ORGANE CATHÖLiüüE
DE 1/ARRONDISSEMENT
TELEPHONE 52
Mercredi 1 Mai 1906
10 centimes Ie N
- a
Le rêve
des anticlérieaux beiges
En vue du 1" raai
Hon gouvernement,
Portez... briques
m
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Les émeutes,que les socialistes organisent
actuellement en France sous l'oeil bienveil-
lant du gouvernement Sarrien-C ómenceau,
ennuieut terriblement les anticlérieaux bei
ges. Le plus grand rêve, en effet, denos
adversaires, c'est de gouverner la Belgique
k la fagon de Combes.
N'est ce pas Vindépendance beige, un des
journauxlibéraux les plus férus d'anticléri-
calisme, qui écrivait le 30 juiilet '1902
Nous espérons bien que l'exemple
donné par M. Combes sera suivi en
d1 autres pays.
Et elle ajoutait
Nous félicitons encore M. Combes
pour léuergie dont il a fait preuve dans
l'application de la loisur les associations,
et nous exprimons une fois de plus 1 espoir que ce
n'est la que le début de faction anticléricale en
France
L'affirmation de Vindépendance était
malheureusement plasvraie quelle ne pou-
rait le supposer alors. L'action anticlérica'e
n'en était qu'a ses débuts, et elle produit
aujourd hui ses tristes effets.
Les socialistes frangais, avec qui les par
tisans de Combes ont dü compter pour
accomplir leur oeuvre antireligieuse, sont
peu a peu, devenus tout puissants. La fai-
blesse des trois derniers gouvernements les
a rendu plus audacieux que jamais et
aujourd'hui,la France apprend a ses dépeus,
combien il en coüte d'être dirigée par des
individus qui ne viseut qu'a la destruction
de la religion, et ne reculent devant rien
pour assouvir leur baine contre les catholi-
ques.
Les Combistes, qui, de l'aveu du Temps,
journal non catbolique, ont été plus occupés
jusqua présent a manger du curé qu'a
améliorer le sort des travailleurs, assistent
maintenant, effrayés, a 1 épanouissement de
leur oeuvre.
La grève générale est déclarée a Lorieut,
le pillage des boutiques a commencé. Les
corporations s'agitent. On nous prépare, dit
le Temps, un 1" mai formidable.
Pour tromper le pays jusqu'au bout, et ne
pas compromettre leur mauvaise causo aux
yeux des électeurs, avec qui, bien entendu,
il doivent compter, lesjournaux blocards
beiges sont extrêmement sobres eu ce qui
concerneles émautes, les pillages, les ineen-
dies. lis amoindrissent le mouvement ils
essaient de le dissimuler, en passant sous
silence ou eu résumant outragement les faits
de dépi édation et d'assassiuat.
Cette tactique, h, ureusement.a été,dej)uis
longtemps, percée a jour. Aussi, essaient-iis
maintenant de dégager la responsabilité du
gouvernement frangais et de le défendre
contre ceux qui pourraient l'accuser d'avoir,
par son incurie ou sa faiblesse, laissé s'orga-
niser la révolution, sans prendre les mesu-
res que la situation comportait.
N'avons nous pas vu, s'écrient les feuilles
gueu-es. des émeutes, des incendies, des
morts d hommes et autres horreurs de la
guerre civile sous le gouvernement eatholi-
que en Belgique
11 est parfaitement exact qu'on a vu des
émeutes sous tous les gouvernements, même
les plus conservateurs nous en avons vu
encore ici il y a 4 ans mais il est a remar-
quer gueux 1° que ces émeutes ont été
faites par vos amis et alliés d'aujourd'hui,
figurant a vos cótés dans les cartels magon
niques de la Westflandre, de Louvain et i
d'ailleurs 2e que jamais on n'a vu un
gouvernement catbolique comprenant des
prêcbeurs d'insurrection comrae M. Briand,
ministre actuel de France, quiil y a quatre
ans a ]>eine se déclarait p; êt b mare!, er en
tête d'une grève générale armée; 3equ'eolin
on na jamais vu des pouvoirs publics catho-
liques pactiser avec l'émeute et l'encourager
de ses subsides comme oil le voit actuelle
ment dans le Pas-de Ca'ais, oü les deniers
des contribuables sont consacrés a donner
du pain aux incendiaires et aux pillards de
Denain, de Liévin, de Leus et autres lieux.
