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Samedi 4 Oetobre 190$
10 centimes le V°
S7e AsurfiE. N° 8684
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BULLETIN POLITIQUE
Suisse
AÜemagne
La mort et le mort
Un attentat socialiste
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Le naufrage d'une ioi
On écrit de Suisse au Journal des Débats
Voici une histoire qui n'a rien de glorieux
pour nous.
Le peuple du canton de Vaud a voté h er,
k une majoritéde quelques cents voix (sur
prés de 40,000 électeurs), I'abrogatioti de la
loi sur le repos du dimanche, entrée ea
vigueur il y a cinq mois k peine,
Gette ioi avait pour but d'assurer le repos
hebdomadaire k diverses catégories de ci-
toyens aui en sant privées. Déjk les ouvriers
des fabriques et les employés des chemii.s
de fer sont, k eet égard, au bénéiice de
dispositions légal°s édictées par la Confé-
dération. La loi cantonale vaudoise lendail
k garantir ce bienfait aux commerpants, k
leur personnel, aux demoiselles de magasin
dont une pétition adressée au Grand
Conseil vaudois a été précisément l'origiue
de la loi protectriceeils ordonnait en
outre, et surtout, la fermeture des cafés et
cabarets le dimanche jusqu'a onze heures
du matin.
En répondant aux voeux d'une foule de
petits employés et de petits ouvriers, ia loi
avait airisi le mérite de prêtei son appui
aux efforts de ceux qui combatteut le mal
si redoutable de falooolisme.
Mais c'est précisément pourquoi elle a
rencontré dés le début l'hostilué, sourde
d'abord, puis déclarée, des cafetiers, doot
elle heurtait les intéréts, et de leurs clients,
dont elle contrariait les habitudes.
Une pétition qu'ils ont organisée a réuni
le chiffre légal de signatures et oblige le
Grand Conseil vaudois k sounteUre au peuple
la question de 1'abrogatiori de ia loi.
Chose k noter, cette loi, les députés de
i Les dispositions de la loi n'avaient pour-
j tant rien de rigoureux, car elle autorisait
toute sorte de tolérances, d'exceptions ei
d'accommodetnents, si bien que le dimanche
s vaudois ne ressemblait, pas même de trés
loin, au dimanche anglais... Mais comment
supporter cette idéé de ne pouvoir commen-
eer k se griser qu'k onze heures du matin
Je ne plaisante pas cette disposition
5 effroyable a fait sombrer une oeuvre lég is-
iative, consacrée par les représentams da
tous les partis, qui sans doute n'était point
j parfaite, maïs qui, de toute évidence, ré-
pondait aux voeux de la partie saine et
laboneuse du peuple.
j 11 est évident aussi que tout n'est pas k
jamais perdu. De plus en plus, on se pié-
occupe en Suisse d'assurer le repos heb-
domadaire aux salariés qui en sont encore
privés par l'égoïstne inconscient de certains
employeurs et qui sont trop faibles pour
l'cbtenir en i'exigeant. A Genève, k Neu-
chktel, des projets analogues sont k i'étude
et ont toute chance d'être adopiés.
Le sentiment public est favorable k cette
réforme sociale, qui est eonsidéiée >par tous
les esprits sérieux comme réalisant un
progrès moral ou matériel... Même dans
le canton de Vaud, la conscience généraie
finira par 1 emporter sur les déciamauons
ïntéressées ae ceux qui vivent du cabaret...
et au cabaret.
Mais enfin, le scrutin d'hier est pour le
peuple vaudois uu reeul, et il est iaipos-
sible de ne pas s'en attrister.
Un succès socialiste dans la Hesse
Darmstadt, 1" octobre. Les élecüons
de la troisième classe des électeurs dans
tous les partis, avaient contribué k son Hesse se sont terminées par le succès
des socialistes dont la liste des 20 caadt-
dats a passé tout entièie.
adoption. Les socialistes vaudois, qui ne
redouieiu point par principe ^intervention
de 1 Etat, lont résolument défendue et les
libéraux conservateurs, mettaru l'inté êt
social au-dessus de la doctrine pure, ne
l'ont pas soutenue avee moins de zèle.
Pendant ces dernières semaines, une vigou-
reuse campagne de conférences et de prtsse jj
a été menée par les partisans de la loi.tai dis
que ses adversaires lui faisaient une guerre
sournoise, mais achatnée. Pour la bonne
fapon, ils se réciamaient des libertés pu
biiques mais leur grand argument con-
sistait k accuser la ioi d'être i'ceuvre des
mómiers
Ge mot a suffi, hélas comme ailleurs ie
mot clérical k impressionner la menta-
lité de la majorité populaire. La ioi a suc-
combé sous l'assaut des cafetiers, qui sont
k eux seuls un peuple nombreux».
Les socialistes ont oblenu 4,950 voix
contre 2,050 attnbuées k la liste concur
rente.
Nous lisons dans la Croix de Paris
a Le premier cride la presse matériaiiste
k l'annoncede la mort de M. Zola a été d'une
puérile bouffonnerie.
Ce fut un concert d'invectives et de mal-
édiction contre la mort, la mort cruelle,
la mort barbare, la mort stupide, la mort
béte et aveugie, etc.
Teis les enfaiits qui se sont cognés contre
le chambranle d'une porte et qui frappent k
coups redoublés contre le bois inanimé pour
apaiser leur douieur.
