L'élection du 25 Mai, a Ypres
I'Election du "25 Mai
dans le pays
Le Saint Sang
a Voormezeele
tion cette année, voici le nombre toU.1
de voix qu'obtenait en chifFres ronds
chaque parti
Libéraux 380.000
Socialistes 397.000
Cléricaux 734.000
Démocrates-chrétiens 46.000
En 1902, les même» partis ob-
tiennent
Libéraux 370.000
Socialistes 378.000
Cléricaux 838.000
Démocrates-chrétieus 26.000
D'oü il appert que tous les gens
d'ordre se sont rallies aux cléri
caux.
Le scrutin n'a pas répondu entièrement k
notre attente.
Nous espérions conquérir le troisième
siège. Notre espoir est dépu.
Sous le système majoritaire, nous l'eus-
sions emporté haut la main, avec les
25.944 voix que le corps électoral a
données k nos candidatsc'est-k-dire que
nous aurions eu 14.722 voix de majorité!
Le résultat de l'élection ne doit pourtant
pas nous décourager. Si la liste radicale a
gagné 2985 voix depuis 1900, la nótre en a
obtenu 3,020 DE PLUS.
11 est done vrai que les suffrages obtenus
en 1900, par la liste dissidente, sont allés
en grande partie aux radicaux, dans l'élection
de Dimancbe dernier.
Le résultat de l'élection correspond ainsi
aux cbiffres obtenus, en 1900, par la liste
radicale pour l'élection du Sénat, oü il n'y
avail que deux listes en présence: la calholi-
que et la libérale.
Eu 1896, nos candidats avaieat, en moy
enne, 20,000 suffrages le dissident M. Le-
fevre recueillait 13,936 voix et les socialis
tes 4,100.
Nous obteaions done 20,000 voix contre
18.000 votes d'opposition.
Eu 1900, nos chiffres se sont élevés it
22,924 contre 4382 donnés k M. Lefevre,
8,237 M. Nolf et 278 aux socialistes, soil
12,897 votes d'opposition.
En 1902, l'opposition, concentrée sur une
seule liste, n'arrive plus qu'k 11,222 voix.
Nous avons done gagné plus de TROIS
MILLE voix depuis deux ans, SIX MILLE
depuis six ans
Cela veut dire que si, dans quatre ans, les
socialistes, qui disposent de 2000 k 3000
voix dans l'arrondissement, luttent k part,
M. Noll sera battu.
Et mémesi cette éventualité ne se présente
pas, nous avons 1'espoir de voir accroitre
notre majorité dans une proportion suffisam-
ment forte pour conquérir le troisième siège.
Pour arriver it ce résultat, il suffira de
déplacer moins de 1500 voix ou de gagner
un millier d'éleoteurs it notre cause.
Nos succès passés nous disent assez que
nous pouvons escompter ce résultat.
11 faudra, pour y arriver, travailler
mieux encore que nous ne l'avons fait depuis
deux ans.
La R. P. a donné au parti libéral dans
l'arrondissement d'Ypres, un regain de vie
et d'espérance. En 1894 il était découragé,
il ne travaillait plus, et il obtenait 10.000
voix I
Depuis lors il a fait peu de progrès, rnal-
gré un travail électoral intense. I! est
aujourd'bui k son point culminant dès de-
main il reculera, grkce a nos efforts qui,
nous le reconnaissons sans peine, n'ont pas
été suffisamment ardents depuis la dernière
épreuve électorale.
A 1'oBuvre done Et n'ayons de repos que
qaand nous aurons battu nos adversaires
II y a quelques semaines, au banquet
jubilairede 11 Association catholiquede Gand,
M. Ie comte de Smet de Naeyer, chef du
cabinet, faisant allusion it un propos de M.
Waldeck-Rousseauconcernantl'affaire-Craw-
ford, disait, en parlant du coup de main,
tenté au mois d'Avril, par les libéraux, les
radicaux et les socialistes coalisés G'est
la plus colossale tentative de chantage et
d'intimidation k laquelle notre pays aitjamais
assisté.
La journée électorale du 25 Mai est venue,
de la manière la plus péremptoire et la plus
irrécusable, coufirmer la justesse de cette
appréciation.
Le détail de quelques résultats, nous man
que encore, mais, dès présent,il est certain
que le gouvernement et la majorité sortent
victorieux d'une lutte électorale de la plus
haute importance k laquelle ont peis part
toutes les provinces de la Belgique, l'ex-
ception du Limbourg dont les sentiments
catholiques et conservateurs sont suffisam
ment connus.
Cette épreuve est d'autant plus significa
tive et plus déeisive que nos adversaires
eux-mêmesen avaient préalab'ement ree uinu
la valeur.
