iVercredi 30 Novembre 1904 10 centimes le Nc Année 39 N° 3899 Abonnements Le centenaire du eaz Le Ladentelle a la main LA GUERRE Le siège de Port-A rlhiir Italië En France *V""- s abonne Beurre pres, bureaux de poste du rryaume. gaz Elections de \Iilan Les affaires de delation wumi yiMn s i nuu IJ Le JrORNAL D'YPRES parait le Mercredi el le Samedi. Le prix de 1'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent étra adressés franco de porta 1'adresse ci-dessus. Les annonces coütent' IS centimes la ligro. Les réclames dans le corps du journa coütent30 centimes la ligne. Les motions judcciaires, l franc la ligne. Les luméros supplémentaires coütent 10 franss les cei.t exemplaires. 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Quand tonnait le canon des Invalides et que Napoléon, en son théatral costume d'apparat, conduisait Joséphine a Léglise oü les atten- dait le pape, qui eüt dit, qu'un pauvre chi rr is te mort obscdrément cc jour-la, serait glorifïé cent ans plus tard, tandis que l'em- pereurne resterait plus qu a 1 étatde souvenir épique a cöté de Roland, de Renaud, de Montauban et du roi Arthur Auguste Barbieravait tort quand il écrivait dans ses Iarnbes que le peuple ne se souvient que de l'homme qui tue avec le sabre et le canon. Un jour bien procbe viendra oü les tables de mémoire ne retiendront que le nom des bienfaiteurs de Lhumanité. L'autre jour, au banquet de la Société des ingénieurs, M. Ernest Solvay, en prenant le café, résumait son toast en trois mots «J'ai voulu dire qu'un chimiste et un ingénieur valent mieux qu'un avocat.Et voici qu'on les honore plus qu'un conque'rant, plus que celui qui fut un moment le maitre du monde. II est vrai que Philippe Lebon n'a qu une modeste statue a Chaumont, chef-lieu du département de la Haute-Marne et que le gros public connait surtout l'autre, Philippe- le-Bon, ainsi nommé par antiphrase, le due de Bourgogne, inventeur des banquets poli- tiques qui, du premier coup, a de'passé toutes les fanfaronades dont ces banquets devaient dans l'avenir être le prétexte, quand il jura sur un faisan d'aller délivrer le tombeau du Christ Mais e'est que le public a étudié malheureusement l'histoire dans les écoles oü lenseignement, toujours routinier, passe dédaigneux a cóté des progrès de la science, pour suivre les soldats et la marche du tam bour. Demain, il n'en sera plus ainsi. L histoire des sciences, des lettres et des arts, prendra plus de place que celle des batailles et des traités. L'invention de Philippe Lebon, un instant menacée par celle de la lumière électrique, a cependant résisté a eet assaut, grfice au bec Auer et elle est appelée a jouer un röle im portant dans la conquête de l'air. A vrai dire, il ne songeait, quant a lui, qua Leclairage, bien qu il eüt pu assister aux premières ten- tatives de Montgolfier, Pilatre de Rozier.etc. Mais combien d inventions ont dépassé la portee que leur assignaient les inventeurs! Léclairage au gaz resta, pour son inven teur, confiné dans le laboratoire. La naviga tion aérienne est bien plus prés d'etre réali- sée que ne l'était l'essai scientifique du chi miste francais. Le centenaire du gaz, en même temps qu'une commémoration, sera peut-être une aurore. EUGÈNE TaRDIEU. [La Conquête de Air Le Temps nous apprend M. Louis Vigouroux, député, a fait l'autre soir, dans la salie de la Société de géographie de France, une conférence sur la dentelle a la main. C'est MBouquet, conseiller d Etat, directeur de l'enseignement technique au ministère du commerce, qui présidait. M. Vigouroux montre d'abord la déche'ance qui a frappé dans toute la France, la fabrication autrefois si florissante et si honorable pour le pays, de la dentelle a la main. II montre a quelles causes est due cette déchéance. Et il adresse