ORGANE CATH0L1UUE
DE L'ARRONDISSEM EN'i
TÈLÈPHONE 52
Samedi 25 Aout 1906
10 centimes le N°
m
Au Pays des Miracles
Chez les catholiques
Allemands
Une page d'histoire locale
Pierre - Antoine Malou-Biga
m.
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La semaine dernière le reporter d un
journal radical assistait a rembarquement
des malades se rendant a Lourdes avec le
pélerinage national francais. Tandis qu'il se
répétait a lui même tout ce que la litte'rature
courante débite contre ces pélerinages il
s'adresse a une jeune fille tuberculeuse au
dernier degré.
Et vous espérez guérir?lui demande-t-il.
Oui j'ai confiance en la Vierge.
Mais si elle ne vous guérit pas 1
Je ne l'en aimerai pas moins. Je viens
de l'asile de Villepinte. Tous les ans des
compagnes reviennent guéries et d'autres..
D'autres meurent.... avait achevé le
journaliste.
iOui, elles meurent non des fatigues du
voyage mais paree que vos savants n'ont pas
encore trouvé le remède contre la tubercu
lose. Elles meurent contentes, car elles ont
offert k la Sainte Vierge leur vie pour la
guérison de leurs campagnes.
A l'hopital de Villepinte, prés de Paris,
persenne n'est admis que si la phtisie a été
reconnue. Les pauvres poitrinaires y sont
classées par salles suivant la gravité de leur
état. Ainsi il y a une salie pour 3me degré, le
terrible degré qui amène fatalement la mort.
Quelqu'un visitait un jour cette salie il
interroge une malade il lui demande com
ment elle va.
Oh 1 répond elle, ici notre sort est fixe'.
Nous ne sortons que pour aller a Lourdes
ou au cimetière.
Lourdes 1 c'est la seule espérance de ces
infortunées. Aussi chaque année, les bonnes
religieuses les y conduisent nombreuses.
Avant leur départ, comme après leur retour,
des médecins d'une compétence indiscutée,
examinent avec un soin minutieux la situa
tion de chaque malade.
Or savez vous le résultat de ces touchants
pélerinages
Prenons par exemple,une période de 3 ans:
En 1896, quatorze malades partent de
Villepinte, huit guérissent complètement
des 6 autres, quatre sont mortes, deux sont
encore trés malades.
En 1897, le groupe comprend vingt ma
lades. Huit encore obtiennent une guérison
compléte ou une amélioration sensible. Des
12 autres, cinq sont mortes.
En 1899 Villepinte envoie k Lourdes, 24
de ses pensionnaires. Quatorze sont guéries;
parmi les dix autres, huit sont mortes et
deux sont mourantes. (Histoire critique des
événements de Lourdes, par Bertin).
Cette année le gouvernement francais, ne
pouvant défendre a la Madone de faire des
miracles et n'osant interdire ouvertement les
sanctuaires de Lourdres aux pélerins, avait
entrepris une lutte sournoise en rendant im
possible l'organisation de plusieurs péleri
nages.
Cette lutte donnait k la Vierge de Lour
des droit a une vengeance. Elles vient d'en
obtenir une digne d'elle digne de sa bonté
et de sa puissance.
Quinze trains de pélerins ont quitté Paris;
de plus un train spécial a emporté 260 mala
des ce qui a porté a 957 le nombre de ma
lades hospitalisés a Lourdes.
Entretemps, au bureau des constatations,
k cotédu Dr Boissarie, 95 dóeteurs s'étaient
déja fait inscrire. II en est de la Guyane, du
Brésil et même de la Chine. L'un d'eux le
docteur d'Andres,professeur a l'Université de
Buenos-Ayres, n'est pas venu seulement pour
étudier les miracles, il s'est rendu k Lourdes
pour demander a la Vierge de le guérir d'un
cancer dont il souffre.
La Vierge n'a pas manqué d'apporter sa
part au triomphe qui lui était si bien préparé
au pied de la roche Massabilleen deux
jours on a constaté plus de vingt guérisons.
Cependant les médecins ont examiné plu
sieurs pélerins guéris les années précédentes
qui étaient venus en pélerinage d'action de
grkces et qui ont tenu a signer, au nom de
la ve'rité et de l'humanité, une protestition
a l'occasion de la campagne montée contre
Lourdes.
