ORGANE CATHOLIQUE
DE L'ARRONDISSEMENT
SOIRÉB-TABAGIE
TELEPHONE 52
Samedi 29 Octobre 1904
10 centimes le N°
Année 39 N° 3891
Le Progrès et la Foule
Les Finances de la ville
et le Progrès
Une fête catholique
en Bollande
On s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et tous les bureaux de poste du rcyaume.
le Dimanehe 30 Octobre
JOURNAL D'YPRES
Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
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Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresset a
''Apence Havas Bruxelies. rue d'Argent, n°31 et a Paris,8. Place de la Bourse.
CERCLE CATHOLIQUE
offerte aux membres du Cercle
par le Cercle Symphonique
sous la direction de M. ALB. VAN EEGROO
avec le concours de
M. JOS. DERUDDER Basse.
a 8 heures du soir.
Programme
i. Départ pour la chasse, marche
JUNGMANN.
s. Le Calife de Bagdad,
ouverture
3. Intermetfo
4. Récitatif et air de la
Creation, a chanter
par M. J. Derudder
5. Amour d'artiste, (sérénade)
F. Gaal.
6. Tout-Paris, valse E. WALDTEUFEL.
BOILDIEU.
E. DE TILSCO.
Haydn.
1. Marche des Prêtres MENDELSHOHN.
2. Smart very smart E. GlLLET.
3Chère Patrie A. JUNGMANN.
4. Monsieur Noel, a chanter par
M.J. Derudder JaneViCU.
5Papa-Maman, polka J. BAYER.
6. Bonheurperdu, valse E. GlLLET.
Nous avions dit que nous dissèquerions
quelques articles de notre confrère, paree
qu i 1 y semait tant d'ivraie qu'il n etait guère
possible d'en purifier l'air une seule tois.
Le 9 Octobre done le Progrès, se trouvant
en verve expansive, décèle, a qui veut le
comprendre, le véritable degré destime dont
ilhonore la foule, e'est-a-dire, la majeure
partie des électeurs.
Continuant de nous decocher sesplai-
santeries de gargote, il ajoute: Foyer scien-
tifique éclairant de ses rayons éblouissants
les esprits médiocres de la foule
Vous voyez de suite la sufïisance hautaine
de ces vénérables amis du peuple qui ne
sont pas eux, des esprits médiocres, mais des
lumières de grand conseil.
Nous savons bien que le peuple astreint
d'abord a pourvoir aux ne'cessités de la vie,ne j
peut, comme d'autres plus fortune's, s'adon- j
ner aux études. Sa culture intellectuelle, de;
ce chef, demeure imparfaite, incomplete,
mais n'altère en rien son esprit qui nest pas
plus médiocre que celui du premier scribe j
du Progrès. La preuve en est que nombre
de génies sont sortis de cette apparente infé-
riorité de la foule dès qu'ils ont pu se livrer
a 1'étude, même au prix des plus grands
sacrifices tels Franklin, Stephenson.
D'ailleurs, une preuve plus évidente encore
se laisse percevoir chaque jour dans les juge-
ments du bon sens populaire. Soustraite aux
influentes oppressions, la foule se porte avec
une invariable Constance vers son bien réel
et souverain les obsessions, les entratne-
ments passionnels, les violences des pouvoirs
ne réussissent qua faire dévicr momentané-
ment l'esprit public, plus ou moins inculte,
du droit chemin de la justice et de la vérité,
même dans nos temps de frivolité fiévreuse
et de tourbillonnement évaporé.
Et notez bien que cette dépréciante estime
de la foule nest pas seulement appliquée par
le Progrès a ceux qui ne partagent pas ses
opinions. Non, e'est a tous ceux qui ont
besoin de vulgarisation pour suppléer aux
privations intellectuelles que leur impose
leur indigence.
Nous dirons même plus; car après avoir
douté, non sans raisons, (vu la lourdeur du
morceau) de la bénévolle patience de ses lec-
teurs, il leur octroie un brevet de mauvais
caractère.
Eh oui, lecteurs du spirituel Progrès, c'est
incontestable vous n'égalez certainement
pas le bon caractère des autres lecteurs vous
avez sans doute aussi quelque médiocrité a
votre actif. Mais vous devez en être trés sa-
tisfaits car ca vous servira de preuve irré-
cusable que vous recevez quelque chose de
l'esprit superfin qui préside a votre cuisine
intellectuelle.
