ORGANS TELEPHONE 52 Mercredi 20 S'eptembre 1905 10 centimes le N° La Belgique jugée par un anticlerical Suède et Norvège La Paix ITALIË Les tremblemenls de lerre Le pélerinage de Ste-Rosalie n s'abonne rue au Beurre, 3f>, a Vpres, et k tous ies bureaux de poste du rcyaume. La recherche des cadavres Vèlan charitable Toujours dss secousses in mmwmjumt rwvTii JOURNAL D YPR Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi e* le Samedi. Le prix de ".'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnernents sont d'un an et se régularisent tin Déoembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco de - ort a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligre Les réclames dans le corps du jouri a coütent30 centimes la ligne. Les mentions judiciaires, ijfranc la ligne. Lea mméros supplémentaires coütent 10 franss les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (exeepté les deux Flandres) s'adressec a VAgence Iiavas Bruxelles. rue d'Argent, n° 34 et a Paris,8, Place da la Bourse. Notre estimé confrère YUniversode Madrid, relève dans les colonnes de 1'Impar tial organe du libe'ralisme relativemcnt modéréune lettre écrite par un certain Luis Bello, qui vient de Yisiter la Belgique et qui raconte ses impressions. Cette lettre est intitulée la Belgique cléricale ellc com mence par cette constatation que Ia Belgi que, administre'e depuis vingt ans par un gouvernement calholique, et parvenue a cette grande prospérité, est pour les catholiques un argument. Et ledit Luis Bello craint bien que dans la Chambre espagnole nouvelle sortie du tout récent scrutin, il n'y ait des membres, qui invoqueront eet argument probant, qui lui semble de nature a faire son effet en Es- pagne. Après avoir exprimé le plus littérairement possible les impressions de son arrivée a Liège et fait brièvement le tableau de la grande activité industrie lie de 1a, région liégeoise, le correspondant de 1 Impartial écrit Une nuée de réflexions sauchopadses- ques cela doit signifier des réflexions terre a terre vient voiler la clarté de mon idéal politique. Qu'on veuille bien permettre a un liberal espagnol ce moment de faibles- se Ici il n'y a pas de faim, il n'y a pas de misère. L'ouvrier lutte pour ses droits, non pour sa vie qui est assurée.Quel dommage a done cause a ce peuple vingt années de cléricalisme M. Luis Bello veut cependant que ce dommage existe, et qu'il soit grand. II a découvert, d'abord, que les catholi ques beiges ont organise Lenseignement de telle sorte qu'il est a la merci du clergé. Brrr Nous savons, ici, ce qu'il en est. Un autre grief du tourriste espagnol, e'est que le grand, l'illustre, l'unique Maeterlinck, écoeuré de voir son pays sous la domination d'un gouvernement catholique, n'a pu y tenir plus longtemps, et a dü aller vivre a letranger. C'est affreux On manifeste une joie trés vive en Norvège et en Suèdc depuis qu'on a appris que le conflit allait être réglé pacifiquement. C'est la meilleure preuve que les délégués suédois, en formulant des exigences qui devaient con- duirc a la guerre, agissaient contrairement aux désirs de la population suédoise. Les Nor- végiens ont eu raison de consentir a la demolition des fortifications nouvelles éle- vées ces dernières années, puisqu'ils obtien- nent une garantie équivalente la Suède se rallie a la proposition norvégienne, tendant a soumettre obligatoirement a l'arbitrage tous les conflits qui naitraient a l'avenir entre les deux pays. On estime dans les cercles poli- tiques que les négociations de Carstadt dureront jusqu'au milieu de Ia semaine et qu'il s'ensuivra un résultat préliminaire, dont les détails ne pourront guère être communi qués qu'après avoir été soumis au Storthing norvégien et au Riksdag suédois. On assure a Washington que le président Roosevelt adressera d'ici peu aux puissances une note circulaire exprimant l'opinon que le moment est maintenant venu de prendre des dispositions en vue de la convocation d'une autre conférence de la paix a la Haye Parmi les sujets qui seront soumis a cette nouvelle conférence, on signale l'emploi de la télégraphie sans fil, des mines et des navi- res sous marins, l'internement des navires de guerre, l'interdiction de lancer des explo- sifs du haut des ballons et un