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ne page d'histoire locale
Pierre - Antoine Malou-Riga
Histoire d'une Toison.
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RJX Pl'alhie. Sa Grandeur
éré ma l'épiscopat beige
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nette de remettre au cardi-
asiV;p"" i7i vuus cics uans ia peine,
aV'1u|98sil0ns> deques beiges, nous rfprouvons le
JU toutes l^e vous marquer notre sympathie. La
.es f i!uls3j^cisjon ju pape est connue votre patrio
tisme et votre foi vous soutiendront vous
v puiserez le courage de dire Nous préfé-
rons obéir a Dieu qu'aux hommes.
Le souvenir encore récent des victoire»
de vos frères d'Allemagne vous convaincra
que les persécuteurs passent, tandis que la
parolede Dieu est éternelle. Nous, a qui la
Providence accorde la liberté,nous voudrions
vous apporter les eonsolations dont parle-
saint Paul. II nous semble vous entendre
dire comme l'apötre Nous avons été
accablés au-dela de nos lorces jusqu'a croire
que nous allions en mourir, mais une voix
intérieure nous dit de placer notre confiance
en Dieu qui ressuscite les morts. Vous
voudrez bien nous aider de vos prières.
Oui, chers confrères, nous prierons pour
vous et nous demanderons aux fidèles des
prières pour vous. Bientót espérons le, nous
vous reverrons et nous aurons la joie de nous
dire que l'épreuve a ranimé la foi des catho-
liques francais.Nous invitons tous les prêtres
beiges a dire une messe au Saint-Esprit, et
les fidèles pieux a offrir une communion
pour le salut de la France. Nous les prions
de redire a la même intention l'invocation
Venez, Esprit saint et une reaction se fera
et la face de la terre sera renouvele'e.
Dès les premiers mots de Mercier, une
émotion intense avait saisi l'auditoire a tout
moment la lecture de cette adresse si tou-
chante dans sa spontanéité fut interrompue
par des applaudissements et des acclamations.
La fin en fut saluée d'une inoubliable ovation.
Mgr Amette, qui n'avait pas été prévenu
de cette decision des évêques beiges, se leva
alors, tres pale, les lèvres tremblantes, les
larmes aux yeux.
J'ai peine, dit il,kdominer mon émotion
devant la démarche de Pépiscopat beige qui
me prend au dépourvu, mais je veux la
dominer cependant pour dire ma vive recon
naissance a Mgr Mercier et le remercier au
oom de l'épiscopat francais. Dès mon retour
a Paris, je transmettrai au vénéré cardinal
Richard cette adresse dont la lecture m'a tant
ému et a été si unanimement acclamée.
Si l'épiscopat francais n est représenté ic1
que par si peu de membres, vous n'en ignorez
pas le motifc'est que nous sommes dans
l'angoisse, bien plus, a la veillée des armes.
Le signal de la défense dans la lulte vient
de nous être donné par le Saint-Père. II n'a
pas déclaré la guerre il est le représentant
du Prince de la Paix. S'il a ordonné de
combattre, c'est qu'il avait a défendre les
bases de la foi. Je ne crois pas ètre téméraire
en déclarant que l'épiscopat francais tout
entier n'aura qu'un coeur, une voix et une
action pour obéir a la parole du Pape.
Puis s'adressant a Mgr Mercier Men
seigneur, dit-il, vous nous avez rappelé
l'exemple de nos frères les caiholiques alle-
mands. Si vous n'aviez été si modeste, vous
n'auriez pas étéchercher si loin l'exemple k
nous proposer. L'épiscopat beige a pris, lui
aussi, la tête de la délense religieuse et l a
fait avec un succès qui dureia longtemps
encore, j'espère. II est peut être plus difficile
en apparence d'unir quatre vingts évêques
que d'en unir six, mais la Papauté sera notre
lien et notre force. Je vous remercie plus
encore, Monseigneur, des prières et de la
messe que vous venez de prescrire aux prêtres
et aux fidèles beiges, pour la France catho-
lique si éprouvée. Je viens de voir ici ce
qu'est une terre de foielle veut garder cette
foi, et la gardera. C'est de France qu'est parti
le mouvement d emancipation des peuples
européens. Cette liberté on nous l'a mainte-
nant ravie. En suivant votre exemple, nous
sauronsla reconquérir.
