ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMEN'i ÉLÉPHONE 52 Mercredi 22 Aout 1906 10 centimes le N Le congrès eucharistique de ïournai La dernière journée du Congrès Lucharisiique Le Congrès eucharistique de Tournai un s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et k tous les bureaux de poste du rojraurne. La grami'messe La Procession Adresse des conercssistes beiges TEglise de France. Discours cier et de Mgr de Mgr Amette. JOURNAL V»- Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. :.e prix de 1'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent étre'adressés franco de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligre. Les réclames dans le cores du journa coütent30 centimes la ligne. Las insertions judiciaires, 1 franc 'a ligne. Les numéros supplémentaires coütent 10 franjs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (exceptó les deux Flandres) s'adresser a VAgence Havas Bruxelles. rua d'Argent, n° 34 et a Paris,8. Place de la Bourse. S'ils est des chréliens tièdes qui ont pu mettie en doute l'utilité des Congrès eucha- ristiques, l'admirable procession par laquelle s'est clóturée dimanche l'assemblée de Tour- nai, les aura convaincus. Pour admettre qu'une pareille, cérémonie soit superflue, on en est réduit a nier l'utilité de la religion elle-même. Car la religion n'a pas d'objet plus noble que de prosterner l'homme devant Dieu. Aux yeux de certaines gens, peu instruits dans la foi, le culte ne serait qu'un moyen imaginé par les hommes superstitieux pour obtenir de la Divinité des faveurs, surtout temporelles. Chacun de nous pourrait citer des personnes qui, inacces- sibles aux choses spirituelles dans le cours normal de la vie, ne s'adressent a Dieu et aux Saints qu'aux jours de l'épreuve, pour solli cker le retour du bien-être et de la santé Pour le chrétien conscient, l'acte religieux est avanttout un acte d'adoration. Le cortege de Tournai est un acte public et général d'adoration auquel plus de 5o.ooo personnes de tout age et de taute condition participaient une grandiose cérémonie réparatrice pour les blasphèmes et les lache- tés dont la société se rend coupable chaque jour une demonstration solennelle de piété dont les faibles et les indifférents, trop enfoncés dans les preoccupations matérielies ou trop impressionnés par l'arrogance libre- penseuse, ont besoin pour se ressaisir une oeuvre magnifique d'édification mutuelle, dont les meilleurs eux-mêmes profitent. Mais le Congrès lui-même? Mais ces débats qui, en de multiples sections, se sont prolongés durant trois jours, ne constituent- ils pas un hors-d'oeuvre mystique,dont notre époque se passerait volontiers Voila ce que se demanderont quelques-uns, qui n'étaient pas a Tournai la semaine dernière, et qui n ont pas suivi avec attention et saisi la direction générale des discours. Quand bien même le Congrès n'eüt été que la preface de la manifestation religieuse, encore son utilité serait elle indéniable, en ce qu'elle a préparé les esprits et les coeurs a une splendide profession publique de foi au Dieu de l'Eucharistie. La ne se bornent pas pourtant, Taction et la portee de ces assises. L'Eucharistie est le centre de la vie catho- lique. La croyance au Christ mort pour nous sur le Calvaire, et qui renouvelleau milieu de nous chaque jour, d une manière non sanglante, le sacrifice de sa Passion, tel est le fondement de notre foi, Tessence du dogme chrétien, Conformer tous nos actes a la vo- lonte' de Dieu et aux exemples du Christ, telle est la fin supérieure qui nous est assi gnee. Cela se répète chaque jour, mais en combien d'intelligences, néanmoins, ces vérités ne pénétrent pas ourestentendormiesl Combien de chrétiens ignorants même n'a t- on pas vus qui, s'abandonnant au caprice de leur imagination ou a l'attrait de Tinédit, paraissent oublier la dévotion k l'Eucharistie pour des dévotions nouvelles non approu- vées par TEglise, intéressées, sorte de ve'gé- tation parasite dont la superstition et les préoccupations temporelles cherchent a en combrer la vie chrétienne 1 II faut, a tout instant, orienter les ames vers le but que