ORGANS
TELEPHONE 52
Mercredi 20 S'eptembre 1905
10 centimes le N°
La Belgique jugée
par un anticlerical
Suède et Norvège
La Paix
ITALIË
Les tremblemenls de lerre
Le pélerinage de Ste-Rosalie
n s'abonne rue au Beurre, 3f>, a Vpres, et k tous ies bureaux de poste du rcyaume.
La recherche des cadavres
Vèlan charitable
Toujours dss secousses
in mmwmjumt rwvTii
JOURNAL D YPR
Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi e* le Samedi.
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Notre estimé confrère YUniversode
Madrid, relève dans les colonnes de 1'Impar
tial organe du libe'ralisme relativemcnt
modéréune lettre écrite par un certain
Luis Bello, qui vient de Yisiter la Belgique et
qui raconte ses impressions. Cette lettre est
intitulée la Belgique cléricale ellc com
mence par cette constatation que Ia Belgi
que, administre'e depuis vingt ans par un
gouvernement calholique, et parvenue a cette
grande prospérité, est pour les catholiques
un argument.
Et ledit Luis Bello craint bien que dans la
Chambre espagnole nouvelle sortie du tout
récent scrutin, il n'y ait des membres, qui
invoqueront eet argument probant, qui lui
semble de nature a faire son effet en Es-
pagne.
Après avoir exprimé le plus littérairement
possible les impressions de son arrivée a
Liège et fait brièvement le tableau de la
grande activité industrie lie de 1a, région
liégeoise, le correspondant de 1 Impartial
écrit
Une nuée de réflexions sauchopadses-
ques cela doit signifier des réflexions
terre a terre vient voiler la clarté de mon
idéal politique. Qu'on veuille bien permettre
a un liberal espagnol ce moment de faibles-
se Ici il n'y a pas de faim, il n'y a pas de
misère. L'ouvrier lutte pour ses droits, non
pour sa vie qui est assurée.Quel dommage
a done cause a ce peuple vingt années de
cléricalisme
M. Luis Bello veut cependant que ce
dommage existe, et qu'il soit grand.
II a découvert, d'abord, que les catholi
ques beiges ont organise Lenseignement de
telle sorte qu'il est a la merci du clergé.
Brrr Nous savons, ici, ce qu'il en est.
Un autre grief du tourriste espagnol, e'est
que le grand, l'illustre, l'unique Maeterlinck,
écoeuré de voir son pays sous la domination
d'un gouvernement catholique, n'a pu y
tenir plus longtemps, et a dü aller vivre a
letranger.
C'est affreux
On manifeste une joie trés vive en Norvège
et en Suèdc depuis qu'on a appris que le
conflit allait être réglé pacifiquement. C'est
la meilleure preuve que les délégués suédois,
en formulant des exigences qui devaient con-
duirc a la guerre, agissaient contrairement
aux désirs de la population suédoise. Les Nor-
végiens ont eu raison de consentir a la
demolition des fortifications nouvelles éle-
vées ces dernières années, puisqu'ils obtien-
nent une garantie équivalente la Suède se
rallie a la proposition norvégienne, tendant
a soumettre obligatoirement a l'arbitrage tous
les conflits qui naitraient a l'avenir entre les
deux pays. On estime dans les cercles poli-
tiques que les négociations de Carstadt
dureront jusqu'au milieu de Ia semaine et
qu'il s'ensuivra un résultat préliminaire, dont
les détails ne pourront guère être communi
qués qu'après avoir été soumis au Storthing
norvégien et au Riksdag suédois.
On assure a Washington que le président
Roosevelt adressera d'ici peu aux puissances
une note circulaire exprimant l'opinon que
le moment est maintenant venu de prendre
des dispositions en vue de la convocation
d'une autre conférence de la paix a la Haye
Parmi les sujets qui seront soumis a cette
nouvelle conférence, on signale l'emploi de
la télégraphie sans fil, des mines et des navi-
res sous marins, l'internement des navires
de guerre, l'interdiction de lancer des explo-
sifs du haut des ballons et un grand nombre
d'autres questions soulevées par la guerre
d'Extrême-Orient.
II est vraisemblable que les gouvernements
voudront se donner le temps d'étudier
d'abord ces diverses questions, de sorte qu il
ne faut pas attendre avant l'année prochaine
la réunion de cette nouvelle conférence.