La salie fait a l'orateur une longue et
émouvante ovation.
Le nont de Malou s'orthographiait autre
fois Malo. II' fut introduit, du nord de la
France en Flandre,au début du dix-huitième
siècle, par Pierre-Antoine Malou.
Issu d'une ancienne et notable familie
originaire du bourg [de Villers-Pol, Pierre-
Antoine Malou acheva ses études au collége
des Jésuite» it Douai, puis s'établit a Ypres.
II y épousa, le 13 janvier 1738, Livine-
Dorothée Howijn, et futregu, k l'occasion
de ion mariage, bourgeois de la ville. II
mourut le 22 septembre 1772, lalssant une
fllle et deux Ills, Jean-Baptiste et Pierre-
Antoine.
Ce dernier joignit k son nom celui de sa
femme, Marie-Louise Riga. Pierre-Antoine
Malou-Riga avait une ême trempée a l'an-
tique. Né k Ypres le 9 octobr# 1753, il avait
amassé aux affaires une fortune considérable
lorsqu'éclata la révolution brabangonne.
Déjè, étant échevin de sa ville natale, il
avait donné la mesure de son dévouement k
ses concitoyens. Dès qu'en 1788, se mani-
festèrent les prodrómes de 'agitation anti-
autrichienne,Pierre Malou adressa a Joseph
li un mémoire pour la défense des gildes
menacées dans leurs privilèges. Son nom
8'entoura de popularité.
En dépit des protestations, l'empereur
maintint ses exigences il se produisit un
vif mécontentement dan» le peuple des
Flandre les Yprois, a tort ou a raison,
accusèrent leurs magistrate de complaisance
et se portèrent tumultueusement devant
1 hotel de ville en menagant de mort le
bourgmestre. Celui ci, terrorisé, fit en héte
prier Malou Riga d'intervenir et de calmer
le délire populaire. II y réussit non sans
peine.
II fallait qne sa popularité füt solide pour
permettre cette médiation. Pierre Malou,
daus les curieux mémoires que ses descen
dants ont conaervés, attribue moins a lui-
même qua sa familie l'ascendant qu'il
exergait sur ses concitoyens. Ce n'est
aucuue cabale que je dois cette influence,
disait-il pour se défendre contre certaines
insinuations, mais k des bienfaits que le
peuqle a regus constamment de mes parents,
de mes frères et de moi, fi la manière
gónóreuse dont mes parents ont soutenu
beaucoup de families et, enfin, au grand
nombre de batisses considérables auxquelles
bien des ménages ont dü un abri.
Après la défaite des Impériaux a Turn-
bout par le général Van der Mersch, et le
depart précipité du gouverneur autrichien,
la révolution brabacgonne s'étendit a toute
les provinces beiges. Un homme se trouva
naturellement désigné par les services reu
dus, par les gages de patriotisme qu'il avait
donnés, pour prendre la tête du mouvement
insurrectionnel en Flandre Malou-Riga.
D'un consentement unanime, il fut appelé a
la direction du bureau de la guerre et,
bientót après, au commaudement général
des volontaires de West-Flandre.
Dès lors il se livra tout entier a sa mission
putriotique, avec une abnégation qui préci-
pitalaruine, avec un héroïsme qui brava
la mort et finitdans l'exil.
L'hótel qu'il occupait a Ypres se transfor-
ma en arsenal. Des compagnies entières en
sortirent équipées, a ses frais, aux couleurs
d'ardoise des volontaires yprois. Enflainmés
par l'ardeur belliqueuse de leur chef, les
patriotes west flamands furent les derniers k
obéir aux mouvement de soumission qui se
dessina dans nos provinces après la mort de
Joseph II, grace aux dispositions concilian-
tes de son frèra et successeur, Leopold II.