Nous pouvons maintenant le leur demander
avec une pleine assurance Out est done
ce mouvement revisiouniste dont ils affir
maient d'avance l'irrésistible poussée Ou
est cette croisade k rebours, cette expéciuon
en faveur du suffrage universel dont ils tffir-
maient, avec des airs inspirés d'augure,
l'inéviuble triomphe
Le bon sens beige a fait iargement justice
de ces vantardises, el les élections cu 25
Mai ont une portée rassurante et conserva
trice dont les esprits les plus prévenus
essaieraient vainement de contester la trés
nette et la trés importante signification.
Si jamais un scrutin, succédant k des
jours d'agitation et d'émeute, a élé ubsolu-
ment calme si jamais les électeurs out pu
exprimer leurs prélérencss dans d'inconipa-
raDles conditions d'indépendance, c'est t ien,
n'est-ce pas, dimanche dernier
Or, quel est le résultat absolument con-
cluant et obvie de cette consultation électo
rale
Le ministère de Smet de Naeyer que
l'opposition anticléricale avait cherché k
amoindrir et mêrne k annihiler, sort de cette
mémorable campagne plus ferme, plus uni,
plus compact, plus triomphant que jamais.
Le trés doctrinaire Journal de Liége n'est pas
le dernier k en convenir Les socialistes
écrit-il, semblent avoir perdu du terrain,
mais les cléricaux en ont plulót (sic) gagné!
Tel est le résultat le plus clair de la bril
lante campagne pour le suffrage univer
»sel. Des libéraux doctrinaires, le
Journal nes'en occupe même pas.G'est assez
laisser voir, sans parler, qu'ils n'ont pas,
eux, non plus, k se féliciter de l'aventure
dans laquelle ils se sont imprudemment
engagés.
Quefaut-il penser, aprèscela, nous le de
mandons k tout homrne de bon sens et de
bonne foi, que faut-il penser de ce torrent
formidable qui, d'après nos adversaires, en
tralnait notre pays dans les eaux d'une réfor
me radicalement démocratique
Que t'aut il croire de l'impatience exaspé-
rée de nos populations, avides de s'affran-
ohir du joug détesté du cléricalisme,support®
k contre-coeur depuis dix-huil annécs
Toute cette fantasmagorie disparait, toutes
ces vantardises se dégonflent et s'aplatissent
comme un ballon troué par une large déohi-
rure, et les maltres-cbant" urs, malgré qu'ils
er) aient, sont obliges de déchamer
Nous commentons plus loin avec une pré-
diiection bien naturelle ou, si l'on aime
mieux, avec un légitime amour propre de
clocber, les résultats particulièreroent bril-
lants, obtenus dans l'arrondissement de
Gand.
Bien que nous n'ayons eu, dans la batuille
électorale du 25 mat qu'un siége k conqué
rir, nous l'avons enlevé de haute lutte el
avec un brio dont les catholiques garitois ont
quelque litre k se montrer fiers.
Partout, d'ailleurs, les catholiques out fait
bonne contenance et par leur uni n, leur
discipline, leur énergie, ils out remponédes
avantuges dont il y a lieu de se montrer fier.
Aucun de nos candidats sor tants n'a écboué;
nous avoris emporté la plupart des nouveaux
siéges, aucune position n'a été entamée,dans
aucun arrondissement uous n'avons vu dé-
croitre notre contingent électoral dans la
plupart, au contraire, nous l'avons vu se
développer dans des proportions considera
bles.
L'événement est done venu prouver, d'une
manière irrécusable, que nous n'aviens au
cune raison électorale de craindre la disso
lution parlementaire, demandée k la Cbam-
bre des Représentants par un chef de la
gauche doctriuaire, M. X. Neujeau. Gel exer
cice, anormal et injustifié, d'une prérogalive
royale eüt constitué saus doute utie faute po
litique des plus graves, il aurait inéviiable-
ment pris l'aspect d'uiie capituiatiou devant
l'émeute, mais, en fait, les chiffres ue l'élec
tion du 25 mai le prouvent, la dissolution
aurait fourni aux catholiques l'occasion de
remporter un triomphe sans exemple dans
lesannales.
On peut dire aussi, sans crainte de se
trompet', que si 1'électioii avait eu lteu, trois
semaines plus tót, sous l'impression toute
vive et toute chaude des néfastes événemen.s
du mois d'avril, notre victoire eüt été plus
déeisive et plus seusationnelle encore qu'il y
a deux jours.
Quoiqu'il en soit, nous sommes fondés k
nous réjouir et a nous déolarer satisfaits. Le
ministère que la coalition anticléricale se
flattait d'abatire ou, tout au moins d'amoui-
drir, sort de la lutte, grandi, tonifié, appuyé
sur une majorité accrue et couvert d'une
éclalante approbation morale dont ia portée
n'est pas sérieusement contestable.
