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Mercredi 29 vlovembre 1905
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Le premier grand Concert de la Fanfare
sera donné a la Salie Iweins, le Dimanche
io Décembre prochain a 7 1/2 h. du soir.
Pour cette fête la Fanfare s'est assuré le
Concours d'artistes de tout premier ordre.
Nous donnerons le programme dans un
prochain numéro.
Nous extrayons du Bien Public 1 article
suivant, fort suggestif.
L'Indépendance c'est une appreciation
qui, sans doute, ne sera pas faite pour lui
déplaire est le journal le plus partialement
francais de la presse beige. En dehors d un
rayon spécial(politique congolaise, fortifi
cations d'Anvers, nouvelles de la Cour, etc.)
elle tient de preference, Particle-Paris. Jamais
le père Combes, au plus fort de sa lutte con-
tre le catholicisme, n'eüt d'admiratrice plus
passionnée jamais, non plus, depuis l'exode
du Défroqué, la République jacobine n'eüt
de camériste plus serviable et plus fidele. Elle
fait réellement partie de la maison elle en
connait les détours et surtout les tours.
II n'en est que plus intéressant de voir une
servante aussi dévouée exhiber, de temps a
autre,a l'étalage des photographies politiques
des clichés, pris sur le vif, qui pourraient
bien, quelque jour, amplement documentor
l'histoire.
Leplus souvent, c'est M.Jean Bernard, le
photographe de la succursale parisienne, qui
opère lui même et la justice, que nous ne
refusons jamais a nos adversaires,nous oblige
a reconnaitre que ses épreuves instantanées
sont absolument remarquables et vraiment
dignes de l'encadrement. Pour le dire en
passant, eet opérateur distingué est d'une
bien autre force que le banal ferblantier qui,
depuis quelque temps, s'occupe dans les
colonnes de 1 'Indépendance du bulletin
politique et de la polémique beige.
II y a trois jours, par exemple, le susdit
Jean Bernard adressait de Paris a son journal
une correspondance qui dépeignait, d'après
nature, le suave et délicieux régime que nos
francs-ma$ons de Belgique se proposent bien
d'acclimater parmi nous, le jour béni, mals
vainement attendu depuis vingt ans,oü notre
pays, tristement ente'nébré, réussirait enfin a
se délivrer de l'abominable domination
déricale.
Voici d'abord Jean Bernard pinxitle i
portrait du véritable magistrat républicain, j
du juge d'instruction, nouveau jeu, produit
immédiat de la sélection jacobine et macon-
n'que. Ce fonctionnaire distingué a instruit
l'escroquerie colossale, commise par Galley
et voici comment sont décrits, d'après le
correspondant parisien de XIndépendance,
ses procédés a l'égard du personnel féminin
de cette transatlantique aventure
Les cabinets d'instruction ne sont pas a
l'abri de la critique, et c'est le juge Bour- j mais personne n avait
deaux, chargé de l'aflaire de l'escroc Galley, contars.
qui donne a causer Ce magistrat est devenu jj
vite céièbre a Paris par la manière dont il a j
communiqué ou laissé communiquer a la j
presse des bulletins quotidiens dans lesquels
on mentionne jusque dans leurs moin^ires jj
détails les phases de l'instruction secrète a
laquelle il opère toutes portes ouvertes et
coram populosi on peut dire.
C'est lui qui se montre d'une amabilité de
vaudeville pour cette demi-mondaine qui a
servi dans la galanterie sous le pseudonym e
de la Merelly»; il n'est pas de prevenances,
d'amabilités, de manières gracieuses que le
magistrat ne prodigue a cette demoiselle
galante, s'il faut s en rapporter aux comptes
rendus officieuxa l'analytique, pourrait-on
dire, de ces ébats judiciaires a huis clos. Pour
un peu, le juge ofïrirait la boite de rouge, la
mouche piquante et le noir pour les sourcils,
afin que 1 accusée püt apparattre avec tous
ses avantages a l'interrogatoire. Quand
l'escroc Galley et sa maitresse ont envie de
s'embrasser, le juge les laisse s etreindre sous
l'oeil ému du garde municipal.