D'ailleurs, le truc de nos adversaires est
trop grossier, pour que les beiges, gens
sensés, puissent eucore s'y laisser prendre.
Le pays sait a qu'oi s'entenir au sujet du
gouvernement catho ique qu'il a vu a l'ceu
vre depuis plus de 20 ans.
Les anticlérieaux auront beau ergoter
peine perdue Leurs déclaratioos anté-
rieures, qui n'out d'ailleurs jamais été
désapprouvées,restent intactes, et le '27 mai
procham.Ies électeurssaurent s'en souvenir.
A Paris des affiches, émanant de la
Confédération générale du travail et faisant
appel au chömage général, surgissent de
tous cótés. Elles s'adressent a toutes les
catégories d'ouvriers et ouvrières. Le
mouvement révolutionnaire setend, d'ail
leurs, progressivement et l'inquiétude aussi.
L'afi'olement se manifeste dans la popu
lation.
Dans les gares, les voyageurs qui fuient
la capilale sont nombreux.
Cbaque jour, les capitaux sont prudem-
ment retirés des bunques et envoyés a
l'étranger.
Les giands hotels se dépeuplent.
Les Barisiens qui restent daas la capitale
font prudemment des provisions de bouche
et entassent chez eux des conserves.
I)es bouiangers, des patissiers, des mar-
chands de comestibles avertissent leur
clientèle de faire lundi des provisions, car,
certainement, mardi et peut-être mercredi,
ils ne pourront en fournir.
Enfin, dans certuines grandes artères,
telle la rue royale, les bureaux de tabac out
été autorisés a fermer le let' mai.
Ces événements ont, depuis quelques
jours, une curieuse rép> rcussion en Belgi
que. De même qu'après la suppression des
Congrégations, on a vu affluer dans nos
provinces les inoines et les réligieuses
persécutés par le gouvernement blocard, de
même aujourd bui notre pays sert de refuge
encore a tous ceux qu'épouvantent les
menaces des agitateurs et la perspective des
troubles annoncés pour le ler mai.
Les capitalistes frangais, pris de panique,
se sont empres-és de mettre leur argent en
lieu sur, et e'e-t ainsi que depuis quelques
jours Bruxelles est devenu un lieu de
pèlennage trés fréquente par les financiers
aux abois.
Voi'a oü aboutit la politique néfaste du
gouvernemaut au pouvoir. Les citoyens se
sentent si mal protégés dans leur propre
pays, qu'ils se voient obligés de fuir a
l'étranger pour assurer leur propre sauve-
garde. Voilé le beau régime que nos
adversaires rêveut d'instaurer chez nous...
Entretemps les amis du gouvernement
continuent impuuóment a dresser les pétro-
leurs pour ie grand jour. Un ouvrier permet
a 1' Eclair de publier la belle protesta
tion suivaute
Mardi soir, a la salie des grèves de la
Bourse du travail, une conférence, frénéti-
quement applaudie, a été faite sur la fagon
d'employer le pétroie eu cas d emeute.
J'y étais.
Puisque les meneurs ont bien voulu me
prévenir qu'il m'empêcheraient detravailler,
qu'ils pronouceiaient di-s exécutions et
qu'uu accident est vite arrivé, j'ai l'honneur
d'avertir M. le préfet de police que j'assi-
gnerai la Ville de Paris cn dommages et
intéréts (remboursement de mon salaire),
si, la sécurité n'étant pas assurée, il m'est
impossible le l#r mai de me rendre au
travail.
Que chaque travailleur agisse ainsi et la
situation changeia il ne faut pourtant pas
que ce soit toujour® la canaille qui soit
lil re dans la rue.
Bt-seine, ouvrier peintre, des Jaunes
94, boulevard de la Vil lette.
A Lourdes lajournemeut du pélérinage
Beige n'a pa8 manqué de produire un
grand émoi.
Dès que la nouvelle futconnue, le crieur
public parcourut la ville, prévenaut les
maitres dhótel, logeurs et commergants
que le pèlerinage national beige était
ajourné.
