r w q^ANc Samedi 4 Oetobre 190$ 10 centimes le V° S7e AsurfiE. N° 8684 Wêê&^M BULLETIN POLITIQUE Suisse AÜemagne La mort et le mort Un attentat socialiste !K||p «.p Lffe® ft. On s'abonne rue au Beur re, 36 Ypres, at tous le$ bureaux de poste du royaume. uQ JOURNAL D YPRKS parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de 1'abonnementpayable par anticipation est de S fr. SO c. par an pour tont le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an ei se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent être adressés franco de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes ia ligno Les reclames dans la corps du journal coütent 30 centimes la iigne. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Les numéros supplémentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique excepts les 2 Flandres) s'adresser A 1 'Age-.-,Havas Bruxelles, rue de ia Madeleine n° 32 et a Pans, 3, Place da la Bourse. Le naufrage d'une ioi On écrit de Suisse au Journal des Débats Voici une histoire qui n'a rien de glorieux pour nous. Le peuple du canton de Vaud a voté h er, k une majoritéde quelques cents voix (sur prés de 40,000 électeurs), I'abrogatioti de la loi sur le repos du dimanche, entrée ea vigueur il y a cinq mois k peine, Gette ioi avait pour but d'assurer le repos hebdomadaire k diverses catégories de ci- toyens aui en sant privées. Déjk les ouvriers des fabriques et les employés des chemii.s de fer sont, k eet égard, au bénéiice de dispositions légal°s édictées par la Confé- dération. La loi cantonale vaudoise lendail k garantir ce bienfait aux commerpants, k leur personnel, aux demoiselles de magasin dont une pétition adressée au Grand Conseil vaudois a été précisément l'origiue de la loi protectriceeils ordonnait en outre, et surtout, la fermeture des cafés et cabarets le dimanche jusqu'a onze heures du matin. En répondant aux voeux d'une foule de petits employés et de petits ouvriers, ia loi avait airisi le mérite de prêtei son appui aux efforts de ceux qui combatteut le mal si redoutable de falooolisme. Mais c'est précisément pourquoi elle a rencontré dés le début l'hostilué, sourde d'abord, puis déclarée, des cafetiers, doot elle heurtait les intéréts, et de leurs clients, dont elle contrariait les habitudes. Une pétition qu'ils ont organisée a réuni le chiffre légal de signatures et oblige le Grand Conseil vaudois k sounteUre au peuple la question de 1'abrogatiori de ia loi. Chose k noter, cette loi, les députés de i Les dispositions de la loi n'avaient pour- j tant rien de rigoureux, car elle autorisait toute sorte de tolérances, d'exceptions ei d'accommodetnents, si bien que le dimanche s vaudois ne ressemblait, pas même de trés loin, au dimanche anglais... Mais comment supporter cette idéé de ne pouvoir commen- eer k se griser qu'k onze heures du matin Je ne plaisante pas cette disposition 5 effroyable a fait sombrer une oeuvre lég is- iative, consacrée par les représentams da tous les partis, qui sans doute n'était point j parfaite, maïs qui, de toute évidence, ré- pondait aux voeux de la partie saine et laboneuse du peuple. j 11 est évident aussi que tout n'est pas k jamais perdu. De plus en plus, on se pié- occupe en Suisse d'assurer le repos heb- domadaire aux salariés qui en sont encore privés par l'égoïstne inconscient de certains employeurs et qui sont trop faibles pour l'cbtenir en i'exigeant. A Genève, k Neu- chktel, des projets analogues sont k i'étude et ont toute chance d'être adopiés. Le sentiment public est favorable k cette réforme sociale, qui est eonsidéiée >par tous les esprits sérieux comme réalisant un progrès moral ou matériel... Même dans le canton de Vaud, la conscience généraie finira par 1 emporter sur les déciamauons ïntéressées ae ceux qui vivent du cabaret... et au cabaret. Mais enfin, le scrutin d'hier est pour le peuple vaudois uu reeul, et il est iaipos- sible de ne pas s'en attrister. Un succès socialiste dans la Hesse Darmstadt, 1" octobre. Les élecüons de la troisième classe des électeurs dans tous les partis, avaient contribué k son Hesse se sont terminées par le succès des socialistes dont la liste des 20 caadt- dats a passé tout entièie. adoption. Les socialistes vaudois, qui ne redouieiu point par principe ^intervention de 1 Etat, lont résolument défendue et les libéraux conservateurs, mettaru l'inté êt social au-dessus de la doctrine pure, ne l'ont pas soutenue avee moins de zèle. Pendant ces dernières semaines, une vigou- reuse campagne de conférences et de prtsse jj a été menée par les partisans de la loi.tai dis que ses adversaires lui faisaient une guerre sournoise, mais achatnée. Pour la bonne fapon, ils se réciamaient des libertés pu biiques mais leur grand argument con- sistait k accuser la ioi d'être i'ceuvre des mómiers Ge mot a suffi, hélas comme ailleurs ie mot clérical k impressionner la menta- lité de la majorité populaire. La ioi a suc- combé sous l'assaut des cafetiers, qui sont k eux seuls un peuple nombreux». Les socialistes ont oblenu 4,950 voix contre 2,050 attnbuées k la liste concur rente. Nous lisons dans la Croix de Paris a Le premier cride la presse matériaiiste k l'annoncede la mort de M. Zola a été d'une puérile bouffonnerie. Ce fut un