Samedi 3 Juin 1905
10 centimes le N°
Année 40 N° 3320
Avis important
Le libéralisme s'éveille
Pour le 125e Anniversaire
LA GUERRE
Attentat contre Ie Roi
d'Espagne
Passchendaele
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Du ier juillet au 3i aoütles administrations
communales doivent procéder a la revision
des listes électorales en conséquence 1'Asso
ciation catholique et constitutionnelle d'Ypres
adresse un pressant appel auxcatholiques de
l'arrondissement de surveiller leur inscription
et celle de leurs amis avec le nombre de voix
auquel lis ont droit.
Peuvent être inscrits les citoyens qui
avant le a mai 1906 auront atteint l'age de
25 ans, sur les listes pour la Chambre et
l'age de 3o ans, sur les listes pour le Sénat,la
Province et la Commune et qui, au ier
juillet 1905 ont une année de domicile dans
la Commune, pour la Chambre, le Sénat et
la Province et trois années pour la Com
mune.
Des votes supplémentaires peuvent être
obtenus de chef soit de la contribution
personnelle.soitdc la propriété d'immeubles,
même en indivision, soit d'une inscription
au Grand Livre de la Dette publique, ou
d'un carnet de rente beige a la Caisse
d'épargne et de retraite d'au moins cent francs
de rente soit d'un diplome ou certificat
universitaire ou d'un certificat detudes
completes homologué soit de fonctions, de
professions ou de positions.
On n'entend plus que ca depuis la fameuse
grrrande journée. On dirait vraiment que ce
réveil date d'alors. Et pourtant on le procla-
mait déja bien avant cette époque. Cela ne
dit-il pas éloquemment toute l'importance
qu'il faut attacher aces vantardises libérales!
Or, les chaleurs caniculaires aidant, nous
pouvons nous attendre d ores a une série de
grrrandes journées et de réveil, qui, dans
1'esprit du libéralisme, doivent forcer l'en-
thousiasme des masses et provoquer fine
finale le coup de balai qui décléricalisera le
pays.
Mais encore, car il y a un maisfau-
drait-il que l'enthousiasmc des chefs serve
d'exemple et de stimulant a celui des milieux
libéraux. Or, ce sentiment semble faire
quelque peu diéfaut chez nos adversaires
historiques.A preuve les nombreux avatars
de la grrrande journée et le dernier fiasco de
Koekelberg, la grande citadelle gueuse qui
veille aux portes de la capitale maconnique.
Car nos lecteurs ignorent peut être que le
libéralisme a failli se réveiller dimancne a
Koekelberg. On avait convoqué dans cette
commune le ban et l'arrière ban du libéralis
me beige, sous prétexte dassiater a la remise
d'un drapeau a une quelconque harmonie de
beni-bouffe toujours.
Le libéralisme beige ne s'est pas dérangé et
même le libéralisme bruxellois qui n'est point
sorti de sa torpeur.
Ce n'est pas a la suite de pareils fiascos
qu'éclatera l'enth.ousiaste mouvement qui
doit définitivement balayer,en 1906,s'il vous
plait, le gouvernement «clérical». Ces genres
de manifestation n'auront qu'un résultat
elles stimuleront le zèle de nos amis.
Ces insuccès du libéralisme ne peuvent
d'ailleurs étonner personne. A coté de l'im-
mense bien accompli par le gouvernement
catholique et des riches promesses que donne
sa gestion pour l'avenir, les libéraux en sont
ïéduits a se présenter les mains vides.
Pardon 1 lis ont un programme, idéal
même, celui que proclame YEtoile dans un
article, louangeur sur le Guatemala.
En voici les points principaux
L'Etat ne subsidie aucun culte
Les couvents sont interdits
Les jésuites ont été expulsés du pays en
1873
Enfin les prêtres ne peuvent porter
soutane que dans leurs églises.
Joli, le programme et libéral
Et c'est avec cela que les libéraux espèrent
soulever les montagnes et entrainer les
masses
Mince, alors
la
De la Gazette
L'arcade du Cinquantenaire qui vient
d'etre archevée et qui est d'une conception
vraiment sage et pratique en même temps
que grandiose celle - la, puisqu'elle contribue
a créer un admirable quartier nouveau, l'ar
cade du Cinquantenaire rappelle le jubilé de
1880 la Basilique de Koekelberg, disent les
circulaires évoquera le soixante quinzième
anniversaire de l'Indépendance nationale
et le Walhalla, de la rue du Bastion,
marquera le centenaire de cette indépen-
dance.
