GMMtQfJE ÏPROISE
Le mort de M. Syveton
Le concert du 19 Décembre
La réforme du notarial
La délation dans
l'armée francaise
Saint-Siège
Faits divers
Graves incidents a Lille
Les receptions dc Noël pu Vatican
Le Pape, rompant avec les habitudes tra-
ditionnelles, a regu familièrement les cardi-
naux dans sa bibliothèque et l'adresse que
devait lire le cardinal doyen a été supprimée.
On a procédé hier matin, a Neuilly, a la
reconstitution da drame au cours duquel
M. Syveton a trouvé la mort.
Mm« Syveton et sa bonne ont été priées
de donner aux experts toutes les explica
tions qu'elles croient pouvoir donner. C'est
un agent de police qui représente M. Syve
ton.
On a fait veuir de la fourière des chiens
sur lesquels on vérifiera les diverses
hypothèses.
Un seul d'entre eux est mort a la suite
de l'absorption du gaz d'éclairage.
Le juge d'instruction a encore interrogé
Mme Syveton durant une demi beure. II a
été impossible d'obtenir des renseigne-
ments.
Le Gaulois a pu avoir quelques détails
sur la scène de la reconstitution du dra-
me
L'agent chargé dejouer le róle de M.
Syveton s'allonge sur le parquet la tête sul
les büches a gaz et recouverte avec un
journal déplié.
Votre mari était-il dans cette posi
tion interroge M. Bulot.
BJe crois que le corps n'était pas si
droit, rectifie M. Boucard.
M. le juge d'instruction a raison,
intervient Mm« Syveton avec sang froid.
Quant au journal il formait ballon ou
cloche, comme vous voudrez, et il nétait
pas aussi avancé sur les épaules.
Priée par le procureur général, Mm8 Sy-
vetoD s'approche du faux suicidé et dispose
le corps et le journal ainsi quelle prétend
les avoir trouvés.
Scène pénible que joue Mme Syveton,
dit le Gauloisavec un calme froid qui
ressemble a du cynisme
Tous les assistants en sont impressionnés.
Et, quand elle se redresse, elle s'exclame
triomphalement s'adressant a la ronde
Voila comme il étaitet d'un geste,
elle semble ajouter Qui oserait me dé-
mentir t
Naturellement, on n'ouvre pas les robi-
nets a gaz. On les ouvrira quand un chien
de la fourière aura pris la place de 1 in
specteur de la süreté, ce qui est aussitot
fait. On attache solideiueiit la pauvre béte
au dessus des büches et on l'enveloppe d'un
journal déplié. Un autre chien est laissé
dans la pièce, ainsi que des cobayes dans
une cage. On bouche la prise d'air a l'aide
d'un journal froissé en tampon et alors
seulement les robinets sont ouverts.
Tout le monde sort. Vingt minutes après,
on constate ceci
Le chien attaché est mort asphyxié, mais
dans les mouvements désespérés qu'il a faits
pour se dégager, le journal qui lerecouvrait
a glissé. On ne croit pas qu'il ait formé
ballon et que la force du gaz 1'ait enlevé.
L'autre chien et les cobayes paraissent
incommodés, mais ne sont pas morts.
«- Les magistrats ont fait également quel
ques constatations dans la salie de bains
nullement chauffée au bois, comme on l'a
dit, mais chauffée par le gaz.
Le chef de ia Süreté en quittant la mai-
son s'est rendu chez le docteur Tholmer oü
il a procédé a une longue et minutieuse per
quisition. M .Hamard n'a saisi qu'une lettre
émanant d'un chimiste de Müsières, et
contenant des remarques sur 1 empoison-
nement par 1 oxyde de carbone.
Le docteur Tholmen, interrogé a ce sujet
par M. Boucard, a expliqué que cette lettre
est postérieure de plusieurs jours a la mort
de M. Syveton.
Le grand concert, organise par le Cercle
symphonique de notre ville, a été un vrai
succès pour la jeune et vaillante sociéte'.
C'était certes faire preuve d'initiative hardie
que d'organiser ce concert, offert au public
Yprois il est done d'autant plus agre'able de
pouvoir constater que eet effort louable a
pleinement réussi.