11 appartient au cabinet de Smet de
Naeyer de répondre par des actes k ce spleu-
dide témoiguage de la confiance nationale.
Nous ne lui demandons pas, k coup sür,
comme la presse libérale feignait de croire k
la veille du combat, de s'engager dans une
voie étreitement réactionnaire mais nous
attendons de lui qu'il soit fidéle tout ensem
ble k l'ordre et k Iiberté et qu'il poursuive
son oeuvre de pacification et de progrès,
avec le concours des vrais patriotes et en
dépit du mauvais vouloir d'une opposition
obstructionniste que le pays vient, ur;e fois
de plus, de juger et de condamner.
{Le Bien Public.)
On nous écrit de Voormezeele prés Ypres:
G'est depuis des mois que ies notables du
village déploient la plus grande activité, font
des préparatifs de toute nature, en vue de
célébrer, eet élé, dans des téles inoubliabies,
le 750* anniversaire de l'arrivée du St-Sang
sur notre territoire.
Voici pour l'étranger qui veut se rensei-
grier, quelques détails intéressants concer-
nant cette insigne Relique.
Un couvent de chanoines réguliers daSt-
Augustin avait été fondé k Voormezeele k la
fin du 11° siècle. Le 2e prévót du monastère,
Isaac, était un homrae de valeur, tenu en
haute estime par les corotes 1e Flandre. II
entreprit plusieurs fois le voyage de Rome,
oü ses éminentes qualités lui attitèrent la
faveur de la cour Pontificale. G'est de la ville
des Papes qu'il rapporta en 1152 ce don pré-
cieux entre tous, la Relique du St Sang de
N. S. Ellecorisiste proprement en grains de
sable imprégriés de Sang du Christ, de
pulvere Sanguini Chrisli intincto.
A son retour, Isaac déposa la Ste-Relique
provisoirement k Ypres, d'oü, quelques se
maines plus tard,le 29 Juin,jour de St Pierre
et St Paul, un splendide cortège, auquel
prirent part uon seulement le clergé tant
séculier que régulier, mais encore le Burg-
grave Guillaume d'Ypres et toutes les autorités
locales, l'amena en triomphe au sanctuaire
de Voormezeele. Les chroniques Yproises
nous ont laissé d'amples détails touchanl la
composition de ce certége.
A Voormezeel les moines chargés de
veiller sur le sacré dépót, s'acquittèrent de
leur tkche avec une solltcilude facile k com
prendte et la Ste-Relique y devirit l'obj-t
de la vénération la plus profonde et la plus
assidue de la part des habitants du lieu,
comme aussi des pélérins accourant de toutes
parts.
Bientót on iostitua une procession solen-
nelle qui, chaque année, déroula ses pieuses
phalanges le 3° jour de Pkques et le 3 Mai,
fête de l'Invention de la Ste-Croix. Elle fut
traustérée plus tard au Lundi suivant l'octave
du St Sacrement.
Au 16e siècle,quand les Gueux iconoclastes
se mirent k saccager les églises et les cou-
vents, notamment aux environs d'Ypres, de
Menin, de St-Omer, et durant les guerres
qui désolèreni nos contrées vers le milieu
du 17* siècle, les moines cachèrent avecsoin
la précieuse Relique en un lieu secret de
leur maison de refuge k Ypres.
En f664, ils demandèrent l'autorisation
de la reporter solennellement eten cortège
au sanctuaire de Voormezeele, qui en était
privé depuis de bien longues années. A cette
époque le siè<e épiscopal d'Ypres était va
cant. Les Vicaires capitulaires ordoni èrent
une enquête, dont l'acte autheniique muni
du sceau da l'évêché est encore conservé k
Voormezeele. On soumit la Relique k un
examen des plus minutieux, on explora les
archives de l'abbaye, on fit subir aux moines
un rigoureux interrogatoire. L'enquéte se
termina k Tavantage de ceux-ci. Leur deman-
de fut agréée, et les Vicaires capitulaires
suivirent en personne, avec ie clergé et la
noblesse de la ville, le pieux cortège.
Le 17 Mai de la même année, le Pape
Alexandre VII accorda de nombreuses indul
gences aux membres de la confrérie érigée
canoniquement k Voormezeele sous le vocable
du trèt taint Sang du Christ.
Quand la révolution FraWpaise eut déchai-
né la persécution religieuse, on s'empressa
derechef de mettre le pi écieux dépót en lieu
sür k Ypres mais k peine la paix fut elle
rendue k l'Eglise par la proclamation du con
cordat, que, en 1802 il y a exactement un
siècle Voormezeele eut le bonheur de
reatrer en possession de la Ste-Relique.G'est
lk le lieu béni oü aujourd'bui elle repose
c'est lk que chaque année des milliers de
pélerins accourent de toutes parts,de France
surtout, pour lui rendre leurs pieux hom
mages.