Mercredi 27 Mai 1903
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La question du Congo
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Les Concerts au kicsque de !a Grand'PIace
recommeneent Dimanche prochain. De tnidi
k 1 heure l'Harmonie Communale se fera
entendre.
Le Dimanche suivant, 7 Juin, jour des
courses, c'est le tour k notre Fanfare Royale.
Nous souhaitons un franc succès k nos
deux phalanges artistiques.
Voici le programme du Concert du 31 Mai:
1. Vers l'idéal, marche C. Tieberghien.
2. Festival, ouverture Leutner.
3. Lajuive, ballet Halévy.
La jolie fille de Perthc, op.
de Bizet, arr. par Meister.
Toujours ou jamais, suite
de valses Waldteufel.
4.
Depuis deux ans, par ses actes, par ses
circulaires, par ses décreis, par ses lois, le
gouvernement a violé le pacie de paix reli-
gieusequest le Concordat.
Lisez le premier article du Concordat
«La religion catholique, apostolique et ro
jmaine sera li brement exercée en France.»
Or, s'il y a quelque chose d'essentiei dans
la religion catholique, ce sont k coup sur les
congrégations religieuses y porter atteinte,
c'est done porter atteinte au libre exercice de
ia religion.
M. Combes ne se contente même pas
d'astreindre illégalement les congregations k
demander Fautoiisation ce qui est impli
cation de la loi Waldeck il fait, plus illé
galement encore, rejeter en bloc ces deman
des, il force les religieux k se séculariser et,
quand ils l'ont fait, il les met hors la loi en
les privant des droits qua tout citoyen.
Si les calholiques protestent, les Apaches
gouvernementaux sont lk pour les faire tai-
re.
La France, si l'ori n'ymet enfin bon ordre,
marche k la guerre civile.
A part quelques journaux trés avancés, la
presse de Rome n'approuve guère les senti
ments anti autrichiens qui se sont donné li
bre carrière pendant les manifestations de
ces jours-ci. On convient, en régie générale,
que les autorités autricbienne sont conservé
une attitude correcte et amicale et que le mo
ment est mal choisi pour se livrer k dei ma
nifestations hostilesde cette nature, d'autant
que l'Autriche, ia chose est annoncéeofficiel
lement, est en train d examiner ia quesiion
de la création d'une université italienne k
Trieste ou ailleurs.
Le mouvement de dénigrement de l'admi
rable oeuvre du roi Léopold II au Congo,
grace un peu malheureusement k nos propres
nationaux, s'étend el se généralise avec une
rapidité qui en prouve le concert.
L'Angleterre, jalouse de domination uni-
verselie, avide et jamais repue de profits
comrnerciaux, a ouvert le feu.
Aujourd'hui, la France semble vouloir iui
emboiter le pas.
Notre grande voisine ne pardonne pas au
Roi d'avoir obtenu ce qu'elle convoitait de
puis 1876.
Et pour changer cela, eile se précipite en
affamée sur les arguments qu'invoque l'An-
gletarre, les reprend pour son compte, le
exaspère, les amplifie.
Ces arguments, un article tendancieux du
Temps les groupes en deux catégories.
Le roi Léopold, dit le journal parisien, a
déclaré hautemeut, en '1882, que son seul
objet était d'ouvrir l'Afrique au commerce de
toutes les nations et k la pénétration de la
civilisation.
Cette déclaration,affirment les adversaires
de l'Etat libre, n'aurait pas été trés scrupu-
leusement observée au point de vue commer
cial, puisque le trafic de l'Angleterre au
Congo est de 300.000 fr. seulement, slors
que celui de la Belgique est de 46 millions.
Ellene l'aurait pas été non plus au point de
vue civilisateur,puisque «d'effroyables récits
ont relaté des atrocités sans nom, des actes
démoniaques commis contre les indigènes
puisqu'on civilise par la brutalité, les exac
tions, le meurlre, toutes les violences les
plus odieuses.
Que vaut une telle argumentation
Ce n'est pas de l'or anglais, ce n'est pas
de l'or francais, c'est de l'or beige qui été
semé sur la terre congolaise. Doit-il se muer
en bénéfices britanniques ou gaulois
Ce n'est pas du sang anglais, ce n'est pas
du sang franpais, c'est du sang beige qui a
fécondé le sol de l'Etat libre. Ce sang doit-il
faire gerrner, au profit de ceux-lk qui n'ont
point combattu, les florissantes moissons qui
s'annoneent
Faut-il, en d'autres termes et pour repren-
dre une expression originale du Temps dans
un autre article, faut-il que les terre-neuves,
après s'être jetés k l'eau.soient re^us k coups
de trique, tandis que, sur la rive, les chiens
de garde, après s'être chauffés devant un bon
feu, en aboyant par habitude, recevront une
abondante patée
Nous ne le pensons pas.
Le commerce congolais, en réalité, est
libre et le Roi a tenu sa promesse. Nous n'en
voulons d'autre preuve que l'existence des
sociétés étrangères et surtout la présence,
parrni les actionnaires des sociétés beiges,
de uombreuses personnalités d'Angleterre
et de France.
Quant aux sévices, aux brutalités, aux
cruaulés reprochées aux agents de l'Etat,
nous ne voyons lk que redites oiseuses.