Gar enfin si la mort n'est que l'oeuvre de
forces aveugles, si c'est une simple opéra-
tion chitnique et le résultai d'une combinai-
j son de gjz, comme le croyent peut être ceux
qui le pleurent si bruyamment, quoi de plus
grotesque et de plus enfantin que ces colères
j contre les agents physiques de la destruction?
j Comment des intelligents peuvent ils in
1 vectiver avec tant de fureur l'inerte ei I'm
i conscient
j En lé-ilité, cette rhétorique imprécatoire
couvre de ses fleurs menteuses une arrière
pensée dont, ses auteurs ne se rendent peut-
être pas compte et qu'en tout cas ils n'avoue-
ront pas.
Elle est et veut être blasphématoire.
De même que le hasard est ['incognito de
la Providence, la mort est le mystérieux
instrument de la Justice divine.
Tous ces déclamateurs le sentem bien, un
instinct plus fort qu'eux-mêmes le leur dit
plus ou moins clairement mais ne pouvant
uommer cette Justice, même pour la blas-
phémer, paree que ce serait ia confesser,
ils s'en prennent k son oeuvre.
Pauvres gens qui ne veuient rien savoir du
premier et du dernier mot de la vie
Pauvres auüuches philosophiques qui
s'uuaginent échapper au redoutable probième
en s'enfonpaut la tête dans le fumier de leur
matérialisme
lis font pitié.
Et ce triste mort est-il assez pitoyable,
lui aussi
Faire taut de bruit, gagner tant d'ar gent,
acquénr tant de bien-être, moissonner tant
déluges pour fimr amsi subitement dans une
irouique apothéose de gaz et de pestilence
telle que ia piume seuie de Zola lui-même
aura it pu et osé en faire ia peinture quel
iauieiitanle aéuouemeiit
Re na ri avait un moi pour caraciénset ce
genre de mort: il i'appeiait la fiucl'Aiius
li en avait une peur effroyable et il en
eounut, parait-il, ceriaines humiliations. Ou
sail que Voltaire ea vida le calice jusqu'k la
Ue.
Moins coupabies peut-être paree que plus
ignorant, le pauvre Zola n'a fait que i'efileu-
rer.
Et, pourtaiit, ce n'est pas lk ce qui nous
inspire k nous, croyants, le plus de commi-
sération.
Le sentiment de pitié, sans colère et sans
haine, dont nous couvrons ie cercuell de ce
mort, remonte k des sources plus hautes et
plus dignes.
Nous songeons aux miliiers d'kmes que
cel hoinme a souillées par ses écritures
malpropres. Nous nous rappelotis que son
oeuvre presqu'entière fut blasphématoire
que, de ce bourbier, il a fait gicler l'outrage
j jusqu'a Dieu el jusqu'k la pure et immaculée
5 Vierge Manequ'ii a prodigué i'insulte k
i'Eglise et au Vicaire de Jésus-Christqu'il
a couvert de boue l'armée et le drapeau de
sa patrie.
Et nous nous demandons avec terreur si
l'iuconscience de eet homme a été assez
compléte pour lui valoir le béuéfice decir-
constances atténuantes devant le souverain
Juge ou bien si, par une lueur de repentir,
il a pu faire desceudre par sa lamentable
agonie un purifiant rayon de miséncorde.
Nous songeons aussi qu'en dépit de l'in-
diftérence oil est tombée l'oeuvre de ce
malheureux, il y aura vraisemblablement
encore bien des innocences qui se ternirout
au contact de ces pages infectes, et nous
savons qu'il est écrit des morts que ieurs
oeuvres, bonnes ou mauvaises, lessuivent
au delk du tombeauOpera enim illorum
sequntuur illos.
C'est la certitude de ces effroyables res-
ponsabilit^s qui fait trembler pour eet homme
pour cette ame tous ceux qui savent
paree qu'ils croient.
Et ii en résulte un tel sentiment de pitié
que de miliiers de prétres et de chrétiens
auront eu une prière pour rinfortuné dés
qu'ils apprirent sa triste fin.
Tout cela peut étonner ou faire ricaner les
pauvres gens qui se battent les flancs pour
célébrer les louanges de leur grand homme.
Mais cela n'en est pas moins la vérité,
Messieurs, et Dieu vous fasse la grkce de le
reconnaitre un jour, quand il ne sera pas
trop tard.
Et tandis que demain vous couvrirez de
fleurs ce qui reste ici-bas de votre héros,
tandis que vous déploierez ia vaine pompe
de vos honneurs autour de cette chose sans
nom dans aucune langue qui a été la tout
de eet homme, selon vos doctrines dépri-
mantes tandis que vous condamnerez l'ar
mée k présenter les armes et k incliner son
drapeau devant le cadavre de son insulteur,
de celui qui a écrit la Débacle, de celui qui
en a autorisé la traduction en allemand avec,
sur la couveiture, i'immage d'un soldat prur-
sien foulant aux pieds le drapeau franpais
tandis que vous entasserez autour de ce
mort les contradictions et les défis, il y aura
dans les cloitres menacés de vos dévasta-
tions, dans les sanctuaires que vous rêvez
de fermer,des coeurs remplies d'une immense
commisération qui penseront k la pauvre
kme de ce corrupteur et de eet insulteur, et
qui diront, avec toute la ferveur dont elles
sont capables, un Paree pour vous et nn De
profundis pour lui.
Les attentats d'avril n'ont pas épuisé tout
le stock des substances explosives dont le
socialisme s'était fourni pour démontrer
l'urgence du suffrage universel.