II faut done un grand monument tous les
vingt-cinq ans pour célébrer l'indépendance
de la Belgique. Et l'on se demande même,
avec une sentiment de reprobation, a quoi
pensaient les Beiges de 1855 qui n'ont rien
construit du tout.
Tous les vingt cinq ans done. Par consé
quent, il faudra quelque chose en 1955,
quelque chose de vaste, quelque chose de
grandiose, car il faut faire toujours mieux.
Pour iaire mieux, il faut s'y prendre a temps,
et s'assurer que les Beiges d'alors ne modi-
fieront par les intentions d aujourd'hui et
rdaliseront ce que l'on aura projeté.
Nous croyons savoir que l'on s'occupe dès
a présent de cette réalisation. Un projet
grandiose a été concu et nous pouvons mê
me dire que l'on est entré dans la voie de
l'exécution. En effet, de nombreuses acquisi
tions d'immeubles ont été faites déja dans
tout le quartier compris entre le boulevard
Anspach et les Galeries Saint Hubert, d'une
part, et les rues du Marché-aux-Poulets, du
Marché-aux - Herbes, de l'Evêque et de
l'Ecuyer, d'autre part. Pour d'autres immeu
bles, les négociations sont en cours et l'on
procédera d'ailleurs plus tard a Impropria
tion par zones. Le théatre des Galeries dis-
parartra, mais il sera reconstruit a proximité
de son emplacement actuel.
Un architecte grec a été chargé d'élaborer
un plan d'ensemble et il a soumis dès a pré
sent un projet. II s'agit delever, sur rempla
cement que nous venons d indiquer,une vaste
colline rappelant l'Accropole. Au sommet
de cette colline sera édifié un monument a
peu prés semblable au Panthéon, mais en
plus grand. Les dimensions seront doubles
au lieu de 38 metres sur 6o, l'édifice en me-
surera 76 sur 120. II y aura done deux fois
autant de colonnes au péristyle.
Evidement, ce ne sera point le temple de
Pallas a Athéne.
Le fronton antérieur, au lieu de représen-
ter la naissance de Minerve, évoquera celle
de saint Mercure, patron de l'Expansion
beige. Et toute l'ornementation sera moder-
nisée. C'est ainsi que les coursiers du soleil
seront remplace's par des automobiles.
Ge sera trés beau.
Nous avons dit que ce projet grandiose est
entré dans la voie de la réalisation,c'est-a dire
que les expropriations sont,de fait, entamées.
Mais le conseil communal de Bruxelles et le
Parlement n'auront a s'occuper du projet
qu'en 1930. Leur adhésion ne fait d'ailleurs
aucun doute.
Les différents rapports regus sur la terrible
bataille navale dans les eaux du détroit de
Corée paraissent contenir enfin 1 explication
de l'énormité du désastre russe, II semble en
ressortir que le sous-marin a été, avec une
rebellion des équipages de l'amiral Neboga-
toff, un des éle'ments principaux de la victoire
de l'amiral Togo. Avec une suprème habile-
té, la première attaque de l'amiral nippon a
été dirigée de facon a rejeter, par un feu
intenable,les grandes unites russes de la haute
mer vers la coté japonaise.Un fois a distance
relativement faible de cette coté, les batiments
de l'Armada se trouvaient presque immobi-
lisés et a la portee des torpilleurs et des
sous-marins a minime rayon d'action. Cela
explique que les blessures auxquelles ont
succombé les grands cuirasses ou croiseurs
moscovites aient été faites bien moins par les
obus des canons a longue portee des grands
vaisseaux japonais que par des torpilles et
des engins explosifs lancés de prés sur les
coques. On avait annoncé a maintes reprises
que le gouvernement du Mikado avait, dès
le début de la guerre, fait l'acquisition en
Amérique probablement de batiments
submersibles qui furent montés et exerce's
pendant longtemps dans le détroit de Corée.
Du même coup on comprend pourquoi les
amiraux nippons se sont abstenus d'attaquer
l'Armada en haute mer, oü ils n'auraient pas
eu l'avantage des sous-marins. Ainsi,l'histoi-
re pourra trés probablement établir ce
phénomène saisissantquel'intelligent Empire
jaune est le premier a employer le dernier
engin imaginé par le génie naval des Euro-
péens, et qu'il est employé victorieusement
contre les Europe'ens eux-mêmes.
