rein Samedi 14 Juillet 1906 10 centimes Ie N Harmonie communale La loi sur le repos dominical La réaction antisocialiste Les dix-huit centimes beiges et les seize centimes francais Beurre, ■5#' sir s'abonne Le JOURNAL D'YPRES parait la Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnemaot, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnement» sont d'un an et se régularisent fin Déoembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco de.rort a l'adresse ci-dessus. bureaux de poste du royaume. Les annonces ,coütent 15' centimes la ligre, Les réclames dans le corps du journa coütent30 centimes la ligne. Les motions judcciaires, 1 franc !a ligne. Les numéros supplémentaires content 10 frams les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepts les deux Flandres) s'adresser a VAgence Havas Bruxolies. rua d'Argent, n° 34 et a Paris,8, Place de la Bourse. Dimanche, 15 Juillet 1906, a 8 1/2 heures. sur le kiosque de la Grand'Place PROGRAMME 1. Voila les Soldats, Allegro militaire ElLENBERG 2. Marche Solennelle, A. NEUFCOUR 3. JavotteBallet SAINT SaËNS 4. Ségoviane, Danse Espagnole LACOME 5. Wertherdrame lyrique MASSENET 6. Dans la forgemorceau carac- téristique ElLENBERG Son historique Voila prés de vingt ans que clans notre pays commenoa le mouvement d'opinion réclamant, en faveur des travailleurs et des employés, la liberté du dimanche, mouve ment qui s'inspirait, non des preoccupations confessionnelles mais d'une p rnsée sociale. Le gouvernement ordonna dans tout le pays une vaste enquête administrative qui explora toutes les professions manuelles, toutes les industries, tous les recoins du commerce et dont les résultats furent condensés en trois gros volumes ódités par l'Office du Travail. Eu même temps plusieurs professeurs d université et de hauts fonctionnaires recurent mission d'aller étudier sur place le repos dominical en ADgleterre,en Allemagne, en Autriche, en Suisse. Enfin le Conseil supérieur du Travail fut convoqué en vue de fournir un avant projet de loi. Le Conseil supérieur du Travail, composé a la fois d'économistes et de fonc tionnaires éminents, de sommités industriel- les et commerciales ainsi que do quelques délégués ouvriers, rliscuta d'une manière approfondie la question, puis rédigea un projet donnant satisfaction a tous les parti sans de la législation du repos dominical. Toutefois le repos dominical, du moins le repos dominical garanti par la loi ne man- quait pas d'adversaires. Les adversaires de l'intervention légale comma ceux qui voulaient un jour de repos hebdomadaire non fixé le dimanclie, ne restèrent pas inactifs. D'abord ils rallièrent sous leur drapeau la plupart des associations commerciales. Ensuite ils pesèrent sur le gouvernement qui refusa de s'approprier le projet de loi mis en avant par le Conseil supérieur du Travail. Dans ces conditions l'élaboration de ia loi devait être longue elle dura dix ans. Le projet du Conseil supérieur du Travail, fruit de patieutes et savantes recherches, fut repris par l'iniative parlementaire le gouvernement déposa, sous forme d'amen- dements, uu projet tout autre qui fut vivement battu en brêche pour cause d'in- suffisauce. Après de longs débats on tomba d'accord sur un texte qui atténuait notablement lo projet du Conseil supérieur du Travail, mais qui, appliqué loyalement, donne satisfaction aux griefs les plus sérieux. Sa portee Le 29 Juillet sera le premier dimanche Soumis au régime de la nouvelle loi. Dans plusieurs de ses dispositions cette loi se j borne a consacrer une situation existante en j beaucoup d'endroits. i En général la loi défend d'employer au j travail industriel ou commercial, plus de six 'i jours par semaiue, des personnes autres que les membres de Ja familie du chef de I l'entreprise habitaut avec lui et ses domesti- ques. Le jour de repos qui doit leur être accordé est le dimanche. i A cóté de ce principe général la loi a con- sacré teute une série d'exceptions et de dispenses qui enlèvent au nouveau régime tout ce qu'il semblerait avoir de tyrannique a tel point que d'aucuns déja craignent que la loi nouvelle sera insufïisante. 