ORGANS CATHOLiaUE
DE L'ARRONDISSEMENT
TELEPHONE 52
Samedi 20 Aoüt 1904
10 centimes le Nc
Année 39 N° 3872
Revision des listes électorales
A nos amis
Fêtes
Dimanche21 Aoüt
Dimanche 28 Aoüt
Dimanche 11 Septembre
Dimanche 25 Septembre
La folie chanson ou le S. U.
Mécontents et arrivistes
Le Progrèset... le conflit
enlre le Vatican et la France
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Bon nombre de catholiques ont dü
constaler, pendant la campagne elec
torale qui vient de finir, qu'ils ne sont
I as inscrits sur les listes électorales
cu qu'il ne leur est pas attribué le
nombre de votes anquel its ont droit
le bureau de i'Association Catholique
d'Ypres appelle Fattentiou de fousses
amis sur l'impor'ance de la revision
des listes qui se fait au rnois deJuil-
let et les prie de lui signaler dès
maintenant foutes les omissions
constatées ie bureau est ouvert tous
les jours non fdriés de 9 heures a midi
et de 2 a 6 heures, rue de Menin.
a 2 heures, au pare du Chateau de la
Hooghe, Grand fête Athlétique, don-
née par le Football C'ub Yprois.
Pendant la fête
Concert par la Fanfare Royale.
Fête Gymnastique par la gilde
St Michel, au jardin du Cerc'e Catho
lique d'Ypres.
Fête Gymnastique au Chateau de la
Hooghe, par la gilde St Michel.
Concert-Promenade par la Fanfare
Royale et l'Ophéon, au jardin du
Cercle Catholique.
A un conf'ère anversois qui prétendait que
si le Peuple teriait essentiellement au suffrage
uuiversel ii 21 ans, c'élait sans doute paree
qu'il comptait sur l'inexpérience de la j u-
nesse, le moniteur socialiste riposla que le
Matin, dans son doctr inarisme encroii ne
peul admeltre qu'on accorde Pélectorat aux
jeunes gens dom ïl n'ignore pas les aspirr-
tions ardemment démocraliques.
A son tour, le Matin réplique
Voilh qui est faible.
On croirait, d'après Ie Peuple, qu'un hoir-
me de 25 ou de 30 ans n'est plus jeune.
Tout au tnoins le trouve-'-d déjk trop apé
pour les idéés socialistes qui seraient comme
uue rougeole de la vingt et uuième année.
Nous répétons que ce n'est pas fiatteur pour
le parti, dont le Peuple se dit l'orgtne.
11 est des arguments que l'on a accou-umé
d'employer dans les discussions politiques
sans en peser la valeur, uniquement paice
qu'ils fournissent matière quelques phrases
k effet.Ainsi quand le Peuple s'écrie «Vous
voulez nous priver du concours de la jeu-
nesse aux idéés ardemment démocratiques,
aux aspirations généreuses, vous avez une
peur bleue de la poussée vigoureuse que ces
électeurs donneraient aux idéés rénovairices,
etc. cela sonne assez bien mais, si l'on y
réfléchit, on s'assure que le parti qui craint
pour ses idéés rénovatrices le jugemerit d'un
homme de vingt cinq ans, spécule sur l'étour-
derie et l'inexpérience de la vie.
En effet, ces phrases qui sonnent bien
signifient uniquement ceci Hatone-nous
de taire voter les jeunes gens de 21 ans.
car, k 25 ans déjk, après avoir un peu réflé-
chi, après avoir vu la vie comme el le est,
besucoup d'entre eux lacbent nos idéés!»
Notez qu'il n'a jamais été question de con-
férer le droit de vote k des vieillards, com
me cela s'est fait dans des sociétés antiques,
mais k de jeunes hommes encore pkins
d'avdeur et d'enthousiasme. On ne réclame
de l'électeur qu'un peu de réfl x>on, 11 parait
que e'est encore trop pour le Peuple. Fran-
chrment, notre confrère n'est il pas ua peu
honteux de compter, pour le succès de sa
politique, sur un jeune homme de 21 ans
qu'i' juge capable de se déju^er quatre ans
après
En reprenant le raisonnement du Peuple,
nous pouvons dire qu'il a une peur blrue du
désaveu que les jeunes gens de 25 ans infli-
geraient aux idéés socialistes, et que cela ne
lait pas bonneur aux dites idéés. 11 est assez
plaisant, en effet, de défendra des idéés dont
on corifesse soi mêmn qu'elles résistent mal
k l'examen, et de faire fond sur un enthou
siasme irraisonné et une générosité incon-
sciente
Bien tapé
Mais notre réflexion de l'autre jour n'en
demeure pas moins entiè.e.
Pi/urquoi le Matin et tutti quanti s'atlel-
lent-ils k des cartels qui n'ont d'autre but
que Ie triomphe de ces idéés qui résistent
mal k l'examen
On a discuté, au congrès interna
tional socialist d'Amstcrdam, leter-
nelle question relative a la tactique
du parti. Le débat s'est concentre
aut, urde M. Jaurès, dont M. Fur-
nérnont, est le fervent disciple et
de M. Bebel pourqui tient M. Van-
dervclde, qui sont deux champions
dignes de s'affronter.
Leurévangile! Recourocsau Temps
qui le résumé en ces termes:
On sait queiles idéés représente M.