Quant a sa réunion même, ellc n'est pas dou-
teuse. Nul pays n'oserait faire au président
des Etats-Unis l'injure de repousser ses
propositions, surtout au lendemain de l'écla-
tant succès remporté par M. Roosevelt par
son intervention dans la guerre russo japo-
naise.
Void les dernières nouvelles sur le trem-
blement de terre de la Calabre
On annonce de Martinaro que la recherche
des cadavres est termine'e. Hier on a encore
retiré cinq morts des ruines.
Les tremblements de terre continuent.
A Luzzi, la panique est inénarrable. A i
heure 40, hier après midi, une nouvelle se-
cousse a été sentie prés de Cosenza.
II existe un autre danger non moins ter
rible c'est l'écroulement continuel des
maisons. Tous les jours, on a a déplorer plu-
sieurs blesses dans la personne de quelques
habitants qui, plutot que de dormir en
sécurité a la belle étoile, preferent retourner
dans leurs maisons.
Les alentours de Cosenza apparaisseut
comme les avant postes d'un champ de ba-
taille partout on voit des tentes a la place
des villages.
Un médecin raconte que, dans un village,
un curé qui avait eu une jambe brisée par la
chute d'un mur est resté cinq jours sans être
soigné. Une femme avait au corps une plaie
affreuse oü les vers grouillaient déja quand
les médecins arrivèrent. Une autre, blessée a
la tête, y avait la gangrène.
Dans une autre commune, trois cents
personnes ont vécu pendant quarante-huit
heures avec vingt-sept pains.
Les secours commencent a être mieux
organisés et le pain a être mieux distribué
aux plus indigents, mais les conditions
d'existcnce sont toujours terribles. Les auto
rités, les deputes qui sont accourus, les en-
voyés spéciaux du gouvernement se donnent
beaucoup de peine pour rétablir un calme
relatif, mais un nouveau tremblement sur-
venant ou la crainte d'une nouvelle secousse
replongent la population dans une profonde
terreur.
Pendant que toutes les provinces italien-
nes, toutes les grandes villes, presque toutes
les communes, importantes ou minuscules,
rivaüsent de charité patriotique pour remé-
dier, dans la mesure du possible, aux désas-
treuses consequences des tremblements de
terre de la Calabre, les journaux s'emplissent
d'idées ingénieuses, et quelquefois étranges,
de simples particuliers, désireux de contri-
buer, par leur imagination, au relèvement
des trois provinces, si douloureusement
frappées.
On a proposé Ia création d'un timbre poste
spécial, dont la valeur nominale serait ma-
jorée d'un sou, au benefice des sinistrés.
Des boulangers romains ont eu l'idée uti
le,celle-la, d'envoyer des wagons de pain aux
communes affa^ées.
Un fervent du loto, propose que tous
les gagnants, cette semaine et la semaine
prochaine, abandonnent une partie de leur
gain au profit des victimes
Un comrnercant romain a mis en vente un
singe, qui le gêne, et prévenu le public que
le prix de son quadrumane sera versé a la
caisse du Comité de secours pour la Calabre.
Un sportman, trés connu a Rome, a pro-
mis de donner aux victimes la somme qu'il
compte obtenir comme dommages intéréts
d'un journal anglais qui a raconté sur sa fem
me et son groom une histoire diffamatoire.
Un curé invite tous ses confrères dTtalie
et du monde entier a abandonner chacun le
prix d'une messe aux orphelins calabrais.
A coté de certains corps de métier, qui ont
décidé de travailler un jour supplémentaire
pour donner le salaire de cette journée aux
victimes,un chef de neo catholicisme s'engage
a faire des conférences pendant un an, dans
les villes qui les désireront, pour augmenter
les fonds destines a la Calabre.
Ces idéés généreuses ne trouvent pas im-
médiatement dans le public l'accueil qu'elles
mériteraient et le cireur de bottes de la place
du Gesü adresse a un journal de la capitals
une lettre dans laquelle il avoue n'avoir recu
qu'une seule adhésion de collègue a sa pro
position d'offrir aux victimes la recette
collective d'un jour de fête.
Les secours
Le Pape aurait déja envoyé plus d'un demi
million. Ce chiffre serait tres vraisemblable-
ment porté a un million, et Pie X cherche a
réunir les capitaux nécessaires. En attendant
il donne lui même toutes les instructions
utiles et a rappelé pres de lui Mgr Merry del
Val, qui était en villégiature.