Et d'abord, il vous sert la superbe cou-
leuvre de la franc maconnerie DlEU N A
RIEN A VOIR DANS LA POLITIQUE.
Mais qu'est-ce done que lapolitiquel N'est-
ce pas la connaissance e.x.\&gestion des affaires
publiques; cest-a-dire, des actions générales
du peuple, faites par lui ou pour lui, socia-
lement, en vue du bien ou du progrès général
de la société.
Dans ce cas est-ce un bien, est-ce surtout
un progrès, d'enlever a la société son lien de
cohésion le plus solide, le plus stable et le
plus invulnérable Que faites-vous d'autre en
éliminant Dieu
Est-ce un bien, est-ce surtout un progrès
de substituer dans la société une justice rela
tive, corruptible, éludable a un Jugeabsolu,
incorruptible, inévitable dont la patience
temporelle s'explique par une rigueur éter-
nelle.
Est-ce un bien, est-ce sourtout un progrès
de supprimer dans la société Ia Rémunéra-
tion certaine et adéquate, qui récompense les
générosités secrètes et privées, qui compense
les souffrances résignées et volontaires, pour
ne laisser place qu'a la philanthropie forma-
liste et a la misère codifiée.
Et si vous ne voulez pas l'enlever absolu-
ment, qui signifie votre parcage, qui genera
son action bien plus efficace quand il fusionne
avec le peuple.
De la résulte comme absolue conséquence
queles actions générales du peuple faites PAR
LUI, étant la somme d'actions pariiculières,
seront moins parfaites, moins bonnes, moins
progressives lorsqu'elles seront accomplies en
dehors de l'influence de Dieu, lien, juge et
récompense, de tous comme de chacun.
II cn sera de même, indubitablement,pour
ce qui sera fait POUR LUI par ses manda-
taires ou gouvernants car, comme les
gouvernés ils sont éléments de la société et
susceptibies de recevoir comme eux la juste
rémunération de leurs oeuvres.
Vous le voyez, n'est-ce pas, lecteurs, qu'il
est avantageux pour tous que Dieu ait a voir
dans la connaissance et la gestion des affaires
publiques, e'est-a-dire dans la politique.
Et que c'est une couleuvre trés intéressée
de la franc-maconnerie de vouloir éliminer
ce grand oeil qui voit toutes les ruses de
l'homme méchant, des conseils oü se traitent
les affaires publiques.
Done nous dirons, avec tous les électeurs
sérieux, ilfaut que Dieu soit dans la politi
que, et nous refuserons nos suffrages a ceux
qui n'en veulent pas.
Le Progrès parle des Finances de la ville
a peu pres comme il parle Religion ou Phi
losophic.
Oblige de reconnaitre que les recettes or-
dinaires ont augmenté encore en 1903, quel
que élevées qu'elles aient été en 1901 et
1902, il ajoute que l'excédent n'est plus que
de 52 438 fr. 13, soit une diminution de
37.421 Ir. 65 sur 1'exercice antérieur et,
poussant l'ignorance jusqu'a 1 idiotie, il
ajoute malgré une somme de 3o,ooo fr.
provenant de la vente dune partie de ter
rains du Boulevard Malou.
Cachez-vous, ignare les 3o,ooo francs,
recus en 1904, seront portés au compte de
Vannée en cours
Comment raisonner encore avec le Pro-
grèsi All ons, confrère, changez de redaction,
ou l'opinion publique vous placera sous
tutelle.
V
Pour ledificatiou du public, constatons
que les recettes ordinaires de la ville se
sont élevées, en 1903, a la somme énorme
de 367,528 fr. 48, et les dépenses a celle de
327 803 fr. 31, d'ou un excédent a l'ordi-
naiic de 39,725 fr. 17.
Que Pon compare ces chiffres a ceux de
l'ancienne administration libérale
int»! aqtw>-o—
La Hollande, pays en majorité protestant
mais oü les catholiques sont pieins de foi et
de zèie, nous donne souvent de grands
exemples. Quelle legon récemment donnée
a la France par des hommes impartiaux qui
savent comprendre la liberté Quelle legon
pour les gouvernants de ce pays, sïls étaient
capables de l'entendre
Et mê me nos libéraux de Belgique auront
a rougir de leur intolérance, en apprenant
comment des autorités civiles protestantes
te sont associées a la fête catholique dont
nous allons parler
L'établissement ecclésiastique (petit sémi-
naire) de Rolduc, dans le Limbourg hol
landais, célébrait, le 12 juillet dernier, son
buitième centenaire (1104-1904) et a cette
occasion inaugurait la statue de sou fon-
dateur, le vénérable Ailbertus.