grand nombre d'autres questions soulevées par la guerre d'Extrême-Orient. II est vraisemblable que les gouvernements voudront se donner le temps d'étudier d'abord ces diverses questions, de sorte qu il ne faut pas attendre avant l'année prochaine la réunion de cette nouvelle conférence. Quant a sa réunion même, ellc n'est pas dou- teuse. Nul pays n'oserait faire au président des Etats-Unis l'injure de repousser ses propositions, surtout au lendemain de l'écla- tant succès remporté par M. Roosevelt par son intervention dans la guerre russo japo- naise. Void les dernières nouvelles sur le trem- blement de terre de la Calabre On annonce de Martinaro que la recherche des cadavres est termine'e. Hier on a encore retiré cinq morts des ruines. Les tremblements de terre continuent. A Luzzi, la panique est inénarrable. A i heure 40, hier après midi, une nouvelle se- cousse a été sentie prés de Cosenza. II existe un autre danger non moins ter rible c'est l'écroulement continuel des maisons. Tous les jours, on a a déplorer plu- sieurs blesses dans la personne de quelques habitants qui, plutot que de dormir en sécurité a la belle étoile, preferent retourner dans leurs maisons. Les alentours de Cosenza apparaisseut comme les avant postes d'un champ de ba- taille partout on voit des tentes a la place des villages. Un médecin raconte que, dans un village, un curé qui avait eu une jambe brisée par la chute d'un mur est resté cinq jours sans être soigné. Une femme avait au corps une plaie affreuse oü les vers grouillaient déja quand les médecins arrivèrent. Une autre, blessée a la tête, y avait la gangrène. Dans une autre commune, trois cents personnes ont vécu pendant quarante-huit heures avec vingt-sept pains. Les secours commencent a être mieux organisés et le pain a être mieux distribué aux plus indigents, mais les conditions d'existcnce sont toujours terribles. Les auto rités, les deputes qui sont accourus, les en- voyés spéciaux du gouvernement se donnent beaucoup de peine pour rétablir un calme relatif, mais un nouveau tremblement sur- venant ou la crainte d'une nouvelle secousse replongent la population dans une profonde terreur. Pendant que toutes les provinces italien- nes, toutes les grandes villes, presque toutes les communes, importantes ou minuscules, rivaüsent de charité patriotique pour remé- dier, dans la mesure du possible, aux désas- treuses consequences des tremblements de terre de la Calabre, les journaux s'emplissent d'idées ingénieuses, et quelquefois étranges, de simples particuliers, désireux de contri- buer, par leur imagination, au relèvement des trois provinces, si douloureusement frappées. On a proposé Ia création d'un timbre poste spécial, dont la valeur nominale serait ma- jorée d'un sou, au benefice des sinistrés. Des boulangers romains ont eu l'idée uti le,celle-la, d'envoyer des wagons de pain aux communes affa^ées. Un fervent du loto, propose que tous les gagnants, cette semaine et la semaine prochaine, abandonnent une partie de leur gain au profit des victimes Un comrnercant romain a mis en vente un singe, qui le gêne, et prévenu le public que le prix de son quadrumane sera versé a la caisse du Comité de secours pour la Calabre. Un sportman, trés connu a Rome, a pro- mis de donner aux victimes la somme qu'il compte obtenir comme dommages intéréts d'un journal anglais qui a raconté sur sa fem me et son groom une histoire diffamatoire. Un curé invite tous ses confrères dTtalie et du monde entier a abandonner chacun le prix d'une messe aux orphelins calabrais. A coté de certains corps de métier, qui ont décidé de travailler un jour supplémentaire pour donner le salaire de cette journée aux victimes,un chef de neo catholicisme s'engage a faire des conférences pendant un an, dans les villes qui les désireront, pour augmenter les fonds destines a la Calabre. Ces idéés généreuses ne trouvent pas im- médiatement dans le public l'accueil qu'elles mériteraient et le cireur de bottes de la place du Gesü adresse a un journal de la capitals une lettre dans laquelle il avoue n'avoir recu qu'une seule adhésion de collègue a sa pro position d'offrir aux victimes la recette collective d'un jour de fête. Les secours Le Pape aurait déja envoyé plus d'un demi million. Ce