1° En vertu de ces exceptions la loi ne défend pas le travail le dimanche dans les entreprises de transport par eau, de pêche, de foire, dans les travaux urgents, dans la surveillance des locaux, dans les travaux da nettoyage, de conservation et de reparation. Pour tous ces travaux la loi n'établit aucun repos. 2° Eusuite la loi determine une catégorie de travaux dans lesquels il suflira aux patrons d'accorder un jour de repos sur quatorze. Ce jour de repos ne doit pas être uu dimanche. Voici la catégorie de ces travaux industries et commerces alimen- taires, restaurants, débits de boisson et de tabacs, pharmacies et établissements ana logues, bains publics, journaux, spectacles publics, entreprises de location d'éclairage, d'électricité, de transport, de placement et eu général toutes industries dans lesquelles le travail, k raison de sa nature, ne souffre aucun retard. 3° Les ouvriers et employés de magasins de détails autres que ceux visés plus haut ainsi que les garcons coiffeurs peuvent être employés au travail le dimanche de 8 heures du matin a midi. 4° Moyennant consultation préalable de certains organismes professioneels,un arrêté royal peut encore étendre les exceptions admises par la loi. Comme ou le voit ce régime n'a rien d'iminodéré. Déja a Bruxelles la société des tramways bruxellois accorde a tous ses employes un congé annuel de 18 jours pendant lesquels le salaire sera payé intégralement. Ceci indépendament des congés existant déja. De même les garcons coiffeurs bruxellois ont obtenu que le salaire du dimauche leur soit payé intégralement. Bien d'autres faits déja nous permettent d'augurer que la loi sera bienvenue non seulement chez les ouvriers mais aussi chez tous les patrons consciencieux. La presse libérale, tout en se vantaut de ses sentiments démocratiques, s'efforce déja d'ameuter la bourgeoisie contre le nouveau régime.Cette presse pour qui l'intérêt politi que prime tout, se devait a elle-même d'en agir ainsi. Elle affecte même d'iguorer les prescriptions essentielles de la loi. On a vu des teuilles auti-clèrica.les alléguer ces jours- ci qu'il n'y aurait bientót plus de concerts le dimanche, que l'animation des rues, des jardin3 publics et des restaurants allait faire place au morne silence des dimanches anglais. Uu coup d'oeil jeté sur la loi suffit pour mettre a néant ces affirmations sans scrupules. D'autres poussent les groupes de commer- Qants a demander, a exiger, des exceptions inutiles, mal fondées, en opposition avec l'esprit de la loi. IL font au Ministre du Travail l'injure d'espérer de lui la destruction des effets utiles de la loi. Les catholiques savent que M. Francotte dél'endra avec fermeté les droits dont il a la garde et que les associations ouvrières chrétiennes nelaisseront pas dissiper le fruit d'une iutte prolongée pendant quinze ans pour la conquête de la liberté du dimanche. Ils espèrent que les patrons catholiques sauront déjouer les manoeuvres des adver saires nés de toute législation sociale bien- faisante et qu 'ils ne permettront pas qu'ou se serve d'eux pour entraver la loyale mise eu exécution de la loi. A suivre). Tandis que la France évolue de plus en plus vers le radicalisme révolutionnaire, il n'est pas sans intérêt de constater un mou vement contraire dans plusieurs pays. Lors des dernières élections municipales les partis radical et socialiste ont e'té battus dans un grand nombre de villes italiennes. Milan passait jusqu'a ce jour pour le foyer du republicanisme et du socialisme révolu tionnaire. Aujourd'hui, les constitutionnels et les catholiques sont absolument les maitres de la municipalité milanaise. Leurs adversaires ont reconnu qu'il faudrait qua- rante ans pour regagner le terrain perdu. Déja a Bologne les radicaux et les socialistes avaient essuyé un échec tres sensible. On peut dire sans exagération, qne dans les centres les plus importants d'Italie, les anti- socialistes ont fini par déloger leurs adversai res des positions qu'ils occupaient jusqu'ici. Les socialistes suisses ne sont pas plus heureux. Ils avaient décidé, en avril, de provoquer un referendum contre la loi qui réprime l'incitation aux crimes anarchistes. Le délai s'est écoulé sans qu'ils aient pu réunir les trente mille signatures nécessaires il leur en manque environ quinze cents. Déja il y a quelques mois ils avaient subi un échec analogue dans le referendum qu'ils avaient