IW* ft - ne page d'histoire locale Pierre - Antoine Malou-Riga Histoire d'une Toison. D;:.f "ff. ^Y: lii .mes ^^■:¥0r-:-:£-'SatiAiiX, voudrai T <"LV'jc V ;x*' 1753 119? 3 - (5 'JfARD rance l'expression RJX Pl'alhie. Sa Grandeur éré ma l'épiscopat beige d' f. nette de remettre au cardi- asiV;p"" i7i vuus cics uans ia peine, aV'1u|98sil0ns> deques beiges, nous rfprouvons le JU toutes l^e vous marquer notre sympathie. La .es f i!uls3j^cisjon ju pape est connue votre patrio tisme et votre foi vous soutiendront vous v puiserez le courage de dire Nous préfé- rons obéir a Dieu qu'aux hommes. Le souvenir encore récent des victoire» de vos frères d'Allemagne vous convaincra que les persécuteurs passent, tandis que la parolede Dieu est éternelle. Nous, a qui la Providence accorde la liberté,nous voudrions vous apporter les eonsolations dont parle- saint Paul. II nous semble vous entendre dire comme l'apötre Nous avons été accablés au-dela de nos lorces jusqu'a croire que nous allions en mourir, mais une voix intérieure nous dit de placer notre confiance en Dieu qui ressuscite les morts. Vous voudrez bien nous aider de vos prières. Oui, chers confrères, nous prierons pour vous et nous demanderons aux fidèles des prières pour vous. Bientót espérons le, nous vous reverrons et nous aurons la joie de nous dire que l'épreuve a ranimé la foi des catho- liques francais.Nous invitons tous les prêtres beiges a dire une messe au Saint-Esprit, et les fidèles pieux a offrir une communion pour le salut de la France. Nous les prions de redire a la même intention l'invocation Venez, Esprit saint et une reaction se fera et la face de la terre sera renouvele'e. Dès les premiers mots de Mercier, une émotion intense avait saisi l'auditoire a tout moment la lecture de cette adresse si tou- chante dans sa spontanéité fut interrompue par des applaudissements et des acclamations. La fin en fut saluée d'une inoubliable ovation. Mgr Amette, qui n'avait pas été prévenu de cette decision des évêques beiges, se leva alors, tres pale, les lèvres tremblantes, les larmes aux yeux. J'ai peine, dit il,kdominer mon émotion devant la démarche de Pépiscopat beige qui me prend au dépourvu, mais je veux la dominer cependant pour dire ma vive recon naissance a Mgr Mercier et le remercier au oom de l'épiscopat francais. Dès mon retour a Paris, je transmettrai au vénéré cardinal Richard cette adresse dont la lecture m'a tant ému et a été si unanimement acclamée. Si l'épiscopat francais n est représenté ic1 que par si peu de membres, vous n'en ignorez pas le motifc'est que nous sommes dans l'angoisse, bien plus, a la veillée des armes. Le signal de la défense dans la lulte vient de nous être donné par le Saint-Père. II n'a pas déclaré la guerre il est le représentant du Prince de la Paix. S'il a ordonné de combattre, c'est qu'il avait a défendre les bases de la foi. Je ne crois pas ètre téméraire en déclarant que l'épiscopat francais tout entier n'aura qu'un coeur, une voix et une action pour obéir a la parole du Pape. Puis s'adressant a Mgr Mercier Men seigneur, dit-il, vous nous avez rappelé l'exemple de nos frères les caiholiques alle- mands. Si vous n'aviez été si modeste, vous n'auriez pas étéchercher si loin l'exemple k nous proposer. L'épiscopat beige a pris, lui aussi, la tête de la délense religieuse et l a fait avec un succès qui dureia longtemps encore, j'espère. II est peut être plus difficile en apparence d'unir quatre vingts évêques que d'en unir six, mais la Papauté sera notre lien et notre force. Je vous remercie plus encore, Monseigneur, des prières et de la messe que vous venez de prescrire aux prêtres et aux fidèles beiges, pour la France catho- lique si éprouvée. Je viens de voir ici ce qu'est une terre de foielle veut garder cette foi, et la gardera. C'est de France qu'est parti le mouvement d emancipation des peuples européens. Cette liberté on nous l'a mainte- nant ravie. En suivant votre exemple, nous sauronsla reconquérir. La salie fait a l'orateur une longue et émouvante ovation. Le nont de Malou s'orthographiait autre fois Malo. II' fut introduit, du nord de la France en Flandre,au début du dix-huitième siècle, par Pierre-Antoine Malou. Issu d'une ancienne et notable familie originaire du bourg [de Villers-Pol, Pierre- Antoine Malou acheva ses études au collége des Jésuite» it Douai, puis s'établit a Ypres. II y épousa, le 13 janvier 1738, Livine- Dorothée Howijn, et futregu, k l'occasion de ion mariage, bourgeois de la ville. II mourut le 22 septembre 1772, lalssant une fllle et deux Ills, Jean-Baptiste et Pierre- Antoine. Ce dernier joignit k son nom celui de sa femme, Marie-Louise Riga. Pierre-Antoine