fa TELEPHONE 52 SMMMlQ&£rPmiS£ Mercredi 11 Octobre 1905 10 centimes le N° 40 Annêe N° 8S54- g Evolution logique Nos paysans llamands Réparation a l'Immaculée Le régime de J'Autocratie 1 1 n s'abonne rue au Reurre, 36, a Ypres, et k tous les bureaux de poste du rryaume. La réparation a etc complc.e et grandiose. Jamais nous n'avons vu pareil corlège a l'occasion de la pro cession traditionnelle du S. Rosaire. Tous les flambeaux des quatre paro:s- ses de la ville avaient été réunis a l'Eglisa St Jaques et tous furent eule- vés. II en manquait même I Inutile de dire que 1 eg'ise magnifiquement ornée, était cornble. Veut-on avoir une idee de la foule qui accompagnait le cortège en réci- t tm le Rosaire? On connait l'itinéraire suivi par la procession La iête arri- vait a 1'entrée de la rue St Jaques, du co té de la Grand'Place, quand les derniers rangs, larges et serrés,étaient vis-a-vis de la rue des Chiens a la même place. C est-a dire que la rue de Menin, la rue du Corbeau, la rue de Tbourout et la moitié de la Place étaient occupées en même temps par la foule pieuse. Sur tout le parcours, a de rares exceptions prés, toutes les maisons aient pavoisées ou illuminées et la foule, siationnant sur les trotoirs par- ticipait visiblement a la manifestation de foi et de piété que les Yprois, imi- tant leurs ancêtres, adressaient a la Vierge du Rosaire. Nos journaux libéraux pourront rager. Il ne seront pas suivis par notre religieuse population, qui n'a pas voulu qu'ils puissent outrager impu- nément 1 antique et illustre patronue de la ville. Outrager la Vierge, ofjenser la Re ligion II n'y out pas même songé, dit le Progrès, quand, quinze jours plus- tut, leur musique est revenue de la manifestation libérale de Thielt, ou le confrère ne l'ignore pas. les libéraux se sont livrés aux pires excès dans cette ville, la plu» catholique de la Flandre. S i! y avait eu quelqu'idée de rna- nifestion antireligieuse, c'était un non sens, dit le Progrèsde la pro- voquer devant la derneure de M. Fraeijs ou de M. Golaert, alors qu'en pleine place publiquese dresse une statue de la Vierge Or, chacun se souvient des gran- des manifestations de la Place Van den Peereboom,coutiDue le Progrès est il venu a IVsprit de u'importe qui d'y aller contre-manifester, quoique nombreux soient ceux qui estiment que les cérémonies reli- gieusesout plulót leur place a l'E- glise que sur les places publiques Et que signifient done les mots Ave Maria, que le Progrès doit reconnai- tre avoir été chantés par la musique des anciens Pompierset ses suivants? Uu cantiqae a la Vierge dans des bouches tubituées a proférer tout autre chose! Un chant re igieux, mêlé de cris orduriers poussés par une foule aviuée, le soir, dans I'obscu- rité Non, vous n'avez pas contre mani- festé le 7 Aoüt, a la Place Van den Peereboom, parceque vous saviez bien qne la foule qui chantait 1 'Ave Maria, ne vous l'aurait pas permis, pas plus quelle n'aurait toléré une contre-ma- nifestation, Dimanche dernier, sur le parcours de la procesion. Peut-être aussi auriez-vous rougi de vous livrer, dans les environs du monument d'U- phonse Van den Peereboom un vrai. libéral celui-la a des outrages vis- a-vis decelle que 1'ancien Bourgmestre agiorifiée dans ses ouvrageset b qui il a fait ériger uu autel, dans notre cathédrale. Voilé pourquoi vous n'avez pas contre-manifestéEt vous ne contre- manifesterez jamais le jour c'est le soir ou la nuit que vous choisirez pour cela, comme vos amis cherchent 1'om- bre pour se livrer b des cris orduriers et offensants. Vous vous Irompez, Progrès, si vous croyez arriver a confiner daus le temple nos cérémonies religieuses. Nous ne sommes pas murs .en Belgique, pour subir le régime Gombiste que vous grillez d'introduire chez nous. Bon gré, malgré, nous maintiendrons nos traditions