CMBOMIQUE ÏPHQISE Les ravages de l'olcoolisme Les pensions ouvrières Les Carmélites de Compiègne M. Furnémont. Citez moi des dénoncia tions. M. Renkin. D'après le décret, si la femme ne dénongait pas le prêtre coupable elle encourait, ipso facto, 1'excommunication majeure. M. Lorand. II y avait done des abus M. Renkin.Mais, mon cher collègue, vous avez fair de découvrir l'Amérique. M. Lorand. Je dis que cette décision même prouve qu'il y a eu des al us consta- tés. (1) M. Renkin. Avons-nous jamais contesté qu'il y ait eu des abus dans l'Eglise II y i n a eu et de tous temps parmi les catholiqües et les prêtres. Ce sont des hommes et aucun homme n'est impeccable. Nous disons seule- ment que ces fau'.esdeshommes n'atteignent pas la divinité de l'Eglise et nous avons trop confiance dans la divinité de notre doctrine pour reculer jamais ni devant la vérité histo- rique ni devant la. vérité scientiüque. Mais je reviens k la question. Dans son traité De confessariis sollicitanti- bus, que fait saint Alphonse de Liguori II commente enthéologien le décret de Grégoire XV, ïl étudie k quels cas et dans quelles con ditions existent les obligations et les pénalités spéciales définies par le décret de Grégoire XV. II le commente comme un jurisconsulte commenterait un texte du Code pénal. Je ne puis vous énumérer toutes les hypo- thèses qu'il examine, ce serait fastidieux. Suivant les circonstances de chaque espèce, il décide que l'obligation de dénoncer sous peine d'excommunicalion existe ou n'existe pas, maïs k aucun moment il ne dit ce que les textes faux de M. Demblon lui font dire. Le bon sens indique que saint Alphonse n'a pas pu émeltre l'opinion que M.Demblon lui prête en faisant siennes les falsifications de Grassmann qu'il n'a pu dire que le con- fesseur est dispensé de ce confesser d'un pécbé dont la gravité spéciale avait été punie de mesures spécialement sévères par décret de Grégoire XV. Je mets M. Demblon au défii de trouver dans les oeuvres de saint Alphonse de Liguori les textes qu'il a osé lui attribuer.Je le répète encore il dit exactement le contraire de ce que M. Demblon lui fait aire. M. Mansart. Ce n'est pas lui qui a fait la traduction en supposant que ce soit faux. M. Renkin. C'est lui qui en a pris la respensabilité devant la Chambre.Je dis qu'il est inconvenable qu'un représentant de la Nation produise ici des textes dans le but de jeter l'opprobre sur les convictions d'une grande partie de ses collègues, sans se doe ner seulement la peine de vérifier les sources. Je livre ces procédésde discussion k l'appré- ciation du pays. Je dis que nous sommes en droit de dédaigner les attaques de ceux qui y recourent. Voilk ce que j'avais k dire au sujet des citations de M. Demblon jattends mainte nant qu'il les justifie. Mais, avec la permission de la Chambre, j'ajouterai un mot sur les traités de théologie morale. Plusieurs de nos collègues ont semblé dire que ces traités contenaient des passages im- moraux. Cela est complètement inexact. Les théologiens sont obligés d'étudier tous les cas de concience afin d'en rechercher la so lution, comme les avccals sont obligés d'étudier toutes sortes de cas juridiques. Quand il s'agit spécialemeut du 6" ou du 9° commandement, les théologiens doivent traiter les problèmes qui touchent aux rap ports licites ou illicites des sexes, comme les avocats peuvent être tenus de s'occuper professionnellement de questions de moeurs. Je suis moi-même actuellement dans le cas de le faire pour la défense d'un homme que je crois injustement poursuivi. M. Furnémont. Terrible! (Rires sur les bancs socialistes.) M. Renkin.