Samedi 7 Mars 1903 10 centimes le N° 38e Année N° 3726 q Gt.A IV £- Salie Iweins Le Jubilé de Léon XIII a Ypres A Rome On s'abonne rue au Beurre, 36, res, et h tous les bureaux de poste du royaurae. Le JOURNAL D'YPRES paraït le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularissent tin JDéeembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal coütent30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Les luméros supplémentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a YAgence Havas Bruxelles, rue de la Madeleine, n° 32 et a Paris, 8, Place de la Bourse. On exécutera St-Martin, k 12 1/4 h. Te Deum, par Joseph Gruber, oeuvre 38, pour grand orchestre, avee le bienveillant concours de plusieurs amateurs de musique de la ville. La fête en l'bonneur du Pape jubilaire, organisée par la Gilde de N. D. de Thuyne, se donnera au Volkshuis, demain, Dimancbe 8 Mars, 8 heures du soir. Le R. P. Vanlangermeersch S. J., Direc teur des oeuvres sociales de Bruxelles, y prononcera le discours de circonstance. Toutes les families y sont iRvitées. On peut se procurer des places numérotées k 50 c«, au bureau du Journal, jusque Di- manche midi. Le Comité de l'Extension Universitaire catholique nous prie d'annoncer pour le Lundi 16 Mars, la conférence avec projec- tions,donnée par Mr le Docteur Paul Moreau, k buit heures du soir, en la Salie Iweins. Le sujet traité par le distingué conférencier aura pour litreL'imimunité par le sérum et le vaccin Entrée gratuite. Nous avons annoncé, dans notre dernier numéro, que les Yprois se préparaient k célé- brer dignement les fêtes jubilaires de S. S. Léon XIII. Nous apprenons que notre vaillante Gilde de N. Dame de Thuyne a fait appel aux prin- cipales sociétés catholiques de Ia ville, pour se rendre en cortège au Te Deum solennel, qui sera chanté k i'église St Martin, k 12 heures 1/4. Départ du Volkshuis k 111/2 heures. Le conseil communal rehaussera cette cé rémonie par la présence de ses membres. Après la fête religieuse, le cortège se ren- dra au local du Volkshuis oü un hymne au Pape sera chanté. Le soir k 8 heures, nouvelle réunion au Volkshuis Le R. P. Van Langermeersch donnera une conférence de circonstance. Dans toutes les églises paroissiales, uu Te Deum sera chanté immédiatement après la grand'messe. Nous engageons vivement notre catholique population k pavoiser, k l'occasion du Jubilé du chef de l'Eglise, comme elle l'a fait lors des têtes de Pie IX. La Messe Jubilaire Nous empruntons k diverses correspon dences particulières, notamment au Gaulois, ces détails sur la cérémonie grandiose de mardi Rome, 3 mars. Dès sept heures et demie du matin, k l'ouverture des portes de St-Pierre, le peuple était lk et s'engoufirait dans la basilique, se placant oil il pouvait. Mais bientót il fallut arrêter ce flot. Le Borgo est plein d'anima- tion depuis quatre heures du matin, et ies troupes italiennes sont rangées depuis le pont St-Ange jusqu'k la place Saint-Pierre, immobile sous la pluie qui tombe k flots. Les voituras des princes, ambassadeurs et personnages de marque arrivaient par la rue des Fondaraenti et entraient par la porte de la sacristie. Les cardinaux, prélats et dignitaires de la Cour pontificale entraient, par la porte de Sainte-Marthe, l'escalier du Maréchal et le passage de la Chapelle du Saint Sacrement, pour se rendre k la chapelle de PietH et y attendre le Pape. Les membres du cercle de Saint-Pierre et de l'Association artistique, remplissaient le róle d'ordonnateurs, contrólant les cartes k l'entrée, et conduisant chacun k sa place. - A l'intérieur, la basilique est dans toute sa magnificence des grands jours. Les grands piliers de la nef sont recouverts de damas cramoisi, depuis le piédestal jusqu'au chapi- teau. La grande nef est divisée par une grande palissade recouverte de velours rou ge, laissant un large passage au centre pour le cortège