L Mercredi 4 Mai 1904 10 centimes Ie Année 39 N° 3842 France Rome La guerre Russo-Japonaise La manifestation Tack On s'abonne rue an Beurre, 36, a Ypres, ei tous les bureaux de poste du rryaume. Les elections municipales Dimanche ont eu lieu on France des élec tions peur le renouvellement des conseils mumeipaux. D'apiès les premiers rcnseignements, eet te consultation étectorale a abouti k un échec pour le Bloc Combiste. A Roubaix, raalgré la coalition de toutes les forces coliectivistes et jacobines, l'« U nion Sociale et Patriotique enlève dès le premier tour QU1NZE S1ÉGES et ses adversaires, quels qu'ils soieni, n'ont pas un seul élu. 11 y a ballotage dans trois sections. Parmi les élus, se trouve M. Eugène Mot te député et uiaire de Roubaix, contre le- quel avaient donné avec acharnement tous les efforts des socialistes. M. Motte est éiu dans la 4e section par 2.456 voix contre 209,1.124 et 852 aux plus favorisés des lis tes radicale, colleetiviste et soeialiste minis térielle. A Tourcoing, la liste municipale radicale soeialiste l'emporte avec 55 pour cent envi ron des voix contre 37 pour cent k la liste des candidats antiministériels et 8 pour cent k la liste des coliectivistes. A Lille, il y a ballotage dans les six sec tions et pour tous les candidats mais dès maintenant, on peutaffirmer que, quoi qu'il arrive, le comité de i'« Union républioaine lilloise (conservatrice) est assuré de triom- pher dans trois sections et tiès probable ment dans quatre, e'est k- dire d'obtenir une incontestable et plus que suffisante majorité au conseil municipal. Pour se rendre compte du terrain gagné k Lille, il suffit. de comparer les résultais d'ensemble d'il y a quatre ans et ceux d'bier. Le 6 mai 1900 les conservateurs obte- naient utie moyenne de 14,000 voix, les coliectivistes 15,000 et les radicaux 5,000. Le 1" mai 1904, malgré la division créée par la Patrie frangaise, les conservateurs, d'après la statisiique de la préfecture elle- même, montent de'14,000 it 15.700. Les collectiviste tomberit k 12,500, tan dis que le radicaux, renforcés des socialistes ministériels, atteignent 6 000. Les candidats de la Patrie franpaise en fin, réunissent 3,500 voix. Paris avait élire 80 conseillers muni- cipaux. Le scrulin a donné 54 résultats définilifs et 26 ballotages. Ont été élus 27 ministériels et 27 antimi nistériels. II y a 26 ballottages qui se répartissent en antiministériels 27 et ministériels 9. Treize ballottages sont favorables aux minidériels et 13 aux antiministériels. Le chant grégorien Le Pape a regu satnedi k 10 heures, les membres de la Commission grégorienne et leur lut un motu proprio du 25 avril, or- donnant et réglant l'édilion vaticane des li- vres liturgiques contenant les mélodies gré- goriennes, Le Pape ordonne derestituer les mélodies suivant les manuscrits les plus anciens, en tenant compte des traditions légitimes et de la pratique actuelle. La rédaction des par ties musicales est confiée aux Bénediciins de la Congrégation de France et du monas- tère de Solesmes en reconnaissance des ser vices rendus. Les membres de la Commission et leurs collaborateurs sont obligés au secret et tra- vailleront avec diligence. Its s'entendront avec la Commission historico-liturgique pour l'établissement des textes ii certains. L'approbation pontificale conditionnera toutes les autres approbations, le cbamp restant ouvert aux variantes démontrées ccnformes aux bons maruscrits. La propriété littéraire de 1'édition vati cane sera réservée au Saiiit-S:ège, mais les éditeurs pourront reproduire librement s'ils offrent assez de garantie pour pouvoir rem- plir les conditions de ce travail. Ainsi le Pape compte rendre k l'Eglise l'unité du chant tradyionarl conforme k la science, k Fart, k la dignité du cube. La