CHRGMIOJJE YPÊOISE
Musique religieuse
La fête de M. Ducorney
La psychologie du parapluie
cotitingant pour une durée de 2 ou 3 mois,
contre Tengagement pris par le gouverne
ment de faire dlscuter la question militaire 1
avant ce terme.
Les années anlérieures, le contingent a
été voté grace it l'abstention ou au vote
affumatif de membres qui déclaraient vou-
loir, it bref délai, une réforme du système
militaire et accorder, pour la dernière fois,
leur confiance au gouvernement. Ces décla-
rations ontétérenouvelées d'arinée en année,
et le gouvernement a profité de cette fai-
blessc pour ne rien faire.
Les projets, qu'en exécution de leut s pro
messes, les ministres de la guerre ont éla-
borés, loin de diminuer les cbarg3s mili-
taires, étaient si contraires au voeu du pays
entier qu'on n'a pas même osé les déposer
ii la Chambre. Ces précédents permettent
de présager ce qui sorlira des délibérations
-de la Commission, délibérations qui dure-
ront peut-être des années.
Les autres membres de la section centrale,
MM. Francotte, Davignort et Vandeflinden,
estimenl quele procédé proposé n'aboutirait
qu'it la désagrégation de l'armée par la chute
du gouvernement. lis admettent que Ton
émette des votes hostiles au budget de la
guerre et qu'on se prononce lorsque les pro-
jets de réduciion viendront en discussion.
La lol du contingent est une conséquence
de la loi de milice. On ne peut repousser la
première tant que la seconde nest pas modi-
fiée. II faut attendre le résultat des études
de la Commission militaire. Si ses propo
sitions sont contraires aux voeux du pays,
on pourra toujours les repousser.
MM. Delbeke et Coifs constatent que le
gouvernement d'après ces déclarations, a
atteint son butgagner du temps, ajourner
la solution de la question militaire. lts rap-
pellent que, d'après les rapports des sec
tions, un grand nombre des membres qui ont
vuté le contingent ont réclamé la prompte in
duction des charges militaires, et ce n'est
qu'k cette condition quils acceptent ce
contingent.
Le Triduum célébré cette semaine au cou-
vent desRR SceursCarméiites Thérésiennes,
en l'honneur des Bienheureux Denys de la
Nativité et Rédempt de la Croix, a été un
véritable triomphe pour la musique sacrée
ancienne et semigrégorienne. Cette musique
était généralement inconnue k Ypres, avant
l'arrivée de M. le Chanoine Duclos, qui en
possède plusieurs des plus beaux spécimens,
dans sa ricbe bibliolhèque musicale.
Les meilleurs chantres d'église des diver-
ses paroisses de la ville, ont exécuté pen
dant ces trois jours, sous la direction du
Maitre de Cbapelle de St-JacquesLa belle
messe en la mineur de Cruben; la messe en
si mineur de Rasier et la messe Regina Gali
de Frz. Arnfelzer, puis le Tc Deum de
Mélitor.
Cotiame le disait, en sortant de la chapel-
le, k Tissue d'une dos cérémonies religieuses
en question, un simple auditeur, cette musi
que simple et austère, quoique ricbe d'har-
monisation, est sutrement belle que tous ces
tra la la qu'on n'entendait que tröp dans
nos églises jusqu'ici et qui, su lieu d'engager
nos tidèles k la prière et au recueillement
religieux, les excitenl k la distraction mon
daine.