De l'aveu des témoins jamais pélerinage
n'a été plus beau ni plus fertile en graces.
La gloire de Marie et la defense de notre foi
ne demandent pas que toutes ces guérisons
soient des miracles incontestables. Si dans le
grand nombre de guérisons la science incré-
dule trouve des faits qui n'échappent pas a
une explication naturelle, il en est assez oü
l'on reconnait le Dieu.
M. Bernheim, de Nancy, disait La sug
gestion ne peut rien pour réparerles organes
quand ils sont détruits elle ne peut rien
contre la tuberculose contre les luxations».
Charcot, de la Salpétrière, est non moins
explicite La guérison subite d'une frac
ture, comme de toute lésion tissulaire impor
tante, est impossible naturellement
Autant vaudrait dire qu'au jugement de
ces deux savants incrédules bien des guérisons
obtenues k Lourdes relèvent de causes
surnaturelles.
II y a quarante ans déja M. Artus déposait
chez un notaire a Bordeaux 10.000 fr. a
échoir comme prime a celui qui prouverait la
fausseté d'une seule guérison racontée dans
l'histoire de Notre Dame de Lourdes par
Lasserre et reconnue comme miraculeux par
Mgr Laurence,évêque de Tarbes.
Ceux qui affirment tous les jours que
Lourdes est une blague, une escroquerie,
doivent avoir en main les preuves ils ont
tort de laisser passer la bonne aubaine.
Au dernier congres de Tournai plus d'un
orateur a insisté sur l'opportunité sociale
de la dévotion a rEucharistie.
A peine le congrès eucharistique est il
clos qu'en Allemagne s'ouvre un congrès
éminemment social. Et Pie X, confondaut
dans un même amour la divine Eucharistie
et le peuple chrétien, charge le Cardinal-
Légat, SonEm. Vannutelli de le représenter
a Essen comme a Tournai.
A Essen l'administration communale est
protestante, la direction des usines Krupp
et autre3 installations industrielles est
également protestante; et cependant l'admi-
nistration communale est accourue au com
plet, saluer, au nom de la ville, le congrès
en lui souhaitant la bienvenue a Essen.
On a même beaucoup remarqué, au cours
de cette réunion, ce passage du discours de
M. Holle, bourgmestre d'Essen
La charité chrétienne est la mère de
nos lois et des institutions sociales qui sont
chères a tous les chrétieus, protestants et
catholiques.
Le Collége des directeurs des usines
Krupp ne s'est pas montré moins empressé
auprès du Congrès. Il a invité les comités
central et local, ainsi que la presse du
Congrès a une visite des usines et k un
déjeüner donné en l'honneur du congrès.
De nombreux télégrammes de sympathies
sont parvenus au congrès.
Mgr Heylen, évêque de Namur, retenu
par le congrès eucharistique et par les
retraites ecclésiastiques, s'est excuse par
lettre de ne pouvoir répondre a l'invitation
des organisateurs.
Une lettre de Mgr Rutten, évêque de
Liège, apporte aux congressistes ses regrets
et ses vceux.
L'archevêque de Malines avait délégué
Mgr Vanden Branden da Reeth.
Est arrivée également, avec une promp
titude remarquée, la réponse télégrapliique
de l'empereur au télégramme d'hommages
que lui avait envoyé le congrès d'Essen.
Au début de la seconde journée du Con- j
grés on a constitué le bureau, avec le deputé
Gröber comme président.
Les principals questions examinées par i
le coDgrès en sa seconde journée sont les
suivantes
Vceuvre du denier de St Pierre. Sur la
proposition de M. Parsch, vice-président de
a chambre prussiemie on decide d'établir
Éceuvre sur une plus vaste échelle notam-
ment a cause des événements de France oü
d'autres besoins ecclésiastiques retiendront
les ressources des catholiques.
Vceuvre de St Boniface qui est
1'oeuvre des missions dans le pays même.
Vceuvre de St Raphael ayant pour objet
l'assi stance morale et matérielle aux
émigrants vers l'Amérique.
Cette oeuvre possède k Anvers une agen-
ce qui accuse des progrès constants et les
fruits les plus heureux.
La question et la legislation scolaire en
Prusse.
