ORGANE CATHOLIQUE
DE L'ARRONDISSEMEN'i
ÉLÉPHONE 52
Mercredi 22 Aout 1906
10 centimes le N
Le congrès eucharistique
de ïournai
La dernière journée
du Congrès Lucharisiique
Le Congrès eucharistique
de Tournai
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La grami'messe
La Procession
Adresse des conercssistes beiges
TEglise de France.
Discours
cier et de Mgr
de Mgr
Amette.
JOURNAL
V»-
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S'ils est des chréliens tièdes qui ont pu
mettie en doute l'utilité des Congrès eucha-
ristiques, l'admirable procession par laquelle
s'est clóturée dimanche l'assemblée de Tour-
nai, les aura convaincus.
Pour admettre qu'une pareille, cérémonie
soit superflue, on en est réduit a nier l'utilité
de la religion elle-même. Car la religion n'a
pas d'objet plus noble que de prosterner
l'homme devant Dieu. Aux yeux de certaines
gens, peu instruits dans la foi, le culte ne
serait qu'un moyen imaginé par les hommes
superstitieux pour obtenir de la Divinité des
faveurs, surtout temporelles. Chacun de nous
pourrait citer des personnes qui, inacces-
sibles aux choses spirituelles dans le cours
normal de la vie, ne s'adressent a Dieu et aux
Saints qu'aux jours de l'épreuve, pour solli
cker le retour du bien-être et de la santé Pour
le chrétien conscient, l'acte religieux est
avanttout un acte d'adoration.
Le cortege de Tournai est un acte public
et général d'adoration auquel plus de 5o.ooo
personnes de tout age et de taute condition
participaient une grandiose cérémonie
réparatrice pour les blasphèmes et les lache-
tés dont la société se rend coupable chaque
jour une demonstration solennelle de piété
dont les faibles et les indifférents, trop
enfoncés dans les preoccupations matérielies
ou trop impressionnés par l'arrogance libre-
penseuse, ont besoin pour se ressaisir une
oeuvre magnifique d'édification mutuelle,
dont les meilleurs eux-mêmes profitent.
Mais le Congrès lui-même? Mais ces
débats qui, en de multiples sections, se sont
prolongés durant trois jours, ne constituent-
ils pas un hors-d'oeuvre mystique,dont notre
époque se passerait volontiers Voila ce que
se demanderont quelques-uns, qui n'étaient
pas a Tournai la semaine dernière, et qui
n ont pas suivi avec attention et saisi la
direction générale des discours.
Quand bien même le Congrès n'eüt été que
la preface de la manifestation religieuse,
encore son utilité serait elle indéniable, en ce
qu'elle a préparé les esprits et les coeurs a
une splendide profession publique de foi au
Dieu de l'Eucharistie.
La ne se bornent pas pourtant, Taction et
la portee de ces assises.
L'Eucharistie est le centre de la vie catho-
lique. La croyance au Christ mort pour nous
sur le Calvaire, et qui renouvelleau milieu
de nous chaque jour, d une manière non
sanglante, le sacrifice de sa Passion, tel est le
fondement de notre foi, Tessence du dogme
chrétien, Conformer tous nos actes a la vo-
lonte' de Dieu et aux exemples du Christ,
telle est la fin supérieure qui nous est assi
gnee. Cela se répète chaque jour, mais en
combien d'intelligences, néanmoins, ces
vérités ne pénétrent pas ourestentendormiesl
Combien de chrétiens ignorants même n'a t-
on pas vus qui, s'abandonnant au caprice de
leur imagination ou a l'attrait de Tinédit,
paraissent oublier la dévotion k l'Eucharistie
pour des dévotions nouvelles non approu-
vées par TEglise, intéressées, sorte de ve'gé-
tation parasite dont la superstition et les
préoccupations temporelles cherchent a en
combrer la vie chrétienne 1
II faut, a tout instant, orienter les ames
vers le but que nous devons nous proposer,
vers le seul but qui corresponde exactement a
notre destinée et soit vraiment digne de nos
efforts.
Mysticisme objectera-t-on peut-être.
Nous vivons au XXe siècle. Soyons de notre
temps. Prenons place parmi ceux qui luttent
pour conquérir a notre société un avenir
meilleur.
Formuler une opjection pareille,c'est prou-
ver qu'on n'a j'amais rien compris au röle
social du Christianisme.
