LES VIEUX
Pierre l'Ermite.
8 I T i 0 1
A Algésiras
Happort de M. Colaert
sur le budget de l'intérieur
et de rinstruclion publique
M' ar
.tjfêwux
7
-ctrom
La population scoiairc
Les augmentations prévues au budget de
l'uistrucliou publique sont la couséquence,
a'une purt, de l'accroissement de la populatiou
du royaume, et, d'autre part, de l'exlension
que prend l'enseignement en géneral.
Les illettrés
.^TiT'de colère
'j anticléricale
qu'il s'appelle
oonnino, leministèrey
de persecution, tout dé-
ySi'f v ''«..cléricalisme francais
membres du ministère actuel,
ne stigmatisait-il pas dernièrement,
m» un discours a 1 Univcrsité de Rome,
cette intolerance des libres penseurs qui
partout oü ils sont majorité, s'exercent a
expulser les moines, a inquiéter les prêtres,
i tracasser dans leur sublime simplicite'
jusqu'aux douces soeurs.»
En Autriche, les anticle'ricaux ont tout
tenté, en ces dernières années, pour propager
le los vort Rom, pour déchainer un Kultur-
kampf. A quoi ont-ils abouti t Quelques
milliers de mauvais catholiques se sont
travestis en protestants.Mais la foi et l'ardeur
des vrais chrétiens en ont été ravive'es.
L'anticléricalisme échoue dans toutes ses
attaques et ses protagonistes les plus ardents
sont menaces d'être chassés du Reichsrath
par le futur régime electoral. Le vent du
libéralisme souffle-t-il peut être en Espagne 1
II y a quelques années, 1 Espagne eut
aussi un succès de fanatisme. La politique
combiste semblait a la veille de franchir les
Pyrénées, Le sectaire Canalejas et l'auteur
d Electra cherchaient a ameuter les foules
contre les couvents. Qu'en est ïl advenu
Un ministère libéral a pu succéder au gou
vernement conservateur suivant le jeu de
balangoire pratiqué dans la péninsule, mais
la franc-magonnerie n'a réalisé aucun de ses
desseins. Ah 1 pauvre Progrèsle vent du
libéralisme te vient de partout Mets ton
nez au vent, mon cher, en vain tu parcour-
rais l'Europe en tons sens Pour trouver
un pays gouverné seion ton coeur tu seras
toujours forcé de revenir en France. Ah
levent te vient de France. Nous épinglons
eet aveu échappé inconsciemment k ta plume
trempée dans le fiel anticlérical. Ah I le
vent te vient de France, ce vent chargé de
l'odeur du sang, de blasphèmes, d'outrages
sans nom k toutes nos saintes libertés.
Tant mieux pour nous ouvrez bien bas
voiles a ce vent du midi, messieurs les libé
raux,le vaisseau quivous porte est désemparé,
et quand se produira au 27 mai prochain le
raz de l'indignation et du mépris publics
contre voire odieuse politique combiste, il
vous balayera 1
C'est dimanche que commence la grande
bataille...
Oh 1 il ne s'agit ni de fusils, ni de canons,
ni de grèves, ni d'émeutes la bataille dont
je parle déborde la petitesse des corps elle
se livre dans la profondeur invisible des
ames, et les deux capitaines sont le Christ et
Satan.
Chrétien, de quel cote' es-tu...? car c'est la
quinzaine sainte de Paques, celle oü l'on
se compte, celle oü, vraiment, Dieu connait
les siens.
Es-tu avec ceux qui croient... avec ceux
qui viendront s agenouiller pour recevoir le
Pain des forts... le Pain que rompit Dieu a
ses apótres, au soir de sa vie mortelle En
vérité, je vous le dis celui qui ne mange
pas mon corps, celui la ne peut pas avoir la
vie en lui
Es-tu avec les haineux qui tendent le
poing au ciel Nous ne voulons pas de ta
lumière... Christ, nous ne croyons pas en
toi
Es-tu l'unité flageolante, l'ame quelcon-
que perdue dans la foule vague de ceux qui
murmurent mi-voix Je voudrais bien...
mais je ne peux pas
Oh 1... si tu es parmi ces dernières, frère,
comme je te plains I...
Et pourquoi ne peux tu pas..,!
Est-ce paree que tu ne crois pas...! C est
faux 1... tu crois Tu es un honnête homme,
tu respectes ton foyer, tu assistes a la messe
le dimanche... j'ai vu un crucifix a la tête de
ton lit... tu as fait planter une croix sur la
tombe de ta vieille mère devant cette croix,
es mis a genoux et tu as prié... Done, tu
Pourquoi ne peux-tu pas...!