Le Cercle Symphonique a interprêté, a la
satisfaction générale, les divers morceaux du
programme. Une mention spéciale pour
l'ouverture de Schubert Rosamundepage
classique de grande valeur et Feuille d Al
bum, composition de Mr Albert Van Egroo,
l'excellent directeur de la symphonie. Son
oeuvre de belle allure forme une étude prati
que et un bon exercice d'ensemble pour
orchestre. Cette exécution a prouvé que la
ïociété, marchant de progrès en progrès, est
appelée a remplacer a bref délai nos ancien
nes sociétés de symphonie, disparues hélas
au grand regret des amateurs de belle mu-
sique.
Mr Caestecker nous a révêlé un violoncel-
liste de talent, capable de faire apprécier les
beautés de eet instrument par excellence. II
a obtenu dans l'exécution des divers mor
ceaux un succès bien mérité.
Mr Bergey, du the'atre de la gaité de Paris,
possède avec une yoix agréable le don d'amu
ser son monde. II a réussi dans la plupart
des morceaux de son répertoire a recueillir
les applaudissements unanimes,
Le concours de Melle Alice lyckaert, ir
prix avec grande distinction du Conservatoire
royal de Bruxelles, a compléte dignement le
succès de la fête.
Le beau talent de la gracieuse cantatrice
se caractérise par une voix douce et pure,
une diction parfaite et un art approfondi de
faire ressortir les plus beaux passages des
oeuvres qu'elle interprête.
L'air de Léila des Pêcheurs de Perles ej
toutes les autres pages musicales si heureuse.
ment choisies, ont été un vrai regal pour tous
les connaisseurs, et c est avec raison que
l'auditoire enthousiasme a applaudi chaleu-
reusement l'excellente artiste que nous espé-
rons bien revoir encore a Ypres.
En somme, magnifique soirée, bonorée
par un public aussi nombreux que choisi.
Elle fait honneur aux organisateurs parmi
lesquels nous félicitons spécialement Mon
sieur Joseph Vonck, le dévoué président du
Cercle Symphonique Yprois. Leur coup
d'essai a été un coup de maitre.
(Music a).
Nous avons dit que M. Maenhaut a déposé
a la Chambre une proposition de loi tendant
a fixer pour tous les notaires l'unité de res-
sort.
On sait qu'aujourd'hui il existe trois classes
de notaires: la première classe a pour ressort
celui d'une cour d'appel la deuxième, le
ressort d'un tribunal de première instance
la troisième, la ressort d'un canton de justice
de paix. Les notaires ruraux ceux de 3e
se disent injustement sacrifiés, surtout depuis
que le nombre et l'importance des actes di-
minuent constamment a la campagne oü,
d'ailleurs,des notaires des 1 reet 2e classes leur
font une désastreuse concurrence.
D'après la Fédération des notaires ruraux,
le notaire a la campagne ne trouve plus dans
l'exercice de ses fonctions une position inde'-
pendante, a l'abri des besoins et des dange-
reuses sollicitations de la gêne. Dès lors, il
ne peut plus répondre a l'attente de la loi et
a la confiance des administrés, et cette situa
tion, si elle doit se prolonger, deviendra un
danger public.
Et M. Maenhaut termine les développe-
ments de sa proposition par les considéra
tions que voici
(i La classification actuelle est surannée,
car les distances sont supprime'es. N'avons-
nous pas des lois d'exception pour les notai
res des faubourgs des grandes villes? Ne
sommes nous pas saisis encore, en ce mo
ment, de pétitions de notaires voisinant les
grandes villes qui demandent que leur res-
sort soit étendu L'unité du ressort est dans
les voeux de tous notaires de 2e et 3e classes,
et dans les voeux du public. A part peut-étre
des notaires de ie classe, et pour ceux-ci nous
présentons une mesure transitoire qui doit
leur donner toute satisfaction.
De graves incidents, qui ont eu pour point
de départ une campagne contre le général
Avon, viennent de se dérouler a Lille.
II y a quelques jours, M. le général Avon,
qui a commandé a Lille et est actuellement
au cadre de réserve, faisait paraitre dans
YEcho de Paris une lettre par laquelle il
condamnait la politique de dénonciation et
de suspicion inaugurée par le ministère.