Jaurès. Quant au leader allernand,
qui est l'oratcur le plus éloquent et
le plus écouté du Reichstag ce qu'il
propose, ce n'est pas l'intransigeance
ha^gneuse de certains socialistes fran
cais ce qui 1'inspire, ce n'est pas
leur mauvaise humeur, leur mauvais
vouloirou leur mauvais estomac. Le
parti socialiste allernand ne refuse
pas les réformes et les concessions que
les adversaires sont ohligésde con-
sentir.par la force des choses ou sous
la pression de la propagande mais
M. Bebel so flatte que ses amis et lui
gardent jabusement leur «autono
mie» La est le point. lis obéissent au
précepto domandez et vous rece-
vrez. lis réclament et même iis exi
gent, au nom de la masse de leurs
électeurs sans cesse croissante mais,
lorsqu'ils voient les classes privilé-
giées jeter du lest,ils ne se croient pas
tenus de payer ce geste intéressé par
un accord régulier avec les partis
bourgeois, en acceptant une discipli
ne, des mots ü'ordre, une solidarité.
lis ne se font pas ^illusions et ils
savent bien que la bourgeoisie de
meure l'ennemi irréconeiliable
même et peut étre surtout
lorsqu'elle offre des présents. Que
sont ces présents, après tout Un
oeuf, qu'elle abandonee après tani de
luttes, et pour sauver un bceuf.
Et puisque nous voila éclairés sur
les idéés en présence, c'est également
le Temps qui se chargera pour nous
de conc étiser la portée dn débat ct
d'en tirer la morale.
M. Bebel, écrit legrand journal pa-
risien, reprocbe a M. Jaurès et a ses
amis de se laisser envahir par les
bourgeois qui se glisserit, pour arri
▼er plus vite,dans les rangs socialistes.
C'est parfaitement exact. Nous avons
vu ct nous allons voir de jeunes
bourgeois, grassement pourvus, affec-
ter un socialisme qui ne leur aura
rien coüté et qui leur rapportera des
honneurs, du moins ils l'espèrent.Oui,
M. Bebel dit vrai; puisqu'il s'agit d'op-
portunisme et nullement de socialis
me intransigeant ou rébarbatif, le
groupe socialiste de la Chsmbre va
ressembler de plus en plus a ia confé
rence Molé, aux parlotles d'universi-
taires dacs les cafés tie province,
voire même a l'Ecole des sciences po
litique s. Oui, puisqu'il s'agit surtout
de partkiper au pouvoir, on va voir
accourir les parties prenantes: elles
viendront forcément des milieux oü
on a l'habilude de la chose. Mais que
M. Bebel considère ie parti socialiste
allernand dont il reste, en sa verte
vieiliesse, le chef plein de talent et de
vigueur. Groit-il que l'énorme quan-
tité des suffrages oetenus par ses amis
aux élections de Juin 1903, soit une
masse homogène de suffrages pro-
létaires et conscientsS'illu-
sionne t-ii ou veut-il nous fairecroire
que le collectivisme ait en Allemagne
un si grand nombre d'adhérents ren-
seignés et déterminés
La vérité, c'est qu'au reproche
d' accepter des bourgeois dans let
rangs socialistes,M. Jaurès pr urrais
répondre a M. BebelVous n'agissez
pas autrement. La seule difference,
c'est que les bourgeois allernands
viennent momentanément au
socialisme en qualilé d'électeurs mé-
contents, qui favorisent l'opinion ex
tréme pour protester plus fort; tan-
dis qu'en France, les bourgeois vien
nent au socialisme sous forme de
candidats, de pubücistes ou de con
férenciers, attirés par un thêmca la
mod .Des deux cólés. la physionomie
du socialisme se trouve, par ce phé-
nomène, cootrefaffe ou bourse fflée.
La-bas, Ie parti devient un syndicat
de mécontents et c'est pour cela que
la crue ne cesse de monter ici, le
parti devient un syndicat d'arrivistes:
et c'est pourquoi i! a des chances si-
non de gouv rner directement, du
moins d'encombrer de ses pretentions,
plus que de son programme propre,
ce que Waldeck Rousseau appelait les
avenues du pouvoir
Ge que le Temps ditfdes socialistes
allernands et d'Óutre-Quiévrain s'ap-
plique parfaitement aux socialeux de
chez nous oü les «conscients »®du
prolétarsiat sont infime minorilé et
ies autres, des mécontents servant de
trernplin a Ia nuée d'arrivistes froma-
geux qui font de la politique sur le
dos du pauv' peuple.
Le Progrès y va aussi de sa petite appre
ciation au sujet du conflit entre le Vatican et
la France.
L'organe du respect pour la Religion de
nos pères, ignorant comme une mule, écrit
L'intolérance papale, l'ingérence aggres
sive de Pie X dans les affaires sdministrati-
ves du clergé francais ont mis M. Combes et
ses collègues dans la ne'cessité de défendre
l'honneur de la France pour laquelle tout
acquiescement aux exigences vaticanes eüt
équivalu a une humiliante reculade.
La journée du 29 Juillet est le triomphe
de la suprématie du pouvoir civil.
Faut-il apprendre au Progrès que les jour-
naux libéraux dans le vrai sens du mot
aussi bien que les organes de la presse pro
testante de France et de Suisse, apprécient
autrement le conflit survenu entre le Gouver
nement francais et le St Siège
Mais il y a belle lurette que le Progrès
n'est plus... liberal.
JOURNAL D'YPRES
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