Paree que tu as peur...? peur de quoi.
voyons ose le dire I... peur de te confes
ser...? Mais les femmes, les enfants se con
fessent bien 1... Es tu moins fort qu'une
femme? moins courageux qu'un enfant?
Peur de quoi...? réponds... peur du ridi
cule...? Mais oü as tu vu qu'il était ridicule
de pratiquer sa religion...! Peur d'une rail-
lerie...? dun sourire...? d'un haussement
d'épaules...? Alors, pouragir, tu attends
consentement universel, la permission de
tous ceux qui t'entourent...? Pauvre esclave
et combien tu dois souffrir!... Ce serail si
simple de dire Je relève de Dieu et de ma
conscience, et si Mufflo n'est pas content
tant pis pour Mufflo 1...
Et puis, vois-tu, si tu as si peur... situ
trembles tellement, suis ton lache chemin
sur la litière de toutes tes fiertés... va bêler
ta misère a la remorque de toutes les opi
nions ce qu'il nous faut aujourd'hui, ce
sont des hommes Tu n'es même pas une
femme... tu as l'apparence de la vie, et tu
es un cadavre... tu es le bois mort que
Christ jettera au feu du
ment des siècles 1
grand chambarde-
Et c'est a vous, chrétiens effectifs, que je
m adresse Que vos Paques soient plus
graves, plus recueiilies que jamais Ecou-
tez... n entendez-vous pas la société craquer
de partout chacun n a t-il pas concience
que nous approchons du temps de la dislo
cation générale oü tous les éléments d une
société coupabie sont verse's au creuset terri
ble de la vengeance de Dieu Nous avons
la hantise du couperet qui va tomber, et
aucune oeuvre chrétienne ne peut plus rele-
ver la tête sans voir grimacer devant elle la
hideuse figure du franc macon qui guette...
qui attend l'heure comme la béte mauvaise,
tapie a plat ventre, au milieu des roseaux...
Aussi, de retour a voire place, dites a Dieu
présent en vous O Christ... ayez pmé de
aotre misère I... c est du fond de 1 abime que
nous crions vers vous... les ruines nous
entourent,et eest vous notre seule espérance.
Christ 1 vous etes la Vie et nous ne voulons -
pas mourir 1... Christ qui avez ressuscité
Lazare en décomposition, jetez sur nous un
de ces cris qui font dresser les peupies, et
que, du fond de son lombeau, faisant e'clater
les bandelettes sans nombre serrées autour
de ses bras, la chrétienté se léve et sorte
enfin au soleil des renouveaux 1...
Qui I cette quinzaii.e est sainte et,
a avance, j athrme quelle sera bénie.. Levez-
vous, nommes, et enipnssez nos égliscs 1... je
le salue, poussée virile qui se manifeste plus
puissante que 1 année dernière dans toutes
nos cués certaines campagnes t'ignorent et
cioient encore que c'est vieux jeu de voir un
homme a 1 église. Pauvres gens qui ne
savent pas que le Christ ressuscite tous les
jours dans le coeur des sincères.et que.chaque
saison, fait verdir de nouveaux ramtaux a
iarbre séculaire de 1 Lglise. J ai eu, pendant
ce Careme, comme des visions du moyen-
hge j ai vu des centaines d hommes atten
dant, le soir, sous la pluie battante, 1 ouver
ture des 1 égiises, et quand, le sermon fini
de nouveau fes portes s ouvraient et que les
flots d hommes redescendaient les marches,
emplissani toute la rue,noircissant les places,
arrêtant les voitures Quy a-t-il done,
demandait un passant élonné... une réunion
politique...?
Non.
Quoi alors
Une conférence religieuse sur Jésus-
Christ
Et tous s en ailaient, graves dans la nuit,
écoutant dans leurs ames 1 écho de l'éternel
appel de Dieu, le grand cri du Christ sur la
croix Sitio j'ai soif j'ai soif des
ames j'ai soif de ton ame, homme, qui
1 lis ces lignes, j'ai soif ton Ime, d toi... je
I suis mort pour elle afin que tu sois sauvé,
afin que dans mon sang fleurisse ton éternel
j bonheur... homme, chrétien, mon ami, mon
l frère... sitio j'ai soif de toi...
L'accord final s est fait sur les bases sui-
vantes. Repartition des ports de police
Aux Espagnols, Tetuan et Larache.