Les catholiques réclameut l'école stricte-
ment confessionnelle, oü les enfants catholi
ques soient séparés des écoliers protestants
et oü les uns et les autres reqoivent tout
l'enseignemeut par des iostitnteurs appur
tenant au culte des élèves.
La troisième journée a appartenu au
Volksverein qui a tenu son assemblée géné
rale sous la présidence de M. Brandts, de
Gladbach, en présence du cardinal Fischer
et de nombreux évèques. j
Le directeur général du Volksverein, le j
docteur Pieper, a présenté un rapport, j
duquel il ressort que par son action politi
que et sociale autant que par le nombre de
ses adhérents, le Volksverein est actueile
ment la plus puissante de toutes les organi
sations politiq ses de l'Allemagne.
Le cardinal Fischer a redit l'admiration
que Pie X lui a exprimée pour cette grande
institution due a 1'initiative de Windthorst.
Au cours de l'assemblée générale du
congrès qui suivit celle du Volksverein, une
série de propositions conservant l'extension
des diverses ceuvres catholiques ont été
adoptées.
j En 1907 le Congrès se réunira a VVurz-
bourg et en 1908 a Düsseldorf.
Avant de terminer ce rapide compte-
rendu, rappelons encore une proposition
tendant a créer une fédération de clients
semblable a celles qui existent en plusieurs
villes d'Amérique. Les membres de ces
iédérations s'engagent a ne pas acheter dans
des magasins surtout des magasics de
confections et de modes qui refusent de
laisser inspecter leurs ateliers et contróler
leurs comptes de salaires par les délégués
de la fédération des clients. En Amérique,
lorsque ces délégués constatent, par la
visite des ateliers et le chiffre des salaires
que les ouvriers sont traités convenable-
ment ils désignent ces ürmes, dans ies
circulaires de la fédération, par les mots.
4 Good Loux baane maison. C'est la
réclame la plus efficace que les négociants
ont tout intérêt a se procurer.
1953 - 1§3?
(Suite et fin)
Pierre Malou, l'un des représentant» de la
West-Flandre, arriva a Paris, le 12 Janvier
1793. Occupée en ce moment a juger
Louis XVI, la Convention ne put entendre
les courageux députés flamands que le 26
Janvier. Malou-Riga interprête éloquent des
Etats de West-Flandre, se pvévalut des
récentes tentatives d'organisatioa d'un gou
vernement populaire, pour s'élever contre
l'annexion qui ne devait s'étendre qu'aux
Etats réfractaires a la liberté. Son discours
fut écouté sans aucuu signe d'im-
probation il eut un moment 1 espoir que la
Convention reviendrait sur sa décision il
multiplia les démarches. Ce fut en vain,
l'anaexion fut décrétée.
Revenu a Ypres après l'ëcheo de sa mis
sion, suspect de tiédeur envers la Républi-
que, Malou eut k souffrir de l'hostilité
personnelle du commissaire de la Conven
tion. Ses anciens partisans eux-mêmes,
oublieux des services qu'il avait rendus, le
chargeaiant des maux de la patrie.
La sécurité des siens lui commanda de
fuir il se rél'ugia d'abord en Hollande, puis
a Hamlourg ses biens furent confisqués
le commiss lire de la république s'inslalla
dans sa demeure Pierre Malou se trouva
ruiné.
Sans perdre courage, laissant ses deux
enfants a la garde da leur mère, il s'embar-
qua, en juillet 1795, pour l'Amérique. II
s établit d'abord banquier a Pbiladelpbie,
puis il acheta des terresa l'endroit oü s'élève
aujourd'buiPrincetown,dans le New-Jersey;
il coinptait s'y fixer définitivement avec sa
familie, quand il apprit la mort de sa
femme, décédée le 18 oclobre 1797. Lorsque
quelques mois plus t&rd, il regagna Ham-
bourg, il n'y retrouva p'us ses enfants, que
leur oncle, le clianoine Riga, avait ramenés
en Flandre.Emigré et proscrit, il ne pouvait
les réjoindre.
Alors un drame intime remua cette ame
éprouvée par tant d'amertume. Pierre
Malou songea a entrer a la Trappe. II avait
quaraute-buit aus. Sa santé ne lui permit
pas de donner suite a ce dessein. II se diri-
gea en 1801 vers le séminaire de Wolsau, en
Franconie. 11 y regut les premiers ordres
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JOURNAL D'Y
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