o*££!Lc Samedi 14 Décembre (901 10 centimes ie N° 36q Annkb. !V° 8604 Les nouveaux abonnés La réception de M. Merghelynck, a Ypres On s'abonne rue au Beurre, 36, Ypres, at k tous les bureaux de poste du royaume. Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent être adressés francode port A l'adresse ci-dossus. annonces coütent 15 centimesla ligne. Les réclames dans le corps du journal cofttent 30 centimes la ligne. Los insertions judiciaires1 franc !a ligne. - Lesnuméros supp'é- menta'res coütent 10 francs les cent exempl aires. Pour les annonces de France et de Belgique exc^pté les 2 Flandres) s'adresser i 1 'Ayence Bavas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et a Paris, S, Place de la Beurse au Journal d'Ypre.s pour 1902 recevro it le journal graluitement jusqu'èt Nouvel an. M. Mergiv lyuck. secrétaire de ia légation belpe k Péitin, ps'. rentré Mardi dernier k Ypres. 11 était p .rti pour la Cnitie au com- menceiuent de l'amiée dernière, et il subit le siège des légalions par les Boxers pendant 51 jours au cóté de M. Joosiens, notre mi nistre k Péltin. Les autorités et la population d'Ypres lui ont fait une récepiiou enthousiaste. Dès le commencement de faprès-midi, la foule se porte aux abords de la gare. L'hótel de ville, le befiroi, toutes les maisons parti- culières, non s ulement sur le parcours du coriège, maïs par toute la ville, ont ai boré le drapeau national. A la gare le service d'ordre est assuré par le chef de gare, M. Vandaele, et par le com- missaire de police. Notons parmi les personnes présentes, M. Merghelyuck, père, M"" Merghelynck. M Merghelynck, fiis, frère du diplomate, M. et Mm9 Vander Biuggen Merghelynck, M. le Sénateur Iweins d'Eeckhoutte, M. Bergti- man, échevin, M. le maiquis d'Enueuères, des membres de la familie et des amis. 11 est 2. h. 28 quand le train entre en gare. M. Léopold Merghelynck en descend précipitamraent et va se jeter au cou de son père et de sa mère. Le moment est impres- sionnanl et persoune ne peut retenir ses larmes. Des rivals retentissent de toute part. Le vaillaut diplomate serre les mains qui de partout se tendent vers lui. Le moment des premières effusions passé, onserend k la salie d'attente de première classe, oü M. l'échevin Fraeijs adresse k M. Merghelynck l'allocution suivante Monsieur, Je suis trés honoré du privilège qui m'écboit de me trouver k la tête de cette dépulation de l'autorité communale pour vous souhaitei' au nom de la population toute entière la bienvenue dans votre cité Cet üeureux retour dans votre ville natale est accueilli par les habitants avec une joie égale aux aifreuses angoisses que nons avons partagées avec votre sympathique familie, laqueile a pu se rendre compte du religieux intérêt avec lequel nous suivions les phases impressiouiiantes 1es atroces massacres de Chtue. Je me fais ici l'inl,erprête de la population d'Ypres pour vous feiiciler btea cüaleureuse- ment d'avoir échappé k la mort qui pendant 50 jours et plus vous a guetté. Mais, la Pro vidence veillait sur notre jeune diplomate. L'Adminisiration Communale félicite non seulement le courageux fonctionnaire du Gouvernement Beige, mais encore le soldat d'élite qui n'a pis craint d'exposer sa vie en combattant comme volontaire au premier rangdel'armée Fran^aise. Li s Gouvci uements Beige et Franpais ont reoounu les services multiples que vous avez rendus pendant cet iuoubliable siège k Fésin t-t, c'est avec bonheur que nous voyons briller sur cette juvénile poitrine, les croix si bieii méritées. Que votre carrière diplomatique oü vous débuiez si heureusement, M. Merghelynck, soit longue el brillante. G'est le voeu dont je me fais l'inteipiête au nom de toute ia po pulauon Yproise. M. Merghelynck, profo.idément ému, re- mercie M. l'échevin Fraeijs de ses paroles élogieuses el la population Yproise des mar ques de sympathie qu'on lui témoigne en ce jour. ll s'exprime dans les termes suivants Messieurs, Je suis extrémement louché des paroles aimables que Mr i'Echevin Fraeijs vient de m'adresser. Aussi permeuez-mui d'y répon- ure en traduisaiii devant vous les sentiments de juie et de gratitude qui m'amment en Cette iuoubliable journée. Je ne cruis pas que la tragédie antique, oü l'on a pourtani l'nabitude d'ailer chercher loutes les sources d'émotion el d'üorreur, oüre neu de comparable k la situation cri- tique et troublée que nous connümes, mes compagnons d'inforlune et moi, lorsque nous vécümes ïsolés du restant du monde, pres- que saus munitions, et entourés de toutes pai ls par desenuemis, dont les vociferations siuisires faisaieut présager un triomphe prochaiu. Et dans cette guerre de barricades et de tranchées, en voyant des camarades tomber k mes cótés et la masse envabissante des réguliers nous obiiger k céder pied k pied le terrain que nous défendiuns avec acharncmeut, que de lois il m'est arrivé de désespérerQue de fois dans ces heures de prolond découragemem, ma pensée, fran- chissant l'espace immense qui me séparait de la patrie absente, sembiait apporter un der nier adieu k ce beau pays de Flandre, ber ceau de ma familie et de rnon enfance et k la maison paternelie oü lègnaieut saus doute le deuil et la douleur Puis j'eutrevoyais déjk les supplices horribles que la cruauté des Cüiuuis, experts en tortures, devaient nous ïnfliger avain de lan e disparaltre k tout jamais, dans l'oubli, nos dépouilles muti- lées. Maïs