Notre opinion en fait de style musical re
ligieux, est, et a toujours été, que la musi
que sacrée doit s'inspirer du carsctère sévère
et rigoureux, commandé par les traités de
composition eux-n êmes, et surtout du sens
des paroles lilurgiques. Elie ne peut ètre
on ne saurait le croire, si on ne l'avait vu et
enteudu tant de fois des paroles plaquées
sur une musique quelconque sans souci m I
du rhylhme ui du sens de ces paroles C'tst
ainsi que nous entendimes dans une messe
chantée un jour de grande solennité, les
paroles suivantes de Vlncarnatus du Credo
de la messeGrucifixus etiam pro nobis
sub Pontio Pilato chantées sur un air
de danse
Ou Tauteur de cette musique ignorait le
sens de ces paroles, et ne eoroprenait pas
le latin, ou, on devait le croire il avait
voulu se moquer du credo lui même. Cela
n'empêche, que quelques uns des fidèles,
qui entendaient cette messe, eurent une dou
ce hilarité et furent distraits pendant tout le
restant de la cérémonie religieuse, parceque,
eux, ils avaient compris...
Est-ce k dire que toute idéé mélodique
doit être exclue de la musique sacrée
Loin de Ik, car il est telles situations, oil
une belle mélodie, sereine et suave, est de
commande; mais, les mouvements dérèglés,
les Presto, allegro agitato ou furioso etc. etc.
y sont do trop. Les mélodies d'orgue de bar-
barie dont est composée presqu'entièrement
la musique religieuse Italienne des Asioli et
consorts, y est de trop également. 1! faut
que ia musique religieuse, même dans ses
plus beaux moments d'allégresse, garde le
calme et la sérénité sacrée.
Y a-t il, dans les mélodies des plas grands
maitres de I'art moderne, de plus belles
idéés que celles du Te Deum, du Requison,
de l'exuliet du Samedi Saint, en un mot de
la plupart des chants Pindariques adoptés,
dans les premiers siècles de l'ère chrétienne,
aux paroles de la liturgie Romaine?
La musique sacrée, pour être belle doit
done réunir deux grandes qualités Une mé
lodie douce et suave, pleirie de calme et de
dignité, appropriée aux sens des paroles, et
une harmonisation sévère et rigoureuse, con-
trepointée selon les grands régies de Tart,
elle doit s'inspirer k grande partie de plain
chant grégorien. Ge sont ces conditions obli-
gées, que réunissait la musique religieuse,
exécutée, iundi, mardi et mercredi derniers
en Téglise précitée.
Nous félicitons de tout coeur M. Gust.
Wenes, ses chanteurs et son organiste,
M. Ern. Wenes, du bel exemple qu'ils ont
donné en cette matière et qui sera générale-
ment suivi, espérons le.
Nous sommes heureux de pouvoir donner
ici les paroles prononcées Dimanche par M.
Ducorney en réponse au toast que lui a porté
M. Baus, Commandant des Pompiers.
Nous complètons ainsi le compte-rendu de
la fête que nous avons donné dans notre
dernier numéro.
Messieurs,
Vous dire les sentiments qui m'animent et
qui sont provoqués par la manifestation d'au-
jourd'hui, m'est impossible.
Je ne trouve de paroles assez élevées pour
remercier dignement tous ceux qui ont contri-
bué k cette belle fête, dont je garderai jusqu'a
la fin de mes jours, le fidéle souvenir.
A vous, M. le Ministre de Tlndustrie et du
Travail, mes sentiments de vive gratitude pour
les paroles élogieuses que vous m'adressez en
cette lieureuse circonstance touchantma longue
carrière, et comme ancien fonctionnaire com
munal et comme adjudant du pompiers.
A vous, MM. les Président et membres du
conseil communal, qui avez bien voulu honorer
cette fête de voire presence, l'assurance de mon
respectueux dévouement.
A vous, MM.les Commandant et Officiers, ma
reconnaissance éternelle pour Ie généreux ap-
pui que vous m'avez accoi'dé depuis votre ar-
rivée k la tête du corps des pompiers, pour les
sentiments de bienvaillance dont vous avez
fait preuve k mon égard en loutes circonstan-
ces et qui m'avez soutenu dans les diffieultés
inhérentes k mes fonctions.
La manifestation d'aujourd'hui me donne
d'ailleurs la conviction que j'ai fait ce qui était
en mon pouvoir pour mériter Teslime et la
confiance que vous m'avez accordés dès le
premier jour.