séculaires et nous sau- rons toujours défendre nos droits. Le Progrès voit dans la manifesta tion religieuse de dimanche une récla me pour relever le prestige de M. Colaert, rudement chancelant. Pauvre Progrès, il y a vingt ans qu'ii dit cela, et c'est, a chaque élèc- tion, son parti qui succombe La cérémonie religieuse n'est pas non plus une réclame électoralele Progrès Ie sait bien et il ment quand il pre tend que bon nombre de cléricaux noloirement connus comme leis s étaient mêlés aux maaifesiants libéraux reve- nant de Thielt. La vérité est que bon nombre de libéraux se sont séparés de la bande gueuse, quand ils se sont apercus que la voyoucratie allait, comme d'habitude, crier, vociférer, outrager et blasphémer. Nons eu appelons au témoignage de nos concitoyens honnêtes de tous les partis. Le Progrès, furieux paree que sa musique ne peut plus jouer après le coucher du soleil, taxe notre Bourg mestre d'autocrate. r OURNAL D'YPRES Ï-. Le JOURNAL D'Yi RES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de 1'abounement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour lout le pays pour l'étranger lei port en sus. Les abonpements sont d'un an et se régularisent tin Déoembre. es articles et communications doivent ét re adressés franco de ort a Pad cease ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes !a ligr« Les réclames dans le corps du journa coütent30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, ljjfranc la ligne. Les luméros supplémentaires coütent 10 franss les cent exemplaires, Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1 'Agence Havas Bruxelles, rua d'Argent, n°34 at a Paris,8, Place de la Bourse. Tous les journaux francais importants s'occupent du changement qui vient de s opé- rer, en leur pays, dans ia classification des parlis. Ce changement, que faisaient entre- voir déja les déiibérations du dernier convent maconnique de Paris, se re'sume dans l'ab- sorption, de plus en plus marquée, du radica lisme par le socialisme. Le radicalisme francais correspond a peu de chose prés au libéralisme beige. 11 est anticlerical avant tout, et pour mieux laire la guerre a 1 Égüse.il s'appuie volontiers sur les socialistes dont il teint d'oubiicr et dont il sait même ménager les opinions subversives en matière d économie politique et sociale. De ce rapprochement est né le Bloc dont nos lecteurs connaisscnt assez la funeste campagne contre la liberté religieuse, contre la liberté d'enseignement, contre la liberté d'association et, en même temps, con tre la paix et contre la prospérité de la France. Mais cette oeuvre commune a abouti aux logiques résultats qu elle devait avoir. En lui prêtant leur coopération, les socialistes n'ont jamais renoncé a faire leurs propres affaires, persuadés.a bon droit d ailleurs.qu'en sapant les bases de la société religieuse, ils ébran- laient en même temps les fondements de la société civile. Aujourd'hui que la première partie de leur entreprise leur parait suffisam- ment avance'e, ils estiment que le moment est arrivé d'en aborder la seconde et de mener la campagne antisociale aussi vivement que 1 a été Ia campagne anticléricale.. lis comptent, d'ailleurs, que le radicalisme fera sa partie sur ce terrain nouveau comme le socialisme a fait la sienne sur l'autre. Donnant, donnantNe s'agit-il pas, après tout, d'invoquer les mêmes principes pour arriver aux mêmes consequences a appli- quer aux capitalistes francais Ainsi le veut d'ailleurs la logique égalitaire. Si tous les citoyens sont égaux devant la loi, les préten- dus droits des uns ne sont pas plus invio- lables que les prétendus droits des autres. L'Etat seul a des droits tel est le dernier mot de la politique républicaine et sociale. Pour les radicaux, on peut dire que le quart d'heure de Rabelais a sonné. Leur