sur cette poiguée de malheureux qu'on croyait perdus et qu'on disait déjk massacrés, veillait la Providence divine qui n'a point voulu donner k l'histoire du monde la triste obligation d'enregistrer des crimes aussi abominables Voilk pourquoi les canons des alliés gron- dèientaux portes de Pékin dans la mémora- ble riuit du 13 au 14 aoüt 1900, et que nos troupes, si lotigtemps attendues, enirèrent enfin dans cette capitate mysiérieuse, qui aujoui d'uui n'a plus de secrets pour noire civilisation triomphante. A quelque chose, malheur est bon dit un proverbe, et le bonheur est toujours bon heur, mêuie quaud il est édifié au prixd'uu souvenir péniole, acheté au prix d'une sout- trauceDans ces tristes évèuemems, dont ma mémoire gardera k tout jamais la terri- fiante image, j'ai trouvé aujourd'hui une éuorme compensation ils mout en efiel tou"-ti uue nouvelle preuve, uu nouveau lé- moiguage, de l'estime et de l'iniéiél que me ponem mes chers concitojena et auxqueis je n'ai jamais cessé d'etre extrémement sen sible. Aussi, c'est du fond de mon coeur que je vous prie d'agréer, au nom de la ville d'Ypres mes plus vils remerciments et l'ex- pression de ma sincère reconnaissance On sort de la gare. La place de la station et la rue de la gare sont noires de monde. L'Harmonie Communale salue d'une vibraute Biaöanpoiine 1 apparition du courageux diplo mate. Les vivais et les ovations éclatent de toute part, et se continuent sur tout le par cours du coriège jusqu'k l'Hólei de ville. Lk c'est M. l'échevin Berghtnan qui salue et félicite M. Mergüelynck au nom de ia ville. Ii rappelle les services retidus k Ypres par les ancêtres de celui-ci. 11 rappelle aussi le passage des rapports de Al. Pichou.ministre de France, oü on lit que M. Merghelynck, qui servit coiume simple soldat dans la btigade trappaise, accomplit des actes de héros et fut admirable d'énergie et d'aünégaiioii. Nous sommes üeureux de pouvoir donner le ueau discours de Al. l'échevin Berghmau Monsieur le Secrétaire ie legation, Je liens avaut tout k vous p.ésemer les excuses de Alonsieur le Bourgmestre, qui se trouve daus l'impossibilité d'assister k voire réception. Retenu k Bruxelles par ses devoirs de représentant, il regrette vivemeut de se voir priver l'hoiineur de vous recevoir. J eu éprouve autaut de déplaisü pour vous que pour mot-méme. Quieouque couuali sa verve et sou éloquence, regrettera que les souhails de bienvenue doiveut être présentés par le faisaut fouciioris de bourgmestre pluiót que par Monsieur Golaert lut-même. Quand vous avez toulé le sol de la patrie, vous étes vous demaiidé, eu sougeant k vos parents, k vos proches et k vos amis, qui vous ailendaieni avec aaxiété, si voire ville natale apprécierait l'étendue des sacrifices que vous vous étiez imposés La ville d'Ypres a suivi avec un soin ja- loux les péripéiies de la guerre chinoise. Elle a attendu avec impatience votre retour en Belgique elle a guetté votre arrtvée dans des régions plus uospitalières elle a tenu k être la première k vous faire subir le poids de sas lélicitations. La carrière diplomatique n'est pas topjours parsemée de roses. Mieux que tout autre, vous avez pu en faire la triste expérience. Aider k la résistance d'un siège de 51 jours s'enroler librement, comme simple combattant dans la légion franpaise; «faire», comme disait monsieur Pichon, ministre de France k Pékin, acte d'héroïsme, être un modèle de courage, de sang-frotd et d'ab- cégation c'est lk ie faire d'une ame magnanime, d'un coeur qui ne connait que le dévouement, d'un homme qui préfère mou- rir sur la brêche plutót que de ne pas servir une cause noble et juste. Les sentiments d'attachement at Prince et k la patrie sont traditionnels, parait-il, dans votre familie. Ah ce n'est pas froisser vos sentiments de modestie que de vous rap- peler, en cette circoustance solennelle, ce que vos ancêtres ont fait pour la chose pu- blique, pour la prospérité de la ville, pour le bien-étre du peuple et de la nation. Descen dant de tels aieux, vous pouvez vous estimer heureux d'avoir su marcher sur leurs traces. A la vie facile que vous assuraient les avan- tages de la fortune, vous avez préféré.... quoi?,... le travail!! Méprisant une exis tence passée dans l'oisiveté, vous avez tenu k posséder le plus bel apanage auquel un homme bien né puisse aspirer... la science!! Et aujourd'hui que vous 1'avez acquise, vous vous plaisez k ia mettre au profit de votre nation. Des distinctions ne pouvaient manquer de vous être ociroyées, ni par le Roi des Bei ges, voire auguste Maltre, ni par le Prési dent de la Répubhque franpaise. Nomrné chevalier de l'ordre de Léopold, vous vous êtes vu conférer un insigne bonneur qui n était dü ni k l'kge, ni au nombre d'années de services jeune encore, vous n'avez eu droit k cette distinction que grkce k la con duite distinguée, hors ligne dont vous avez fait preuve lors du siège k Pékin. Et quand le Président de ia République franpaise vous a créé chevalier de la légion d'nonneur, il a voulu récompenser votre bravoure plutót que de vous conférer un vain litre d'honneur.Ghe- valeresque de race et de condition, vous avez prouvé en Chine que vous n'aviez pas dégé néré de vos pères. La ville reconnaissante, appréciant ia part la plus brillaute que vous avez prise k la défense de la légalion de France,

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1901 | | pagina 1