Qui, même parmi les mécréants cultivés de
notre époque, s'aventurerait a nier Timmense
transformation accomplie prrces hommes qui
déclaraient n'avoir a enseigner aux autres
hommes qu'une seule chose, a savoir, que le
Christ est mort pour nous lis n'étaient pas
de leur temps, les apotres soit I Mais ils
devancaient leur temps. Leur ideal fut de pé-
trir la société pa'ienne, corrompue et barbare,
a l'image de leur Christ. Cet idéal, les disci
ples et les successeurs des apotres se le sont
passé dAge en üge comme un flambeau. Ils
ne Tont pas réalisé encore, loin de la, et ils
ne sauraient le réaliser ici-bas pleinement.
Mais a force d'y travailler, ils ont modifié la
face du monde et ont tracé les voies de la
véritable civilisation.
Nous assistons aujourd'hui, et depuis
longtemps déja, a un retour offensif du pa
ganisme, et de son cortège de faux dieux.
Faux dieux, non pas taillés dans le marbre
ou forgés d'or et d'airain, mais sculptés dans
les passions humaines. Ce sont les passions
divinisées, orgueil, luxure, avarice, qui
cherchent a reconquérir le monde. Pour leur
infliger une nouvelle défaite, il ne faut rien
moins que des apotres préchant le Christ.
Soyons ces apotres, ia'iques et prêtres et,
de la manière que le veut TEglise, préchons
le Christ,par notre exemple, par nos ceuvres!
Elevens les enfants dans la foi au Christ et
dans sa morale. Apprenons leur que riches et
pauvres sont tous frères dans le Christ. Les
uns et les autres ont grand besoin qu'on le
leur rappelle, pour pratiquer comme il faut
ia parole du Christ Aimez-vous les uns les
autres
CEuvres d'évangélisation, oeuvres de piété,
ceuvres d'enseignement, oeuvres charitables,
oeuvres sociales, tout découle de la comme
de sa source, tout doit se grouper autour de
ce centre. Le Congrès eucharistique de Tour
nai, avec plus d'e'clat encore que ses devan-
ciers, a fourni la demonstration de cette
grande vérité et a fait, en quelque sorte, la
synthese de Taction religieuse et sociale
chrétienne. Et ceux qui y sont allés revien-
nent chez eux, non pour s'isoler de'sormais
des grandes luttes de notre temps, mais pour
y prendre tout au contraire une part plus
géuéreuse, avec un zèle épure' et décuplé.
De notre correspondaut de Tournai, le 19
La Messe de Communion
A 6 h. 1/2 a été célébrée en la Cathédrale
pur S. E. le nonce apostolique, Mgr. Vico,
la Messe de Communion.
Dès YIntroït, NN. SS. Heylen et Wa!-
ravens distribuent la Sainte Communion et
les pieux fidèles défilent sans interruption
la Table Sainte pendant une grosse heure
Spectacle édifiant et réconfortant 1
A partir de 3 heures, les trains ne cessent
d'affluer. Il y a 71 trains spéciaux, sans
compter les vicinaux. C'est par douzaines
qu'arrivent les sociétés.avec leurs musiques
et leurs drapeaux.
A 10 h. 1/2, s'épand sur toute la ville la
grande voix de la Marie-Pontoise, la grosse
cloche doat les vibrations agitent les Chonc-
Clotiers, annongant la Gr&nd'Messe solen
nelle.
La Cathédrale, qui peut conteuir 20,000
personnes, est trop petite pour contenir la
foule qui veut assisterau St. Sacrifice,
depuis le matin, des messes sont dites dans
toutes les églises, de demi heure en demi
heure et sont trés suivies. La Messe est
célébrée Pontificalement par S. E. le
CardinaHégat.
Lorsque le cortège cardinalice, sortant
de Tévêché, pénètre dans ia cathédrale, la
maltrise exécute le Sacerdos et Pontifex,
tandis que la foule se prosteme pour rece
voir la Bénédiction du représentant de
Pie X.
Le Saint-Sacrifice commence aussitöt. La
maitrise.sous la direction de M. l'abbé Suys,
maltre de chapelle, exécute la messe de
Tinei.
Lorsque la messe est terminée, le cortège
des évêques, abbés mltrés et prélats se
reforme comme a Tarrivée et est reconduit
a TEvêché, tandis que retentissent les
orgues.
II est presqu'une heure quand la proces
sion sort de la Cathédrale sortir, nest pas
tout a fait exact.