tenté après le vote de la loi sur la Banque. En Suisse on commence a être renseigné sur les ressources et sur la force rcelle du parti socialiste. En a-t-on dit assez de mal de cette alloca tion annuelle de 65 francs accordée par la loi beige du 10 mai 1900 a tous les anciens ouvriers et ouvrières se trouvant dans le besoin a l'age de 65 ans La misérable aumöne de dix-huit centimes par jour a été mise en comparaison avec les résultats de l'assurance obligatoire telle qu'elle fonctionne depuis seize ans en Allemagne, et avec les promesses du projet de loi francais sur les retraites. Et l'on est tombé a bras raccourcis sur les affameurs cléricaux du pauv'peup' Les auteurs de ces déclamations ontsurtout de'montré leur absence d'information et de sens critique. L'empire allemand n'ajoute pas même 65 francs au produit des cotisations obligatroires des intéressés (ouvriers et in- dustriels) sa contribution n'est que de cin- quante marks, soit au plus haut cours fr. 62.5o,ce qui ne fait que 17 centimes par jour. II est vrai que cette allocation est accordée également a 800,000 invalides prématurés, dont l'incapacité de travail ne provient pas des accidents auxquels il est pourvu par une autre assurance obligatoire toute spéciale) j nous aurons l'occasion un jour d'exposer ce qui peut se faire et se fait déja en Belgique j pour aider ces malbeureux. i Quaut a la France,son projet sur les retrai tes est soumis au Sénat, après avoir été voté, par la Chambre des députés, a la veille des élections, par 5 12 voix contre 5. La commis sion du Sénat comprend,dit-on, i3 membres hostiles contre seulement 5 favorables au projet. Le franc par jour de celui-ci est done encore éloigné. II n'est d'ailleurs promis qu'a ceux qui atteindront dans vingt cinq ans l'ögé de 60 ans. D'ici la les autres malheureux pourront se serrer le ventre la loi comporte un système de paliers, abaissant par mesure transitoire la pension a 3oo, a 25o a 200, a 15o fr., et même a 120 fr. pour tous les premiers bénéficiaires. Etant donné la cherté du coüt de la vie en France vis-a-vis de la Belgique, on peut done dire que les 120 fr. promis actuellement valent a peine nos 65 francs. Et tout depend de ce que décidera le Sénat francais comme d'autres projets, il est pro bable que celui-ci fera la navette pendant quelques années entre les deux assemblees francaises pour arriver a une solution k la veille d'une autre election.Quant aux moyens de faire face au milliard annuel de dépenses qu'il comportera pour l Etat.l'industrie et les ouvriers,on répond comme nos radicaux on verra après. II serait pourtant injuste de dire qu'en attendant le vote définitif de cette grande loi organique, le législateur francais n'ait rien fait. II existe une loi du 14 juillet 1905, qui deviendra applicable a partir de 1907. G'est ce qu'on appelle la loi d'assistance. Elle garantit a partir de Tan prochain, sauf encombre, aux pauvres vieillards, non pas même 65 francs, comme en Belgique, ni les fr. Ö2,3o, ajoutés par l'empire allemand aux rentes de vieillesse, mais seulement 60 fr. Cela ne fait ni 18, ni 17 centimes par jour, mais seulement 16. Seize centimes Et encore, ces 16 centimes ne seront pas accordés a 65 ans comme en Belgique, mais seulement a 70 ans. II est vrai que la loi francaise d'assistance permet aussi d'allouer ce secours a des invalides d'ayant pas encore 70 ans, mais encore faudra t-il alors que l'invalidité soit compléte et définitive, et que l'invalide soit, comme le vieillard de 70 ans, du reste, privé de ressources. G'est trés étroit. Et encore, ce n'est pas l'Etat, comme en Belgique, qui supportera en principe et seul cette allocation de seize centimes a 70 ans, C'est la commune 1 En cas d'insuffisance des ressources de celle-ci, le département et enfiu l'Etat interviendront selon des barêmes qui tiennent compte de la valeur des centi- i mes additionnels que supportent déja les j contribuables de chaque commune, et du j nombre de vieillards qu'il faudra y pension- ner. II s'agit, dit M. Mirman, ancien député radical-socialiste, et aujourdh'ui directeur de l'Assistance et de l'Hygiène au ministère de l'intérieur, il s'agit d'accorder aux vieillards 'If-' O

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1906 | | pagina 1