un pressant appel a ses auditeurs pour l'aider a rendre a eet art sa prospérité de jadis. Ce qu'il demande, c'est le concours des initiatives particulières. L'exemple de payr étrangers nous montre ce que 1 initiative prive'e peut faire pour rele- ver ou encourager la gracieuse industrie dont la prospérité intéresse tant l'art et la mode. Son action doit s'exercer dans trois directions différentes i° Organisation de l apprentissage et amé- lioration de la condition des ouvrières pour empêcher de tarir les sources mêmes de la production 20 Amelioration des dessins et adaptation aux variations de 1 art et de la mode, meil- leure protection de la propriété des dessins 3° Emploi aussi large que possible de la dentelle a la main dans la lingerie, l'ameu- blement, pour le costume féminin, etc. Le patronage de plusieurs reines, impéra- trices et dames de la cour dans certains pays étrangers montre la valeur des encourage ments que des institutions similaires pour- raient donner en France. Plusieurs dames dont le concours serait extrêmement pre'cieux ont déja manifesté leur bonne volonté. M. Vigouroux rappelle le succes de l'exposition du musée Galliéra, il espère que tous ceux qui ont collaboré a cette intéressante manifestation redoubleront d'efforts et qu'ils réussiront a défendre contre nos concurrents étrangers une industrie dont la conservation en France est indispensable au maintien de notre suprématie artistique et du prestige de nos modes sur tous les mar- chés du monde. Nous pourrions en dire autant de la den telle en Belgique. Aussi bien des voix auto- risées.notamment MM.Carlier et Pierre Ver- haegen, n'ont pas manqué de le faire. Et il est a espérer que de la manifestation natio nale que prépare pour Fan prochain la sec tion dentellière a 1 Exposition de Liège, naltra le renouveau de l'art dentellière en Bel gique et une amélioration définitive de la condition des modestes et vaillantes ouvri ères dont les obscurs chefs d'ceuvre font la réputation de Bruges et de mainte ville du pays. Le Progrès, le Weergalm et le Weekblad s'étonnent du silence du Journal d' Ypres autour de la question du gaz. Le moniteur de l'Hötel de ville ne dit rien. II y a done anguille sous roche Nous n'avons pas la prétention d'etre un journal officiel. Nous ne pouvons done dire de la question du gaz que ce que nous en entendons dire dans le public. Mais pour ne pas nous exposer a faire, comme nos con frères libéraux et radicaux, de la polémique en l'air, nous nous taisons, en attendant que la question soit discutée au conseil commu nal. M. le Bourgmestre ayant annoncé, dans la séance du conseil communal du 26 No vembre, que la question du gaz serait a 1 ordre du jour de la séance du Samedi 3 Décembre, nous nous ferons un devoir d'as- sister a cette séance et d'en reproduire le compte-rendu. Après cela, nous discuterons avec le Progrès et consorts, s'il le faut. En attendant, nous constatons qu'après avoir combattu l'idée d'une intercommunale, le Progrès demande si, en cas oü l'intercom- .mrnale de.vrait prévaloir.on ne trouverait pas aVpres, Poperinghe et Warneton assez de capitalistes disposés a s'engager dans l'affaire? Mais, confrère, si l'affaire est si mauvaise que vous le dites... II y a eu hier deux cents jours que Port-Arthur est investi. Cette dure'e dépasse déja celle de la grande majorité des sièges les plus fameux. Depuis que l'artillerie joue un röle important a la guerre, c'est-a-dire depuis cent cinquante ans,on trouve peu d'exemples d'une pareille résistance. Pondichéry, en 1778, se rendit aux An glais après 71 jours de siège, dont quarante d attaque en règle. Valenciennes, que la Convention déclara avoir bien mérité de la patrie, capitula, en 1793, après 42 jours de bombardement. La même année, Mayence, oü