La tête du cortège est déja Grand' Place
alors que le groupe des évêques, précédant
le dais, quitte l'église. II y a, en effet, 25
groupes dont le moindre comprend au bas
mot cent personnes d'autres comptent
deux ou trois cents participants cela fait
certainement quarante mille hommes qui
escortent le St-Sacrement.
Le cortège est ouvert par les gendarmes a
cheval et la musique du ler régiment de
chasseurs a cheval.
Ce sont alors les groupes de France, les
Jeunes Gardes catholiques, alertes et mili-
taires sous le bonnet fièrement coiffé la
musique d'Orchies celle de Mariemont
qu'escorte Valère Mabille les membres de
l'Adoration nocture de Montmartre, fort
nombreux
Puis viennent les délégués des diocèses
de Gand et de Bruges de Namur et de
Liége de Malines, avec d'importantes par
ticipations de Bruxelles et d'Anvers Jette-
Saint-Pierre seule a un -contingent de sept
cents participants.
C'est le long, Tinterminable défilé des
doyennés du diocèse de Tournai. Pas un n'a
fait défection tous ont au moins quelques
délégués des moindres paroisses du ressort.
On reinarque surtout les sociétés ouvrières
de nos centres industriels.
C'est le cortège des ordres religieux que
nous ne pourrions énumérer saus commettre
de regrettables omissions tous les ordres
ayant une maison en Belgique y ont une
délégation et il y a des religieux de toutes
les parties du monde. Puis, c'est le clergé,
des centaines et des centaines de prêtres, les
Prélats, les abbés mitrés, ceux de Tonger-
loo, Parck, Averbode, Grimbergen, Affligem
et Postelceux des trappistes de Westmalle,
Achel et de Chimay celui des Bernardins
de Bornhem ceux du Mont-César et de
Maredsous, des Bénédictins NN. SS. les
Évêques et Archevêques Van den Bosche,
Roelens, Schelfaut,Avers Mourade.Rumeau,
Amette Koppes, Rutten, Heylen, Waffe-
laert, Stillemans, Walravens,
Puis vient le dais. Le Trés Saint Sacre-
ment est porté successivement par S.G. Mgr
l'Archevêque de Malines, Son Excellence le
Nonce Apostolique et Son Excellence le
Cardinal-Legat.
Enfin l'escorte, en rangs serrés des nota-
bilités catholiques: MM.les sénateurs Claeys
Boüüaert, Vandevelde, Stiénon du Pré,
Hubert, Mgr Keesen qui récite le chapelet,
les représentants Harnaignies, Duquesne,
Hoyois, Gracia, Mélot, Mabille, Levie,
Gendebien, Pirmez, Verhaegen, les princes
Etienneet Charles ue Croy, les commissaires
d'arrondissement Duquesne, de Paul de
Barchifontaine, les conseillers communaux
et provinciaux.
Une foule de dames marchent derrière la
partie du cortège. Sur tout le parcours, il
n'y pas dix maisons qui n'ont pas au moins
un bout de decoration. Les cercles anticló-
ricaux ont eux-mêmes arborés.
La tête du cortège est arrivée Grand'Place
a 2 h. 1/2. Les journalistes catholiques,
précédant les ordres religieux, c'est-ü dire
la fin de la procession y arrivent, a 4 h. 45
exactement.
Mgr Mercier porte a ce moment Tosten-
soir. II gravit les marches de l'autel impro-
visé. Dès que la Sainte Hostie est exposéea
l'adoration, les 40,000 poitrines d'hommes
massés sur la place entonnent d'un seul
coeur le Sacris solemniis, puis répétant les
invocations du chantre tous claineotBeni
soit Jésus Christ Béni soit le nom de
Jésus 1 Béni soit le Christ béni soit son
divin coeur béni soit Jésus au Trés Saint
Sacrement de l'autel, béni soit 1 auguste
Mère de Dieu, la T. S. Vierge Marie, bóuie
soit la Sainte et Immaculée Conception 1
Béni soitle nom de Marie, Mère des Mères,
béni soit Dieu en ses anges et eti ses saints.
Indescriptible est l'émotion qui anime
chacun. Indescriptible est le tableau qu'offre
la Grand'Place.
Son Em. le Cardinal-légat donne la béné-
diction du St-Sacrement a la foule agenouil-
lée, tandis que les clairons sounent aux
champs.
Le cortège est terminé,
O
On lit dans le Bien public
Voici, avec quelques détails la relation
d un incident émouvant qui s'est produit a la
fin de la séance de cldture du Ccngrès