Votre but, la creation d'un corps de pom
piers, digne de la réputation dont jouissait
partout l'ancien corps, la formation d'un corps
d'élite animé au plus haut point du respect, de
la discipline et prêt k se dévouer en toute cir
constance, en un mot la formation d'un corps
pouvant rivaiiser avec les meilleurs du pays;
Ce but, M. le Commandant, a été le mien,
c'est vers lui que se sont tendus tous mes
efforts.
Aussi lorsque je regarde dans le passé,quand
je considère ces cinquante années qui viennent
de s'écouler,je crois pouvoir avoir la conviction
du devoir accompli.
A vous, mes chers collègues, mes sentiments
d'estime.
Mes remerciments sincères pour Tassistance
que vous m'avez accordée dans les moments
difficiles.
Je n'oublierai jamais les relations cordiales
que nous avons eues et que j'espère nous con-
tinuerons k avoir dans Tavenir.
Mes sentiments de gratitude k vous tous,qui,
du premier jusqu'au dernier,avez contribué a
Tacquisition du cadeau magnifique, souvenir
impérissable de la manifestation d'aujourd'hui,
souvenir qui me rappellera toujours les heu-
reuses années que j'ai passées en votre compa
gnie.
Et vous MM. de THarmonie Communale, Pré
sident et membres de la commission, Directeur
et musiciens, qui avez voulu contribuer pour
une large part a la fête d'aujourd'hui, je vous
remercie de tout coeur de la marque de haute
estime que vous avez bien voulu me donner.
Je vous remercie d'autant plus vivement qu'en
honorant une personne, appartenant a un autre
service, vous resserrez encore davantage les
liens d'amitié qui unissent Tharmonie commu
nale et le corps des pompiers.
A vous tous, merci!
Puisse le corps des pompiers continuer k
marcher dans la voie du progrès oü Tont engagé
ses chefs
Puissent ceux-ci continuer a jouir longtemps
encore del'estime de leurs hommes.
C'est mon voeu le plus cher, et la dernière
récompense que j'ambitionne.
D'un confrère
Voici la saison oü le parapluie devient le
compagnon iriséparable de l'homme. G'est
un ami qui, bien différent de celui d'Ovide,
ne nous abandonee que lorsque le ciel est
serein, et revient fidèlement dès que sur-
viennent les nuages. Alors, même quand il
restö oisif, sa présence nous rassure. L'ad-
versité. ncn sous forme de tuile mais
sous celle de douche, peut fondre sur nous.
Que nous importe Et même l'avez vous
remarqué il suffit quelquefois de prendre
son parapluie, pour que les nuées retienuerit
lours cataractes, par simple esprit de contra
diction.
Le parapluie n'est pas vieux, du moins
dans nos pays. II nous vient des Gninois, qui
ont toujours aimé k se garantir de beaucoup
de choses de l'eau, du soleil, des Tartares,
des Européens, des chemins de Ier et du
progrès. 11 fut imporlé en France vers la fin
du XV1F siecle et se perfectionna peu k peu.
Jusqu'alors.nos ancêtres n'avaient, en temps
depluie,que la ressource de s'eneapuchonner
dans de vastes manteaux, ou encore celle de
rester chez eux, ce qui était le meilleur parti
k citte époque,moins affairée que la nötre.
Mais le parapluie n'est pas seulement un
ustensile incomparable pour airoser les
jupes et les pantalons, et leur réparlir im-
partialement la quantité de liquide deslinée
en principe k humecter les corsages, les
pardessus et les chapeaux. G'est encore un
objetpourvud'une certaine valeur symbolique
On Ta bien vu sousLouis Philippe, lorsqu'une
maligne opposition fit de eet instrument
bourgeois Temblème assez beureusement
trouvé de la monarchie bourgeoise. Le coq
Gaulois, plusieurs fois, en poussa des occo-
ricos de rage. G'est que vraiment la tentation
était forte, et que si jamais emblème pro-
saïque était qualifié pour se hisser vers les
sphères royales, c'était celui qui pouvait, en
vue de cette intrusion machiavélique abuser
de Tinsidieux surnom de Pépin.