s'illustrèrent les généraux Meusnier, d'Oyré, Aubert-Du- hayez et Kléber, ainsi que les représentants du peuple Rewbell et Merlin de Thionville, ouvrit ses portes aux Prussiens après un siège de io5 jours. En 179S, Bonaparte se rendit maitre de Mantouc au bout de 24S jours d'investissement. Gênes, dont la défense est si justement célèbre, capitula en 1700 après 60 jours de blöcus. L'endurance des soldats fut aussi remarquable que lenergie du chef; jamais garnison ne subit d'aussi grandes privations. Pendant la dernière quinzaine, la troupe re^ut pour unique aliment quelques grammes d'amidon quant aux habitants, ils durent se nourrir avec des herbes bouillies. Massena ne consentit a entrer en pourparlers avec l'ennemi qu'après avoir tout épuisé, et il sut cependant imposer ses conditions aux Autri- chiens. Saragosse subit deux siéges légendaires le premier en 180S, dura 74 jours et se ter- mina par la retraite des Francais le second, de 72 jours, se termina par la prise de la ville, le 20 février 1809. Dantzig, en 1813se rendit, après un siège de 334 jours. La résistance que le général Rapp, a la tête de quelques débris de la Grande Armée, opposa aux coalisés, fut ad mirable elle méritait d'etre plus connue. Sébastopol soutint les attaques de l'armée franco-anglaise pendant 3qi jours il est vrai que la place ne fut pas investie et put conti- tinueilement recevoir des renforts en person nel et en matériel.. Au cours de la guerre franco-allemande, Paris fut assie'gé pendant 13 1 jours et Belfort pendant 110. Dimanche ont eu lieu a Milan les elections supplémentaires pour le conseil municipal, j Les catholiques et les modérés on fait al- i liance et leur liste a triomphé avec 17,500 voix contre 14,500 données aux partis ex- trèmes. ft Un officier retraite vient d'adresser a M. Bourgueil, juge au tribunal de la Seine, une lettre de provocation. Le batonnier avocat de Nancy déclare que M. Goutière de Vernolle, qui a envoyé des fiches au ministère, n est pas inscrit au j barreau de Nancy, dont les avocats répu- dient toute solidarité avec les délateurs. Les syndicats du commerce et de l'indu- strie ont prononcé par 65 sur 72, la radia tion de M. Blanchard, président honoraire, en raison des fiches qu'il a envoyées. La mouchardise est de'sormais devenue officielle au pays de M. Combes. Le défro- qué, par une circulaire aux préfets, vient d'en faire un service public. Que pense le Progrès du système cher a ses amis de Fran ce En attendant, voici comment Eclair, journal liberal de Paris, apprécie ce régime Non seulement les délateurs ne sont pas frappe's mais la delation, déclarée vile et misérable par quiconque a porté sur elle un jugement public, vient d'etre réhabilitée par le président du conseil mieux que réhabili tée, officiellement sanctionnée, reconnue comme une nécessité de l'Etat républicain, élevée au rang d institution, transformée en instrument de gouvernement. La circulaire de M. Combes ne se borne pas a permettre aux préfets de recueillir, par 1 intermédiaire de particuliers choisis par eux, sans qu'ils aient a rendre compte de leur choix, les renseignements qu'il devront faire tenir au gouvernement sur les fonctionnaires de tout ordre elle le leur recommande. Qu'est-ce a dire Les fabricants de fiches secretes s'appelaient autrefois franc-macons ils s'appelleront désormais délégués de leur vrai nom, ce seront toujours des mou- chards au lieu de faire passer leurs commu nications scéle'rates par le canal du frère Vadecard, ils les expédieront par les soins des préfets devenus de simples agents de transmission et d'ailleurs, place's eux-mêmes, ainsi que tous les élus du suffrage universel, sous la surveillance redoutable des corres-

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1904 | | pagina 1