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ne, le recevetir des contribu tion, ie
garde forestier, Ie secrétaire commu
nal et l'instituteur, personnes de m ir
que de Martelange, y buvant leur
goutle ou leur piute, y aliumaut leur
grosse buffarde et y jouant d'intermi-
nable parlies de carles.
Les frois aubergistes en jupons pas-
saient amsi leur vie.herieuses et con-
lentes, dans une parfaita quiéiude
jusqu'au jour oü le facteur leur avait
apporté une leftre qui devait boule-
verser leur existence si paisible jus-
qu'alors.
On oncle qui habitait Bruxelles de-
puis longtemps venait de mourir céli-
nataire endurci.laissant en bon parent,
a ses trois nièces, sa modeste fortune.
Ii failait douc bieu songer a se ren-
dre a J'enterrement qui aurait lieu
deux jou's après. Or a cette époque,
aller de Martelange a Bruxelles n'était
point chose laciie et on pensait géné-
ralemeut encore, qu'av&ut de s'mstal-
Ier dans la diiligence, ii était sage et
prudent de faire sou testament.
Api ès une discussion fort longue, ii
1 ut décidé que ce serait i'ainée qui se
rend ra ii a Bruxelles. On lui fit toute
une vaiise de recommaudations el de
sages conseils.
Le voyage tant redoute qui avait
lenu les trois sceurs en haleine toute
une nuit s'&ccomplit cependant saus
accident et quand buit jours plus tard
iadilhgence déposa devaut sa porte
1 ainée des trois aubergistes,toute
gaiilarde et retour de Bruxelles, la
clientèle selecte de l'aubeige loute en-
tière était ia pour la complimeuter.
Bien lard dans la soiree, tuut en vi
dant dc gtos pots de bière et duns ia
furnée des lourdes pipes ardenuaises,
on paria des péripéues de ce voyage
extraordinaire et depuis longtemps
sans exemple dans le pays.
Chose qui paraitra singulière peut-
être, ce qui, dans ia capitaie avait le
plus fiappé i imaginition de l'auber-
giste, cetaieut les euse.gnes de caié,
eet odjet lui étant a peu prés incoiinu
jusque la. Elle en avait même annolé
une dizaine qu'eile détadla en faisaut
ressortirles charmes harmouieux qu'el-
e y avaittrouvés.Dans sa naïvetécam-
pagnarde elle attribuait a sa force at
tractive i'immense va et vient quelle
avait oü constater. I
r
Les jours suivants et des semaines
duiaut, ii ne lüt plus questiou dans
1'auberge que d'enseigne. L'engoü-
ment devint général et bientöt it fut
décidé que l'aubtrge perdue des Ar
dennes aurait son enseigue, iout com-
ffif les beaux cafés de ia capitaie.
Cette decision n'avait pas été difficile
h prendre mais ii d'en fut p s de même
quand i| failait en arriver auchcrx du
sujet.
Les routiers opinaient pour le
cheval^ ardennais les bücherons pour
la hache infatigable et de inêoie
pour toutes les catégories.
Le ban et l'arrière ban dela clientèle j
s etaient déja réunis vainement pour
discuter ce grave problème et ie
sangiier des Ardennes lui même
n'avaitpas trouvé grace devant ces
discussions passionuées, quand l'in-
stituteur, résumant les dissentirnents,
eüt une idee iumiueuse.
Messieurs, dit-il, ne cherchons
plus, j'ai trouvé.
Nous avons ici trois demoiselles,
comme l'aurore. Appelons l'auberge
Aux trois roses.
Le compliment pour être quelque
peu exagéré n'en était pas moins flai-
teur. 'lout le monde, par galanterie se
mit a ap[ laudir, tandis que les trois
sceurs, par modestie, rougirent dis
crètementoh si peu.
Et la decision ne se fit point atlen-
dre.
Trois semaines plus tard, une en-
seigne en bois de sapin, fraichemeiq
peintc,s etalait flambante au dessus de
la porte d'entrée, provoquant les re
gards des passauts.
Deux mois duraut pas un étranger
"gare par ia ne passa outre, pas on j
cycliste qui ne descendil do machine
pour aller admirer les trois roses
du moins ainsi ie pensaient les trois
.'CEars, O-, elies se félicitèrent de ia
riche idee de leur a.uée.
Après deux me is d une vogue iucon- I
nue jusqu'alors, les trois soeurs vireiit
avec stupefaction le nombre des visi—
teurs diminuer tous les jours. Cachies
derrière ies rideaux de mousseline de
leurs lenêtres, eiles guettèrent i'arri-
vée des cyelistes... qui passérent je-
tant parfois un sourire sarcastique
vers i auberge devenue silensieuse.
Unjour, iimidemeut, ia plus jeune
opina ne serait-ce pas a cause de
l'enseigue
L'aiuée la ioudroya d un regard fa
rouche.
Et cependant c'était bieu de la que
venait ie mal. Le peintre qui était
aussi prodigue de cculeursque brouil-
lé avec i'orthographe avait peiu', le
malheureux
Aux trois rosses.
Paul Lacroix.
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