nous devons nous proposer, vers le seul but qui corresponde exactement a notre destinée et soit vraiment digne de nos efforts. Mysticisme objectera-t-on peut-être. Nous vivons au XXe siècle. Soyons de notre temps. Prenons place parmi ceux qui luttent pour conquérir a notre société un avenir meilleur. Formuler une opjection pareille,c'est prou- ver qu'on n'a j'amais rien compris au röle social du Christianisme. Qui, même parmi les mécréants cultivés de notre époque, s'aventurerait a nier Timmense transformation accomplie prrces hommes qui déclaraient n'avoir a enseigner aux autres hommes qu'une seule chose, a savoir, que le Christ est mort pour nous lis n'étaient pas de leur temps, les apotres soit I Mais ils devancaient leur temps. Leur ideal fut de pé- trir la société pa'ienne, corrompue et barbare, a l'image de leur Christ. Cet idéal, les disci ples et les successeurs des apotres se le sont passé dAge en üge comme un flambeau. Ils ne Tont pas réalisé encore, loin de la, et ils ne sauraient le réaliser ici-bas pleinement. Mais a force d'y travailler, ils ont modifié la face du monde et ont tracé les voies de la véritable civilisation. Nous assistons aujourd'hui, et depuis longtemps déja, a un retour offensif du pa ganisme, et de son cortège de faux dieux. Faux dieux, non pas taillés dans le marbre ou forgés d'or et d'airain, mais sculptés dans les passions humaines. Ce sont les passions divinisées, orgueil, luxure, avarice, qui cherchent a reconquérir le monde. Pour leur infliger une nouvelle défaite, il ne faut rien moins que des apotres préchant le Christ. Soyons ces apotres, ia'iques et prêtres et, de la manière que le veut TEglise, préchons le Christ,par notre exemple, par nos ceuvres! Elevens les enfants dans la foi au Christ et dans sa morale. Apprenons leur que riches et pauvres sont tous frères dans le Christ. Les uns et les autres ont grand besoin qu'on le leur rappelle, pour pratiquer comme il faut ia parole du Christ Aimez-vous les uns les autres CEuvres d'évangélisation, oeuvres de piété, ceuvres d'enseignement, oeuvres charitables, oeuvres sociales, tout découle de la comme de sa source, tout doit se grouper autour de ce centre. Le Congrès eucharistique de Tour nai, avec plus d'e'clat encore que ses devan- ciers, a fourni la demonstration de cette grande vérité et a fait, en quelque sorte, la synthese de Taction religieuse et sociale chrétienne. Et ceux qui y sont allés revien- nent chez eux, non pour s'isoler de'sormais des grandes luttes de notre temps, mais pour y prendre tout au contraire une part plus géuéreuse, avec un zèle épure' et décuplé. De notre correspondaut de Tournai, le 19 La Messe de Communion A 6 h. 1/2 a été célébrée en la Cathédrale pur S. E. le nonce apostolique, Mgr. Vico, la Messe de Communion. Dès YIntroït, NN. SS. Heylen et Wa!- ravens distribuent la Sainte Communion et les pieux fidèles défilent sans interruption la Table Sainte pendant une grosse heure Spectacle édifiant et réconfortant 1 A partir de 3 heures, les trains ne cessent d'affluer. Il y a 71 trains spéciaux, sans compter les vicinaux. C'est par douzaines qu'arrivent les sociétés.avec leurs musiques et leurs drapeaux. A 10 h. 1/2, s'épand sur toute la ville la grande voix de la Marie-Pontoise, la grosse cloche doat les vibrations agitent les Chonc- Clotiers, annongant la Gr&nd'Messe solen nelle. La Cathédrale, qui peut conteuir 20,000 personnes, est trop petite pour contenir la foule qui veut assisterau St. Sacrifice, depuis le matin, des messes sont dites dans toutes les églises, de demi heure en demi heure et sont trés suivies. La Messe est célébrée Pontificalement par S. E. le CardinaHégat. Lorsque le cortège cardinalice, sortant de Tévêché, pénètre dans ia cathédrale, la maltrise exécute le Sacerdos et Pontifex, tandis que la foule se prosteme pour rece voir la Bénédiction du représentant de Pie X. Le Saint-Sacrifice commence aussitöt. La maitrise.sous la direction de M. l'abbé Suys, maltre de chapelle, exécute la messe de Tinei. Lorsque la messe est terminée, le cortège des évêques, abbés mltrés et prélats se reforme comme a Tarrivée et