— Soyons sétieux. Direz vous que l'avocat qui étudie une question de moeur s et rédige un mémoire sur unepareille ques tion que le médecin qui étudie les organes sexuels au point de vue des maladies honteu- ses et qui publient un traité sur ce sujet sca- breux, écrivent des choses immorales? M, Demblon. La confession est immo- rale. M. Renkin. C'est votre avis, ce n est pas le mien. Bien loin de faire oeuvre im- morale dans le xias dont je viens de parler, l'avocat, le médecin font une chose éminem- ment utile et louable. M. Demblon. Le médecin est utile et le confessional ne l'est pas. Tout est lk. M. Renkin. Je viens de vous le dire c'est votre opinion. Ce n'est pas la mienne et je suis d'accord avec tous les catholiqües et quantité de penseurs sur ce point. Au surplus nous n'avons pas k discuter ce point sur ce moment et mon opinon vaut au moins la vótre. La théologie morale est obligée d'étudier la médecine des kmes, comme le médecin étudie la médecine des corps. Le théologien ccmrae le médecin fait en cela oeuvre scientifique, l'un et l'autre recher- cherit la vérité pour le bien de l'humanité. Leurs oeuvres ne sont pas faites pour être lues publiqu jmentelles sont faites pour les spécialisies, pour les hommes de science ou de pratique qu'elles éclairent el qu'elles guident. Bien loin de tomber sous le coup de la loi k raison du caractère scabreux des questions qu'elles traitent, elles méritent la louange et Thumanité honore leurs auteurs. Que si, au contraire, des malintentionnés dans un but de vulgarisation malsaine ou de scandale, prétendaient lire en public des ouvrages spéciaux, qu'il s'agisse de théologie morale ou de propliylaxie syphilitique, ils se rendraient coupables devant la loi et aussi devant la conscience humaine pour avoir tourné en instrument de scandale l'oeuvre scientifique des auteurs dont ils méconnal- traient k la fois le but élevé et la pureté d'in- tention. (Trés bien vifs applaudissements k droite.) Pour toute répense k M. Renkin, le ma- niaque a bafouillé quelques mots pour dire qu'il ne s'altendait pas k une telle riposte et qu'il n'avait pas sous la main une partie de sa bibliothèque, celle sans doute oü il va puiser ses effrontés mensonges. Le nombre de cas d'aiiénation mentale augmente sensiblernent d'année en année k Bruxelles. C'est ainsi qu'au cours de l'année dernière, le collége échevinal, agissant en conformité des dispositious des lois qui ré- gissent la matière, a eu k se prononcer sur la collocation de 275 insensés. Parmi ces 275 collocations, 88 ont eu pour cause l'alcoolis- me, soit 30.9 p. c. Le démence entre pour 28 cas, le ramoliissement pour 33 et le déli- re de la persécution pour 28. C'est parmi les hommes de 31 k 50 ans que les cas d'aiiéna tion sont les plus fréquents. Les ravages causés parl'alcoolisme ne sur- prendront pas nos lecteurs lorsqu'ils sauront qu'il y a dans la ville de Bruxelles prés de 4,000 hótels, restaurants, estaminets, débits de boissons, maisons de logement, etc., con- nus, c'est k-dire soumiskl'inspectionaupoint de vue de h'ygiène publique. Mais k cóté de cela combien de petitsépiciers,deverdurières et d'autres débits plus ou moins interlopes iguorés de la police? C'est dans les quartiers popuieux que l'on compte le plusde cabarets. Dans la première division, il y a 264 débits de boissonsalcooliques et 62non-alcooliques; dans la deuxième et la troisième, respective- ment 516 et 483 alcooliques contre 165 et 171 non-alcooliques. Le budget des pensions ouvrières seraaug- menté, pour l'année 1903, de 2,300,000 fr. environ 1 million et demi pour les alloca tions aux vieux ouvriers, 7 k 800,000fr. pour les subsides aux mutualistes. II résulte, en effet, du rapport présenté au Con prés de Dusseldorf par M. Jean Dubois, directeur géuéral de l'Office du Travail, que le premier de ces deux postes a absorbé, en 1902, k peu prés dix millions et demi. Le total des primes allouées