Malou-Riga avait une ême trempée a l'an- tique. Né k Ypres le 9 octobr# 1753, il avait amassé aux affaires une fortune considérable lorsqu'éclata la révolution brabangonne. Déjè, étant échevin de sa ville natale, il avait donné la mesure de son dévouement k ses concitoyens. Dès qu'en 1788, se mani- festèrent les prodrómes de 'agitation anti- autrichienne,Pierre Malou adressa a Joseph li un mémoire pour la défense des gildes menacées dans leurs privilèges. Son nom 8'entoura de popularité. En dépit des protestations, l'empereur maintint ses exigences il se produisit un vif mécontentement dan» le peuple des Flandre les Yprois, a tort ou a raison, accusèrent leurs magistrate de complaisance et se portèrent tumultueusement devant 1 hotel de ville en menagant de mort le bourgmestre. Celui ci, terrorisé, fit en héte prier Malou Riga d'intervenir et de calmer le délire populaire. II y réussit non sans peine. II fallait qne sa popularité füt solide pour permettre cette médiation. Pierre Malou, daus les curieux mémoires que ses descen dants ont conaervés, attribue moins a lui- même qua sa familie l'ascendant qu'il exergait sur ses concitoyens. Ce n'est aucuue cabale que je dois cette influence, disait-il pour se défendre contre certaines insinuations, mais k des bienfaits que le peuqle a regus constamment de mes parents, de mes frères et de moi, fi la manière gónóreuse dont mes parents ont soutenu beaucoup de families et, enfin, au grand nombre de batisses considérables auxquelles bien des ménages ont dü un abri. Après la défaite des Impériaux a Turn- bout par le général Van der Mersch, et le depart précipité du gouverneur autrichien, la révolution brabacgonne s'étendit a toute les provinces beiges. Un homme se trouva naturellement désigné par les services reu dus, par les gages de patriotisme qu'il avait donnés, pour prendre la tête du mouvement insurrectionnel en Flandre Malou-Riga. D'un consentement unanime, il fut appelé a la direction du bureau de la guerre et, bientót après, au commaudement général des volontaires de West-Flandre. Dès lors il se livra tout entier a sa mission putriotique, avec une abnégation qui préci- pitalaruine, avec un héroïsme qui brava la mort et finitdans l'exil. L'hótel qu'il occupait a Ypres se transfor- ma en arsenal. Des compagnies entières en sortirent équipées, a ses frais, aux couleurs d'ardoise des volontaires yprois. Enflainmés par l'ardeur belliqueuse de leur chef, les patriotes west flamands furent les derniers k obéir aux mouvement de soumission qui se dessina dans nos provinces après la mort de Joseph II, grace aux dispositions concilian- tes de son frèra et successeur, Leopold II. Les Yprois ont conservé longtemps le sou venir de la fête oü, au milieu d'un grand concours populaire, l'on célébra les Elats- Belgiques. Unis autour du chapeau de la libertépromené par toute la ville dans l'équipage de Pierre Malou, et aux mains de sou fils ainé Jean-Baptiste. Le 30 novembre 1790, Malou-Riga adres- sait aux volontaires west-flamauds une dernière proclamation et des ordres de mobilisation. Inutile effort, suivi bientot de la soumission générale et d'une généreuse amnistie. Dans la crainte de représailles, Malou s'était retiré avec les siens a Lille le comte de Metternich lui signifia, au nom de l'empereur, qu'il ne serait pas inquiété il reutra a Ypres, abandonna la vie publique et reprit ses affaires. Dans la tourmeute de cette vie, ce ne fut qu'une trêve do deux ans. L'entrée victo- rieuse dans nos provinces de bataillona de Dumoriez, vainqueur des Autriehiens a Jemmapes, raviva les espéracces des anciens partisans de Yan der Noot et Van der Mersch. La république promettait la paix aux peu ples qui embrasseraient la liberté. Malou- Riga rêva pour la Flandre une existence indé- peudante, sous un gouvernement populaire. Tandis-que la Convention bésitait a an- nexer les provinces beiges, il cherchait a gagner a ses idéés Dumouriez et les conven- tionnels Gensonné et Merlin de Douai. Les secrets de la Convention anéantirent bruta- ment ces espérances. Impuissants a résister par les armes, les Etats de Flandre tentè- rent de se próvaloir de leurs droits et char- gèrent quatre délégués de plaider leur cause a la barre de la toute puissauce as- semblée. [a suivre) Rassurez-vous, il ne s'agit point de la Toison d'Or. Ilyaquelque part en France un pays qui s'appelle la Mayenne. Nos éleveurs de Flandre conuaisseLt bieu ce pays, paree qu'ils y vont chercher périodiquement de jeunes bêtes a cor- nes, aussi maigres que le Vendredi- Saint d'un chrétien, qu'ils viennent déverser par ici dans leur palurfiges gras, pour les revendre peu après, grosses et