Le conseil d'administration de la Société
des Bains de mer de Monaco a fait parvenir,
aujourd'hui, au ministre des travaux publics,
une somme de 25,000 francs.
Le député calabrais Valentino a présenté
une interpellation au président de conseil
pour connaïtre les arrêtés du ministère relatifs
a la distribution des secours que les comités
nationaux et étrangers ont envoyé au con
trole et a la responsabilite' des distributeurs
eux-mêmes
On recherche tous les moyens de secourir
les Calabrais. A Milan, le comité de l'Expo-
sition de 1906 a permis au public de visiter
les travaux en cours moyennant une somme
de 10 centimes. La foule s'est précipitée en
masse pour visiter ces travaux, procurant
ainsi une excellente recette au profit des
sinistrés. Le ville de Milan a déja envoyé
presque un demi-million.
Les intransigeants des milieux politiques
assurent que le gouvernement italien, qui se
trouve déja dans une situation parlementaire
assez difficile, est maintenant devant un
problème de la plus grande difficulté qui
exigera toute une série de réformes et de
démarches administratives qui ne sont pas
S sans embarrasser les ministres du Trésor et le
président du conseil.
On attend le retour de la Calabre de M
Ferraris pour entendre son rapport et pour,
adopter définitivement une ligne de conduite.
D'autre part, le général Lamberti, direc
teur de l'oeuvre d'organisation de secours en
Calabre, a déclaré au correspondant de la
Tribuna, de Rome, que la bienfaisance
trouve un obstacle trés sérieux dans la popu
lation elle même, qui est sans énergie et qui
n'aide pas les bienfaiteurs. S'il n'y avait pas
les soldats, la situation serait encore plus
terrible les soldats doivent tout faire, con-
struire des maisons et démolir celles mena
cant ruine.
Le général a ajouté que les secours n'étai-
ent pas efiicaces a cause du manque de
moyens de transports. L'argent est inutile
quand on ne sait comment l'employer. II
faut envoyer des secours mate'riels et non des
milliers de francs qu on ne peut dépenser
dans une région aride.
Regio de Calabre, 18 Septembre.
Des nouvelles secousses sismiques out été
signalées cette nuit, a i heures, et ce matin a
11 h. 14. Les habitants ont été pris de
panique. De nouveaux dommages ont été
causés dans les provinces de Catanzaro et de
Cosenza. Le bureau télégraphique de Cosen
za s'est écroulé en partie. Les employés ont
échappé a la mort par la fuite.
Palerme est en fête. Beaucoup de balcons
sont illumines. Au coin des rues, les images
des saints entourées de draperies rehaussées
de papier d'or, de bouquets posés ou piqués
sur les croissants de fer, de lampes et de
bougies allumées, luisent dans la nuit calme.
Les promeneurs, plus nombreux que de cou-
tume,suivent presque tous la même direction
lis descendent vers la mer.
Parmi eux, des groupes de paysans des
campagnes voisines, en costumes pittores-
ques, les hommes coiffe's du bonnet retom-
bant, les femmes vêtues de jupes voyantes et
de tabliers a fleurs. Evidement, il y a, ce
soir, un rendez-vous populaire dont toute la
province est remuée. Nous sommes le 3
septembre. Demain, l'Eglise célèbre la fête
de sainte Rosalie, patronne de Palerme, et,
cette nuit, fidele aux traditions, le peuple se
porte en foule vers l'oratoire de la sainte
ermite, vers la grotte qui domine la mer, au
sommet du Pellegrino.
II y a bien des gens a pied, et plus en
voitures. Dix, douze, quinze personnes se
tiennent, serrées comme des grains de raisin
noir, sur les charrettes minuscules du pays.
L'avant, l'arrière, les brancards, les marche-
pieds, les montants, tout est chargé. Le
cheval empanaché trotte quand même
gaillardement. Dans la nuit, devant nous, la
masse bleuatre de la montagne s'enlève bien
haut sur l'horizon. Est-ce loin, est-ce prés
d ici Je ne sais. On dirait un nuagc d'orage
aux formes rondes, au milieu duquel se tord
une spirale luminéuse, formée d-une infinite
de points d'or. Ce sont les ciarges, les lanter