ORGANE DE TELÉPHOKE it GMSMIQUE YPEGISE Mercredi 3 Mai 1905 10 centimes le N Année 40 N° 3311 A propos de l'incident du Théatre Renouprez a Poperinghe Ce n'est que (jour rire A propos du dra me de Kouiers On s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et k tous les bureaux de poste du rryaurae. Le JOURNAL D'YfRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par aa pour tout le pays pour l'etranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent tin Déoembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco da r.ort a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligre Les réclames dans le corps du journal coütent30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, l franc !a ligne. Les iumóros supplómentaires coütent 10 fra.nss les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgiqae (exceptó les deux Flandres) s'adresser YAgence llavas Bruxelles. rue d'Argent, n" 34 et a Paris,8, Place de la Bourse. Des sous officiers de l'Ecole d Equitation d'Ypres sont allés, le Mardi iSAvril, passer une soiree au théatre volant Renouprez, installé a la Grand'place de Poperinghe. Une douzaine d'entre eux ont figuré sur la scène, vêtus de pantalons blancs, pelisses, guétres, quelques-uns portant le bonnet de police ou la coiffure allemande des acteurs, tous objets qui ne constituent ni l'uniforme ni une partie de l'uniforme militaire. I!s étaient de plus fortement grime's et aucun deux n etait reconnaissable. Un sous-officier portait un tambour, un autre avait une trompette. A un moment de la représentation, le trompette a sonné faux et un coup de sifflet est parti du fond de la salie. II n'y a eu, de la part du public, aucune hostilité au contraire on a applaudi et rap- pelé les acteurs et figurants. Histoire done pour nos jeunes sous officiers de s'amuser de la facon la plus inoffensive, sans scandale pour personne, et surtout sans que le prestige de l'armée ait été atteint le moins du monde. II n en a pourtant pas fallu davantage, a un grincheux habitant de Poperinghe, pour dénoncer ce fait a Qui de droitpar une carte imprime'e et anonyme, sous prétexte que le public a été indigné de cette conduite, et qui! est du devoir de tout militaire de garder et même de relever le prestige de t armee. Or, nous nous sommes informés auprès de M. Qui de droit de la bas, et chez des témoins dignes de foi tous ont certifié que le récit ci-dessus est exact. Mais ce n'est pas tout.Le Progrès d'Ypres, qui déclare ne pas savoir ce qui s'est passé a Poperinghe, reproduit textuellement la carte anonyme et, renforcant ainsi l'accusation, signale a M. Qui de droit a Ypres le tapage nocturne assourdissant quil y aurait eu dans nos rues et les plaintes générales a eet égard. Or, il n'y a eu a Ypres ni tapage nocturne, ni plaintes générales. Seul le Progrès se plaint, et, encore une fois, M. Qui de droit, que nous avons interrogé, nous affirme que la Police n a rien eu a signaler. S'il y a des plaintes et de l'indignation a Ypres, c'est contre l'auteur de Partiele du Progrèsqui a manqué une belle occasion de se taire et qui a agi peut-être aussi in- consciemment que l'auteur Poperinghois de la carte anonyme. Le mal est fait, non au prestige de l'armée, mais a un officier qui n'a rien a se reprocher dans l'incident de Poperinghe, un homme universellement aimé et respecté a Ypres, tant de ses élèves que de la population tout entière. Cet homme est frappé a cause dune peccadille commise par de jeunes sous officiers, qui supportent docilement leurs quelques jours d'arrêt, mérités ou non, mais qui souffrent de voir atteindre un chef, qui ne devrait pas être rendu responsable de leur acte de légèreté. Le Progrès nous reproche d'avoir com mis une vilénie, paree que nous avons attribué ;i un fonctionnaire inconnu la paternité du tableau du Grand procés aussi inoffensif que bete. Attaquer un fonctionnaire, dit il, c'est évidemment le signaler a ses chefs dans le but de nuire tt sa considération et a son avancement. C'est la un acte fort grave el c'est bien le moins.quand on a la générosité d'entreprendre pareille besogne, d'avoir au n moins la pudeur d'avancer