ORGANE CATïïüLiaüE DE L'ARRONDISSEMENT Mercredi 6 Avril 1904 10 centimes le N° Année 39 N° 3834 L'invasion rouge en Flandre Flamandset Wallons Autour de la décision de la Deputation permanente L'élection de Tirlemont La question du tram Ypres-tiheluwe La conférence sur «Venise On s'abonne rue au Beurre, 36, Ypres, et k tous les bureaux de poste du Le JOURNAL D'YPRES [parait le Mercredi ei le Samedi. Le prix de 1'abonnement, payable par anticipation, est de 5 |fr. 50 c.| par^an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularissent fin Décembre. Les articles et. communications doivent étre adressés franco de rort a Tadresse ci-dessus. rc yaume. Les annonces coütent 13 centimes la ligre, Les réclames dans le corps du journal coütent30 centimes la llgrie. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Les luméros supplémentaires coütent 10 franss les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser 1 'Age.nce Eavas Bruxelles. rue de la Madeleine, n° 32 et a Paris,8, Place de la Bourse. L'appel que nous avons fait nos amis de Menin pourendiguer l'invasion rouge péoé- tranl par la frontière franeaise nous vnut de la part du Vooruit, indigné, une volée de bois en l'air... Le moniteur de M. Anseele rage. A l'entendre, le socialisme meninois souffre le mariyre il pose au paria, lilote ou au Polonais. Mais ses accusations nous hissent froid et sa manoeuvre ne prend pas. Tel quel, le Jéveloppement du socialisme constitue un danger public que nous inciions tous nos amis combattre avec ia dernière rigueur, pour le salut de la Flandre. A preuve de l'uuanimilé des ouvrietsde la régiou qui vont travailler en France ou en Wallonnie, cette asserr.blée tenue l'autre jour, en léglise paroissiale de Becelaere. II n'y avait lé pas moins de cinq cems ouvriers catholiques, originaires tant de Zonnebeke et de Gheluvve que de Becelaere même. Ces braves travailleurs, l'abbé Denys de Roulers les a instamment engagés ne jamais accepter de l'ouvrage en France sans contrat et ii fidèlement romplir Outre Quié vrain leurs devoirs religieux. Voilé comment le elergé des Flandres soutient et réconforte les exilés volontaires que !e struggle for life éloigne du foyer familial. Les poliliciens libéraux ne se dérangent pas pour si peu. C'est un excellent avis quedonne,é propos de Ia proposition de loi Coremans, le Rappel de Charleroi en conseillant aux Wallons d'envisager le cóté utilitaire du flamand en tant que base de l'étude comparative des langues germaniques. Beaucoup de professeurs, dit notre confrère, font l'heure actueile ernploi de la méthode comparative dans 1 enseignement des langues germaniques. C'est é-dire que, se basant sur les connaissances préahbles del'élève, soit en flamaDd, soit en allemand, ils en tirent le meilleur parti possible pour l'étude de l'anglais par exernple. On sail en effet qu'il existe entre le fiumand, l'allemand et l'anglais, langues ayant une commune origine, des rapports ncmbreux, par faite ment connus et formulés dans des ïègles précises et faciles retenir. Déjé l'iilustre philoiogue allemand Grimm avait moutré ces relations phonétiques et morpbologiques des idiomes germaniquosentres eux mais, depuis, la science pbilologique a pénétré dans l'enseignement moyen et nos péda- gogues usent avec succès de la méthode comparative. Si 1'étudiarit walion voulait s'appliquer convenablement l'étude du flansand, ii pourrait, si un moment dorrné celui ci ne lui est pas immédiatement utile, sen servir avec succès comme base d'étude pour l'acquisition de l'allemand ou de l'anglais et la question flmaande si irritante et si aiguë serait résolue au grand avautage de la wallonnie. Rien n'est. plus vrai et si cette solution pouvait prévaloir, Flarnands et Wallons pourraient s'estimer heureux qua la propo sition de loi Coremans ait apptTé i'attention sur la