concert d'invectives et de mal- édiction contre la mort, la mort cruelle, la mort barbare, la mort stupide, la mort béte et aveugie, etc. Teis les enfaiits qui se sont cognés contre le chambranle d'une porte et qui frappent k coups redoublés contre le bois inanimé pour apaiser leur douieur. Gar enfin si la mort n'est que l'oeuvre de forces aveugles, si c'est une simple opéra- tion chitnique et le résultai d'une combinai- j son de gjz, comme le croyent peut être ceux qui le pleurent si bruyamment, quoi de plus grotesque et de plus enfantin que ces colères j contre les agents physiques de la destruction? j Comment des intelligents peuvent ils in 1 vectiver avec tant de fureur l'inerte ei I'm i conscient j En lé-ilité, cette rhétorique imprécatoire couvre de ses fleurs menteuses une arrière pensée dont, ses auteurs ne se rendent peut- être pas compte et qu'en tout cas ils n'avoue- ront pas. Elle est et veut être blasphématoire. De même que le hasard est ['incognito de la Providence, la mort est le mystérieux instrument de la Justice divine. Tous ces déclamateurs le sentem bien, un instinct plus fort qu'eux-mêmes le leur dit plus ou moins clairement mais ne pouvant uommer cette Justice, même pour la blas- phémer, paree que ce serait ia confesser, ils s'en prennent k son oeuvre. Pauvres gens qui ne veuient rien savoir du premier et du dernier mot de la vie Pauvres auüuches philosophiques qui s'uuaginent échapper au redoutable probième en s'enfonpaut la tête dans le fumier de leur matérialisme lis font pitié. Et ce triste mort est-il assez pitoyable, lui aussi Faire taut de bruit, gagner tant d'ar gent, acquénr tant de bien-être, moissonner tant déluges pour fimr amsi subitement dans une irouique apothéose de gaz et de pestilence telle que ia piume seuie de Zola lui-même aura it pu et osé en faire ia peinture quel iauieiitanle aéuouemeiit Re na ri avait un moi pour caraciénset ce genre de mort: il i'appeiait la fiucl'Aiius li en avait une peur effroyable et il en eounut, parait-il, ceriaines humiliations. Ou sail que Voltaire ea vida le calice jusqu'k la Ue. Moins coupabies peut-être paree que plus ignorant, le pauvre Zola n'a fait que i'efileu- rer. Et, pourtaiit, ce n'est pas lk ce qui nous inspire k nous, croyants, le plus de commi- sération. Le sentiment de pitié, sans colère et sans haine, dont nous couvrons ie cercuell de ce mort, remonte k des sources plus hautes et plus dignes. Nous songeons aux miliiers d'kmes que cel hoinme a souillées par ses écritures malpropres. Nous nous rappelotis que son oeuvre presqu'entière fut blasphématoire que, de ce bourbier, il a fait gicler l'outrage j jusqu'a Dieu el jusqu'k la pure et immaculée 5 Vierge Manequ'ii a prodigué i'insulte k i'Eglise et au Vicaire de Jésus-Christqu'il a couvert de boue l'armée et le drapeau de sa patrie. Et nous nous demandons avec terreur si l'iuconscience de eet homme a été assez compléte pour lui valoir le béuéfice decir- constances atténuantes devant le souverain Juge ou bien si, par une lueur de repentir, il a pu faire desceudre par sa lamentable agonie un purifiant rayon de miséncorde. Nous songeons aussi qu'en dépit de l'in- diftérence oil est tombée l'oeuvre de ce malheureux, il y aura vraisemblablement encore bien des innocences qui se ternirout au contact de ces pages infectes, et nous savons qu'il est écrit des morts que ieurs oeuvres, bonnes ou mauvaises, lessuivent au delk du tombeauOpera enim illorum sequntuur illos. C'est la certitude de ces effroyables res- ponsabilit^s qui fait trembler pour eet homme pour cette ame tous ceux qui savent paree qu'ils croient. Et ii en résulte un tel sentiment de pitié que de miliiers de prétres et de chrétiens auront eu une prière pour rinfortuné dés qu'ils apprirent sa triste fin. Tout cela peut étonner ou faire ricaner les pauvres gens qui se battent les flancs pour célébrer les louanges de leur grand homme. Mais cela n'en est pas moins la vérité, Messieurs, et Dieu vous fasse la grkce de le reconnaitre un jour, quand il ne sera pas trop tard. Et tandis que demain vous couvrirez de fleurs ce qui reste ici-bas de votre héros, tandis que vous déploierez ia vaine pompe de vos honneurs autour de cette chose sans nom dans aucune langue qui a été la tout de eet homme, selon vos doctrines dépri- mantes tandis que vous condamnerez l'ar mée k présenter les armes et k incliner son drapeau devant le cadavre de son insulteur, de celui qui a écrit la Débacle, de celui qui en a autorisé la traduction en allemand avec, sur la couveiture, i'immage d'un soldat prur- sien foulant aux pieds le drapeau franpais tandis que vous entasserez autour de ce mort les contradictions et les défis, il y aura dans les cloitres menacés de vos dévasta- tions, dans les sanctuaires que vous rêvez de fermer,des coeurs remplies d'une immense commisération qui penseront k la pauvre kme de ce corrupteur et de eet insulteur, et qui diront, avec toute la ferveur dont elles sont capables, un Paree pour vous et nn De profundis pour lui. Les attentats d'avril n'ont pas épuisé tout le stock des substances explosives dont le socialisme s'était fourni pour démontrer l'urgence du suffrage universel.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1902 | | pagina 1