situation est d'autant plus pe'rilleuse que les socialistes ont le verbe comminatoire et haut et sont gens assez habitués a passer rapide- ment de la parole au geste et du geste a faction. Laché par les socialistes, le bloc craqiie, s'effondre et s'émiette e'est la fin. Qu'ont done résolu les chefs et les tacticiens du radicalisme Fait bizarre a constater, ils deviennent socialistes et révolutionnaires... par instinct de conservation. Ils capitulent devant le socialisme et consentent a le servir pour avoir du moins l'apparence de demturer les maitres. C'est un ancien ministre de la guerre, l'homme des fiches,l'organiaateur de la désor- ganisation, le trop fameux général André, pouri'appeler par son nom, qui le premier a fait le plongeon,Nous avons donné, d'après la presse parisienne, quelques extraits du discours adressé par ce haut dignitaire de la Franc-magonnerie aux électeurs de la Cóte d'Or. C'est une adhésion, presque compléte, au socialisme. La propriété y est considérée comme un privilege qui n'a le caractère de droit que pendant un temps limité pas 1 es conditions de la vie humaine. Le droit d'hé- rédité doit disparaitre sans égard pour la familie qui n'est qu'une fiction l'Etat sera promu au rang de hanquier général, destiné a écraser les capitalistes, en attendant que par 1'extension progressive et continue des monopoles, on passe du regime de la pro priété individuelle a celui de la propriété collective. Les socialistes seraient sans doute bien exigeants s'ils ne se de'claraient pas satisfaits de ces concessions du radicalisms. Aussi leurs journaux accueillent-ils avec grand enthousiasme la harangue du F.'. André. En revanche, le Tempsorgane républicain, gouvernemental, se demande avec raison si des radicaux de cette trempe la ont encore a s'allier aux socialistes: it ils se sont faits eux- mêmes socialistes, ils sont un troupeau i) volontairement conquis, domestiqué et i) assimilé On ne saurait mieux dire ni définir avec plus de précision la gravité de Involution qui vient de s'accomplir. Mais, en même temps, il conviendrait de rappeler que cette assimi lation remonte a des causes déja lointaines et dont Tissue a été souvent prédite. Bien na'ifs sont ceux qui feignent aujourd'hui detre surprisd'un aussi naturel dénouement.Intro- duisez un lapin dans la cage d'un boa con strictor, serez-vous bien étonné si le pauvre Jeannot est bientot absorbs tout vif par son redoutable compagnon Or, le socialisme est le zou le libéralisme est le lapin. Nous perrons après dit M. Braun on appri- voise les serpents et on peut, avec succès, essayer de leur poser des lapins. Pauvre Jeannot sont dépeints en ces termes élégants par la Nieuwe Ga\et, feuille libérale d'Anvers, numéro d'avant hier De cette espèce de singes bimanes qui hebdomadairement au confessionnal, fair laver sa conscience, d'une demie-dou\aine de vols qui prie un pater et un ave avant de tailler des boutonnières dans la peau du prochain ou de l'envoyer en enfer qui, a la faveur du premier accès de contrariété venu met le feu d quelque meule de paille ou a quelque grange qui, par pur excès de plai- sir flanque des troncs d'arbre en travers les voies du chemin de fer ou du tramway vici nal, et aiguise spécialemc-nt les couteaux pour aller a la Kermesse de la part de nos paysans flamands ainsi élevés dans la crainte du Seigneur,tout bien pesé, le bourg- mestre de Thielt pouvait.en réalité,s'attendre a des exploits extraordinaires, a l'occasion d'un spectacle aussi inou'i pour sa petite ville, que Test un enterrement sans croix ni eau bénite... Nos paysans des Flandres, ainsi jugés par la presse libérale, peuventse promettre d'être traités d'une jolie facon le jour oil l'anticléri- calisme reviendrait au pouvoir.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1905 | | pagina 1