Le Réveil du Nord publia alors une note
dans laquelle il imputait au général et a son
fils des démarches auprès de certaine person
nalité que le journal ne nommait pas, mais
qu'on a su bientot être M. Debierre, profes-
seur a la Faculté de médecine de Lille,auteur
de fiches sur des officiers du ier corps d armee
et adressées au Grand-Orient.
II est exact, d'ailleurs, assure-t-on, que
M. le capitaine Avon, trés désireux de voir
son père, alors en activité, passer division-
naire, avait fait, a 1 issue de celui-ci, et par
sentiment d'affection filiale, les démarches
en question. Une explication assez vive eut
même lieu, parait-il. entre le général Avon
et son iris.
M. le capitaine Avon, considérant que la
note du Réveilinspirée, selon lui, par M
Debierre, manifestait clairement i'intention
de nuire, résolut de demander raison et a
l'auteur et a l'inspirateur de la dite note. Dans
ce but,il télégraphiait de Provins M. Avon
est capitaine au 2ge régiment de dragons, en
garnison dans cette ville a M. Slauve-
Evausy, rédacteuren chef du Réveil Mon
père me communique vos renseignements
Je demande permission pour Lille. Capi
taine Avon.
En effet, M. le capitaine Avon, arrivait
Vendredi matin, a Lille. II se mettait immé-
diatement a la recherche de deux témoins,
qui allaient prier M. Slauve, de les mettre en
rapport avec deux de ses amis, ce que celui-ci
s'empressa de faire.
Sur ces entrefaites, M. Avon s'était mis a
la recherche du docteur Debierre, que M.
Slauve,confirmant les soupcons du capitaine.
avail indiqué comme l'ayant docu'menté pour
cette polémique. II le rencontra dans l'après-
midi prés de la faculté de médecine. Le
dialogue suivant se serait engagé
Monsieur Debierre, me reconnaissez-
vous?...Je suis le capitaine Avon... Vous
êtes, monsieur, l'instigateur d'articles publiés
contre mon père et moi dans le Réveil...
C'est faux, dit le docteur. Prouvez-le.
Les divulgations faites par le journal
ne peuvent provenir que de vous... Je ne
vous demande qu'une chose, c'est de me
mettre en rapport avec deux de vos amis.
Je vous répète qu'il faut d'abord faire la
preuve de ce que vous dites... D'ailleurs, je
refuse de pousser plus loin la conversation...
En voila assez
C'est bien entendu, fait le capitaine,
vous ne voulez pas.
En même temps, M. Avon donnait deux
giflesaM. Debierre, dont le chapeau roula
a terre. M. Debierre leva sa canne. pour fra-
per son adversaire; mais celui-ci para vive-
ment, si vivement qu'il atteignit du bout de
son rotin M. Debierre, qui porte ainsi a la
joue une plaie peu grave.
C est une infamie s'écria M. Debierre, et
il disparut dans les locaux de la Faculté de
médecine, d'oü il ne sortit que pour aller
déposer une plainte au parquet, après avoir
fait examiner sa blessure par M. le docteur
Dutilleul.
A la suite de ce nouvel incident, les té
moins de M. Siauve Evausy ont objecté a
ceux de MAvon que celui-ci venant de se
i créer une nouvelle affaire, ils refusaient pé-
remptoirement toute réparation par les
armes. Les choses en sont la.
j De sorte que sur deux duels qui étaient
en perspective vendredi, il n'y en aura sans
doute aucun; la plainte portee par M. le doc
teur Debierre contre son adversaire suppri-
mant entre eux toute affaire d'honneur
La reception a commencé vers n 1/2 h.
Lorsque tous les cardinaux furents présents,
le Pape prit le premier la parole et remercia
le collége de cette manifestation d'attachement
et de dévotion et fit l'éloge du zèleavec lequel
les cardinaux remplissaient leur devoir dans
les Congre'gations etl'aidaient dans le gouver
nement de l'Eglise. Pie X entretint ensuite
familièrement divers cardinaux.
Pendant les entretiens, on sonna 1 'Ave
Maria.Alors le Pape interrompit subitement
la conversation et commenca a réciter les
prières. Tous les cardinaux se joignirent a
lui. Et la reception se termina immédiate-
ment après.