Commission, présidée pirDim Po- thier, compte dix membres parmi iesquels Dom Mocquereau, et dix eorrespondants consultateurs. Le passage du Yalou Nous avons fait connaitre le résuital des nombreux combats qui du 26 avril au lr mai se sont livrés sur les bords du Yalou entre les armées russe et japonaise et qui ont eu pour résultat de permettre aux troupes ja- ponaises de franchir le Yalou et de forcer les Russes k ab3ndonner Antuog. Pour mettre exactement les choses au point, rappelons brièvement les péripéties de ces divers combats. La garde impériale japonaise s'empara le 26 avril de File Kurito une des trois lies situées au milieu du fleuve Yalou et qui ve- nait d'être abandonnée par les Russes. Ceux- gi canonnent i'eonemi de la colline située derrière Kia-Lien-Tsé et de Kosan, de ces rnêrnes hauteurs bombardent Wi-ju et se fortifient sur la chaine de collines entre Kia- Kten-Tsé et Ko-che-ko. Nouveau bombardement de Wi-ju et des Les Kurito et Ssikodo le 28, tandis qu'un détachement j rponais va jusqu'k Kosan pour reconnoitre les positions russes. Le '29, la 12e division japonaise prend position sur la rive droite du Yalu, en face du Surkochin. Le samedi 30, après un combat d'artille- rie entre les batteries russes de Kia-Lien-Tsé et Makao et l'artillerie japonaise placée sur les hauteurs au nord de Wi-ju, la 2e division de la garde impériale traverse le Yalou, oc- cupe les collines de Kosan. Le lr mai les troupes japonaises qui ont traversé le fleuve pendant la nuit, commencent l'attaque des positions russes, fianchissent la rivière Iho et rejettent les Russes par delk le haul plateau qui s'étend sur la rive droite de la rivière, tandis que les Russes occupant Antung éva- cuent cette ville, après y avoir mis le feu. Le général Sassoulitfch, blessé le lr mai, est le commandant du 2e corps russe com- prenant les 5e et 6e divisions de chasseurs. Le général Kaschtalinski, également blessé, commandait la 3e division de chasseurs du 3e corps, appuyant sur les bords du Yalou la bribade deCosaques du général Mtschtenko. Tokio, 2 mai. Les pertes japonaises dans la bataille d'bier sur le Yalou ont été d'environ 700 tués ou blessés. Les Russes ont plus de 800 tués et biessés. Les Japonais ont cupturé 28 canons k tir rapide et un grand nombre de prisonniers dont 20 offi ciers. Les Russes, obfigés d'abandonner An- toung, hier, ont incendié la ville et se sont repliés sur Feng-Hoang-Tcheng. Les Japo nais sont maitres de l'estuaire du Yalou. On mande de Tokio, k Lond.es, que les divisions japonaises qui ont repoussé les Russes sur le Yalou avaient des effectifs d'environ 40,000 hommes. Les Russes ont battu en retraite sur toute la ligne. Lundi done, k 3 1/2 h. au Palais de la Nation, le Parlement beige célébrait le cin- quantenaire de l'entrée k la Chambre de M. Tack, ancien ministre, ministre d'Etat et député de Courtrai. Dès 3 1/4 h. les travées étaient envahies par lessénateuis, les députés et les anciens parlementaires. La droite était k peu prés au complet; la gauche, fort norn- breuse. On se montrait parmi les anciens députés présents MM. Mousset, Jeanne, Théodor, Dc Ferrand, De Oriendt, De Volder, De Malander, Meeus, Gilliaux, Roger, Indekeu, Bergé, de Macar, de Pitteurs, Anspach- Puissant, de Borchgrave, Graux, Vanderkin- dere, t'Serstevens, etc. Un seul parti n'était pas représenté k la manifestation; les deux schismocrates chré- tiens brillaient par leur absence. Les tribunes réservées et publiques étaient occupées par de nombreux invités. Sur le coup de 3 1/2 h. le vécérable jubilaire escorté du groupe imposant des huissiers, du bureau de ia Chambre et du Sénat, a fait son entrée devant l'assistence debout qui ie saluait de formidables acclama tions. A ce moment, M. Edmond Carton de Wiart, secrétaire