La président de la République frautjuise
esi-il responsable des attaques k main armée,
des vols, des as'sassinats qui se commettent
en France
Cette trop antique et surannée histoire des
atrocités congolaises a sa source dans l'ima-
gination intéressée de clergymen anglicans.
Ceux-ci, souvent plus trafiquants que mis-
sionnaires, parccurent l'Afrique, une bible
dans une main, drs raarchandises dans l'au-
tre. Ils recueillent avidement les moindres
réclamations des indigènes, les adornent et
les assombrissent de détails violents, les
enflent k piaisir et les coiportent par le
monde.
Ils peuvent séjourner k leur aise sur le
territoire de l'Etat, ils peuvent y vivre libre-
rnent, sous la protection des Beiges. Leurs
remerciemerits consistent en calomnies.
L'Angleterre, la Franceses hommes poli-
tiques eomme ies ministres anglais, des
journaux cornme le Temps, ne devraient pas
les suivre dans cette voie.
Mais le Temps a laissé entendre une autre
note, en intiiulant l'Etat indépendantUne
aolonie sans métropoie, domaine conféré au
roi consiïtutionuel de cette Belgique k la-
quelle sa Constitution interdit de posséder
des dépendances d'outre-mer.
11 y a lk une erreur. Jamais la Constitution
beige n a interdit k la Belgique de posséder
des dépendances d'outre-mer.
Et depuis 1893, sa Constitution le lui per
met.
Eu tftet, la Constitution revisé du 9 sep-
tembre 1893 dit son article premier, 4
Les colonies, possessions d'outre-mer ou
protectorats que la Belgique peut acquérir
sont régis par des lois panicuhères. Les
troupes beiges destinées k leur défense ne
peuvent étre recrutées que par des engage
ments volontaires.
Si l'Etat indépendant du Congo était, k
proprement parle'r, une colouie beige, fou-
dée ou acquise par la Belgique, sa situation
ayant été régularisée, au point de vue du
droit international, en 1885, buit ans avant
la révision de 1893, encore sa situation n'eut-
elle éié inconstitutionnelle que si la Constitu
tion de '1831 avait tormellernent interdit k la
Belgique de posséder, eomme le eroit le
Temps, des dépendances d'outre-mer.
Mais, encore une fors, il n'en est rien.
Quant aux résultats pratiques de l'eiiquêle
internationale de l'Angleterre au sujet de ia
des monopoles au Congo, k Berlin on se
montre trés sceptique k eet égard.
La National Zeitung exprime l'avis que
l'Angleterre a simplement évoqué le spectre
d'une intérvention internationale contre le
Congo beige pour intimider le roi Léopold,
e'est-k-dire pour l'amener k accepter une
compensation dérisoire, en échange de l'en-
clave de Lado que lui enlève si brutalement
l'Angleterre. II y a un peu de vrai dans cette
conjecture, et cela nous ouvre, s'il l'eülfallu,
d'étranges horizons sur les dessous de la
campagne anticongolaise alimentée jusqu'en
Angleterre par les Vandervelde et signée par
la France.
La presse anglaise ne se gêne plus d'abord
pour étaler les insatiables appétits d'Albion
et elle le fait avec une rare impudence.
Le Glascew Herhald du 21 mai dernier,
appréciant le debat de la Cbambre des com
munes, écrit ces lignes suggestives
Dans l'opinion de quiconque connait la
question, c'est trés peu de chose que de-
mandait au gouvernement la résolution qui
a été disculée k la Chambre des communes
hier soir. Ce que l'Europe aurait k faire,
sous la direction de la Grande Bretagne,
c'est de balayer sommairement l'Etat du
Congo et de renverser le système sous le
quel il est mal gouverné. Le moins que
l'Angleterre puisse faire, c'est de réunir k
nouveau les puissances signataires de l'Ac-
te de Berlin pour demander compte au ro
Léopold de sa gérence dans le bassin du
Congo, et, si on ne peut le faire dégorger,
pour le forcer tout au moins k cesser l'ex-
ploitation des indigènes et k leurs restituer
le droit de vivre et de travailler pour eux
rnêrnes.
Voilk done que l'on parle de faire dégor
ger le Roi-Souverain, lui qui a fondé l'Etat
du, Congo et qui, pour développer le pays a,
depuis vingt ans, dépensé avec }le concours
de ses amis, plus de 50 millions, outre les
25 millions avancés par la Belgique, sans en
avoir personnellement, ni lui ni ses amis,
jamais retiré un centime. Attendons-nous de-
main k les voir traités, lui et les Beiges,
d'intrus au Congo, et maintenant qu'ilsen
ont fait tous ies frais, sommés de céder la
place et de vider les lieux.
Nous n'en sommes heureusement pas lk, et
nos compatriotes apprendront avec une joie
k peine déguisée qu'en présence des cpnvoi-
tises, aujourd uui ouvertemeiit expiimées ds
l'Angleterre, surle Congo, une Ligue pourla
défense des intéréts beiges dans l'Etat Indé
pendant est en voie de formation k Bruxelles.
Eilesecomposera d'ingénieurs, denégociants,
d'officiers, d'expluraleurs, de juriscoiisultes,
de pubhcisies, de tous ceux qui, de prés ou
de loin, par leur science, leur dévouement,
question des atrocités et de la question I leur argent, leur sang ou celui des lsurs, ont
R - j V*"UG V UUCLUCm,