question toujours bi Criante de l'emploi des langues en Belgique. Nous avons prié le Progrès de discuter avec nous les arguments employés par la Députatiori permanente p ur vakder l'éiec- tion du 7 Février. Le Progrès nous répond... qu'il ne répori dra pas notre invitation. Si neus avions discuter, dil-il, avec un adversaire loyal, horinête et de bonne foi, nous n'hésiterions pas un instant et nous accepter ions volontiers le débat. C'est l'argument des poiémistes qui ne savent pas répondre leurs adversaires. Et eependant, quelque? ligries plus loin, le Progrès écrit qu'en réclamant contre l'élection du 7 Février, l'Association libérale, au nom de qui la réclamalion élail faite, voulait ainsi faire connailre au grand jour tuules les vilemes ccmrr ises par un parti sans honneur, sans honte ni pudeur... Br... Br... Messieurs les Députés permanents, njoute- t-il, ont jugé qu'il valait mieux ne pas remuer toutes ces saletés et les laisser en repos... Mais, naif confrère, l'Association libérale a done voulu faire la lumière et vous ne voulez pas la faire De qui vous vous moquez-vous Allons, un bon mouvementsupposez un instant que neus puissions être de bonne foi. La victoire veus est acquise,dans l'hypolhèse même oil nous soyons de mauvaisa foi, si, bien eniendu, vous avez le bon bout. Couamenpons done. Que dites-vous aujour- d'hui des bulletins qui auraient disparu Et le bulletin voyageur Que pensez vous de la substitution d'un timbre au timbre official Aïe, aïe cela sa corse... Faut-il que seul nous ayons la parole Le Progrès pose un grand point d'interro- gation au sujet de la déolaration du sieur Francois Duflou, qui avait prétendu que M. Colaert fils avait assisté la déposition des témoins dans l'enquête relative des fails de pression etc. J\ous nous Irouvons dom, dil-il, en pré- sence d'affirmations qui se contredisent et qui sont mainlenues de part et d'aulre. Nuus n'avons pas juger qui a raison. N'est-ce pas que le Progrès est de bonne foi, et que l'on peut discuter loyalement avec lui Voilé qu'il ne sait pas juger entre la décla- ratron de deux honorables fonctionnaires qui diserit que matériellement il est impossible de douter de leur parole, et la déolaration d'un beau-frère de Morel Si le Progrès ne sait pas juger, l'opinion publique jugera, et elie taxera sa juste valeur la loyauié et la bonne foi du journal alliarifard. Le Progrès jelte par dessus bord M. Meys- mans, député socialiste de Bruxelles, qui a fustigé de mailresse fspon les libéraux de Tirlemont, propos de l'élection communale du 18 Octobre. Le Progrès fait mine de croire qu'il s'agis- sait seulement d'une irrégularité dans la préseutation de la liste socialiste. Nenni, confrère. M. Meysmans a dénoncé les actes de pressiorr et de corruption commis par vos amis et il n'a pu signaler aucun acte malhoncête charge des catholiques. Voilé la question,et voire bonne foi cherche l'esquiver. Nous n'avons, du reste, pas chanté les louanges de M. Meysmans. Mais nous l'avons appelé un socialiste sensé. Nous maintenons notre dire, et nous répétons que M. Meys mans a prouvé jusqu'ici qu'é i'égard de ses adversaires catholiques comrne libéraux, il veut être juste... ce que le Progrès n'est pas. Voilé tout. Le Progrès se prononce enfin pour le tracé par le chemin de ronde extéi ieur. C'est son droit, comme c'était le droit du conseil communal. Mais le confrère jubile, pnrce que Af. Co laert est done mis en minorité. Encore un coup et le Progrès dira que M. Colaert rt'a plus qu'é se retirer devant le vote du conseil. Or, M. le Bourgmestre, dans cette ques tion, comme dans la plupart des questions oil les opinions se divisent, a déclaré haute- ment et loyalement, qu'il ne faisait que défendre sa manière de voir et que le conseil était absolument fibre de ne pas la partager. Que nous sommes loin du sic volo, sic