papal. Un immense velum de damas rouge lamé d'or, entoure une partie de la nef de droite, depuis la chapelle duSaint-Sacrement jusqu'k eelle de la Pieth pour en faire une soite de sacristie oü se préparera le cortège. Des draperies ont été tendues k l'autel de la Confession. Sur l'autel on a placé les ma- gnlfiques candélabres ciselés par Benvenuto Cellini sur les dessins de Michel-Ange, et sur les marches de l'autel on a mis les tapis réservés aux fêtes pontificales. Au fond de la basilique, devant la chaire de Saint Pierre, se dresse le tróne pontifical k fond d'argent, avec bordures de velours rouge et broderies d'or. Au dessus, le balda quin aux armes de Pecci. Des anges dorés soutiennent les draperies. Et encore des draperies de damas rouge lamé d'or, depuis le tróne jusqu'aux grands piliers. A gauche et k droite, les tribunes réser- vées aux souverains et aux princes, aux en- voyés extraordinaires, au corps diplomati que, au patriciat romain, celle du grand maltre souverain de l'ordre de Malte, précé- dée des bancs oü prendront les chevaliers de Malte la tribune de la chambre pontificale est celle des camériers de cape et d'épée. Devant le pilier de Sainte Hélène, une tribune a été réservée aux membres de la familie Pecci. Puis s'étagent les tribunes des éyêques, des prélats et du chapitre de Saini-Pierre. Dans la nef transversale, on a placé les bancs réservés aux pèlerins italiens et étran- gers, qui sont au nombre de plus de dix mille. Aux portes de Saint-Pierre, et de distance en distance, sont placés les gendarmes pon- tificaux, en grand uniforme avec le bonnet k poil, la culotte en peau de daim et les botles k l'écuyère. La garde palatine est Ik aussi, faisant la haie depuis la Piëta jusqu'k l'autel de la Confession. Les Suisses montent la garde avec leur 'i hallebarde, au pied des tribunes prmcières et diplomatiques. Ils sont superbes avec leur costume dessiné par Raphael, le casque k la crinière retomhante, la cuirasse sur le pour- point, la culotte bouffante noire et jaune. Des postes de secours ont été organisés, Ca et Ik dans la basilique, avec le concours des Fate bene Fratelli et des Soeurs de cha- rité. Le docteur Lapponi, médecin du Pape, dirige cette organisation. Elle est utile, car pendant de longues heu res a'attente, de huit heures du matin k onze heures, la foule s'agite et se presse, surtout dans les parties réservées au public sans cartes, et des femmes s'évanouissent k moitié étouffées.On vient rapidement k leur secours, et tout se passé avec un ordre merveilleux. Dix heures et demie. On ferme la porte de la basilique, qui est comble. Tant pis pour les retardataires. Et la foule bruyante et gaie, continue k s'agiter dans la Borgo et le Transtévère, regrettant de ne pouvoir assister k la fête et se bornant, depuis des heures, k regarder passer les carrosses, les britlants uniformes du corps diplomatique, les cardinaux en robe rouge, porporatiles évêques en violet, et les monsignori en abito paonazto. Onze heures. Un remous passé dans la foule bruyanie qui remplit la basilique. Un commandement bref a retenli. Toutes les têtes se tournent vers le passage par lequel doit arrriver le Pape. Mais on ne le verra pas encore. II descend la scala reggia dans sa chaise k porteurs, la portantina, entouré des gardes-nobles et des dignitaires de la Cour pontificale. Mais on le conduit aussiiöt dans l'espace réservé entre la grande nef et la chapelle de la Piëta. Lk l'attendent le cardinal Rampolla et le chapitre de Saint-Pierre, et prés de cinquante cardinaux en longue robe rouge, qui tous s'inclinent devant le Souverain-Pootife, au moment oü il sort de sa chaise. Lk aussi se trouvent les archevêques et les évêques et toutes les personnes qui doivent prendre part au cortège. Le Pape, tout en blanc, s'agenouille un instant k la chapelle du Saint-Sacremenl, et révêt eusuite le pluvial, la