Aux Francais et aux Espagnols, la police
mixte de Casablanca ct de Tanger
Aux Frangais, quatre autres ports, Mo-
gador, Saflï, Mazagan et Rabat.
La durée dc l'arrangement sur la date de
Ia ratification.
L'arrangement concernant la Banque com-
porte la cession a la Banque du droit de
préférence contre deux parts du capital, ce
qui lera pour la France trois parts, chacun
des autres pays en ayant une seule. Les
droits appartcnaut aux porteurs de iemprunt
francais de 1904 étant conservés et reconnus.
La presse internationale continue a
commenter l'accord intervenu a Algésiras,
La presse oflficieuse allemande dit que 1 Al
lemagne a obtenu ce qu'elle désirait. Comme
la presse frangaise en dit a peu prés autant
de son coté, tout le monde se retire done
content. C'est dröle, mais de part et d'autre
ccpendant on a gagné quelque chose.
En forgant la France a co nsentir a la
Conférence et par la au principe de l'inter
nationalisation de la question marocaine,
l'Allemagne a remporté un premier succès
puisqu'elle annulait ainsi l'effet des accords
franco-anglais et franco espagnol conclus
par M. Delcassé, lesquels faisaient de la
question marocaine une question purement
particulière aux trois puissances.
Par contre l'Allemagne n a pas réussi a
faire consacrer autant qu'elle leut voulu,
dans le règlement de la police le plus impor
tant de tous, ce principe de l'internationa-
lisation la police demeurera en fait franco-
espagnole le caractère spécial des intéréts
francais au Maroc est ainsi reconnu officiel-
lement par l'Europe, alors qu'il ne l'était
pas auparavant. C'est un avantage sérieux
sur le régime des accords Delcassé.
La rapport sur le projet de budget de l'inté
rieur et de 1'instructiofi publique pour 1906
vient d'èire distribué. II en résulte que, rnalgré
le crédit de trois millions ue francs,qui ligurait
au budget de 1905 pour les fêtes de l'Lidépeu-
dance Nationale, et Dien que cette dépense tGUt
a fait exceptionuetle n'existe plus, le budget
projeté présente une augmentation de
fr. 774,015-65 sur celui de 1905.
Les augmentations sont peu sensibles, pour
les services de l'intérieur, si l'on considère qu'il
doit être procédé en 1906 au renouvelLment de
la première série de la Chambre des Représeu-
tauls d'oü un accroissement de dépenses de
240,000 francs.
C'est le service ordinaire de l'instruction
pubuque qui uoune In u a des depenses plus
toriespour l'enseignement superieur
61,750 fr. pour l'enseignement moyen
98,000 fr. pour l'enseiguem- 11I primaire
497,900 fr. soit un total de 657,650 francs.
NOUVELLE suite et fin)
Peiidaut ce temps un draine terrible se
passait a l'autie bout de la chambre devant
larmoire. 11 sagissait daueimire la-imut,
sur ie dernier rayon, certain uocai de ceri
ses a i'eau-ue-vie qui attendait Maurice
depuis dix ans et dont on voulait me lane
1 ouverture. Malgré les supplications deMa-
metie, le Vieux avait tenu a aller chercüer
ces cerises lui-mèmeet, monté sur une
chaise au grand eüroi de sa femme, il
essayait d arnver la-haut... Vuus voyez le
tableau d ïci, Ie vreux qui iremnle et qui se
hisse, les peuten bleues crampunnées a sa
chaise, Mamette derrière lui haleunie, les
bras teiidus, et sur torn cela un leger par
fum de beigainoie qui s'exha.e de larmoire
ouverte etüesgrandes piles de huge roux...
U était charmant.
Ennn, après bien des efforts, on parvint a
le tirer de 1 armoire, ce fameux bocal, et
avec lui une veille tiinbale de Maurice
quand il était petit. On me la remplit de
censes jusqu'au bord, Maurice les aimait
tant, les censes 1 Et tout en me servant, le
vieux me disait a i'oreille d un air de gour-
mandise
Vous êtes bien heureux, vous, de pou-
voir en manger C'est ma femme qui les a
faites... Vous aties goüter quelque chose de
bon.
Hélas, sa femme les avait faites, mais elle
avait oublié de ies sucrer. Que voulez-vous
on deviant distrait en vieillissant. Elles
étaient atroces, vos cerises, ma pauvre
Mamette... Mai» cela ne m'empêcha pas de
Ces augmentations ne sont pas anormales
elles suiveut une progression constante.