chiffre serait tres vraisemblable- ment porté a un million, et Pie X cherche a réunir les capitaux nécessaires. En attendant il donne lui même toutes les instructions utiles et a rappelé pres de lui Mgr Merry del Val, qui était en villégiature. Le conseil d'administration de la Société des Bains de mer de Monaco a fait parvenir, aujourd'hui, au ministre des travaux publics, une somme de 25,000 francs. Le député calabrais Valentino a présenté une interpellation au président de conseil pour connaïtre les arrêtés du ministère relatifs a la distribution des secours que les comités nationaux et étrangers ont envoyé au con trole et a la responsabilite' des distributeurs eux-mêmes On recherche tous les moyens de secourir les Calabrais. A Milan, le comité de l'Expo- sition de 1906 a permis au public de visiter les travaux en cours moyennant une somme de 10 centimes. La foule s'est précipitée en masse pour visiter ces travaux, procurant ainsi une excellente recette au profit des sinistrés. Le ville de Milan a déja envoyé presque un demi-million. Les intransigeants des milieux politiques assurent que le gouvernement italien, qui se trouve déja dans une situation parlementaire assez difficile, est maintenant devant un problème de la plus grande difficulté qui exigera toute une série de réformes et de démarches administratives qui ne sont pas S sans embarrasser les ministres du Trésor et le président du conseil. On attend le retour de la Calabre de M Ferraris pour entendre son rapport et pour, adopter définitivement une ligne de conduite. D'autre part, le général Lamberti, direc teur de l'oeuvre d'organisation de secours en Calabre, a déclaré au correspondant de la Tribuna, de Rome, que la bienfaisance trouve un obstacle trés sérieux dans la popu lation elle même, qui est sans énergie et qui n'aide pas les bienfaiteurs. S'il n'y avait pas les soldats, la situation serait encore plus terrible les soldats doivent tout faire, con- struire des maisons et démolir celles mena cant ruine. Le général a ajouté que les secours n'étai- ent pas efiicaces a cause du manque de moyens de transports. L'argent est inutile quand on ne sait comment l'employer. II faut envoyer des secours mate'riels et non des milliers de francs qu on ne peut dépenser dans une région aride. Regio de Calabre, 18 Septembre. Des nouvelles secousses sismiques out été signalées cette nuit, a i heures, et ce matin a 11 h. 14. Les habitants ont été pris de panique. De nouveaux dommages ont été causés dans les provinces de Catanzaro et de Cosenza. Le bureau télégraphique de Cosen za s'est écroulé en partie. Les employés ont échappé a la mort par la fuite. Palerme est en fête. Beaucoup de balcons sont illumines. Au coin des rues, les images des saints entourées de draperies rehaussées de papier d'or, de bouquets posés ou piqués sur les croissants de fer, de lampes et de bougies allumées, luisent dans la nuit calme. Les promeneurs, plus nombreux que de cou- tume,suivent presque tous la même direction lis descendent vers la mer. Parmi eux, des groupes de paysans des campagnes voisines, en costumes pittores- ques, les hommes coiffe's du bonnet retom- bant, les femmes vêtues de jupes voyantes et de tabliers a fleurs. Evidement, il y a, ce soir, un rendez-vous populaire dont toute la province est remuée. Nous sommes le 3 septembre. Demain, l'Eglise célèbre la fête de sainte Rosalie, patronne de Palerme, et, cette nuit, fidele aux traditions, le peuple se porte en foule vers l'oratoire de la sainte ermite, vers la grotte qui domine la mer, au sommet du Pellegrino. II y a bien des gens a pied, et plus en voitures. Dix, douze, quinze personnes se tiennent, serrées comme des grains de raisin noir, sur les charrettes minuscules du pays. L'avant, l'arrière, les brancards, les marche- pieds, les montants, tout est chargé. Le cheval empanaché trotte quand même gaillardement. Dans la nuit, devant nous, la masse bleuatre de la montagne s'enlève bien haut sur l'horizon. Est-ce loin, est-ce prés d ici Je ne sais. On dirait un nuagc d'orage aux formes rondes, au milieu duquel se tord une spirale luminéuse, formée d-une infinite de points d'or. Ce sont les ciarges, les lanter

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1905 | | pagina 1