I! y a des gens qui portent toujours para
pluie lorsqu'ils s'habillent.dans le sens céré-
monieux du mot. Fit-il le soleil le plus
radieux, on sort l'objet de son armoire et on
Texhibe triomphalemerit. On n'aura k s'en
servir, mais qu'est-ce que cela fait Les
académiciens n'ont pas k se servir de leur
épée, et ils la portent bien, cependant Vous
reconnaissez k ces traits les bons et tradi
tioneels paysans de certaines de nos pro-
vinces.
II y a dss gens qui ne portent jamais de
parapluie même quand il pleut k seaux.
Nous ne visons pas ici les pauvres diables
qui ne peuvent faire Templette de l'objet en
question, bien qu'on en trouve k 40 sous
chez les revendeurs, ni les originaux qui ne
craignent pas Tbydrothérapie gratuite. Nous
parions de ces gens ultraselect qui fou-
lent rarement le pavé des villes, et ont tou
jours un équipage k leur disposition. Nous
avons entendu poser cette question Est-
il ou n'est-il pas correct d'offrir k une opu
lente mariée un parapluie k manche d'or ou
d'ivoire Le cadeau est précieux, sans
doute, peut être artistique, mais on aura
l'air de croire que Madame sera obligée
quelque jour de cheminer pédestrement sous
la pluie. N'y a-t-il pas lk une grave injure,
dont Monsieur, s'il a l'honneur susceptible,
viendra vous demander réparation
Quant au commun des mortels qui use du
parapluie, la facon de porter eet accessoire
vêtement peut fournir des indices intéres
sants sur leur caractère habituel ou sur les
passagères dispositions de leur esprit. Nous
dirions, si nous voulions employer le jargon
intellectuel du jour, que le parapluie est
représentatif d'états d'kme
Les uns le manient lestement, comme
une canneles autres s'appuient dessus
comme sur un baton. II en est qui l'empoi-
gnent par le milieu, comme un javelot.
Geux-ci le tiennent suspendu au-dessus du
sol, comme s'ils avaient peur d'en salir
l'extrémité, faite cependant pour reposer k
terre. Ceux-lk le portent sous le bras, au
grand dommage des passants qu'ils peuvent
heurter en se retournant eux-mêmes. Cer
tains résolvent le difficile problème de tenir
leur main k Tabri du froid sans lacher le
poignée, et, pour cela, fourrent le tout dans
leur poche, ce qui leur donne un peu l'air de
Tofficier qui porte Tépée.
Mentionnons aussi les lantaisistes qui tien
nent leur parapluie k deux mains devant eux,
horizonlalement, el même ceux qui ont
l'idée de le passer derrière leur dos, dans
Tangle des deux coudes, barrant ainsi le
trottoir ou fournissant un prétexte aux plus
facheuses collisions. L'observateur, k pre
mière inspection, peut reconnaitre fesprit
cavalier, paresseux, prudent, hardi, pra
tique, distrait, sans gêne ou même toqué des
échantillons d'humanité qui défilent, esprit
qu'une simple éiude de leur physionomie ne
trahirait peut-être pas.
11 s'agit ici du parapluie fermé. Le para
pluie ouvert dit malheureusement beaucoup
moins de choses, sans doute paree que la
nécessité commune de se garantir d'un in-
convéuient identique tend k uniformiser
momentanément les caractères. La psycho
logie du parapluie cesse au moment oü la
pluie commence. De même, dans un ordre
d idéés trés différent, les nuances politiques
les plus distinctes ont une fingulière ten
dance k se fondre et k se banaliser lorsqu'on
élève au pouvoir ceux qui les représentent,
—i——ie