Quelques journaux ont cru que la nomina
tion de Mgr Tucci, au poste de délégué
apostolique a Constantinople, causerait une
défaite pour 1 influence francaise. Or, malgré
les apparences, c est le contraire qui est vrai.
Voici a ce propos ce qui est inédit et exact,
et en même temps intéressant.
Après avoir écaité plusieurs candidats,
parmi lesquels le P.uencechi, la Propagande
avait accueilli en dernier lieu Mgr Aversa,
sous-sécrétaire de la Congrégation des affaires
extraordinaires ecclésiastiques, et la nomina
tion de ce dernier paraissait certaine, lorsque
l'ambassadeur francais a Constantinople. M.
Constans, avertit officieusement le Vatican
que le choix d un délégué prisdans la carrière
diplomatique aurait produit une mauvaise
impression en France et aurait été considéré
comme une préparation a la fondation d'une
Nonciature qui est ouvertement opposée au
gouvernement francais.
La diplomatie pontificale a jugé opportun
de tenir compte de cette observation, et ce
fut a la suite de cette remontrance officieuse
de M. Constans que la secrétairerie d'Etat
proce'da, en lieu et place de la Propaganda
Fide, a la nomination du nouveau délégué
et le prit, comme tous ses prédécesseurs, non
dans la carrière diplomatique, mais dans les
rangs de 1 épiscopat ilalien.
Cette attitude prudente du Vatican prouve
qu'actuellement ie Saint-Siège vcut maintenir
le statu quo pour ce qui regarde le protectorat
francais.
YPRES
Voleur trompé. Un inconnu est entré
lundi chez Mme Vc Dumont, charcutière, rue
de Dixmude. Profitant d'un moment oü il
était seul dans le magasin, il s'empara d'un
gros jambon et le jeta dehors,dans I'intention
de le prendre en sortant. Mais il ne re'ussit
pas, car au moment oü il croyait le ramasser,
deux personnes le rapportaient au proprié-
taire. Ce que voyant, 1 inconnu prit la fuite.
La police le recherche.
STADEN
Uu drame dans un puits. Un cultiva-
teur de Staden, localité de 5.000 habitants
situe'e a 9 kilomètres de Roulers, nommé
Henri Kuiper, avait creusé dans la cour de
son habitation un puits a purin. II le macon-
nait, aidé de sa femme et de sa fille, qui
descendaient les briques et le mortier. Tout
a coup un éboulement si produisit a l'orifice
du puits et les deux femmes furent précipi-
tées au fond du puits.
L'éboulement avait ainsi enseveli la familie
Kuiper. Unouvrier, occupé a travailler dans
un champ voisin, intrigué de ne plus voir les
trois personnes, s approcha du puits et con
state aussitot l'accident. II donna l'alarme et,
avec l'aide de plusieurs personnes des envi
rons, enleva sables et matériaux obstruant le
puits. A un mètre du fond, les trois personnes
se trouvaient blotties sous un sorte de voüte
formée par les matériaux. La fille Kuiper
était a moitié asphyxiée grace a des soins
énergiques elle fut bientot ranimée, Quant a
ses parents, ils sont sains et saufs.
BRUXELLES
Vol de 60.000 francs. La police de
Bruxelles a arrêté, hier soir un individu
soup^ouné d'être l'auteur d un vol coinmis
il y a deux jours chez M. Dessain, éditeur a
Malines.La somme dérobée s'élève a 60.000
francs, dont 40.000 fr. en espêces et en
timbres. L'individu arrêté a été trouvé nanti
d'une trés forte somme et d'une quantité
invraisemblable de timbres dont il n'a pu
justifier la provenance.
Demaodez chez vos fournisseurs les sucres
en paquets de la Raffinerie Tirlemontoise.
CUERNE
Un violent incendie a éclaté, dimanche
matin, chez M. Raymond Catteeuw, ouvrier
en lin, demeurant au hameau Schiethoek.
L'immeuble,couvert en chaume, a été détruit
en peu de temps, ainsi que le mobilier et
une certaine quantité de lin. 11 y a assurance.