des faits vrais et réels. Bravo Progrès. Vous n'avez jamais mieux dit. Mais si nous montrions au Mi- nistre le tableau du Grand procés et que nous lui disions que l'oeuvre émane dun de ses fonctionnaires, le Ministre en rirait autant que notre ma'ieur, a qui ce fameux tableau nefait aucun ombragequoi que vous en disiez. Voila notre vilénie Votre vilénie maintenant Votre article A Monsieur Qui de droit a eu pour effet, si non pour but, de faire un tort grave a quelqu'un, un tort peut-être irréparable. Vous avez aide' a tromper un Ministre, plus chatouilleux de par ses fonctions qu'un ministre civil. L'homme qui est frappé a toujours com- pris et enseigné quï/ est du devoir de tout militaire de garder et même de relever le prestige de l'armée. C'est un militaire dans l'ame, correct, tout-a-fait a sa place, incapable de laisser commettre une infraction a la discipline ou un acte inconvenant quelconque. C'est un étranger, il est vrai, etsousl'ad- ministration Colaert, dites-vous, il n y en a plus que pour les étrangers. Et les tapages nocturnes que vous inven- tez pour aggraver l'incident de Poperinghe, ont été commis aussi, dites-vous, par des étrangers. Est-ce que ces étrangers font done ombrage au Progrès? Désire-t-il leur départ, et par qui, le cas échéant, les remplacerait-il Avons-nous du reste a nous plaindre de ces étrangers Autrefois, la veille de leur départ, les sous-officiers de l'écoleselivraienta du tapage nocturne qu'ils accompagnaient parfois de quelques frasques, Depuis plusieurs années, cela n'existe plus, grace sans doute a la vigilance de leurs chefs, mais grace aussi a la bonne entente qui existe entre les administrations civile et militaire, grace peut-être surtout au savoir faire de Pofficier que la calomnie est parvenue a atteindre. Voila votre vilénieProgrès. Nous n'avons ni voulu ni pu faire aucun tort a un fonction naire inconnu. Vous avez nui, consciemment ou inconsciemment, a un homme qui ne vous a jamais faitle moindre mal. Si vilénie il y a, la notre est excusable, la votre ne l'est pas. Un grand nombre de nos lecteurs, en nous adressant leurs felicitations a l'occasion de la publication de notre article de samedi dernier Ce n'est que pour rire», nous demandent de rééditer cet article, dans notre numéro d'aujourd'liui. Nous leur donnons volontiers cette satis faction, en complétant, en certaius endroits, notre pensée. Nous fournissons ainsi, une seconde lois, a M. Deweerdt, l'occasion de nous attaquer, si le cceur lui en dit. Voici done notre article revu et corrigé Touché par nos observations au sujet de la polémique du Journal de M. Deweerdt, celui-ci s'efforce de s'excuser en disantce n'est que pour rire, 't is al maar voor een lachertje gebeid.. Ah c'est pour rire que vous parlez d'une naissance d'enfants jumeaux dans un de nos couvents C'est pour rire que vous citez des faits abominables prétenduement commis par des jeunes filles d un de nos pensionnats C'est pour rire que vous parlez de prêtres qui auraient des relations avec des femmes sur nos remparts C'est pour rire que.faisant usage d'un nom que la justice francaise a vengé, vous écrivez que les Flamidiens deviennent légion a Ypres C'est pour rire que vous insinuez a charge de certains chefs du parti catholique, des faits dont la conception ne peut germer que dans votre imagination malsaine C'est pour rire que, a propos de l'érection d'un monument a Marie-Immaculée, vous plaisantez crapuleusement les dames qui font la collecte C'est pour rire que vous écrivez, dans un numéro, des phrases obscènes dont vous cherchez vainement a modifier le sens dans un numéro suivant, et qui vous rendent justiciable de la Cour d'assises Ah tout cela est pour rire Nous prenons acte de votre rire. Ce que vous dites n'est done pas vrai mais votre rire est alors le rire de l'infame Voltaire,dont Alfred de Musset a dit Dors-tu content, Voltaire! Et ton hideuxsourire Voltige-t-il encor sur tes os décharnés Que ce soit pour rire ou non, dites nous exactement ce que vous voulez dire, et citez les personnes dont vous voulez rire. Non, non, vous l'avez écritcela vous fait gagner de l'argent. Karei