est reconduit a TEvêché, tandis que retentissent les orgues. II est presqu'une heure quand la proces sion sort de la Cathédrale sortir, nest pas tout a fait exact. La tête du cortège est déja Grand' Place alors que le groupe des évêques, précédant le dais, quitte l'église. II y a, en effet, 25 groupes dont le moindre comprend au bas mot cent personnes d'autres comptent deux ou trois cents participants cela fait certainement quarante mille hommes qui escortent le St-Sacrement. Le cortège est ouvert par les gendarmes a cheval et la musique du ler régiment de chasseurs a cheval. Ce sont alors les groupes de France, les Jeunes Gardes catholiques, alertes et mili- taires sous le bonnet fièrement coiffé la musique d'Orchies celle de Mariemont qu'escorte Valère Mabille les membres de l'Adoration nocture de Montmartre, fort nombreux Puis viennent les délégués des diocèses de Gand et de Bruges de Namur et de Liége de Malines, avec d'importantes par ticipations de Bruxelles et d'Anvers Jette- Saint-Pierre seule a un -contingent de sept cents participants. C'est le long, Tinterminable défilé des doyennés du diocèse de Tournai. Pas un n'a fait défection tous ont au moins quelques délégués des moindres paroisses du ressort. On reinarque surtout les sociétés ouvrières de nos centres industriels. C'est le cortège des ordres religieux que nous ne pourrions énumérer saus commettre de regrettables omissions tous les ordres ayant une maison en Belgique y ont une délégation et il y a des religieux de toutes les parties du monde. Puis, c'est le clergé, des centaines et des centaines de prêtres, les Prélats, les abbés mitrés, ceux de Tonger- loo, Parck, Averbode, Grimbergen, Affligem et Postelceux des trappistes de Westmalle, Achel et de Chimay celui des Bernardins de Bornhem ceux du Mont-César et de Maredsous, des Bénédictins NN. SS. les Évêques et Archevêques Van den Bosche, Roelens, Schelfaut,Avers Mourade.Rumeau, Amette Koppes, Rutten, Heylen, Waffe- laert, Stillemans, Walravens, Puis vient le dais. Le Trés Saint Sacre- ment est porté successivement par S.G. Mgr l'Archevêque de Malines, Son Excellence le Nonce Apostolique et Son Excellence le Cardinal-Legat. Enfin l'escorte, en rangs serrés des nota- bilités catholiques: MM.les sénateurs Claeys Boüüaert, Vandevelde, Stiénon du Pré, Hubert, Mgr Keesen qui récite le chapelet, les représentants Harnaignies, Duquesne, Hoyois, Gracia, Mélot, Mabille, Levie, Gendebien, Pirmez, Verhaegen, les princes Etienneet Charles ue Croy, les commissaires d'arrondissement Duquesne, de Paul de Barchifontaine, les conseillers communaux et provinciaux. Une foule de dames marchent derrière la partie du cortège. Sur tout le parcours, il n'y pas dix maisons qui n'ont pas au moins un bout de decoration. Les cercles anticló- ricaux ont eux-mêmes arborés. La tête du cortège est arrivée Grand'Place a 2 h. 1/2. Les journalistes catholiques, précédant les ordres religieux, c'est-ü dire la fin de la procession y arrivent, a 4 h. 45 exactement. Mgr Mercier porte a ce moment Tosten- soir. II gravit les marches de l'autel impro- visé. Dès que la Sainte Hostie est exposéea l'adoration, les 40,000 poitrines d'hommes massés sur la place entonnent d'un seul coeur le Sacris solemniis, puis répétant les invocations du chantre tous claineotBeni soit Jésus Christ Béni soit le nom de Jésus 1 Béni soit le Christ béni soit son divin coeur béni soit Jésus au Trés Saint Sacrement de l'autel, béni soit 1 auguste Mère de Dieu, la T. S. Vierge Marie, bóuie soit la Sainte et Immaculée Conception 1 Béni soitle nom de Marie, Mère des Mères, béni soit Dieu en ses anges et eti ses saints. Indescriptible est l'émotion qui anime chacun. Indescriptible est le tableau qu'offre la Grand'Place. Son Em. le Cardinal-légat donne la béné- diction du St-Sacrement a la foule agenouil- lée, tandis que les clairons sounent aux champs. Le cortège est terminé, O On lit dans le Bien public Voici, avec quelques détails la relation d un incident émouvant qui s'est produit a la fin de la séance de cldture du Ccngrès

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1906 | | pagina 1