrafne l'annula- tion de la condamnation k 2 ans de prison qu'il a encourue au cours des débats. M. Guérin, 10 ans de détention dans une enceinte fortifiée sur le territoire de la France continentale par 127 voix. Cette peine entralne la dégradation civique. M. de Lur-Saluces, par contumace, 10 ans de bannissoment. lis sont, en outre, tous les quatre con- damnés aux frais du procés en ce qui les regarde personnellementMM. Deroulède et Buffet seront conduits k la frontière beige Le Conseil fédéral et lE'mpereur ont dé- cidé, contre l'avis de la science, que le ving- tième siècle commencerait le 1 er janvier 1900. Les puissants ayant prononcé, il a fallu s'incliner. Mais la petite principauté de Reuss, fidéle k son opposition contre la su- prématie prussienne, se range du cóté de Ia science et ne veut entrer dans le vingtième siècle qu'en 1901. Rome, 30 décembre. Les nouvelles de la santé de Léon XIII sont excellentes. Bien qu'il tousse toujours un peu, le Saint-Père a repris sa vie ordinaire et donne, presque chaque jour, quelques au diences particulières. C'est ainsi que, avant- hier, Il donnait audience k quelques évéques venus k Rome, k l'occasion du Jubilé et, qu'hier, II recevait S. A. R. Mgr le Due d'Alenpon et S. A. R. Madame la comtesse de Trani. Léon XIII plaisante volontiers sur sa san té avec ses familiers. L'un d'eux le félicitait de ce qu'il avait pu présider avec tant de vi- gueur la grande cérémonie de l'ouverture de la Porte Sainte a Je l'ai öuvertc, dit le Saint-Père, et je la fermerai On raconte que lors de l'opération doulou- reuse que le Saint-Père dut subir il y a plu- sieurs mois, un vénérable prélat ressentit une telle impression des dangers que cette opération pouvait entralner qu'il fut malade plusieurs jours. Lorsque le Saint Père revit ce prélat, 11 lui dit en riantVotre indis position m'a tellement impressionné quej'en ai été malade. Un trait bien touchant de vénération et d'attachement pourle Saint-Père: Une dizai- ne de jeunes filles du diocèse d'Aquila, dans les Abruzzes, kgées de dix k douze ans, émues des bruits qu'on faisait courir sur la santé de Léon XIII eurent chacune séparé- ment, sans aucune entente préalable.l'inspi- ration de faire k Dieu le sacrifice d'une an née de leur vie pour prolonger d'autant cel- le du Souverain Pontife. L'évèque d'Aquila informé au bout d'un cer tain temps, de ces divers actes de grande foi et de rare dévouement, en informa k son tour Leon XIII qui témoigna le désir de voir.de remercier et de bénir ces pieuses enfant#. Celles-ci furent en effet présentées au Saint- Père, il y a quelques semaines et l'entrevue de ces jeunes filles et du vieux pontife fut particulièrement émouvante. Les catboliques font des voeux pour que le Saint-Père, qui célèbre la dernière année du dix-neuvième siècle, puisse célébrer aussi la centième année de son kge. Le Saint Père a prescrit que dans toutes les églises de Rome une messe soit dite de- main 31 Décembre k minuit pour célébrer pieusement les premières heures de l'année 1900. Dieu veuille que ce concert de prières s'élevant de la Ville Ëternelle attire sur le monde catholique en général et sur notre chère Belgique en particulier les bienfaits de la paix sociale et religieusel Golesberg n'est pas pris La victoire du général French k Colesberg était fortement exagérée. En effet, voici la dépêche que publie le War Office: Rensburg, 2 Janvier. Ce matin la situation s'est modifiée d'une facon inattendue k Colesberg. On a découvert que les Boers étaient re- venus pendant la nuit et avaient de nouveau occupé les positions dont le général French les avait chassés. Leurs canons k tir rapide que l'on croyait avoir mis hors d'état, ont rouvert le feu sur notre cavalerie. Les obus n'ont pas fait ex plosion et le tir a produit peu d'effet. Nous mainterions toutes les positions que nous avons prises hier. Les Boers ont certainement repu des ren- forts importants depuis qu'ils ont été mis en déroute. Les pertes d'hier et d'aujourd'hui s'élèvent k 6 tués et 20 blessés. La situation k Ladysmith, dépêche Anglaise Ladysmith, 29 Décembre. Les Boers ont redoublé d'énergie depuis la Noël ils lancent des obus sans discontinuer, ne s'ar- rêtant que lorsqu'il fait nuit. Un projectile a malheureusement éclaté prés de la tente des officiers du régiment de Devonshire. Autremcnt, nous n'avons pas de grandes pertes k signaler. Le temps est lourd. Les Boers se tiennent prêts k toute alerte; ils tirent la nuit des milliers de coups de fusil contre des sorties qui n'existent que dans leur imagination. Le nombre des malades s'accrolt, mais létat moral reste excellent. Ladysmith, 30 Décembre. Le feu de l'ennemi se ralentit. Ladysmith, 1 Janvier. L'ennemi a célébré le jour de l'anen nous bombardant pendant la nuit. Nous avons peu de nouvelles. Nous entendons des coups de fusil presque toute la journée dans la direction de Colenso. L'ennemi se montre trés agité. Le manque de médicaments se fait vive- ment sentir. Le temps s'est remis au beau. Le niveau de la rivière est descendu. v

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1900 | | pagina 1