Deweerdt gaat geld winnen L'argent n'a pas d'odeur, dites vous. Si, l'argent que vous gagnez ainsi a de l'odeur. II sent l'infection de votre cerveau et de celui de vos co-auteurs, il sent la malpropreté de ceux qui se donnent la mission de vous commenter dans certains cabarets, il sent l'ordure que vous cherchez a répandre dans les families. Fcetet, il pue C'est pour cela que l'on vous montre du doigt, vous et vos hideux complices, dont quelques-uns agissent par vengeance, et qui n'oseraient se faire connaitre de crainte de se voir infiiger une seconde flétrissure par l'opinion publique. Yous vous trompez si vous croyez que nous sommes de ceux qui ne savent pas rire (die nie en kunnen lachen), qui n'entendent pas que la jeunesse s'amuse (die nie en ver staan dat jongheden hun amuseer en), et qui travestissent la pensée des autres et voient du mal partout die alles draaien en keeren dat het een geheelen anderen \in heeft en kwaad vinden in alles). Noussommes de ceux et avec ceuxqui.quoi. que libe'raux.nous ont signalé et communiqué vos ignobles articles que nous avions jetés dans le tombereau aux immondicesqui pensent, comme nous, qu'il y a une limite a tout et que le parti libéral ne doit pas être accuse de vous avoir choisi comme dépotoir pour les saletés qu'il ne voudrait pas écrire lui-même. Et voila sans doute pourquoi vous avez été répudié par vos amis Nous vous sommons, M. Deweerdt, de citer des faits précis et de nommer les per sonnes que vous avez en vue. Si vous ne le faites pas, nous continuerons a vous stigma- tiser.vous et votre Journal.Nousdénoncerons celui-ci aux pères de families soucieux de la moralité de leurs enfants, et nous lui ferons une guerre qui finira, nous l'espérons, par etouffer. Si vous ne le faites pas, nous vous qualifierons, comme vous le méritezle dernier des laches, a cóté du dernier des pornographes. A vous maintenantvous avez le droit de nos attraire en justice, si nous vous accusons injustementattaquez nous. A moins que vous ne précisiez vos igno minies et que vous ne donniez ainsi a nos amis 1 occasion de vous attaquer eux-mêmes. Mais alors ne vous réfugiez pas lachement derrière la plume d une femme ou les lunettes d un vieillard de soixante dix-ans non con- traignables par corps. Mais ces moyens ne réussissent pas tou jours Allons, vous avez la parole, Monsieur Deweerdt, éditeur du Journal innommable qui est votre Journal personnel. Est-cede l'inconscienceou de la duplicité? A propos d'une conférence donnée a la jeune garde libérale par M. l'avccat Lesaffre et qui a fait plaisir aux auditeurs, le journal personnel de M. Deweerdt se plaint de l'ab- sence d'un grand nombre de jeunes gens et de membres de la commission, qui préfèrent d autres plaisirs, et notamment celui que, dans son langage éiégant du terroir, il appelle coyemooifeem... Nous n entendons pas défendre nous- mêmes la jeunesse libérale contre les reproches de M. Deweerdt. C'est affaire a elle. Si nous relevons l'article, c'est unique- ment paree que nous commemjons a croire que le rédacteur du journal en question est atteint d hystérie, et quil est done incon- scient. Mais beaucoup de personnes jugeront que cette explication est trop indulgente, et l'opinion publique ne saurait montrer aucune indulgence vis-a-vis de M.Deweerdt. C est de la duplicité alors En effet, M. Deweerdt veut excuser d'autres articles et prouver qu'il rit de tout et de tous. S'il riait done un peu de lui- même N'est-il pas assez risible pour cela Nos lecteurs connaisseDt ies détails du drame de la folie, qui a tant impressiouné la population de Rouiers et plongé dans le deuil lordre des Rédemptoristes et une honorable familie du pays. Croirait-on qu'il s'est trouvé en Belgique un journal un seul heureusement qui a attribué ce drame a autre chose qu'a la folie? Ce journal est le journal personnel de M. Deweerdt A propos du drame de Rouiers, M. Deweerdt ricane et blaspheme. Nous lui souhaitons de n'avoir jamais a déplorer un malheur pareil qui ne lui per- mettrait plus sans doute de... rire. JOURNAL C YPRES

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1905 | | pagina 1