jubeo, d'autrefois. M. Colaert se range de l'avis de la rnajo- rité, et celle-ci est censée être l'organe de l'opinion publique, devant laquelle tout le monde doit s'iricliner. Reste savoir quelle est la meilleure so lution. L'avenir nous l'apprendra. Mais nous croyons que l'avenir se prononcera pour une ligne extérieure et une ligne inlérieure, surtout lorsque le chemin de fer vicinal Ypres- Poelcapelle sera établi. Etalors, tout le monde aura raison mais le Progrès, le journal de la bonne foi, ne sera pas content. k la salie Iweins Une perls, la conférence de Monsieur Ludovic Fraeijs Une voix bien timbrée, sympathique, une diction d'une pureté par- faite, une langue littéraire bien franpaise, un agencement heureux du thèrne, voilé la jj conférence et ie conférencier. C'est un vrai p succès que cette soirée, en un temps oil j beaucoup trop de gens se permettent d'être conférenciers sans l'êtra et qui vous font bailler devant des projections, qui seules vous erapêchcnt de... rèver d'autres cbo- ses, si elles y parviennent Monsieur Ludovic Fraeijs a captivé son nombreux auditoire et i'a poussé jusqu'é l'enthousiasme. Après nous avoir promenés sur la place Saint Mare et la Piazzetta, en taisant l'histo- rique de l'ancienne reine du monde, travers le palais ducal et la superbe cathédrale, dont le porche, surmonté du quadrige antique est une merveillö et l'intérisur un éhlouissement, le Palais des Doges se dresse devant nous, noir et rose, sombre et clair, comme l'image de la ville, qui s'étead au-delé, antithése matérielle. Nous entrons pour y admirer en d'immenses panneaux, les peintures dues aux pinceaux immortels du Véronèse et du Tintoret et célébrant le3 gloires de la Répu- blique. Toute l'histoire de Venise est dans ce monument. Nous voici encore au beau soleil, et le conférencier nous conduit devant la tour de l'horloge, la Bibliotbèque, le long du palais royal et ses jardins iiBHsenses, jus- qu'aux deux colonnes de la piazzetta surmon- tées l une de la sutue de Théodore, ancien protecteur de la ville, l'autre du Lion de St Marcpuis voici l'endroit oü s'élevait il Campanile, la Befïroi de Venise, et la loggia di Sansovino joyau de raarbre écra- sé, bélas, par la chute du géant de pierre. Volete una gondola,Signore? nous voici en gondole et en une sensation de bercement prolongé nous glissons sur la lagune. Puis c'est le grand canal dans l'onde duquel se baignent, superbes, les escaliers de marbre des grands palais Seigneuriaux de Venise, puis les mille canaux qui serpentent en capricieux méandres par toute la ville nous nous arrêtons parfois pour admirer qu'ilquu piazza ou queiqu-i fa gade de palais ou d'égfise se mirant dans ie bleu des eaux. Nous glissons silencieux sous le pont des soupirs, qui a porté tant de victi- mes envoyées la mort par les tristes bour- reauxdu conseil des dix, pour nous arrêter enfin dans la vaste lagune devant un décor encbanté, le panorama général de la perle de l'Adriatique. Tout cela, émaillé d'anec- dotes de récits historiques, d'observations techniques sur Part, tout cela était vécu. Poëte par moments, Monsieur Ludovic Fraeijs est bien moins la nostalgie le Rodenbach qu'il fallait pour nous dire le charme de Venise la belle en des échappées poëtiques tour tour claires comme le ciel du pays, légères comme les noires gondoles des canaux ou sévères comme les palais ar- chaïques de la cité des Doges, le conféren cier a trouvé la note qu'il fallait pour donner le caraclère vrai de cette ville ou les souve nirs des tortures atroces de l'inquisition se mêlent aux sérénades des Roméo. En fils de l'Eglise, Monsieur Ludovic Fraeijs n'a pu quitter Venise sans évoquer en termes émus le souvenir de l'ancien pa- ■Illl Ill lllll Ill WillIll II II ■IIIM JOURNAL D'TP v

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1904 | | pagina 1