chape d'or. On lui place sur la lête la tiare, le triregno,que ies catholiques lui ont offerte par sous- cription, et qui, tout en or, porte les trois c^uronnes ornées de pierres précieuses. Voici la sedia gestatoria portée par donze sediariieü petite daimatique vénitienne de valours rouge a fleurs frappées. Voici le Pape Et de toute la basilique s'élèveni des cris lumultueux et enthousiastes Viva il papa Evviva il Santo Padre Viva Leone Xlll Vive Léon XIII. Ces acclamations retentissent longuement, malgré la majeslé du lieu, sur le passage du Poatife qui sourit et bénit. Le spectable est surperbe et inoubliable. Et toujours chante dans les airs la fanfare des trompettes d'argent. A droite et k gauche de la sedia,marchent le prince Rospigliosi, commandant de la garde noble, les officiers généraux de ce corps, le commandant de la garde palatine, e commandant de la garde suisse en cuirasse i avec les brassards, la cote de maille et la cu- j lotte bouffante. Et aussi les suisses, portant I lepée flamboyante et représentant les can tons catholiques de la Suisse. Derrière la sedia, les flabelli, les grands éventails de plumes blanches, souveuir de ia dignité impériale des Césars, portés par des prélats. Des massiers ferment le cortège,avec la garde palatine et les gendarmes. La sedia gestatoria est nouvelle elle a été offerte au Pape par souscription c'est une oeuvre des plus artistiques, avec le tróne aux armes de Léon XIII, surmonté de la colombe. Cependant la procession contourne la Con fession de Saint-Pierre, et les acclamations continuent Vive le Pape-Roi cri qui dép.lalt aux gouvernement italien, et qui re- tentit aussi bien dans la foule populaire que dans les tribunes réservées. Les femmes agitent leur mouchoir de den- telle, et les hommes lèvent leur ehapeau eu acclamant lePape. Léon XIII n'est plus un être humain. Ses yeux brillants et son sourire serablent avoir concentré tout ee qu'il a de vie. Le corps amaigri disparait dans ia chape d'or. Ce n'est plus qu'une kme qui plane et qui bénit. Les sediurii s'arrétent devant l'autel de la Confession, tandis que cardinaux et évêques vont k leur place, et le Pape descend de sa chaise pour s'agenouiller et prier un instant. Puis il prend place sur son tróne, au fond de l'abside, entouré des hautes dignitaires de sa Cour. Les chanteurs de la Sixtine, dirigés par l'abbé Perosi, entonnent du baut de leurs loggia le chant Tu es Petrus... Le coup-d'oeil est unique au monde. C'est un tableau des plus coloriés et d'une magni ficence sans égale, oü l'or et le rouge domi- nenl parmi les marbres, les tentures et les ors de la basilique. Le Papedépose alors la tiare, sycnbole de souveraineté, pour prendre la mitre réservée aux cérémonies religieuses et la messe commence. C'est le cardinal Langénieux, archevêque de Reims, comme doyen des cardinaux de l'ordre des prêtres présents k Rome.qui eé- lèbre la messe chaniée, assisté de trois cha- noinesdes trois grandes basiliques Saint- Pierre, Saint-Jean-de-Latian et Sainte-Marie- Majeure. Et les cardinaux, quittant leurs .stalles, s'avancent lentement, avec leurs robes Irai- nantes, vers le tróne pontifial, pour s'age nouiller, un k un, devant le Souverain Pon- tife et faire acte d'obédience, comme au jour du couronnement. C'est d'ailleurs le seul acte qui, avec le cortège, rappelle cette céré monie. De sa place, le Pape particips k la messe, en récitant k voix haute les prières. Les chantres entonnent Ecce dies quam fecit Dominus et le Oremus pro Pontifice nostro, composé par l'abbé Perosi. Maïs voici l'élévation. Une petite clochette k sonné. Le silence est absolu. Toutes les têtes se courbent, et des hauteurs du döme les trompettes d'argent épandent sur la foule prosternée leur fanfare mystique et triom phale. Rien n'égale la grandeur de cemomen^ n

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1903 | | pagina 1