Les Yprois ont conservé longtemps le sou
venir de la fête oü, au milieu d'un grand
concours populaire, l'on célébra les Elats-
Belgiques. Unis autour du chapeau de la
libertépromené par toute la ville dans
l'équipage de Pierre Malou, et aux mains
de sou fils ainé Jean-Baptiste.
Le 30 novembre 1790, Malou-Riga adres-
sait aux volontaires west-flamauds une
dernière proclamation et des ordres de
mobilisation. Inutile effort, suivi bientot de
la soumission générale et d'une généreuse
amnistie. Dans la crainte de représailles,
Malou s'était retiré avec les siens a Lille
le comte de Metternich lui signifia, au nom
de l'empereur, qu'il ne serait pas inquiété
il reutra a Ypres, abandonna la vie publique
et reprit ses affaires.
Dans la tourmeute de cette vie, ce ne fut
qu'une trêve do deux ans. L'entrée victo-
rieuse dans nos provinces de bataillona de
Dumoriez, vainqueur des Autriehiens a
Jemmapes, raviva les espéracces des anciens
partisans de Yan der Noot et Van der
Mersch.
La république promettait la paix aux peu
ples qui embrasseraient la liberté. Malou-
Riga rêva pour la Flandre une existence indé-
peudante, sous un gouvernement populaire.
Tandis-que la Convention bésitait a an-
nexer les provinces beiges, il cherchait a
gagner a ses idéés Dumouriez et les conven-
tionnels Gensonné et Merlin de Douai. Les
secrets de la Convention anéantirent bruta-
ment ces espérances. Impuissants a résister
par les armes, les Etats de Flandre tentè-
rent de se próvaloir de leurs droits et char-
gèrent quatre délégués de plaider leur
cause a la barre de la toute puissauce as-
semblée.
[a suivre)
Rassurez-vous, il ne s'agit point de
la Toison d'Or.
Ilyaquelque part en France un
pays qui s'appelle la Mayenne. Nos
éleveurs de Flandre conuaisseLt bieu
ce pays, paree qu'ils y vont chercher
périodiquement de jeunes bêtes a cor-
nes, aussi maigres que le Vendredi-
Saint d'un chrétien, qu'ils viennent
déverser par ici dans leur palurfiges
gras, pour les revendre peu après,
grosses et dodues.
La Mayenne est nu département
francais, qui faisait autrefois partie
des aucieunes provinces du Maine et
de l'Anjou.et ce département doit pro-
bablement son nona a la rivière fort
tumultueuse ainsi appeléela Mayen
ne, et qui recoit en cours de route les
eaux de la Sar the pour daveuir, a par
tir de ce point, la Maine, affluent de la
Loire, abandonment ainsi tout ce qui
lui restait de son vieux nom ou peu
s'en faut.
Si raou explication n'est pas rigou-
reusement exacte, c'est que mes con-
uaissances géographiques, qui n'ont
jamais été bien étendues, fléchisseut
nolablemeut.
Or, c'est justement a l'endroit ou la
Mayenne et la Sarthe réunies devien-
nent la Maine, qu'habitait, voici quel-
quesannées,le vieux paysanfort madré
qu'on appelait Gorec Kerdren.
Kerdren aimait bien faire toutes
choses par lui-même, et toutes les se-
maines il se rendait au marché de La-
val, y veudre quelque p-oduit de la
ferme ou simplemeut y prendre note
du mouvement de hausse ou de
baisse des céréales.
11 avait, pour tont ce qu'il avait a
vendre, !e prix le plus avantageux,
du moins il l'affinnait, et comme il
ponctuait cette affirmation d'un vi-
goureux coup de poirig qui faisait
trembler les gobelets de cidre rnous-
seux sur les tables massives de l'uni-
que auberge du village, il y avait long
temps qu'on préférait le croire sur pa
role.