Une nouvelle a laquelle on s'attendait bien
un peu, mais qui n'en a pas moins provoqué
l'indignation de toutes les nations civilisées a
mis hier en branie les échos de la presse mon
diale.
Alphonse XIII. a peine depuis un jour a
Paris, a été l'objet d'un odieux attentat de la
part des anarchistes espagnols dont la haine
antimonarchique l'avait poursuivi au-dela des
Pyrénées.
Dieu soit loué, le jeune roi d'Espagne a la
vie sauve. Mais l'épouvantable geste de
l'anarchisme international n'en prouve pas
moins l'impitoyable ténacité de ses adhe'rents
encore aggravée par leur redoutable folie.
Car les anarchistes espagnols, s'ils vou-
laient se venger de la répression de Mont-
juich, auraient ainsi puni Alphonse XIII
pour des rigueurs exercées par sa mère, a
cette époque Reine régente, alors qu'il n'était
qu'un irresponsable enfant.
5 Et si ces forcenés de l'anticléricalisme
l arrivé a son dernier stade voulaient faire
expier au jeune Roi l'ultramontanisme qu'ils
imputent a son education, ils faisaient preuve
d'imbécillité absolue, puisque leur bombe
eüt atteint du même coup le Président de la
République M. Loubet qui se trouve a la tête
du gouvernement le plus férocement anticlé-
rical qui soit au monde.
De toutes facons done le crime insensé qui
a trouble au premier moment l'effusion des
sympathies franco- espagnole, mérite de pro
voquer non seulement l'unanime et énergique
réprobation des masses, mais encore les me-
sures de répression les plus rigoureuses de la
part des pouvoirs publics qui ont pour devoir
de traquer impitoyablement les êtres malfai-
sants, et féroces, les fauves altéres de sang
que l'anarchisme international a déchalnés
contre les trones et contre les empires.
Un assasin de i3 ans.
A Passchendaele, un enfant de i3 ans,
Valère Nuytten, a tué d'un coup de couteau,
au cours d'une rixe survenue mercredi, un
autre enfant, Fernand Sunpeene, agé 4de
12 ans.
Depuis quelques jours, les enfants de la
paroisse se préparent a la Confirmation et
assistent, au début de l'après midi, au caté-
chisme qui se fait a l'église. Mercredi, les
garcons qui setaient déja dispute's avant la
legon de catéchisme, recommengaient de plus
belle a la sortie de 1 églisc. IIs s etaient divisés
en deux camps, se provoquant réciproque-
ment. Une partie des adversaires s'était
armée de batons l'autre camp se vantait de
posse'der des couteaux. Mais enfin, tout se
bornait, jusque la, a des injures et a des gros
mots.
A un moment donné, cependant, deux
gamins en vinrent aux mains, tentant de
s'arracher un baton. Fernand Sunpeene
intervint pour prêter main forte a son com
pagnon qui allait avoir le dessous. Valère
Nuytten, prenant partie pour l'autre com
battant, s elanga sur Fernand Sunpeene, un
couteau ouvert a la main violemment il lui
porta un coup de cette arme en pleine poi-
trine.
Fernand Sunpeene s'abattit comme une
masse sur la chaussée. Tous les enfants, qui
étaient bien une vingtaine, effrayés a ce
spectacle, se dispersèrent de tous cote's. Valère
Nuytten s'enfuit avec les autres.
Des personnes qui, de loin, avaient vu
tomber Fernand Sunpeene, mais n'avaient
pas remarqué-le coup de couteau donne'par
Nuytten, et ne s'attendaient a rien de grave,
accoururent pour relever l'enfant. Quelle ne
fut pas leur stupeur, quand ils se trouvèrent
en face d'un cadavre. Le malheureux garcon-
net avait regu un coup de couteau en plein
coeur etétait mort sur-le-champ.
Le corps de la victime fut transporté a la
maison communale distante seulement de
quelques metres.
Le garde-champêtre, aussitöt prévenu,
n'eut pas de peine a connaitre l'auteur du
coup de couteau. II se rendit a la maison de
Valère Nuytten, oü celui-ci était déja rentré.
Le gamin ne se doutait pas qu'il avait tué
Fernand Sunpeene. A la question du garde-
champêtre qui lui demandait pourquoi il
avait frappé Fernand Sunpeene, il répondit
—V35*»