Mais, 1 autre jour, le magistrat instructeur
confronts lepouse légitime de Galley avec
son voleur de mari cette malheureuse est
honnête femme, une mère éprouvée,et elle a,
dès le début, rendu tout ce qu'elle tenait de
Galley, jusqua des bijoux qu'il lui avait
donnés. Pour cette pauvre créature, le juge
toujours d après ses bulletins d'indiscrétions
journaliers, s'est montré particulièrement
sévère, d'une dureté voulue, et, pour un peu,
il i'aurait fait arrêter paree qu'elle n'avait pas
su deviner que son mari était un coquin.
Explique qui pourra cette contradiction,
cette difference d'attitude et pourquoi le juge
d'instruction, si bienveillant et presque un
peu plus pour la fille galante, est si dur pour
l'épouse impeccable. Décidément les temps
sont durs pour les honnêtes femmes qui ont
eu le malheur d'épouser des bandits.
Nous laissons a la perspicacité de nos
lecteurs le soin facile de formuler les conclu
sions politiques et judiciaires qui se dédui-
sent a vue d'ceil, peut-on dire, de ce tableau
de genre, et nous ne nous écrierons pas
comme Cicéron O tempora O mores
En France, ces petites scènes font partie
du menu quotidien.
4. 4.
Ce n'est pas a dire cependant que Jean
Bernard soit animé d'une hostilité systéma-
tique contre la magistrature républicaine. II
lui arrive même de rendre, tout au moins
partiellement, justice aux magistrats de la
vieille école qui ont le courage de décrire les
choses comme ils les voient et de dire tout
haut ce qu ils pensent. Voici un nouvel
extrait de la correspondance, citée ci-dessus.
II a trait a une affaire dont les purs républi
cains qui forment la majorité du consei!
municipal de Paris, ne nous paraissent pas
sortir les mains bien propres et bien nettes.
Nous citons
Les conseillers municipaux de Paris se
plaignent d'un jugement de la première
chambre qui a mis en cause de facon un peu
vive, et qui a surpris tout le monde, la déli
catesse de certains conseillers et celle de
certains journaux. Ce n'est pas d'aujourd'hui
que des bruits, plutót facheux, sont mis en
circulation au sujet des facons de procéder
de quelques représentants de l'Hotel de ville,
ajouté foi a ces ra-
Ces messieurs ont a manier des intéréts
considérables et ils ont longtemps laissé dire
sans protester quil ne refusaient pas de
concilier les intéréts de la Ville de Paris
avec les avantages personnels. Ces accusa
tions sont sürement .fausses, mais il y a si
longtemps qu'on les formule sans qu'on ait
songé a les démentir que la protestation
d aujourd'hui fait tout de même plaisir. Vaut
mieux tard que jamais.
L'incident est venu a la suite d'un proces
assez piquant. II y a quelques mois, la Ville
de Paris achetait le beau domaine de
«Bagatelle» pour une somme fort élevée,
plusieurs millions. L'interme'diaire entre la
Ville de Paris et l'acheteur faisait ce procés
pour réclamer la commission d'usage et
obtenait du vendeur récalcitrant deux cent
trente-cinq mille francs. Cet intermédiaire
était a son tour assigné par un autre
courtier qui lui réclamait sa part; on plaidait,
et le second obtenait soixante-quinze mille
francs le jugement contenait ce considérant
qui sortait de l'ordinaire
Attendu que Merlin a exécuté a l'entière
satisfaction d Isabey le mandat qu il lui avait
donné. que la campagne de presse qu'il a
entreprise a déterminé le conseil municipal a
I'achat du domaineet a permis a Isabey
de toucher une commission de 235,000
francs.
Cet attendu n'était que la mise en ligne
d'une partie des conclusions du substitut, qu1
avait soutenu que Merlin avait droit a une
rémunération puisqu'il lui avait suffi de
quince jours pour retourner la majorité
d'abord hostile a I'acquisition du domaine
de Bagatelle.
Ces conclusions, ce jugement ont ému le
conseil municipal, et le président de I'assem-
blée communale s'est présenté chez le mi-
nistre de la justice pour lui demander de
frapper le substitut qui a formulé de pareilles
conclusions en audience publique. La démar
che du président est trés légitime et elle
prouve que cet honorable édile entend faire
respecter le corps constitué qu'il représente
mais il parait au sentiment de bien des gens
que la question est mal posée il ne s'agit pas
de savoir si le substitut avait le droit de
parler comme il l a fait, mais si l'accusation
qu'il a si nettement formulée est bien ou mal
fondée.