aux mutuellistes a atteint 1,091,793 Ir., etle total des subven tions aux sociétés mutualistes 410,334 francs. En réponse k notre article da Mercredi, dans lequel nous avons mis k néant les cri tiques soulevées contre notre administration communale, l'ineflable Progrès écrit Que dire du Journal d' Ypres de Mer- j credi dernier II est édifiant sous le rapport de la vantardise. Tout ce qui existe k Ypres qui mérite quelques éloges de la part des contribuables est dü k l'intelligente et admirable admi- nistration du sympathique M. Colaert. j Le Progrès croit échapper par cette I bourde k notre étreinte. Nenni, confrère, vous rendrez compte k ['opinion publique de vos critiques et de vos griefs. Vous avez dit que no$ concitoyens sont a peu prés unanimes pour blamer, dans l?s circonstances actuelles, l'enga- gement contracté par le collége échevi nal avec la sociélé de la Flandre et le Tram. Nous ne vous permetlons pas de faire passer la presque unanimité de nos conci toyens pour des imbéciles. Et ils le seraient, comme vous, s'ils criti- quaient la dite convention avec le chemin de ferdela Flandre,sousprétexteque l'eau de Dickebuscü devait servir, non k l'usage de ce service, mais aux besoins de l'alimenta- tion publique. Or, tout le monde sait, sauf le Progrès, que grkce k cette convention, la Flandre ne recoit plus l'eau de l'élang de Dicke busch, et que l'eau de Zillebeke, qui n'a pas manqué pendant lout le temps de la sécheresse, lui est vendue a, raison de 5000 francs par an pour 160 mé- tres cubes par jour. Nous le répétons, sans aucune vantardise ni flatterie, c'est lk un acte de trés-sage administration. Et puisque, dans son incom mensurable ignorance, le Progrès a critiqué eet acte, a le devoir de s'expliquer sur la réponse que nous lui avons donnée. Si non, l'ignorance du Progrès devient de la mauvaise foi pure et simple. Allons, confrère, expliquez-vous. Blamez-vous encore la convention en question Est-elle, oui ou non, utile k la ville, si elle doune 460 cubes d'eau de plus par jour pour l'glimeritation, etöOOO francs de recet tes en plus par art k ia catsse communale C'est k cela que la convention a conduit. C'est ce que vous n'avez pas compris. Expli quez-vous etsuriout justifiez le blame uria- nime de vos conciloyens. Et pendant que vous vous mettrez en veine pour vous expliquer, répondez nous k nos questions au sujet de la gesiion finan- cière de la ville. On dirait vraiment que le Progrès est l'organe d'un groupe de grincheux qui, daDS le seul but de critiquer l'administration catholique et principalement M.le Beurg- mestre Colaert voudraient voir échouer les meilleures mesures et les plus heureuses initiatives. L'opinion publique ne va jamais du cóté de ceux qui blament pour blkrner et crui- quent pour critiquer. Nousle verrons bien k l'élection commu nale prochaine. La Sacrée Congrégation des Rites a dis- cuté mardi 2 décembre, la question de la cause de béatification ou déclaration de martyre des Carmélites de Compiègne. Tous ceux qui se sont occupés tant soit peu de la Terreur révolutionnatre saventce que l'on appelle l'aflfaire des Carmélites de Compiègne. De nombreuses publications et brochures se sont occupées de cette affaire. M. Wallon, de l'lnstitut dans son Hisloire du Tribunal Révolutionnaire de Paris consacre une grande partie de son XLV1® chapitre au procés de ces religieuses. Le cardinal de Villecourt, ancien évêque s de La Roebelle, ancien vicaire général de Sens, a été leur hisloriographe, car c'est lui qui a réuni et classé les papiers laissés par la Sceur Marie de l'lncarnation, une des sur- vivantes du Carmel de Compiègne, du temps de la Terreur. L'ouvrage du cardinal de Vil lecourt porte le nom de Hisloire des religieu ses Carmélites de Compiègneconduites d l'échafaud le 17 Juillet 1794. M Alexandre Sorel, auquel ou doit un ouvrage intitulé Les Carmes et Saint-Sulpice pendant la Révolution est aussi l'auteur d'une brochure sur les Carmélites de Compiègne il y cite les principales publications dont ces viotimes ont été l'objet. Ces religieuses dont on va instruire le procés de béatification k Rome, sont au nombre de seize. 