dodues. La Mayenne est nu département francais, qui faisait autrefois partie des aucieunes provinces du Maine et de l'Anjou.et ce département doit pro- bablement son nona a la rivière fort tumultueuse ainsi appeléela Mayen ne, et qui recoit en cours de route les eaux de la Sar the pour daveuir, a par tir de ce point, la Maine, affluent de la Loire, abandonment ainsi tout ce qui lui restait de son vieux nom ou peu s'en faut. Si raou explication n'est pas rigou- reusement exacte, c'est que mes con- uaissances géographiques, qui n'ont jamais été bien étendues, fléchisseut nolablemeut. Or, c'est justement a l'endroit ou la Mayenne et la Sarthe réunies devien- nent la Maine, qu'habitait, voici quel- quesannées,le vieux paysanfort madré qu'on appelait Gorec Kerdren. Kerdren aimait bien faire toutes choses par lui-même, et toutes les se- maines il se rendait au marché de La- val, y veudre quelque p-oduit de la ferme ou simplemeut y prendre note du mouvement de hausse ou de baisse des céréales. 11 avait, pour tont ce qu'il avait a vendre, !e prix le plus avantageux, du moins il l'affinnait, et comme il ponctuait cette affirmation d'un vi- goureux coup de poirig qui faisait trembler les gobelets de cidre rnous- seux sur les tables massives de l'uni- que auberge du village, il y avait long temps qu'on préférait le croire sur pa role. Un jour, uuede sesbrebisétait rnorte un peu iutempestivement, et justement Kerdren le pointilleux était atteint d'un accès de rhumatisme. Les mau- vaiseslaugues disaieut: accès degoutte, mais je n'en crois rien. Le monde est si méchant. li fallait cepeuéant bien chercher a vendre la toison. Kerdren était fort perplexe y aller lui-même a Laval, il n'y fallait point songer, et le malheureux n'avait confiance en personne. Si nous y envoyious notre Jean- Pierre, insinua la femme. Le gars a seize ans, et il faut bien qu'il apprenne a se débrouiller. Ce que femme veut,Dieu le veut.dit- on. La décision ne vint pas toute seule, mais elle vint. Et voilé comrneut Jean-Pierre Ker dren, un beau matin s'achemina aler- tement, ses souliers ferrés sonnant sur le sol durci de la chaussée gelée, sa toison sur l'épaule, vers la bonne ville de Laval. Le vieux Kerdren lui avait dit, et sa mère le lui avait répété: Mon gars, pas difficile arrivé a la ville, tu suivras le flot des gens. Tout le monde, ce jour ci, se dirige vers le marché. N'oublies pas surtout que les Kerdren vendent toujoursdans les plus hauts prix. 11 n'y aura pas une aussi belle toison sur tout le marché. Tout le long de l'interminable route Jean Pierre s'était remémoré les pres- sanles recommandations paternelles, jetsnt d'une épaule sur l'autre la lour- de toison qu'il porlait. Précisément ce jour lè, il y avait a la Cathédrale de Laval une cérémonie extraordinaire. Dès ses premiers pas dans la ville Jean Pierre vit quautifé d'archi-prê- tres, de chanoines et de vicaires géné- raux, le Camail d'hermine sous le bras, se diriger de leurs pas mesuré, vers le même point de la ville. Décidémeut, murmura Jean Pierre, j'ai de la veine, je ne manquerai plus mon chemin, et il règla son pas sur celui des chanoines et des vicaires gé- néraux. Matin ne pul-il s'empêclier de re- marquer, pour des toisons, voila de fameuses toisons, et il promena sou ceil de petit paysan qui voulait déjè se poser connaisseur, d'un camail a l'au tre. Arrivés la Cathédrale, les prêtres, chsnoines et vicaires généraux s'y en- gouffrèrent. Bravetaeut Jean Pierre les suivit. Jeau Pierre ouvrit de grands yeux devant la majestueuse splendeur du temple qu'il croyait être le marché aux toisous. Cependant les chanoines et les vicai res généraux s'étaient raugés dans les stalles chacuu prenaat sa place habi- tuelle, ne Uissant auctin vide Jeau Pierre, qui, résolument prit place h cóté. Puis un a un, méthodiquemenf, sans se presser, les dignitaires du cb(>" pitre avaient jeté leur camail si r les épaules et la solennité avait commen ce, les orgues soufflant pleins pou- mons. Té avaif pensé Jean Pierre, c'esl probablement la mode d'étaler la mar- chandiseavant rarrivéedesmarchauds, et sou tour, par un geste sim; le, sa toison encore dégoulan'e de san1 fraichemeut caillé, il se fit line péléri ne. Le chanoine placé Ie plus immédia tement a coté de Jean Pierre et qu avait remarqué son mouvement, fu pris d'un rire irrésistible, et comrn rien n'est aussi communicatif qu'u franc rire, bientót toute la rangée diguitaires se tordit. Jean Pierre qi ne voulut pas demeurer en reste, croyant que c'était dans les usages d JTi<f r - «•- r -F- i .l i ii'Y m S <-> „v y-it* f 5. l »-.i t <9

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1906 | | pagina 2