Un jour, uuede sesbrebisétait rnorte
un peu iutempestivement, et justement
Kerdren le pointilleux était atteint
d'un accès de rhumatisme. Les mau-
vaiseslaugues disaieut: accès degoutte,
mais je n'en crois rien.
Le monde est si méchant.
li fallait cepeuéant bien chercher a
vendre la toison.
Kerdren était fort perplexe y aller
lui-même a Laval, il n'y fallait point
songer, et le malheureux n'avait
confiance en personne.
Si nous y envoyious notre Jean-
Pierre, insinua la femme. Le gars a
seize ans, et il faut bien qu'il apprenne
a se débrouiller.
Ce que femme veut,Dieu le veut.dit-
on.
La décision ne vint pas toute seule,
mais elle vint.
Et voilé comrneut Jean-Pierre Ker
dren, un beau matin s'achemina aler-
tement, ses souliers ferrés sonnant sur
le sol durci de la chaussée gelée, sa
toison sur l'épaule, vers la bonne ville
de Laval.
Le vieux Kerdren lui avait dit, et sa
mère le lui avait répété:
Mon gars, pas difficile arrivé a
la ville, tu suivras le flot des gens.
Tout le monde, ce jour ci, se dirige
vers le marché. N'oublies pas surtout
que les Kerdren vendent toujoursdans
les plus hauts prix. 11 n'y aura pas une
aussi belle toison sur tout le marché.
Tout le long de l'interminable route
Jean Pierre s'était remémoré les pres-
sanles recommandations paternelles,
jetsnt d'une épaule sur l'autre la lour-
de toison qu'il porlait.
Précisément ce jour lè, il y avait a
la Cathédrale de Laval une cérémonie
extraordinaire.
Dès ses premiers pas dans la ville
Jean Pierre vit quautifé d'archi-prê-
tres, de chanoines et de vicaires géné-
raux, le Camail d'hermine sous le
bras, se diriger de leurs pas mesuré,
vers le même point de la ville.
Décidémeut, murmura Jean Pierre,
j'ai de la veine, je ne manquerai plus
mon chemin, et il règla son pas sur
celui des chanoines et des vicaires gé-
néraux.
Matin ne pul-il s'empêclier de re-
marquer, pour des toisons, voila de
fameuses toisons, et il promena sou
ceil de petit paysan qui voulait déjè se
poser connaisseur, d'un camail a l'au
tre.
Arrivés la Cathédrale, les prêtres,
chsnoines et vicaires généraux s'y en-
gouffrèrent.
Bravetaeut Jean Pierre les suivit.
Jeau Pierre ouvrit de grands yeux
devant la majestueuse splendeur du
temple qu'il croyait être le marché
aux toisous.
Cependant les chanoines et les vicai
res généraux s'étaient raugés dans les
stalles chacuu prenaat sa place habi-
tuelle, ne Uissant auctin vide Jeau
Pierre, qui, résolument prit place h
cóté.
Puis un a un, méthodiquemenf,
sans se presser, les dignitaires du cb(>"
pitre avaient jeté leur camail si r les
épaules et la solennité avait commen
ce, les orgues soufflant pleins pou-
mons.
Té avaif pensé Jean Pierre, c'esl
probablement la mode d'étaler la mar-
chandiseavant rarrivéedesmarchauds,
et sou tour, par un geste sim; le,
sa toison encore dégoulan'e de san1
fraichemeut caillé, il se fit line péléri
ne.
Le chanoine placé Ie plus immédia
tement a coté de Jean Pierre et qu
avait remarqué son mouvement, fu
pris d'un rire irrésistible, et comrn
rien n'est aussi communicatif qu'u
franc rire, bientót toute la rangée
diguitaires se tordit. Jean Pierre qi
ne voulut pas demeurer en reste,
croyant que c'était dans les usages d
JTi<f
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