du Roi. qui occupait la loge royale, tandis que dans la tribune diplomatique se trouvaieat au premier rang, le nonce du Pape, M. Gérard, ministre de France et de nombreux.attachés d'ambassa- de, a remis au vénérable jubilaire une leilre autograpbe de Sa Majesté. Puis M. Schollaert, président de la Cham bre, a pris, le premier, la parole pour rap- peler en excellents termes, la carrière parlementaire du député de Courtrai et remettre au jubilaire deux superbes éciins oü se délacbait, sur une grande médaille en argent el en ivoire, la physionomie sympa- thique et vivante de M. Tack, due au talent distingué du sculpteur De Vreese, et exécu- tée avec art par M. Hoesemans. 5 M. le comte de Merode-Westerloo s'est associé au nom du Sénat, aux paroles de M. Schollaert. Alors d'une voix brisée d'abord par l'émo- tion mais bientöt rafïermie M. Tack a reroer- ciéses pairs de leur sympathie et l'assistance de ses bravos unanimes et chaleureux. Et dans un discours éloquent et vibrant d'un grand souffle patriotique, le vénérable ministre d'Etat a exprimé sa joie d'entendre proclamer que pendant cinquante ans, ii n:a cessé de remplir son devoir; e'est lk une récompense qu'il n'eüt jamais osé rêver. Une vibrante ovation a salué les males paroles du doyen de la Chambre. Puis tous les assistants, k commencer par les minis- tres présents, ont serré les mains du jubilaire. Enfin, dans la salie de lecture de la Cham bre, le doyen d'üge des journalistes parle mentaires, notre confrère Pantents, a adressé au vénérable jubilaire, qui s'en est montré trés touché, un speech ému au nom de la presse de tous les partis. Voici le texte de la lettre que le Roi a adressée k M. Tack 1" mai 1904. Cher Ministre, Vous célébrez demain, fait bien rare, votre jubilé de cinquante ans de service par lementaire. Permettez-moi, k cetts occasion mémo- rable, de vous adresser roes vives félicita- tions et les voeux sincères que je forme pour que vous puissiez encore, pendant de lon- gues années, aonsacrer au pays votre dé- vouement et cette remarquable activité que nous admirons tous et sur laquelie le temps n'a pas de prise. Veuillez me croire, cher ministre, votre trés affectionné. Léopold. Une anecdote Dans une lettre qu'il adresse au Bien Pu blic, un contemporain de Uillustre jubilaire, l'ancien sénateur M. J. Lammens rappelle que le 18 aoül 1836, lorsque ls Roi Léopold I et la Reine Marie-Louise firent leur première entrée solennelle k Courtrai, ils daignèrent assister le lendemain k la distribution des prix au collége St-Amand, qui déjk alors jouissait d'une réputation scientifique qui n'a fait que grandir et oü le jeune Pierre Tack, qui terminait alors ses études d'humanités au collége, obtint des succès éclatants. Le lauréat Tack, proclamé primus inter pares, recut la médaille d'honneur et quinze prix. A quatie reprises différentes le Roi daigna déposer une couronne de feuillage sur la tête du brillant élève, lorsque celui-ci mon- lait sur l'estrade oü Ton décernait les prix la dernière fois on entendit Sa Majesté adres ser en flamand au jeune Tack une parole qui circula bientöt dans la salie Nu zijt gij tak, maar later zult gij een boom worden (Aujourd'hui vous êtes branche (tak), mais vous deviendrez arbre La prophétie de Léopold I s'est pleinenaent réalisée le lauréat de 1836 est devenu le great old man de l'Europe parlementaire. Le JOURNAL D'YPRES i'parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de 1'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularissent tin Décembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligre. Les réclames dans le corps du journal coütent30 centimes la ligne. 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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1904 | | pagina 1