Le budget de l'instruction publique, qui
s'élev.-it 520 millions de francs il y a vingt-ciuq
ans, monte aujourd'hui a prés de 27 millions.
C'est surtout l'instruction primaire qui a
bénéficié des augmentations annuelles des
crédils portés au budget de l'Etal. Les budgets
des provinces et des communes ont générale-
meni auivi eet accroissement du dépenses
l'ensetnble des credits cousacrés par les
pouvoirs publics a se seul enseigneinent ét..it
de 2,600,000 lraucs il y a soixante ans. En 1881
ii s'éluvail a 32 millions de francs aujourd'hui
li monte it pins de 41 millions de francs.
Le fait est marquant pour l'instruction
primaire. Alors qu'en 1857 le nombre des
éièves des écotes primaires était de 399,628
et de 588,814 en 1881, tl passe a 774,989 en
1898, pour progresseranuuellement de 14,074
en moyenne et arriver, en 1904, 5 859,436
éièves fréquentant les écoles couimunates,
adoptées el adoptables.
II en est de même pour les écoles gardieii'
nes et les écoles d'adultes. E11 1898 il y avait
194,807, enfants dans les écoles gardiennes et
102,831 dans les écoles d'adultes en 1904 un
en compte respecuvement 245,695 el 193,907,
soit uue augmentation annueile moyenne de
9,974 pour les premières et de 15,229 pour les
secondes.
Ces chiffres euvent se passer de commen-
taires.Mais it ue sera pas inutile de faire ressor-
üf les résultats bienfaisants des efforts fails par
les pouvoirs publics et par l'imtialive pnvée
étendre et améliorer containment l'instruction
populaire.
Dans l'ensemble du royaume,les illettrés ont
diminué de 21 °|o de 1886 a 1900. Le nombre
des babitants sacbaiit lire et écrire est eu 1900,
de 75 °(o parmi ceux de 45 a 55 ans la propor
tion des iettrés s'élève 5 82 dans la catégorie
des habitants de 35 h 45 ans, a 87 °j0 dans celle
de 25 a 35 ans, et a 90 parmi ceux de 15 h 25
ans.
Au point de vue du développement moral, on
a constaté qu'en 1901 l'épargue scolaire est en-
seignée daus 6,974 écoles 159,374 éièves des
établissements d'iiistruction primaire sont affi-
liée aux mutualités scolaiies 301,444 éièves
possödent uu livrei de la caisse d'épargue. Le
montant de l'épargnescolaire dépasse 8 million
de lrancs.
Quel est actuellement le nombre des eufa.its
qui ns regoivent aucune instruetiou en Belgi-
que
On a prétendu que ce nombre s'élève h
125.000, ctuffre évidemment exagére, surtout
si on l'applique aux enfants agés de 6 a 12 ans.
11 y avait, en B-Igique, d'api ès le recensement
de 1900, 810,935 enfants ayant eet hge. En
moyenne, l'accroissement annuel de la popula-
les manger jusqu'au bout, sans sourciller.
Le repas tenniné, je me levai pour
prendre congé de mes botes. Ils auraient
bien voulu me garder eucoie un peu pour
causer du brave enfaut,mais ie jour baissait,
le uiouliu était loin, il failait partir.
Le vieux s'était levé en même temps que
moi.
Mamette, mon habit 1... Je veux le
conduire jusqu'a la place.
Bien sür qu'au fond d'elle-même Mamette
trouvait qu'il faisait déja un peu frais pour
me couduire jusqu'a la place; mais elle n'en
laissa rieu paraltre. Seulement, pendant
qu'elle l'aidait a passer les manches de sou
habit, Uii bel habit tabac d'Espague h
boutons de nacre, j'eutendais la chère crea
ture qui lui disait doucement
Tu ue .eutreras pas trup tard, n'est-ce
pas
Et lui, d'un petit air malin
Hél hé je ne sais pas... peut-être...
Ld-dessus, ils se regardaient en riant, et
les petites bleues riaient de les voir lire, et
dans leur coin les canaris riaient aussi k
leur manière... Entre nous, je crois que
1 odeur des cerises les avait tous un peu
grisés.
La nuit tombait, quand nous sortlmes,
le grand-pète et moi. La petite bleue nous
suivait de loin pour le ramener mais lui
ne la voyait pas, et il était tout lier de
marcher a mou bras, comme un homme.
Mamette,rayounante, voyait cela du pas de
sa porte, et elle avait en nous regaidant de
joli- hochements de tête qui sembiaient dire:
"Tout de même, mon pauvre homme, il
marche encore A. Daudet.