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Au moment oü les médecins nous
rassuraiertt complètement sur let at
de ssnté de la Reine, la brusque n )u-
velle de la mort de notre souveraine
nousparvientdansce brèftélégramme:
Spa, 8 heurcs 30.
I a Reine est morte k 7 heures 50
Cette doulomeuse nouvelle aura un
profond reieniisscment dans le pays.
L" Belgique entière partagera !e deuil
de la Familie rryale. Quoiqu'e.. puis-
sent dire les socialistes, 1'aUachement
a la Dynastie a poussé de profondes
racines dans le pays. II s'est réveille
avec plus d'ardeur que jamais dans
ces dernières années en raison même
des attaques de ses adversaires.
Eu ces heures d'angoisse et de tris-
tesse, tous les coeurs vraircent beiges
batten! a l'unisson en se tournent vers
notre Souveraine dans un même sen
timent de respect et de sympathie.
La reine Marie-Henriette
Pour juger ia Reine, on doit tenir
compfe de sa première education.
Elevée paruue tnère protestante, elle
s'est toujours un peu ressenlie du
caraclère piétiste de sa mère. Elle
était fort portee a la sévérifé. Elle
aimait bien ses eufants., mais, pour les
rendre p rfaits, les corrigeait parfois
avrc une certairie rudesse. Pon; l'édu
cation physique, elle a toujours con
serve une grande preference pour la
vie simple et intrépide a la campagne.
Elle n'aimait point l'air des villes,
ni les atours de la toilette et du luxe.
Elle affectionnait les chevaiix, les
chiens, les oiseaux.
Les chevaux, elle les dressait, les
monlait, les conduisait avec ui e rare
habiieté, une dextérité que les plus
exetcés des écuyers ne pouvaii ut as-
sez admirer. Combien defois ne l'a-t-on
pas vu sur les boulevards de Bruxolles
cowduisauf, d une main ferme et
adroite, ses quatre jolis poneys, tous
fiers d'etre mends grand train j ar une
main royale. Combien defois ne l'a-t-on
pas vu faire de longs pèlerinag 'S avec
ses chevaux a la chapel le de Notre-
Dame dé Grèce, a Scheut-Veld, pen
dant la maladie du Prince royal, et,
dans d'autres circonsfances, k Hal. k
Montaigu et aiüeurs. Dien des fois elle
s est exposée au danger de faire une
chute mortelle, mais elle avait une
confiance presque illimitee dans la
protection de son angogaidien et nes
Rois Mages. Elle était iuscrite dans
la Confrérie des Rois Mages, a Colo
gne, elle ne manquait jamais d'invo-
quer ces rois, appelés et conduits
auprès de l'Enfant-Sanveur de Beth-
léem par une étoile miraculeuse. Qui
ne se rappelle combien elle a toujours
favorisé la Société proteetrice des ani-
maux? souvent quand eile voyait mal-
traiter les chevaux, lesanes, les chiens,
elles'arrêlait pour reprendre vivcment
les hommes sans pitié et sans coeur
qui tourmentaient les pauvres bêtes
qui nous renden! des services si utiles
pour une pifanco d'avoine et une
croüte de pain noir. Cependant, eet
amonrdes chevaux et des voitures ne
Pempêchait pas de s'adonner a d'autres
exercices corporels, teis que la prorae
nade, Ie travail du jardioage, a cul
ture des fleurs, la chasse, même Ia
natation. On l'a vu quelquefois a Os-
tende, a une hem e matinale, pour se
soustraire a l'oeil indiscret de la foule,
prendre furtivement un bain bienfai-
sant et sanitaire. Quand la distance a
parcourir n'était pas trop grande notre
bonne el eourageuse souveraine aliait
souvent k pied. C'est ainsi qn'on la vit
bien souvent se rendre pédestrement
et sans suite a leglise paroisiale de
Notre-Darne de Laekeu, pour y assis-
ter a fa messe ou au salut le dimanche
etlesjoursdefêtessolennelles et, avant
de sortir, s'arrêter pendant quelqües
minutes dans ia sacristie pour y cau
ser familièrement avec M. le curé-
doyen, son ancien aumónier et MM.
les vicaires,^ dont elle connaissait bien
les noms, l'êge, le lieu de leur nais-
sance, etc., etc.
Elle aimait bien les Iravaux cham-
pêtres et la vie des champs pendant
la fenaison, elle aidait a faire les foios
sur les pelouses du chateau de Laeken
et a les rentrer avec ses petits che
vaux cet'e vie simple, ces goüts rus-
tiques lui procuraient les plus doux
plaisirs.
Sa piétéétait sans ostentation et sans
faste, mais régulièfce, solide et con
stante; sa charité, éclairée et intelli
gente. Elle avait bien compris cette
parole dn Psal niste royal Beatus qui
inteViftet super egenum et pauperetn
(Bienhenréux celui qui a l'intelligence
du pauvre et de I'indigent), et cette
autre parole de l'Evangile
Lorsque vous laites ranmóne.que
▼otre main gauche ne sache pas ce
que fait votre main droite.» Que d'in-
fortunes elle a soulagées en secret en
secourant les pauvres honteux en allé-
geant les souffrances, les misères des
déshérités des biens de la fortune ou
de ceux qui avaient des revers dans
leur commerce ou daas Ieurs affaires.
Que d'enfants d'officiers peu fortunés
a qui elle a fait donner uue excellente
éducation dans les meilleures é'ablis-
sements d'instruction du pays. Mais
dans les dernières années et surtout
dans les dér uiers mois de sa vie, son
esprit s'éfait fortement aigri et affaibli.
Elle était dé venue trés nerveuse, soup-
fonneuse, sujette a des hallucinations
presque continuelles, une sorte de
monomanie qui l'obsédait et la ren-
dait de mauvaise humeur et acari&tre.
Elle s'imaginait qu'on voulait l'em-
poisonner et se faisait souvent envoyer
certains plats et patés de chez un res
taurateur de Laeken. Pour faire di-
versiou ces idees sinistres, elle réu-
nissait fréquemment quelques dames
favorites pour se distraire, se divertir
et faire de la musique. Ce trouble et
cette agitation febrile ont augmenté la
raaladie qui la minait depuis assez
longtemps et a hèté Ie dénouement
fatal qui nous ravit une Reine chérie.
Courricr de Bruxelles
Les listes électorales provisoires
pour l'anuée 1903 viennent de pa-
raitre. Ce sont celles qui devront ser-
vir pour lelection communale pro-
chaine.
ÜE L'ARRONDISSEMENT
H