Tout en la regrettant, on comprend et
on approuve la décisiou du comité du pèle
rinage Les Beiges ont bien raison,
disait on dans un groupe de notaries. Il
n'y a plus de sécurité en France. Depuis
quiuze jours, les Frangais cherchent, pour
i) leurs capitaux, un refuge assuré dans les
caves des banques de Londres, de Genève
ou de Bruxelles. Pourquoi les Beiges
seraient-ils moins soucieux de la sécurité
personnelle que nous de notre argent
sécurité et progrès de l'épargne
Les peuples n'économisent que s'ils sont
prospères et s'ils sont certains que leur
épargne est en lieu sür. Aussi dans les
nations troublées 1 épargne décroit elle rapi-
dement.
Cette incompatibilité de 1 insécurité sociale
avec l'économie privée est un phènomène
si souvent et si universellement constate que
l'on peut poser en axiome Dites moi
quelle est votre épargne et je vous dirai
quel est votre gouvernement.
Le fait est tellement vrai que la majorité
combiste en France, a la veille des elections,
a estimé nécessaire de faire afficher le dis
cours oü M.Poincarré,ministre des finances,
montre la progression des livrets et des
sommes depuis 1885.
M. Jules Roche qui n'est pas un clerical
étudiait mardi dans le Petit Journal les
cbiffres du ministre et, s'il reconnaissait
l'exactitude de l'ensemble, ii scrutait de telle
facon les détails qu'il est impossible de ne
pas conclure avec lui a un abaissement
prodigieux de l'épargne frangaise.
De 2,365 millions en 1885, cette épargne
est moutée a 4,375 millions en 1904, et ce
chiffre est énorme. Mais....
Mais, dit M. Jules Roche, de 1885 k
1890, le momtant des dépots augmente en
moyenne de 192 millions par an; de 1890
a 1895, de i65 millions par an de 1895
1899, de 47 millions par aus de 1899
a 1904, de 8 millions par au I
Autant dire que, depuis 1899, 1'augmen-
tation est a peu prés arrêtée.
Nous verrons même tantót que la diminu
tion est venue.
I)ès 1899, l'effet de la loi de i8g5 qui,
de 3,325 millions en 1890 avait porté le
chiffre des dépots a 4,149 millions dès la
première année, a cessé de se faire sentir.
Bien plus, en 1900, la réduction sur les
anciens livrets supérieurs a 2,000 fr., réduc
tion qui aurait dü amener une progression
nouvelle, n'a rien amené du tout.
Depuis 1901, écrit M. Jules Roche, il n'y
a pas progrès mais reeul de 54 millions, soit
une diminution moyenne de 18 millions
par an au lieu de 192 millions d'augmenta-
tion comme autrefois.
En 1901, en effet, l'épargne e'tait de 4,429
millions; elle est tombée a 4,376 millions
en 1904. II est a remarquer que la chute
a commence' a partir du moment oü le Bloc
et le combisme ont fait florès en France.
Les chiffres sont done 14, et contre les
chiffres il n y a ni parole ni éloquence qui
puissent prévaloir.
Bien entendu, s'il s'agissait d'une situation
générale en Europe, cela ne prouverait rien
contre la situation particulière de la France.
Mais il n'en est pas ainsi.
En Angleterre, augmentation moyenne de
156 millions par an de 1885 a 1901, et de
208 millions par an de 1901 a aujourd'hui.
En Allemagne, augmentation moyenne de
5oi millions par an de 1885 a 1901, et de
458 millions par an de 1901 a 1904.
La Prusse, considérée isolément parmi les
Etats de l'Allemagne, donne de i8I5 a
1901, augmentation moyenne de 331 mil
lions par an,et de 1901 a 1904, augmen
tation moyenne de 632 millions par an.
En Belgiqueoü la population n est que
de 7 millions dhabitants, alors qu'ily en a
3p millions en France,!augmentation est de
21 millions par an de i885 a 1901, de Si
millions par an de igoi a 1904.
La comparaison est significative.
Dix-huit millions de diminution, chaque
année, en France, depuis 1901.
Cinquante et un millions d'augmentation,
chaque année, en Belgique, depuis 1901.
Pourquoi
Parce que la France a des mattres de'testa-
bles parce que la Belgique a un gouver
nement excellent.
Lens, passage a niveau n* 14.
Chers parents,
Je mets la main au crayon, a seule fin que
vous ne soyassiez pas trop inquiets par
rapport a moi.
Vous avouerez que, pour un dragon qui
n a pas de chance, je suis un dragon qui
n'a pas de chance I..
JOUKHAL
H,
'4