4° Marie-Claude Sidoine, née en 1752, k Paris soeur Marie-Thérèse da Saint-Augus- tin,citëe en tête de l'introductioa de la cause; 2" Anne-Marie-Madeleine Thouret, née en 1725, k Mouy 3* Mane-Claude-Cyprienne Brard, riée eu '1736, k Boury 4° Marie Dufour, née k Beaum 5° Marie-Aimée Bri- deau, néekBJfort; 6° Rose Chrétien, née en 1750, k Evreux 7° Maiie-Gabrielle Tre- zel, née en 1760, k Compiègne 8° Marie- Frangotse Crotssy, née en 1754, k Paris 9° Anne Pellerat. née en '1770, k Cassart 10° Marie-Anne Hanisset, née en 1742, k Reims; 11° Marie-Aone Piécourt, née eu 1736, k Paris sceurs professes 12° Angé- lique Roussel, née en 1742, k Fresne 13° Elisabeth-Julie Verolot, née en 1794, k Ligne, sceurs converses 14° Marie-Gene- viève Meunier, née en 1755, k Saint-Denis, novice 15° Catherine Soiron. née en 1739, k Compiègne '16° Thérèse Soiron, née en 1749, k Compiègne, sceurs touriéres. Ces saintes filles furent cliassées de leur maison par décret du 17 a<-üt 1792 elles avaient obéi k tout ce qui ne paraissaii pas contraire k leur loi et viv iient retirées, en local aires dans trots maisons différent, s de Compiègne. Le comité de surveillance et iévolution- naire de cette ville toujours k la poursuite des traitres comme il le dit dans sa lettre de dénonciation aux comués de salut public et de la süreté générale les accusait de fana tisme. Les preuves de ce fanatisme étaient consli- tuées par des lettres, oü ces fillespersécutées faisaient des voeux qui ne furent point pour le triomphe du gouvernement persécuteur. On avait aussi trcuvé chez elias un cahtique au Sacré-Cceur, dont plusieurs strophes étaient animées de sentiments peu flaneurs pour les persécuteurs. Les deux comités ordonnèrent l'envoi des accusées k Paris. Vingt-six jours après la dénonctation du comité révolutionnaire de Compiègne, les seize religieuses Carmélites compasurent le 29 messidor, an II, devant le tribunal révolutionnaire. Eiles y furent, sans interrogatdires et sans débats, sur les pièces saisies chez elles, condamnéss k mort et exécutées le même jour, en compagnie de vingt-quatre autres victimes, parmi les- quelles un groupe, formé de plusieurs no- tabilités de Strasbourg. La plupart de ces pauvres victimes étaient originates du diocèse d;j Beauvais, c 'ui oü elles étaient é-ablies lors de la Révolution. La Mère Prieure appartenait k une familie de la noblesse parisienne, d'autres étaient originates des diocèses de Dijon, Soissons, Besangon, Evreux, Reimsune seule, la plus jeune de toutes, était une étrangère, originaire du diocèse de Malines. Le cardinal de Villecourt, cardinal de Cu rie, mort k Rome eu 1886 était possesseur de presque tous les papiers se rapportan k ces seize Carmélites de Compiègne leur dossier tout entier au tribunal révolutionnaire necontient que quelques lettres, un cantique au Sacré-Coeur, les procés-verbeaux de con- damnation et d'exécution, sans la moindro tracte d'interrogatoirepréalyble oudesdébats. Sept diocéses frangiis et le diocèse beige de Malines sont directement intéressés dans ce procés de Béatification ou de déclaration de martyre. La procédure étant engagée devant la Sacrée Congrégation des Rites, oti peut espérer que ces seize Carmélites, après être montées sur l'échafaud i cause de leur foi, auront pour la même cause, les honneurs des autels. Vérité.) A A

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1902 | | pagina 2