Encore une fois, nous laisserons nos
lecteurs eux mêmes déduire, comme Ton dit
au Palais, la moralité de l'incident mais,
sans rien préjuger, nous prévoyons fort,
pour notre part, que l'austérité républicaine
ne s'en tirera point sans de notables accrocs.
Nous avons gardé pour la fin, et a bon
droit, le scandale de la liquidation ou, pour
mieux dire, du pillage du patrimoine des
congrégations religieuses, supprime'es en
France et condamnées a l'exilLa Lanterne
elle même a flétri en termes indignés cette
oeuvre de déprédation et d'effrontée cupidité.
L.e correspondant de Vindépendancevu ses
relations, en parle en termes plus radoucis,
mais il n'est" pas même besoin de lire entre
les lignes pour apprécier, comme elle le
métite, l'oeuvre de rapine et de honte dont
il parle en ces termes
C'est dans les couloirs du Palais- qu'a pris
naissance, ces temps derniers, un mot nou
veau qui a vite été adopté par l'argot judi-
ciaire ce mot est grignotteurs» sous lequel
on désigne toute une catégorie d'avocats d'un
genre spécial et qui ont paru surtout a la
barre a propos des affaires de liquidation des
associations religieuses.
Chaque liquidation a donné lieu a des
incidents de procédure et on a vu les liquida-
teurs confier la plupart du temps les dossiers
a des avocats régulièrement inscrit, mais qui
ne plaident pour ainsi dire jamais, occupés
qu'ils sont surtout par la politique. Au sur
plus, leur röle est modeste, puisque la
jurisprudence est désormais fixée, la Cour
ayant solutionné les divers cas qui peuvent se
présenter. Le travail est a peu prés nul,mais
trés souvent les honor aires sont forts co.
pieux.
Un confrère peu charitable a un jour ainsi
défini ces avocats
Ce sont des défenseurs d'un genre
spécial ces procés sont des fromages de
Hollande qu'ils grignottent a l'aise.
Des grignotteurs le mot est amusant,
il n'a pas été perdu et il s'applique a mer-
veille a ces avocats sans clientèle, amis poli
tiques des liquidateurs, trés honnêtes gens
de leur personne, mais pas fachés de faire
plaisir a quelque camarade tout de même. II
n'y a la rien que de bien naturel et c'est si
humain.
Cependant, certains ont réfusé et un
député notamment d'opinions trés tranchées
a décliné de se charger de plusieurs dossiers
de ce genre qu'on lui offrait pensant que
lorsqu'il n'y avait pas de contestations possi
bles, que le cas était récemment jugé paria
cour suprème, de simples conclusions
d'avoué s'en rapportant a la justice suffisaient
et que dans tous les cas on ne devait pas
aller chercher hors des avocats habituels des
défenseurs pour le simple plaisir de leur
payer trés cher un travail superflu.
II y a des gens qui ont le caractère mal
fait et tout le monde n'a pas les dents aigui-
sées par le grignottage
Jean Bernard doit bien connaitre les
grignotteurs pour les peindre avec une
j verve si pittoresque et qui, malgré des atté-
nuations voulues, est, au fond, légitimement
justicière.
Mais oü Vindépendance a-t-elle eu la tête
de mettre ainsi sous les yeux de ses lecteurs
des tableaux qui rendent, avec l'intensité de
Ia vie, l'existence intime de cette République
jacobine qu'on nous dépeint chaque jour
comme 1 aréopage de toutes les vertus civi-
ques Le fond du programme anticlérical
n'est-il pas 1 inauguration en Belgique d'une
politique a la francaise Èh bien! merci du
cadeau!... Nous n'avons que faire d'une
telle contrefacon et jamais ni les mouebgrds,.
ni les délateurs, ni les cambrioleurs, ni
même les grignotteurs n'obtiendronten Bel-"
gique des lettres de naturalisation.La fameuse
inquisition scolaire.proposée naguère par M.
Neujean et illustrée par les exploits de feu
Bouvier ce Demblon du doctrinarisme
nous a donné du« grignottage» un spécimen,
heureusement passager.qui n'a pas médiocre-
ment contribué a discréditer la domination
du libéralisme maconnique.Du coup,nous en
avons eu assez et nous n'avons pas la moindre
envie de recommencer l'expérience.
La situation politique est grave. A l'heure
oü nous écrivons ces lignes, le Ministère
aura peut-être vécu.