Nous empruntons a une revue neerlandai-
se quelques détails sur cette manifesta
tion
L'importance des fêtes de Rolduc au
point de vue catholique ressort aisément
de ce fait que le Saint-Père et S. M. la reine
de Hollande y avaient chacun leur repré
sentant Mgr Giovannini et le comte Mar
chant d'Ansembourg. Au banquet on
femarquait on outre S. E. Mgr Fischer,
cardinal archevêque de Cologne S. G. Mgr
Van de Wetering, archevêque d'Utrecbt
NN. SS. les évêques de Roermond et de
Liège LP. EE. les ministres de la Guerre,
de la Justice et des Financesle com-
missaire de la Reine dans le Limbourg, le
consul fraugais de Dordrechtenfin tous
les bienfaiteurs et amis de Rolduc, la plu
part des notabilités civiles et ecclésiastiques
i du Limbourg.
Après une délicate allot ution oü fut évo-
qué le glorieux passé de Rolduc, Mgr Fis
cher lut une lettre du cardinal secrétaire
d État contenaut la bénédiction apostolique.
Mgr Van de Wetering remercia ensuite les
trois ministres et le commissaire de la reine
de leur dévoüment a la cause catholique, et
principalement de tont ce qu'ils avaient
fait en faveur de 1'enseignement catho
lique.
Le directeur de l'établissement adressa
a la reine le télégramme suivant
Rolduc et tous ses nobles bötes offrent
a Votre Majesté leurs hommages respec-
tueux.
coeten, directeur.
De son cóté le mari de la Reine, le prince
Henii télégrapbiait de Schwérin
«Je tiens a vous assurer du vif intérêt et
de la part que j'ai prise a vos fêtes d'aujour-
d'hui. Ma visite a Rolduc m'a laissé pour
toujours les plus agréables souvenirs.
henei, Prince des Pays Bas.
On répondit a Son Altesse Royale
Rolduc rend grace a V. A R. pour ses
bautes felicitations et vous offre ses bom-
mages.
La dépêche suivante fut envoyée au Dr
Kuyper, ministre des affaires étrangères
Eu ce jour solenuel, Rolduc se souvient
de votre grande sympathie pour notre mai-
son.Envous remerciant, nous vous offrons
nos hommages.
Le ministre répondit aussitöt
Votre jubilé avive en moi la flatteuse
impression que me fit, il y a un an, votre
magnifique institution. Aussi j'attacbe un
grand prix a la consolation de pouvoir
vous offrir aujourd'bui mes felicitations
J'bonore en Rolduc une de ces écoles par
qui les principes cbi'étiens sont implantés
et consolidés dans la vie de notre peuple.
Que votre puissante institution consacre
toujours a les enraciner, ses meilleures
forces, et qu'elle soit, paree travail vivi-
fiant, un sujet de bénédictions pour la
patrie
Le Ministre des affaires étrangères.
kuypee.
On regut encore des télégrammes de l'in-
specteur de l'instruction publique, des
écoles professionnelles et commerciales, de
presque toutes les institutions d'enseigne-
ment supérieur et moyen, de plusieurs
professeurs de 1 Université, de nombreux
amis et anciens élèves de Rolduc.
Entre l'église de Rolduc et la salie de
théatre se dresse une belle statue du fonda-
teur de l'établissemeutelle ruesure, avec
son piédestal, quatre mètres de hauteur et
domine la terrasse devant l'église. La colon
ne est a triple fut, symbole de la grande
vénération du saint pour la Sainte-Trinité.
La même idéé est exprimée par le geste de
la main droite qui est levée vers le ciel la
main gaücbe porte l'église de Rolduc en
miniature. C'est, en effet, le saint qui en a
congu et dessiné le plan.
N'oublions pas que c'est un ministre pro
testant, le Dr Kuyper, qui rend eet homma
ge éloquent a une institution d'enseiguement
catholique.